samedi 30 mai 2015

JEANNE D'ARC : UNE SAINTE POUR TOUS LES FRANÇAIS

Jeanne d'Arc

Contexte historique

Introduction
En 1420, la France n'existe plus, le roi fou Charles VI et sa femme Isabeau de Bavière ont déshérité leur fils Charles au profit du roi d'Angleterre. Après l'assassinat de son père, Jean Sans Peur, le duc de Bourgogne Philippe III le Bon s'est allié à Henri V. En 1424, les Anglais envahirent le domaine de Charles et mirent le siège devant Orléans, ville-clef pour le passage de la Loire. Une fois la ville tombée, ils pouvaient facilement conquérir le reste du pays. Mais Orléans ne tomba pas, grâce à une paysanne ignorante de dix-huit ans : Jeanne d'Arc.

La situation du royaume de France
En 1422, le roi Charles VI meurt, c'est une chance que le redoutable Henri V soit mort quelques mois auparavant. Son fils Henri VI est trop jeune pour régner, mais il est l'héritier légitime du royaume, ses oncles assurent la régence. Le jeune roi est reconnu par l'Église, l'Université et le peuple de Paris. Les Anglais jouissent également d'une précieuse alliance avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon. En face, Charles VII règne sur le centre et au sud (pays d'oc). On le surnomme par dérision « le petit roi de Bourges ». Il n'a ni argent ni soutiens, si ce n'est celui de sa protectrice Yolande d'Aragon, des Armagnacs et de quelques mercenaires. Le roi est au bord du renoncement lorsqu'il rencontre Jeanne d'Arc.

L'enfance de Jeanne d'Arc
Jeanne d'Arc est née en 1412 à Domrémy, aux marches de la Lorraine, dans une famille de paysans nommée « Darc » (assez aisés et appelés laboureurs). Sa famille sera anoblie par Charles VII et changera son nom en d'Arc. Jeanne est une fillette pieuse, illettrée et gai, rien ne la distingue de ses compagnons de jeu. A l'âge de 13 ans, elle eut une apparition de Saint Michel sous l'apparence d'un chevalier, de Sainte Marguerite et de Sainte Catherine. L'archange et ses deux saintes lui ordonnent de conduire le dauphin à Reims pour le faire sacrer et de « bouter les Anglais hors de France ». Jeanne n'en parle à personne, mais mois après mois, année après année, les voix reviennent, insistantes A seize ans, elle parle de ses voix à son oncle, Durand Laxart, qui l'escorte auprès de Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, forteresse voisine de Domrémy. En ces temps de guerres, les illuminés pullulent et Baudricourt conseille Laxart de ramener sa nièce chez ses parents avec une bonne gifle. L'année suivante, les Anglais déferlent sur la Lorraine, Jeanne voit l'ennemi de près et doit se réfugier à Neufchâteau avec sa famille. Revenue à Vaucouleurs, sa personnalité ne passe pas inaperçue, elle rencontre même le duc de Lorraine. Face à une telle détermination, Baudricourt, sceptique, s'assure auprès de son curé « que le diable n'est pas en elle ». Puis il lui donne une escorte de quelques hommes, dont Jean de Metz et Bertrand de Poulengy, qui resteront fidèles à Jeanne tout au long de son épopée. Habillée en homme, Jeanne va jusqu'à Chinon pour y rencontrer le dauphin.
Avant de rencontrer Jeanne d'ArcCharles n'est qu'un roitelet. Ce portrait le montre clairement comme quelqu'un de taciturne et hésitant. De nombreuses rumeurs font de lui un enfant bâtard dont la légitimité n'est pas assurée.

