vendredi 12 février 2021

Saint Paul et les femmes

 

Saint Paul et les femmes

 Depuis quelques années la place des femmes dans l’Eglise ne cesse de faire débat. Si ‘Eglise fait figure d’accusée dans ce domaine ce serait surtout à cause des épitres de saint Paul. Mais qu’en est-il exactement ? C’est le sujet de deux ouvrages parus récemment : Les femmes de saint Paul par Chantal Reynier et Paul et les femmes : ce qu’il a écrit, ce qu’on lui fait dire de Michel Quesnel.  Deux ouvrages qui font le point sur ce sujet en étudiant le contexte socio-culturel de l’époque, en replaçant ces phrases dans leur contexte mais surtout en montrant combien elles se démarquent de la culture de l’époque. Ces ouvrages accessibles à tous invitent à une relecture des épîtres pauliniennes.

 

Paul et les femmes : Ce qu'il a écrit, ce qu'on lui a fait dire 

Michel Quesnel

Paris, Médiaspaul, 2021. 142 pages.

 


On fait souvent un faux-procès à l'apôtre Paul en le taxant de misogynie. Dans cet ouvrage, le professeur Michel Quesnel reprend le dossier et fait un inventaire exhaustif des propos de Paul sur les femmes et de ses relations avec elles, tels qu'ils apparaissent dans le Nouveau Testament. Ses conclusions sont claires : certes, les lettres authentiques de Paul contiennent sur les femmes des propos que nous n'écririons plus. Mais ils sont conditionnés par la culture ambiante ; et il s'avère surtout que, dans ce domaine, Paul est nettement plus ouvert que beaucoup de ses contemporains. Michel Quesnel poursuit son analyse en montrant que, par la suite, des sociétés misogynes ont fait de ses textes des lectures misogynes, déjà dans d'autres livres du Nouveau Testament, puis au cours des siècles suivants. L'auteur examine trois corpus de textes antiques concernant Paul (les épîtres authentiques, les épîtres pseudépigraphes, les Actes sur Paul) et lui rend justice : « A propos de ce qu'il pensait des femmes, l'Apôtre des nations a été victime des préjugés de ses lecteurs pendant une vingtaine de siècles ». Et, en faisant une courte excursion dans Paul après Paul, de le montrer à travers le regard des Pères de l'Église mais aussi dans des traductions récentes du Nouveau Testament. Le sous-titre de l'ouvrage prend alors tout son sens.

 

 

 

Les femmes de Saint Paul 

Chantal Reynier

Paris, Le Cerf, 2020. 271 pages.

 


Misogyne Saint Paul ? Pourtant les Actes ne cessent de relater ses relations amicales avec les femmes qu'il a rencontrées lors de son périple apostolique. Ce sont Chloé, Phoebé, Evodie et les autres de ses collaboratrices que Chantal Reynier, enjambant, les siècles, est partie interviewer. Une enquête-vérité captivante et révolutionnaire.

Quelle est la place des femmes dans l'Église ? Face à cette question brûlante, il est temps d'en finir avec les clichés sur saint Paul qui les condamnerait au silence, au voile et à la soumission. Au contraire, au cours de ses voyages missionnaires, l'évangélisateur des Nations ne cesse de s'adresser aux femmes et de s'entourer de femmes, faisant d'elles ses collaboratrices au point d'employer à leur sujet les titres d'apôtre et de diacre !
Il fallait la science de Chantal Reynier pour partir à la découverte, par-delà les lieux et les temps, de Phoibè, Lydie, Chloé, Maria, Persis, Évodie, Syntychè, Prisca, Julia. Pour les rencontrer, aux quatre coins de la Méditerranée, dans leur activité, leur métier, leur foyer, leur foi. Et pour chacune d'elles raconter en son nom propre " son " Paul. Que disent-elles de lui ? Avant tout, la relation de dignité et de liberté qu'il revendique avec elles.
Pour la première fois, la parole est aux " femmes de Paul ". Écoutons le message révolutionnaire, parce que réfractaire aux idéologies à la fois hyper-patriarcales ou ultra-féministes, qu'elles nous transmettent dans ce livre exceptionnel de savoir et de sensibilité.

 

 

Les lettres de Paul

 

Les lettres de Paul ont été écrites pour qu’il puisse rester en contact avec les communautés qu’il a fondées et qu’il voulait visiter (Rome). Elles ont été lues par ces communautés qui les ont gardés et copiés pour que d’autres puissent les lire. On les a rassemblés et elles font presque que la moitié du contenu du Nouveau Testament. Ces lettres sont assemblées de la plus longue (Romains) à la plus courte (Philémon). Les écrits les plus anciens du Nouveau Testament sont les lettres de Paul. La première serait la lettre aux Thessaloniciens écrite autour de 51 apr. J.-C.

L’authenticité des lettres attribuées à Paul pose question. Voici les lettres généralement considérées comme étant de Paul en ordre chronologique:

La première lettre aux Thessaloniciens

La première lettre aux Corinthiens

La seconde lettre aux Corinthiens

La lettre aux Philippiens

La lettre à Philémon

La lettre aux Galates

La lettre aux Romains

Les avis des exégètes sont encore partagés, mais la majorité d’entre eux croient que les lettres aux Colossiens, Éphésiens ainsi que la deuxième lettre aux Tessaloniciens auraient été écrite par un disciple de Paul après la mort de ce dernier. Enfin, il est généralement admis que les lettres à Timothée et la lettre à Tite ne sont pas authentiques.

 

 

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Les femmes de saint Paul

 

Les lettres de saint Paul révèlent le visage des femmes qui ont activement collaboré à la diffusion de l’Évangile. Paul reconnaît leur dignité et leur confie des responsabilités égales à celles des hommes. Elles bénéficient d’une liberté inconnue dans le milieu juif et dans la société gréco-romaine.

