vendredi 15 mars 2013



QUI EST LE NOUVEAU PAPE ?
Biographie du cardinal Jorge Mario Bergoglio
C’est vers 19h que le cardinal Jorge Mario Bergoglio fut élu et qu’il prit le nom de François. Vers 20h les catholiques du monde entier découvraient le visage et le nom du nouveau Pape. Une fois la surprise passée, il fallait découvrir qui était le nouveau Pape venu d’un pays non européen.
Le cardinal Jorge Mario Bergoglio est né en 1936 à Buenos Aires de parents émigrés d’Italie. Il entra en 1958 chez les jésuites, il fut ordonné prêtre en 1969 et fit profession solennelle en 1973. La même année il fut nommé provincial d’Argentine de son ordre et exerça son ministère d’abord comme professeur de théologie. En 1992, Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Buenos Aires en 1997. Il devient archevêque de diocèse en 1998. Il est fait cardinal en 2001.

Enfin c’est le mercredi 13 mars 2013 qu’il est élu pape. Il prend le nom de François Ier. C’est le premier Pape venu du continent américain (mais non le premier non européen : il y eut trois papes d’origine berbère - donc africaine – Victor Ier de 189 à 199, Miltiade de 311 à 314 et Gélase Ier de 492 à 496). C’est également le premier Pape jésuite.
Pourquoi le nom de « François » ?  
Dès l’annonce faite par le cardinal Tauran du nom du nouveau souverain pontife, les commentateurs ont fait le lien avec le Poverollo d’Assise en référence à la manière de vivre du cardinal : une vie simple dans un appartement (hors du Palais épiscopal) et proche des pauvres. Mais d’autres possibilités ne sont pas à écarter.

 Saint François d’Assise (1181? -1226) a fondé l’ordre des franciscains (dans les années 1206-1206 pour rappeler la pauvreté évangélique de l’Eglise. François consacra sa vie à la prédication tout en travaillant manuellement ou pratiquant l’aumône. Cette référence semble claire : grande admiration pour le saint d’Assise, lutte contre la pauvreté, préférence donnée aux pauvres et aux humbles écrasés par une mondialisation et un capitalisme sauvage.
Un autre référence s’impose également : celle de Saint François-Xavier (1506-1552) le cofondateur avec Ignace de Loyola de l’ordre des Jésuites (1540) et grand missionnaire. Saint François-Xavier est le saint patron des missions catholiques (1927) et il fut proclamé docteur de l’Eglise par Jean-Paul II en 1979. L’Ordre des Jésuites est principalement tourné vers la mission et l’enseignement ; il se caractérise également dans ses prises de position envers les pauvres et également pour ses luttes pour le respect de la dignité humaine et des droits de l’homme.
On peut également penser à l’Evêque de Genève, saint François de Sales (1567-1622). Il fut nommé évêque de Genève en 1602 pour contrer les progrès du calvinisme. Interdit à Genève, il installa son siège épiscopal à Annecy. Sa prédication et sa modération lui permit de convertir des protestants et de restaurer le culte catholique dans la région du Chablais (en Savoie). Fondateur de l’Ordre de la Visitation, il fut canonisé en 1665 et proclamé Docteur de l’Eglise en 1877 par le pape Pie IX.
L’ Argentine : une histoire mouvementée
L’Argentine n’est pas seulement le pays du football et de la Pampa.
L’Argentine est un grand pays de 2 736 691 km2. 

Indépendant depuis 1816, il a connu de nombreuses dictatures militaires depuis cette époque.  Quand la junte militaire dirigée par le général Videla en 1976 arrive au pouvoir, l’Argentine n’aura connu que trois ans de démocratie. D’inspiration « nationale-catholique » pour lutter contre le communisme les opérations de répression feront au moins 30 000 victimes ; l’opération Condor (les victimes étaient jetées dans la mer depuis un avion), les disparitions d’enfants mineurs élevés dans des familles proches du régime alertent l’opinion publique mondiale : les actions des « Mères de la Place de Mai » révèlent au grand jour les exactions du régime. La  Guerre des Malouines en 1983 vit la fin de la dictature militaire et le retour à la démocratie.