Le parcours de Jeanne d'Arc

La rencontre du dauphin à Chinon
Arrivée à Chinon, Jeanne se rend à la grande salle du château. Elle n'avait encore jamais vu le roi, et pourtant l'anecdote raconte qu'elle le reconnaît, caché dans son assistance, alors qu'un sujet avait pris sa place. Charles VII est étonné, la jeune fille se présente sous le nom de Jeanne la Pucelle et que le roi des cieux lui commande de l'emmener à Reims pour le faire sacrer. Jeanne et Charles s'entretiennent en secret, nul ne sait ce qu'ils se sont dits, mais le roi ressort avec le visage éclairé. Convaincu, Charles a cependant la prudence de faire examiner Jeanne par des théologiens à Poitiers. Le bon sens de Jeanne y fait immédiatement sensation. « En quelle langue parlent vos Voix? demanda l'un des frères -Meilleure que la vôtre, répliqua-t-elle. -Croyez-vous en Dieu? -Mieux que vous. » Des matrones vérifient même sa virginité. Charles lui donna une armure, une garde de quelques hommes, et l'autorisa à se joindre au dernier convoi destiné à secourir Orléans. Jeanne fit faire un étendard timbré de la fleur de lis et des mots Jhesus Maria. De tous les autres chefs de guerre, rudes et parfois cruels, il n'en est pas un qui ose s'opposer à la jeune fille, tous ont cœur de lui obéir. Les hommes ne jurent plus, elle renvoie les prostituées qui s'attachent d'ordinaire au convoi.
Une fois l'armure de Jeanne confectionnée, on s'inquiéta de l'épée. « Allez à Sainte-Catherine-de-Fierbois dit elle, dans la chapelle du pèlerinage. Vous creuserez derrière l'autel, vous enlèverez une dalle, des pierres, et à peu de profondeur, vous trouverez l'épée qu'il me faut. » Ainsi fut-il fait, et l'on trouva une grande épée à la garde marquée de cinq petites croix. Des traditions affirment que cette épée était celle de Charles Martel qui, après Poitiers, l'aurait offerte aux prêtres du sanctuaire.

Le siège d'Orléans
Avant l'arrivée de Jeanne d'Arc, Orléans est au bord de la reddition, la ville n'a plus de ressources et est épuisé. Le duc Charles d'Orléans étant fait prisonnier après Azincourt, c'est son demi-frère Jean, dit Dunois, un enfant bâtard, qui défend la ville avec courage. Tandis que les chefs de guerre français hésitent et tergiversent, Jeanne rentre secrètement dans la ville pour y rencontrer Dunois. Elle le somme de faire une sortie, mais la dernière a été trop catastrophique que le bâtard d'Orléans préfère attendre les renforts. Jeanne prend les choses en main, deux bastides anglaises se tiennent dans la région, il faut les attaquer ! Jeanne charge elle-même la bastide des Augustins, la garnison la suit et c'est un succès. Le soir au conseil de guerre, Dunois et ses hommes veulent en rester là, mais Jeanne refuse. Elle ameute la population qui se prépare toute la nuit. Le lendemain, l'assaut est donné, la forteresse est redoutable, les pertes sont élevées, Jeanne est touchée par un carreau d'arbalète au dessus du sein. La blessure est superficielle, elle retourne galvaniser ses troupes. Les Anglais paniquent, ils se jettent dans la Loire, le 8 mai 1429, Orléans est sauvé. C'est un miracle ! Pour Jeanne, la prise d'Orléans prouve le caractère divin de sa mission, la foule lui prête même des pouvoirs de guérison. Pour les Anglais, humiliés, la Pucelle est envoyée par le diable.
Libératrice de la ville, Jeanne y gagne le surnom de « Pucelle d'Orléans ».