 

 À quelles sources avez-vous eu recours pour écrire Les femmes de saint Paul, collaboratrices de l’Apôtre des Nations (éd. du Cerf) (1)?

Chantal Reynier: Je me suis appuyée sur les lettres de Paul, bien sûr, qui sont des témoignages de première main sur une période restreinte; sur les Actes des apôtres, qui sont une mine de renseignements sur le milieu paulinien; sur la littérature antique (Ovide, Plutarque) pour comparer ce que les auteurs disent des femmes (matrones vertueuses ou séduisantes courtisanes…) avec la façon dont Paul en parle. L’archéologie nous renseigne aussi sur les conditions de voyage, les réalités économiques, l’organisation des maisons… Les travaux récents d’historiens, comme ceux de Nicole Loraux (2), m’ont permis de mieux situer le rôle des femmes à l’époque (3).

 

Quel est le profil des collaboratrices de Paul?

Il n’y a pas de profil type mais une grande variété. Certaines sont mariées: Prisca est l’épouse d’Aquila, Julia de Philologue, Junia d’Andronikos. Il est intéressant de noter que Paul cite le nom de la femme en premier, ce qui est contraire aux usages. Cela traduit l’importance de leur rôle dans les premières communautés. Il y a aussi des veuves comme la mère de Rufus. Des célibataires: sans doute la sœur de Nérée. Des sœurs: probablement Tryphaine et Tryphose. Le premier cercle des collaboratrices de Paul est constitué de Phoibè, Prisca, Junia et Lydie. On retrouve la même organisation concentrique avec les collaborateurs masculins. Comme Jésus, Paul est accompagné par un groupe de femmes.

 

Quel est leur milieu social et religieux?

Là aussi, il y a une grande variété. Lydie est une marchande de pourpre qui fait du commerce entre la Grèce et la Turquie actuelle. Elle accueille Paul et ses compagnons dans sa maison, cela signifie qu’elle est plutôt aisée (seulement 3% de la population vit dans une maison). Nympha est une femme d’affaires autonome. Chloé et Phoibè, travaillent dans l’import-export. Ces femmes voyagent pour des motifs professionnels mais aussi pour la mission. La plupart sont issues d’Asie mineure. Certaines proviennent d’un milieu juif comme Prisca ou Junia, la mère de Rufus, Eunice, Loïs… En revanche, Lydie est une païenne qui fréquente les milieux juifs de Phillipes.

 

Quels sont leurs points communs?

Elles sont actives, généreuses et engagées dans la mission. Ce sont des femmes fortes qui n’hésitent pas à traverser les mers, à parcourir les viae de l’empire. À cause de leur foi, elles traversent des épreuves. Junia, Evodie et Syntichè ont, dit Paul, «combattu pour l’Évangile» – ce combat est à prendre au sens métaphoriquemais aussi réel: Prisca a failli être décapitée à Éphèse…

 

Quel type d'aide apportent-elles à Paul?

Elles lui offrent l’hospitalité. Lydie, une fois convertie, héberge Paul et ses compagnons dans sa maison de Philippes. À Corinthe, Prisca accueille Paul et lui donne du travail dans sa boutique-atelier. Grâce à ces femmes, l’apôtre est en contact avec beaucoup de monde (famille, esclaves, clients) auprès desquels il témoigne du Christ ressuscité. Elles sont également des sources d’information précieuses sur les jeunes communautés chrétiennes. Quand des scandales éclatent au sein de la communauté de Corinthe, ce sont «les gens de Chloé» qui remontent l’information à Paul et le décideront à écrire. Elles informent aussi Paul sur la vie des différentes cités. Le réseau de Phoibè s’étend à Rome mais aussi en Espagne. C’est à elle que Paul confie la tâche de préparer une mission dans la péninsule Ibérique.

 

Quel rôle jouent-elles au sein des communautés?

Elles ouvrent la porte de leur maison aux assemblées chrétiennes, assumant ainsi un rôle d’union et de rassemblement. Elles guident la réflexion et la prière. À Rome, Phoibè visite les différentes maisonnées pour lire, expliquer et commenter la lettre de Paul. Dans l’Antiquité, on lit à voix haute. Expliquer ce type de lettre n’est pas à la portée de tout le monde, il faut être cultivé. Paul demande à Prisca d’enseigner à Apollos la foi au Christ ressuscité. Elle fabrique et vend des tentes et Apollos est un grand intellectuel d’Alexandrie! Ces pratiques vont totalement à l’encontre des us et coutumes gréco-romains: les femmes n’ont pas le droit d’enseigner ni de s’exprimer en public. Elles n’assument aucune fonction religieuse: elles n’ont pas même le droit de moudre la farine pour les sacrifices, ni de toucher les viandes sacrées, ni d’assister à la cérémonie. Leur rôle se résume à tisser la laine et à élever les enfants. Dans le judaïsme, la femme est cantonnée à la maison, elle ne participe pas aux pèlerinages et elle n’assume aucune fonction synagogale. On mesure la révolution qu’introduit Paul! Il les libère et les fait sortir de leur maison. Elles bénéficient d’une extraordinaire liberté par rapport à leurs contemporaines. Leur parole a une valeur. Elles s’adressent aussi bien aux hommes qu’aux femmes ou aux esclaves.

 

Y a-t-il une différence de traitement entre les collaborateurs et les collaboratrices de Paul?

Non, il les met sur un pied d’égalité. On relève cependant que ses collaboratrices n’accompagnent pas Paul dans ses voyages, sauf Prisca. Elles ne portent pas la collecte et ne vont pas à Jérusalem.