Cependant le souvenir des exactions commises à cette époque, le problème des disparus et le sort des bébés volés hantent encore le souvenir de bon nombre d’argentins. On peut donc comprendre que la presse argentine s’interroge sur l’attitude du cardinal Jorge Maria Bergoglio qui était alors provincial des jésuites pour son pays. Ce sujet étant controversé et les témoignages étant contradictoires, il est difficile d’en savoir davantage.

L'économie argentine

L'économie argentine se caractérise par de nombreuses richesses naturelles et une main d'ouvre d'œuvre très qualifiée et une agriculture tournée vers l'exportation ; notons l'importance d'un tissu industriel diversifié.
L'Argentine a connu de nombreuses crise économiques au cours de son histoire. La plus récente - celle de 2001 - a été jugulée au prix de réformes drastiques qui si elles ont permis au pays d'en sortir renforcée a néanmoins renforcé les inégalités sociales ; on se souvient de la révolte "des casseroles" (les gens manifestants contre les banques qui limitaient les retraits bancaires).
C'est donc dans un contexte social où les pauvres sont les plus exposés que se situe l'action de celui que l'on appelle aujourd'hui "le pape des pauvres". En effet il dénonça la politique des gouvernements et n'hésita jamais à se rendre dans les favellas, ces bidonvilles où s'entassent une population nombreuse et que la pauvreté réduit à survivre.
L’Eglise d’Argentine

Il reste que le catholicisme est la religion nationale du pays. Sur 40 millions d’habitants ,90% sont catholiques et l’Eglise compte 117 évêques, 3 cardinaux et 71 diocèses. Comme dans les pays d’origine espagnole ou italienne, la religion s’exprime de façon très démonstrative : religiosité populaire, processions. L’Eglise catholique est très présente sur le terrain social, la lutte contre la pauvreté ; elle est également missionnaire car elle envoie des prêtres notamment dans l’île de Cuba.
A côté de l’Eglise catholique, les évangéliques gagnent du terrain dans toute l’Amérique du Sud. Si le problème est moins préoccupant que dans le Brésil voisin, il est indéniable que les évangéliques gagnent du terrain.
 
Les défis du nouveau pape

Les chantiers que le nouveau Pape va rencontrer sont nombreux. Cependant, on peut en sélectionner au moins 10.
1)     La réforme de Curie – un sujet maintes fois évoqué, surtout depuis la renonciation de Benoît XVI.
2)     La montée des évangéliques dans le monde et surtout en Amérique latine.
3)     La déchristianisation d’où l’urgence de mettre en place la nouvelle évangélisation.
4)     La crise économique et ses conséquences sociales.

5)     Les contestations dans l’Eglise et les impatiences de certains laïcs pour une reconnaissance de leur place dans l’Eglise.
6)     Les relations avec les orthodoxes : le monde orthodoxe se divise entre les patriarcats russe et grec.
7)     Les relations avec l’Islam sans nier les violences contre les chrétiens du Moyen Orient.
8)     La place des chrétiens d’Orient : en tant que patriarche des chrétiens de rite oriental, la tâche pourrait lui en être facilitée.
9)     La continuation du dialogue avec le judaïsme et le rapport avec les sagesses asiatiques.
10)  Certains dossiers épineux toujours actuels : les abus sexuels, la réforme de la banque du Vatican, le problème des intégristes…..

 

En conclusion, on peut voir dans le nom de ce Pape venu du nouveau monde certaines indications pour l’avenir. Cependant il faudra attendre la nomination de son secrétaire d’Etat et surtout ses premiers discours pour se faire une idée plus précise des priorités de Rome.

 

 

 

 


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