Les compagnons de Jeanne d'Arc
Le parcours de Jeanne est semé de rencontres avec de grands hommes de guerre, fidèles compagnons. Outre les personnages décrits ci-dessous, il y a bien sûr Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs. Les gentilshommes Jean de Metz et Bertrand de Poulengy qui escortèrent Jeanne de Vaucouleurs à Chinon. Les membres de sa maison militaire : le page Louis Coutes et l'écuyer Jean d'Aulon souvent décrit comme le plus fidèle et dévoué des compagnons d'arme de la Pucelle ou encore comme son ami le plus « intime ». Citons également Xaintrailles, Raoul de Gaucourt, Jean de Brosse et son lieutenant l'amiral Louis de Culant. Mais les plus célèbres sont sans nul doute :
Le duc d'Alençon, le « gentil duc » pour Jeanne d'Arc, commandant à Patay, avant d'intriguer contre Charles VII, puis Louis XI.
Dunois, « Bâtard d'Orléans », fils de Louis d'Orléans. Chargé de défendre Orléans, il devient « le Restaurateur de la Patrie » après sa victoire à Castillon.
Le valeureux La Hire, l'un des meilleurs combattants de son temps, devenant par la suite le valet de cœur des jeux de cartes.
Le démoniaque Gilles de Rais, accusé de crimes tels que « sodomie, sorcellerie et assassinat ». Il inspira Barbe Bleue et Dracula.
Le connétable Richemont, l'un des plus grands soldats de Charles VII, il remporte la décisive victoire de Formigny.

Le sacre du roi
Après l'exploit d'Orléans, deux possibilités s'offraient aux Français : attaquer Paris ou aller à Reims, comme le veut Jeanne, pour sacrer le roi. Le Dauphin, hésitant, fini par donner raison à Jeanne. Seulement le pari est risqué, Reims est cerné par des possessions anglaises et bourguignonnes. Une rencontre décisive a lieu à Patay, face aux Anglais de John Talbot, tout juste chassé d'Orléans. Chacun a encore les souvenirs d'Azincourt, cimetière français. Seulement la Pucelle est là, et elle assure la victoire au nom de Dieu. La bataille s'engage, la charge française est irrésistible, les Anglais laissent 2 000 morts et leur chef prisonnier. Côté français, les pertes sont quasiment nulles. Pour ouvrir la route jusqu'à Reims, les Français libèrent Auxerre, Troyes et Chalons. Le Dauphin peut enfin faire son entrée dans la cathédrale de Reims pour y recevoir le Saint Chrême. Jeanne est à ses côtés, portant son étendard. Le régent anglais, le duc de Bedford, réagit sans attendre, il fait sacrer le jeune Henri VI à Notre-Dame de Paris. Mais sans la Sainte Ampoule, qui valide le rituel du sacre, le couronnement n'a aucune signification. Il n'y a plus qu'un seul roi sur la France, l'héritier des Valois, Charles VII. La mission de Jeanne s'est couronnée d'un succès, en quelques mois, la victoire a changé de camp.
Au sacre Jeanne se tient aux côtés du roi pendant la cérémonie. Plus tard, lors de son procès, on lui demanda pourquoi elle tenait sa bannière : « Il avait été à la peine, c'était bien raison qu'il fût à l'honneur »

La capture de Jeanne d'Arc
Sans les hésitations du Dauphin, Jeanne aurait accompli sa tâche depuis fort longtemps. Seulement, le jeune roi perd du temps. Et pourtant, partout où il passe, la foule est galvanisée, Laon, Coulommiers, Compiègne. Dans la cathédrale de Beauvais désertée par son évêque, Pierre Cauchon, on célèbre un Te Deum en son honneur. Alors que Jeanne se dirige vers Paris, le roi préfère négocier avec le duc de Bourgogne. Une fois sous les murs de la capitale, les Français constatent que les Anglais ont eu le temps de se préparer. L'assaut est donné à la porte Saint Honoré. Blessée à la cuisse, Jeanne reprend néanmoins le combat, mais le miracle ne se reproduit pas. Le roi décide de lever le siège, et de dissoudre l'armée. Il ne veut pas la guerre mais la négociation. Depuis le sacre, Charles VII traite la jeune Pucelle avec dédain et jalousie. Il décide de s'en débarrasser en l'envoyant combattre les compagnies, ces brigands que du Guesclin avait réussi à chasser du royaume. Mais Jeanne manque de renforts et de munitions, la campagne est un échec. Dès 1430, les intentions du duc de Bourgogne sont claires, aux côtés des Anglais, il souhaite reprendre les villes qui sont passées au roi. Mais Charles VII n'a plus d'armée, il laisse Jeanne se débrouiller toute seule. Elle s'entoure alors de chevaliers fidèles, elle recrute des mercenaires. Le jour de Pâques, elle est acclamée à Melun. Elle attend les renforts du roi, mais ceux-ci ne viennent pas. Elle décide alors de défendre Compiègne assiégée, multipliant les sorties contre l'ennemi. Celle du 24 mai est fatale, elle s'engage trop loin, et se trouve face à une contre-attaque bourguignonne menée par Jean de Luxembourg. La retraite s'effectue, elle reste la dernière. Au moment de rentrer dans la ville, le pont-levis est levé. Trahison ou imprudence ? Quoiqu'il en soit, Jeanne est jeté hors de son cheval et capturé par le seigneur bourguignon.