 

Quelles relations Paul entretient-il avec ces femmes?

ll les traite d’égal à égal. Il les laisse libre, ne leur impose aucun signe distinctif, ni style de vie ni domaine réservé (la maison). Il sait leur exprimer son affection, par exemple, en appelant Persis «bien aimée ». Il leur fait confiance. Quand elles partent en mission, il ne leur adjoint pas un homme pour les surveiller. Il ne leur demande pas de se retirer de la vie quotidienne. Cette façon de considérer les femmes découle de sa foi dans le Christ ressuscité: hommes et femmes sont tous fils et filles de Dieu, aimés par le Père. Dans la lettre aux Galates (3, 26-28), il affirme: «Tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus.» Quand des tensions apparaissent entre Evodie et Syntichè, il n’hésite pas à les reprendre, non pas en tant que femmes, mais en tant que disciples du Christ.

 

Après la mort de Paul, est-ce que la place des femmes change?

La force, l’audace et la foi de Paul ont permis de traiter à égalité ses collaborateurs et collaboratrices. Après lui, le poids de la société patriarcale reprend le dessus. Dans la première lettre à Timothée, rédigée probablement par des disciples de Paul, le silence est imposé aux femmes. Cela va même plus loin. Dans les manuscrits, les copistes réduisent la place des femmes en masculinisant leur prénom, Junia devient Junias. Il faut attendre 1993 pour redonner son vrai genre à Junia! Le même sort est réservé à Nympha de Laodicée. L’expression «les femmes premières» devient «la femme des premiers» (notables de la ville) pour minimiser leur rôle et leur influence. Ces réajustements sont parfois subtils. Les traducteurs du texte modifient les salutations. Dans l’épître de Philémon, Paul s’adresse « à Philémon et à Apphia »; cela devient sous la plume des traducteurs «à Philémon, avec Apphia ». Dans les Actes des apôtres, les traducteurs indiquent que Lydie a «contraint» Paul à demeurer chez elle. Or, en grec, c’est le même verbe qui est employé par les disciples d’Emmaüs pour «inviter» leur compagnon de route à rester avec eux…

 

Que faut-il retenir de l’attitude de Paul vis-à-vis des femmes?

Il faut tout d’abord veiller à lire les textes de Paul en les resituant dans leur contexte. L’apôtre nous dit l’égalité de l’homme et de la femme. Dans une société totalement asymétrique, Paul reconnaît la dignité de la femme, comme il reconnaît celle de l’esclave ou de l’enfant. À travers les lettres de Paul, nous découvrons le visage concret des femmes qui ont participé à la diffusion du christianisme. Ce sont des femmes plongées dans le monde qui sont à l’écoute des besoins de leurs contemporains. Paul les appelle collaboratrices, au sens étymologique, elles œuvrent avec lui.

 

Quels enseignements peut-on tirer pour l’Église d'aujourd'hui?

Pour réfléchir à la place des femmes dans l’Église, il faut revenir à la source biblique et nous laisser interpeller par elle. La conduite des communautés n’est ni une promotion, ni une course aux honneurs, c’est un service inspiré de la figure du Christ serviteur. Ce n’est pas un modèle de domination. Malheureusement, aujourd’hui, gouverner est entendu comme «être au-dessus des autres». Paul donne aux femmes de prendre une part active aux décisions et à la conduite des communautés. Elles exercent des responsabilités identiques à celles des hommes. Nous voyons les femmes enseigner, conduire la prière, proclamer la parole et la commenter.

 

Alors, saint Paul, misogyne ou féministe?

Ni l’un ni l’autre. Misogyne, il ne l’est pas, on vient de le voir. Paul est, à la suite du Christ, le libérateur de la femme en lui reconnaissant sa pleine dignité d’enfant de Dieu. Il reconnaît son autonomie, il lui donne la parole, il la place à égalité avec l’homme. Dans la fameuse lettre aux Éphésiens («femmes soyez soumises à vos maris… »), il s’adresse à elles directement, sans passer par le mari, en contradiction totale avec les usages de l’époque. Il choisit des collaboratrices parmi elles, il leur donne le nom d’«apôtre» (Junia), de diakonos («serveur», Phoibè), de collaboratrice (Prisca). Paul considère la femme comme une adulte à part entière. Il ne cherche pas à instaurer une parité ou à répondre à des revendications féministes. Il reconnaît le rôle de la femme dans l’annonce de l’Évangile. On ne se rend pas compte de la liberté qu’instaure le christianisme. Paul a ouvert un réel espace aux femmes qu’elles n’ont jamais eu auparavant, que ce soit dans la société païenne ou dans le monde juif. Il met ses pas dans ceux du Christ qui a été le premier à traiter les femmes d’égale à égal. En s’inspirant de Jésus, il en tire toutes les conséquences.

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(1) Elle a également abordé les passages des lettres de Paul sur les femmes dans Comment l’évangile a changé le monde (éd. du Cerf).

(2) Auteure, entre autres, de La Grèce au féminin (Les belles lettres)Les expériences de Tirésias: le féminin et l’homme grec (NRF essai Gallimard)Les Enfants d’Athéna. Idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes (Points Seuil).

(3) Les recherches de Marie-Françoise Baslez sur saint Paul sont particulièrement utiles. M.-F. Baslez, Saint Paul, artisan d’un monde chrétien, Fayard.

Recueilli par Gilles Donada

https://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Saint-Paul/Paul-l-Apotre-qui-estimait-les-femmes


mercredi 10 février 2021

Réveil catholique : les emprunts évangéliques par l'Eglise catholique

 

Réveil catholique : emprunts évangéliques au sein du catholicisme

Valérie Aubourg

Genève, Labor et Fides, 2020.353 pages



QUATRIÈME DE COUVERTURE

Réveil catholique

Parti reconquérir des terres françaises en voie de sécularisation, le catholicisme emprunte aux Eglises évangéliques ses pratiques performantes. En associant les mots « Réveil » et « catholique », Valérie Aubourg entend montrer la manière originale dont l'Église de Rome s'en empare : cette régénération s'inscrit dans un héritage religieux et des traditions culturelles particulières. Elle consiste certes à suivre une ligne évangélique, mais également à la réinsérer dans la matrice catholique.

C'est donc au cœur  de cette dialectique que se situe cette étude : entre « évangélicalisation » et « recatholicisation » du christianisme. L'ouvrage, qui s'articule autour d'une recherche ethnologique menée sur trois terrains - les dispositifs Miracles et Guérisons, la Prière des mères et le Renouveau missionnaire paroissial -, permet de dresser le portrait d'un visage inédit du christianisme.

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 « Réveil catholique », Valérie Aubourg au pays des charismatiques

 Dans son livre, Valérie Aubourg, anthropologue et ethnologue, montre comment le catholicisme français s’est approprié l’apport évangélique nord-américain.

Depuis les années 1970, le catholicisme s’est fortement recomposé. Si dans la plupart des pays occidentaux, il a perdu en nombre et en influence, il a aussi cherché la voie d’une régénération. C’est du côté évangélique qu’il l’a en partie trouvée, ce qui a donné naissance au Renouveau charismatique. Mais le catholicisme ne s’est pas contenté d’adopter des manières de faire venues du monde évangélique : il les a réinsérés dans sa propre matrice, en recatholisant les influences venues essentiellement d’Amérique du Nord. C’est ce que met en évidence cette étude de Valérie Aubourg.

 Dans une longue introduction, cette spécialiste d’anthropologie-ethnologie à l’Université catholique de Lyon souligne la « stupéfiante croissance » du « christianisme charismatique » outre-Atlantique à partir du milieu des années 1960, ce qui accrédite la thèse d’une «’charismatisation’ du christianisme » où l’insistance est mise sur la Bible, la conversion (ou reconversion), l’annonce de l’Évangile, l’expérience du baptême dans l’Esprit Saint et les manifestations qui en découlent.

 Une inspiration pentecôtiste

Le mouvement, inspiré par le pentecôtisme et porté notamment par des groupes de prière, va s’étendre à l’étranger, à commencer par les pays anglo-saxons. « En 1969, 13 pays accueillent des groupes de prière, 25 pays en 1970 et, en 1975, ce sont 93 pays qui sont concernés », indique la chercheuse. (29). « La diffusion du Renouveau charismatique catholique s’effectue de manière relativement spontanée, par le biais de laïcs, de prêtres ou de religieux qui découvrent ce mouvement lors d’une visite aux États-Unis et l’importent ensuite dans leur pays d’origine. Sa propagation se répand également par la médiation de charismatiques américains qui en font la promotion lors de leurs séjours à l’étranger », relève-t-elle.

 « Tout en s’appropriant des traits majeurs du pentecôtisme, les groupes et activités charismatiques s’intègrent dans la vie de l’Église catholique », non sans une certaine méfiance au départ. « Jugé incontrôlable, le mouvement charismatique est discrédité en raison de son inclinaison vers un christianisme émotionnel semblant dévaloriser l’engagement dans la société et par l’attitude perçue comme arrogante de ces nouveaux convertis se présentant comme l’avenir de l’Église ».

 

Un catholicisme « plastique »

Nous sommes au milieu des années 1970. Des personnalités de renom, comme le cardinal Suenens, vont alors jouer un rôle déterminant dans la reprise en main institutionnelle du Renouveau en encadrant ses pratiques et en lui donnant une assise doctrinale. En contrepartie, le mouvement charismatique donnera des gages de catholicité susceptibles de rassurer l’institution romaine : « recours à de figures emblématique (saints, mystiques, papes), réappropriation de l’histoire de la tradition ecclésiale, remise au goût du jour de pratiques tombées en désuétude (adoration du Saint-Sacrement, confessions individuelles, pèlerinage, culte marial, etc.) ». Mais avec le temps, le mouvement charismatique a perdu en vigueur. C’est aussi pourquoi depuis deux décennies des laïcs essaient de le redynamiser.

 Le propos central de l’ouvrage de Valérie Aubourg est de décrire ces efforts à travers l’étude de trois initiatives très différentes : une offre religieuse centrée sur la guérison qui a vu le jour à Lyon en 2006 (Miracles et Guérisons), les groupes de prière hebdomadaire qui réunissent des mères lyonnaises (La Prière des Mères) et le Renouveau missionnaire paroissial. Ces deux derniers terrains n’ont pas de lien établi avec le Renouveau. Mais, comme le montre l’auteur, ils manifestent que l’« évangélicalisation » du catholicisme déborde le seul milieu charismatique. Surtout ils témoignent de la plasticité du catholicisme, de sa capacité d’adaptation « aux formes mobiles d’appartenance » de nos contemporains. Une étude passionnante et très éclairante sur la « recomposition » des propositions catholiques en réponse aux évolutions contemporaines du croire.

 https://www.la-croix.com/Culture/Reveil-catholique-Valerie-Aubourg-pays-charismatique-2020-10-21-1201120633

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 Valérie Aubourg : l’étape post-charismatique du Renouveau

 Dans Réveil catholique, l’anthropologue-ethnologue Valérie Aubourg montre la manière originale dont l’Eglise catholique emprunte aux Eglises évangéliques ses pratiques performantes, pour se régénérer et ralentir la courbe des désaffiliations religieuses, tout en conservant son identité.

Professeure d’anthropologie-ethnologie et directrice de recherche à l’Université catholique de Lyon, Valérie Aubourg a conduit une enquête minutieuse qui montre comment le catholicisme se recompose dans le contexte du Renouveau charismatique, cet emprunt fait à l’univers pentecôtiste et plus largement évangélique. Son travail a abouti à la publication de Réveil catholique, dans lequel le Renouveau charismatique serait parvenu à une étape post-charismatique, où ces emprunts, réinsérés dans la matrice catholique, ne sont plus clairement explicites, ni explicités.

Comment l’ethnologue et anthropologue que vous êtes aborde-t-elle ces nouvelles formes de christianisme ?