Qui est Jeanne d'Arc ?
Même si elle portait les cheveux courts et avait des vêtements masculins, Jeanne avait des formes féminines, et la poitrine plutôt forte, un visage au trait harmonieux. Charles d'Orléans détenu en Angleterre lui aurait offert des vêtements d'apparat aux couleurs des Orléans, grâce à ce cadeau on sait que Jeanne mesurait 1m58. En outre, sa virginité est une preuve de l'authenticité de sa mission. Elle-même revendique son titre de Pucelle. Et pourtant Jeanne va partager le bivouac avec de rudes soldats. Pas un ne fut enclin au désir charnel !

Le procès de Jeanne d'Arc
Le seigneur Jean de Luxembourg n'a que faire de la Pucelle, il la vend aux anglais pour dix mille livres. Le roi Charles VII n'a rien fait pour sauver Jeanne, ni soldats ni argent. Henri VI remet la jeune fille aux mains de la juridiction ecclésiastique. L'évêque Pierre Cauchon entend la juger lui-même pour hérésie, prétextant qu'elle fut capturée sur son diocèse. Jeanne est donc transférée à Rouen, solidement tenu par les Anglais. Elle est enfermée dans le donjon du château de Bouvreuil qui domine la ville. Cauchon réalise un nouveau test de virginité, mais la Pucelle est bien vierge ! Aux préliminaires du procès, il n'a rien pour l'accuser. Des théologiens se chargent de l'interrogatoire, mais Jeanne fait preuve d'un bon sens incroyable, elle parvient à tenir tête à ses juges. Cauchon décide alors de pratiquer des interrogatoires à huis clos. Il lui demande pourquoi elle porte des vêtements d'hommes, parce que c'est plus pratique pour le voyage et indispensable pour le combat, lui répond-elle. En revanche elle refuse de reprendre des habits féminins, faut-il rappeler qu'elle dort enchaînée au milieu de deux soudards. Mais se travestir ainsi est un crime pour l'Inquisition, Cauchon a enfin un motif d'accusation. Le véritable procès peut commencer, il s'étale sur deux mois. Le 23 mai, dans le cimetière de Saint Ouen, une mise en scène publique a lieu. Après un réquisitoire d'une rare violence, Cauchon annonce à Jeanne qu'elle est condamnée au bûcher, la jeune fille de 19 ans est terrorisée. Il lui donne alors un acte d'abjuration qu'elle signe d'une croix : en s'engageant de porter des vêtements féminins, elle échappe à la mort. Les Anglais sont furieux, ils veulent l'éliminer au plus vite. Mais Pierre Cauchon sait que ce sera fait. Dans sa cellule, Jeanne est battue, insultée et sans doute violée. Face à cette maltraitance, elle décide de reprendre l'habit d'homme. Mais Jeanne a retrouvé son courage, elle préfère aller au bûcher que de finir sa vie avec des fers.
Le bon sens de Jeanne
« - Vous sentez-vous en grâce de Dieu ?
- Si je n'y suis, Dieu m'y mette... Si j'y suis, Dieu m'y garde »
« - Quel aspect avait saint Michel, quand il vous apparut ? (…) Etait-il nu ?
- Pensez-vous que Dieu n'ait pas de quoi le vêtir ?
- Avait-il des cheveux ?
- Pourquoi les lui aurait-on coupés ? (…)
- Avait-il une balance ?
- Je n'en sais rien (…) J'ai grande joie quand je le vois… »