 Valérie Aubourg: sans jugement de valeur. L’ethnologue y voit un exemple de plusieurs dynamiques à l’œuvre: celles de la transnationalisation du religieux et d’influences croisées, que Levi Strauss appelle des «bricolages» religieux. J’y vois aussi des métamorphoses du catholicisme, qui subit certes depuis plusieurs décennies une crise, mais qui se montre néanmoins créatif et se transforme en faisant des propositions inédites. Certes, la taille et le modèle d’organisation du «paquebot» catholique ne lui permettent pas de changer de cap aussi rapidement que les «hors-bords» évangéliques. Elle fait néanmoins preuve d’inventivité, se modifie et s’adapte en prenant notamment exemple sur les navires protestants.

 «La taille et le modèle d’organisation du ‘paquebot’ catholique ne lui permettent pas de changer de cap aussi rapidement que les ‘hors-bords’ évangéliques.»

 Qu’entend-on par renouveau charismatique au sein de l’Eglise catholique ? 
Il s’agit d’un courant d’environ 19 millions de personnes né aux Etats-Unis. En janvier 1967, quatre enseignants laïcs de l’université de Duquesne à Pittsburgh (Pennsylvanie) font l’expérience du baptême dans le Saint-Esprit dans un groupe de pentecôtistes épiscopaliens. Cette expérience se propage rapidement dans les milieux étudiants catholiques et se traduit par le foisonnement d’une grande variété de groupes de prière, dont plusieurs donnent naissance à des communautés dites nouvelles: aux Etats-Unis, The Word of God (1969) ou en France, l’Emmanuel (1972), Le Chemin Neuf (1973), la Théophanie (1972), le Pain de vie (1976), le Puits de Jacob (1977), etc. Groupes de prières et communautés organisent régulièrement des rassemblements communs propices aux relations entre catholiques et pentecôtistes. 

 Quelles sont les grandes étapes que connaît ce courant de renouveau spirituel ?
Après les années d’éclosion (1972-1982), pendant lesquelles l’expérience pentecôtiste pénètre le catholicisme, on assiste à un repli identitaire (1982-1997) aboutissant dans un deuxième temps à une routinisation. La troisième période est celle du rapprochement avec les néo-pentecôtistes, dans le but de réanimer le Renouveau (depuis 1997). La quatrième phase, dite «post-charismatique» correspondant à l’introduction d’éléments caractéristiques du pentecôtisme dans le catholicisme, en dehors du Renouveau charismatique stricto-sensu. 

 «La quatrième phase, dite «post-charismatique» correspond à l’introduction d’éléments caractéristiques du pentecôtisme dans le catholicisme, en dehors du Renouveau charismatique stricto-sensu.»

 Selon vous, et c’est la thèse que vous défendez dans votre livre, nous sommes donc aujourd’hui à cette étape post-charismatique. Comment se caractérise-t-elle ?
Alors que le Renouveau charismatique se limite aux membres d’une organisation bien circonscrite, de nombreux éléments évangéliques et pentecôtistes se diffusent dans l’Eglise catholique au-delà de sa seule composante charismatique. Ils prennent la forme de groupes d’oraison, d’assemblées de guérison, de formations, de dispositifs individualisés, de supports musicaux, d’ouvrages, de techniques du corps, d’objets, etc. Comme le note Henri Couraye, «une certaine sensibilité charismatique au sens large a gagné l’Eglise sans que tous les fidèles en soient toujours conscients, par capillarité». 

 Retrouve-t-on dans cette étape l’expérience du baptême dans l’Esprit-Saint ?
Oui, car elle ne concerne pas uniquement les actuels membres de groupes ou communautés charismatiques mais aussi ceux qui étaient auparavant des charismatiques actifs et qui ont cessé leur participation dans le mouvement, tout en poursuivant leur activité dans un autre secteur de l’Eglise. Ils sont appelés les «anciens du Renouveau», selon Oreste Pesare, l’ancien responsable du service international du Renouveau charismatique catholiquequi souligne l’attitude de plus en plus fréquente de ces catholiques qui empruntent des éléments charismatiques sans pour autant se définir comme adeptes du Renouveau. Oreste Pesare emploie à leur sujet le terme d’expérience «post-charismatique», qu’il définit comme le fruit de la diffusion de la culture de Pentecôte dans l’Eglise catholique, par exemple celle du Brésil, où les catholiques travaillent en ce sens en proposant une sorte d’évangélisation à travers la musique, la radio et la télévision.

 Pourquoi ces emprunts au monde pentecôtiste et plus largement évangélique ? 
Le catholicisme emprunte aux Eglises évangéliques ses pratiques performantes pour redynamiser la pratique catholique et ralentir la courbe ascendante des désaffiliations religieuses. J’évoque dans mon livre Michael White, un curé de la paroisse de la Nativité à Timonium, l’archidiocèse de Baltimore aux Etats-Unis. A son arrivée dans la paroisse, en 1998, il constate que familles et jeunes l’ont désertée. Il sollicite alors l’aide de Tom Corcoran, un laïc père de six enfants. Découvrant que 75 % de ceux qui ont quitté les bancs des paroisses catholiques rejoignent des assemblées évangéliques et convaincus qu’ils ont beaucoup à apprendre de leurs méthodes, ils s’intéressent aux mégachurches protestantes prospères et en croissance et visitent celle de Saddleback puis d’autres comme la South Coast Community Church à Newport Beach, en Californie. En 2004, ils commencent à reproduire des éléments de ces Eglises et voient le nombre d’adeptes augmenter de manière notoire.  

Source d’inspiration du Renouveau charismatique, les mégachurches, comme celle de Saddleback aux Etats-Unis, fondée par le pasteur Rick Warren. | © blog.ephatta.com

 Comment caractériser ce mouvement ?  
Les entités charismatiques empruntent au pentecôtisme son insistance sur la Bible, la conversion ou la reconversion, l’annonce de l’Evangile, l’expérience du baptême dans l’Esprit-Saint et les manifestations charismatiques qui en découlent, telle la guérison, la glossolalie (ndlr le parler en langues) ou la prophétie. Ils apprécient aussi le répertoire musical évangélique de type pop rock et les innovations technologiques dont ces églises font preuve.

 Vous donnez l’exemple de l’église Sainte-Blandine à Lyon, dont les membres se sont réapproprié ces éléments à la manière catholique. C’est-à-dire ?
Les paroisses catholiques s’approprient le modèle des mégachurches sans faire du copié collé. Elles conservent certains éléments et en abandonnent d’autres. Elles empruntent ainsi à ces Eglises la taille spectaculaire (mega-church), l’innovation technique, la proposition d’une large gamme de services, une vie communautaire intense, une forte implication des laïcs, une spiritualité tournée vers la régénération individuelle, des lignes de forces qui définissent les megachurches américaines et que nous pouvons aujourd’hui observer dans la paroisse catholique Sainte-Blandine. Cela dit, des différences notoires distinguent les mégachurches évangéliques de leurs consœurs catholiques. A partir du cas lyonnais, quatre spécificités catholiques peuvent être soulignées: le rôle prépondérant de l’institution catholique, une inscription dans l’espace urbain et la vie religieuse locale,  une valorisation de la pratique sacramentelle et une expression contenue de la foi.

 «Tout en s’appropriant les traits majeurs du pentecôtisme, les charismatiques défendent la doctrine catholique, assistent assidument aux offices paroissiaux et respectent la hiérarchie ecclésiale.»

 Les charismatiques conservent donc leur identité catholique…
Oui, tout en s’appropriant les traits majeurs du pentecôtisme, ils défendent la doctrine catholique, assistent assidument aux offices paroissiaux et respectent la hiérarchie ecclésiale. Se tenant à distance des questions politiques et du progressisme de certains de leurs coreligionnaires catholiques, les charismatiques préfèrent renouer avec des pratiques traditionnelles: récitation du chapelet, pèlerinages mariaux, confession individuelle, prosternation, adoration du Saint-Sacrement, etc. Du point de vue de leur insertion ecclésiale, la majorité des communautés charismatiques bénéficient du statut d’associations de fidèles et sont placées sous l’autorité de l’évêque du diocèse dans lequel elles sont érigées. 

 Vous avez mené l’enquête sur trois terrains catholiques, dont celui de l’association internationale des ministères de guérison, à Oron (VD). Quel était son objectif ? 
Faire des propositions diverses dans le champ de la guérison et de la prière. Dans des chambres de guérisons, des soirées, des rassemblements de grande envergure, il s’agissait de proposer de prier pour les personnes qui le souhaitent, en demandant à Dieu qu’il les guérisse, y compris physiquement. Cette association est issue du pentecôtisme «troisième vague», qui fait porter l’accent sur la force d’un Saint-Esprit sensé se manifester avec davantage de puissance par «des signes, des prodiges, des guérisons, des miracles» et des délivrances d’entités démoniaques. Yves Payen, un catholique lyonnais est à l’origine du projet local. Il évolue dans le Renouveau charismatique depuis le tout début des années 1970. 

Comment ce «réveil catholique» est-il considéré par le Vatican ?
Au début (années 1967-75) avec méfiance, puis à partir de la Pentecôte 1975, Paul VI encourage le renouveau charismatique. Jean Paul II continue à lui accorder son soutien, mais en lui demandant de ne pas perdre de vue son identité catholique. Pour le pape François, c’est la dimension œcuménique qui l’intéresse en premier lieu avec une expérience du dialogue interconfessionnel différente de par son expérience à Buenos Aires.

 «Les prises de positions du pape François accréditent la thèse selon laquelle l’évangélicalisation du catholicisme ne se réduit pas aux 10% de catholiques réunis sous le label du ‘Renouveau charismatique’».

 Assiste-t-on selon vous à une révolution dans le catholicisme ? 
Les prises de positions du pape François accréditent la thèse selon laquelle «l’évangélicalisation» du catholicisme ne se réduit pas aux 10% de catholiques réunis sous le label du «Renouveau charismatique». Une vidéo en ligne montre le cardinal Bergoglio recevant le baptême dans l’Esprit-Saint en Argentine, lors d’un rassemblement réunissant des catholiques et des évangéliques. Devenu pape, il encourage l’ensemble des catholiques à vivre «la grâce du Baptême dans le Saint Esprit» employant à dessein ce vocable pour souligner ce qui unit les différentes confessions chrétiennes (catholiques et pentecôtistes notamment). Car, pour le pape, «il y a là un problème qui est un scandale: c’est le problème de la division des chrétiens». Aussi place-t-il son pontificat sous le signe du rapprochement catholiques-évangéliques. 

 Qu’est-ce que ces changements nous disent du catholicisme ? 
Ces injonctions en provenance du sommet de la hiérarchie catholique nous invitent à nous demander dans quelle mesure la culture ecclésiale n’est pas en train de se transformer. En se diffusant largement au sein du catholicisme, les éléments pentecôtistes ne sont-ils pas en train favoriser un mouvement de rupture profondément rénovateur ? Là est la question à laquelle je tente de répondre dans la conclusion de cet ouvrage…

 Le Renouveau charismatique au Saint-Siège
Depuis juin 2019, le Renouveau charismatique catholique est représenté par un nouveau et unique organe, Charis, pour Catholic Charismatic Renewal International Service. Voulu par le pape François, il marque une nouvelle étape pour le Renouveau charismatique catholique au sein de l’Eglise. Il remplace les deux organismes reconnus jusque-là par le Saint-Siège, le service International du Renouveau Charismatique Catholique (ICCRS) et la Fraternité catholique des communautés et communautés d’alliance charismatiques (CF), qui ont cessé d’exister depuis. Charis est un service établi par le Saint-Siège à travers le dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie avec personnalité juridique publique.
C’est un organe de communion et de formation pour les différentes réalités issues du Renouveau qui, dans le monde, compte actuellement plus de 120 millions de catholiques. Le statut de Charis souligne l’importance de répandre la grâce du baptême dans l’Esprit, l’œuvre pour l’unité des chrétiens, le service aux pauvres et la participation à la mission évangélisatrice de toute l’Eglise. Jean-Luc Moens est le premier modérateur de Charis. Nommé par le Dicastère, ce belge, marié et père de sept enfants est engagé dans le Renouveau charismatique depuis plus de 45 ans. L’assistant ecclésiastique de Charis, choisi personnellement par le pape François, est le Père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale. CP

 https://www.cath.ch/newsf/valerie-aubourg-letape-post-charismatique-du-renouveau/

samedi 6 février 2021

Le Père Jean-Pierre Jossua (1930-2021)

 

Jean-Pierre Jossua (1930-2021)



Biographie :

Jean-Pierre Jossua est né d’une famille d’origine judéo-espagnole, agnostique depuis plusieurs générations.

Pendant la guerre, il réside à Nice, puis en Argentine. Son père, resté en France, est arrêté et meurt en déportation à Auschwitz en 1943.

Il entre dans l’ordre dominicain en 1953. Études au Saulchoir, puis doctorat en théologie à Strasbourg. Co-directeur de la revue théologique internationale Concilium de 1970 à 1996.

Vers 1973, il inaugure un premier versant de sa «théologie littéraire» – l’écriture littéraire de l’expérience et de la réflexion chrétiennes, puis en 1980 un second versant – la lecture théologique de la littérature.

Il devient en 1988 directeur de la revue La Vie spirituelle et le reste jusqu’en 1996.

Il commence en 1995 à enseigner au département d’esthétique du Centre Sèvres avec un séminaire sur Dans le leurre du seuil, d’Yves Bonnefoy.

En 2000, il est invité à donner les leçons Joan Maragall à Barcelone, sur la littérature et l’inquiétude de l’absolu.


Dès 1992, il prend l’habitude de résider partiellement en Haute-Provence, devant la face nord du Mont Ventoux.

Source : Editions Arfuyen


 Ses ouvrages à la bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

JOSSUA, Jean-Pierre. – La foi en questions. – Paris, Flammarion, 1989. 144 pages.

 

JACQUEMONT, Patrick ; JOSSUA, Jean-Pierre. – Une foi exposée. – Paris, Le Cer, 1972. 177 pages.

 

JACQUEMONT, Patrick ; JOSSUA, Jean-Pierre. – Le temps de la patience. – Paris, Le Cerf, 1976. 165 pages

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – La condition du témoin. – Paris, Le Cerf, 1984. 113 pages.

 

JACQUEMONT, Patrick ; JOSSUA ; QUELQUEJEU, Bernard.- De qui tenir… : portraits de famille. – Paris, Le Cerf, 1979. 229 pages.

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – Lettres sur la foi : à un ami italien. – Paris, Le Cerf, 1980. 161 pages.

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – Peut-on parler de Dieu ?  - Genève, Labor et Fides, 2006. 111 pages.

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – Paris, Le Cerf, 1983. 109 pages.

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – Le livre des signes. – Paris, Le Cerf, 1993. 131 pages.

 

 JOSSUA, Jean-Pierre. – Un homme cherche Dieu. – Paris, Le Cerf, 1979. 115 pages.

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – La littérature et l’inquiétude de l’absolu. – Paris, Beauchesne, 2000. 191 pages.

 

JOSSUA, Jean-Pierre ; SED, Nicolas-Jean. – Interpréter : Mélanges offerts à Claude Geffré. – Paris, Le Cerf, 1992. 328 pages.

 

WINKLHOFER, A. – L’Eglise présence du Christ. – Paris, Le Cerf, 1966. 298 pages. Avec une bibliographie de A. Schneider et J.-P. Jossua.

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – La Beauté et la Bonté. – Paris, Le Cerf, 1987. 134 pages.

 

DORE, Joseph. – Sur l’identité chrétiennes – Paris, Desclée 1990. 221 pages. Avec des études de François Bousquet, Antoine Delzant, Henri-Jérôme Gagey, Jean-Pierre Jossua… [et al.]

 

CORMUZ, Michel. – Le Ciel est en toi : introduction à la mystique chrétienne.  – Genève, Labor et Fides, 2001. 263 pages. Préface de Jean-Pierre Jossua.

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – Seul avec Dieu : l’aventure mystique. – Paris, Gallimard, 1996. 176 pages.

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – Le Père Congar : la théologie au service du peuple de Dieu. – Paris, Le Cerf, 1967. 276 PAGES.

 

EICHER, Peter. – Dictionnaire de théologie. – Paris, Le Cerf, 1988. IX-838 pages.   [trad. de l'allemand sous la dir. de Bernard Lauret et Jean-Pierre Jossua]

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – Pour une histoire religieuse de l’expérience littéraire : 3. Dieu aux XIXè et XXè siècles. – Paris, Beauchesne, 1990-1993. 306  pages. . -

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – Pour une histoire religieuse de l’expérience littéraire. 4 : Poésie et roman. – Paris, Beauchesne, 1998. 302 pages.

 

JOSSUA, Jean-Pierre. – Jésus le Sauveur : essai sur la doctrine artistique de la Rédemption . – Paris, Le Cerf, 1961. 168 pages.

 

CONGAR, Y. ; GY, P.-M. ; JOSSUA, J.-P. ; CHENU, M.-D. ; CARROUGES, M. ; COLIN, P. ; STRORMANN, Th. ; MAELIANGEAS, B.-D. ; AUDET, J.-P. ; LYONNET, St. – Vatican II : la liturgie après Vatican II : bilans, études, prospectives. – Paris, Le Cerf, 1967. 419 pages.

 

ALBERIGO, G. ; CHENU, M.-D. ; JOSSUA, J.-P. [et al]. – Une école de théologie : le Saulchoir. – Paris, Le Cerf, 1985. 465 pages.

 

BESSIERE, Gérard ; JACQUEMONT, Patrick ; JOSSUA, Jean-Pierre ; PINCHON, Michel . – Lettres au Père Riobé. – Paris, Le Cerf, 1972. 141 pages.

 

La grande oeuvre du Père Jossua



 Pour une histoire religieuse de l’expérience littéraire. Tome 1, XIXè-XXè siècles

Jean-Pierre Jossua

Paris, Beauchesne, 1997. 304 pages


Dans cet ensemble d'études, Jean-Pierre J ossu a cherche à montrer le très grand intérêt de la littérature - essais, romans, poésie - pour un renouvellement du langage religieux, fût-elle l'œuvre d'écrivains non chrétiens mais engagés dans une quête indéfinie. Du même coup, il nous offre une série d'analyses qui, lors de leur parution en revue ou de leur communication en manuscrit, pour celles qui sont inédites, ont été jugées par les spécialistes ou les écrivains eux-mêmes comme étant parmi les meilleures qui aient été produites. Le volume comprend, après une introduction comparant le projet de Bremond avec la présente tentative, des monographies consacrées à Angelus Silesius, Hugo, Jacobsen, Proust, Jean-Paul de Dadelsen, Bonnefoy, Grosjean, mais aussi deux grandes études sur des thèmes, l'une sur « Le seuil et l'attente » (Kafka, Alain-Fournier, Segalen, Daumal, Gracq, Jünger, Buzzatti, Reverdy, Beckett, Blanchot, etc.), l'autre sur « La sainteté dans quelques romans du XXe siècle» (de Malègue, Fogazzaro, Gide, Paule Régnier, Bernanos, à Bourbon-Busset, Gadenne, Sulivan, Tournier, en passant par Green, Wiechert, Greene, Gertrude von Le Fort, Mauriac, etc.). Il n'est pas fréquent qu'une compétence théologique et une connaissance précise de la littérature soient ainsi unies pour produire un ouvrage original, et qui vient à son heure.

 

 

 

 

POUR UNE HISTOIRE RELIGIEUSE DE L'EXPÉRIENCE LITTÉRAIRE

Tome 2. Poésie moderne

Paris, Beauchesne, 1997. 286 pages

Les interrogations qui sous-tendent ce livre demeurent celles du premier volume paru sous le même titre en 1985. Quelle puissance créatrice de langue religieuse manifeste la littérature, et ce de façon théologique, c'est-à-dire réflexive et critique? Par-delà l'entreprise d'une création orientée par des auteurs chrétiens vers l'expression et l'approfondissement de la foi ou de l'existence qu'elle engage, quel apport peut offrir aux croyants l'effort tenté par bien d'autres écrivains de créer un langage de l'absolu? Non certes pour annexer ces derniers, mais au contraire en se mettant à leur école... Le sous-titre " Poésie moderne " ne recouvre pas tout le contenu de ce second volume : il indique la préoccupation dominante qui s'y fait jour, non seulement quand il s'agit d'œuvres proprement poétiques (Bonnefoy, Jaccottet, Reverdy, Jouve, etc.) mais encore dans la lecture de romans - comme ceux de Hugo, de Gracq, de Handke - car ce sont surtout des mots et des images, plus que des personnages et des situations, qui y retiennent mon intérêt.

  

Pour une histoire religieuse de l’expérience littéraire. Tome 3, Dieu aux XIXè et XXè siècles.

Paris, Beauchesne, 1994. 306 pages

 Comme les premiers volumes publiés en 1985 et en 1990, ce livre est sous-tendu par deux questions. La puissance créatrice de langages de la transcendance, que possède la littérature, peut-elle aider des croyants à renouveler celui de la foi? Le regard du théologien peut-il contribuer à l'intelligence des œuvres? Un chapitre introductif tente de dégager le sens de l'entreprise qui s'achève avec ce troisième volume. Une partie des études concerne l'image ou l'idée de Dieu : Lamartine, Vigny, Nerval et le divin féminin, Laforgue et le blasphème. D'autres y touchent de près : Rousseau, Staël, Constant et la Bible, le premier Claudel, Montherlant et le religieux, René-Guy Cadou, Char, Bonnefoy et la mystique; Sulivan et la foi ; les réécritures bibliques de Grosjean. Certaines enfin sont un peu différentes : Joubert, l'individualisme au tournant des deux siècles, le sacré en Provence chez Giono, Bosco, Jaccottet, un bilan de la correspondance de Proust. Sans négliger la pensée, prêter attention avant tout aux mots, aux images, aux formes...

 

Pour une histoire religieuse de l’expérience littéraire. Tome 4, Poésie et roman

Jean-Pierre Jossua

Paris, Beauchesne, 1998.  297 pages

 

Ce volume poursuit une recherche, engagée dans les trois précédents, sur l'apport de la littérature pour un renouvellement du langage religieux et sur l'apport de la théologie pour la compréhension des textes littéraires.
Après trois chapitres plus théoriques, il comprend des études sur des auteurs du XIXe siècle (tels Chateaubriand et Marceline Desbordes-Valmore), des romanciers (comme Bernanos, Céline, Blanchot) et des poètes modernes (comme Max Jacob, Marie Noël, Gustave Roud), des poètes contemporains (tels Anne Perrier et Jean-Pierre Lemaire). Dans ce dernier domaine, il faut souligner la présence dans l'ouvrage de trois contributions sur Yves Bonnefoy, déjà étudié dans chacun des volumes antérieurs, et notamment un commentaire détaillé du poème Dans le leurre du seuil.
Comme les précédents, ce tome IV s'achève par un choix d'aphorismes librement commentés ; il s'agit cette fois de G.C. Lichtenberg.