Jeanne la Sainte
De l'hérésie à la canonisation
Jeanne d'Arc est déclarée hérétique et relapse, elle est condamnée au bûcher le 30 mai 1431. Sur la place de Rouen, on écarte la foule, Jeanne réclame un crucifix. Bientôt les flammes l'atteignent, « Jésus, Jésus, Jésus ! »répète-t-elle. La foule s'émeut, les soldats sont en larmes : « Nous sommes tous perdus. Nous avons brûlé une sainte ! » L'Église, qui avait condamné Jeanne d'Arc, aura très tôt à cœur de la réhabiliter. En 1456, la condamnation de 1431 est déclarée nulle. Mais la jeune fille est devenue une légende. Passée sous silence par les humanistes du XVIe siècle, elle devient la patronne des catholiques extrémistes au cours des guerres de religions. Les grands philosophes français du XVIIIème ne manqueront pas de la ridiculiser, c'est le cas de Voltaire et Beaumarchais, l'Encyclopédie de Diderot la décrit comme une « idiote manipulée par des fripons ». Mais la littérature catholique ne cesse de faire les louanges de la Pucelle. Jeanne était devenue une héroïne romantique, la montée du patriotisme moderne la rendit de plus en plus populaire. Après la guerre de 1870, « la bonne Lorraine » incarne l'espoir de revanche des Français. Au XXe siècle, Jeanne fait l'objet d'un culte, elle est béatifiée en 1909, puis canonisée en 1920 par Benoît XV.

Légendes johanniques
Il est arrivé au cours de l'histoire que des imposteurs surgissent, prétendant être une personnalité décédée ayant marqué son temps. Plusieurs femmes se présentèrent, affirmant avoir échappé aux flammes. Deux d'entre elles parvinrent à convaincre leurs contemporains qu'elles étaient réellement Jeanne d'Arc : il s'agit de Jeanne des Armoises et de Jeanne de Sermaises, qui étaient peut-être une seule et même personne. Jeanne des Armoises apparut pour la première fois en 1436 à Metz où elle rencontre les deux frères de Jeanne d'Arc, qui la reconnaissent pour leur sœur. La ville d'Orléans interrompit les services funèbres à la mémoire de Jeanne d'Arc durant trois ans. Cette Jeanne, qu'on dit être la fille adultérine d'Isabeau de Bavière et de Louis d'Orléans (frère de Charles VI), donnée en nourrice à des laboureurs de Domrémy, épousa un chevalier, Robert des Hermoises ou des Armoises, proche parent de Robert de Baudricourt. Cette Jeanne s'entretint avec Charles VII par courrier pendant quatre ans. Après avoir obtenu une audience avec le roi, elle admit ensuite publiquement son imposture. En 1457, quand la Pucelle fut réhabilitée, Jehanne de Sermaises apparut en Anjou. Elle fut accusée de s'être fait appeler la Pucelle d'Orléans, d'avoir porté des vêtements d'homme. Elle fut emprisonnée jusqu'en février 1457, et libérée à la condition qu'elle s'habillerait honnêtement. D'autres thèses farfelues sur l'origine de Jeanne d'Arc avancent par exemple la masculinité de la Pucelle.

La fin de la guerre
Ayant regagné sa légitimité grâce à Jeanne d'ArcCharles VII peut reprendre l'offensive contre les Anglais. Il signe le traité d'Arras en 1435 avec le duc de Bourgogne Philippe le Bon. En échange de nouvelles terres, le duc renonce à son alliance avec les Anglais. C'est la fin de la querelle entre Armagnacs et Bourguignons. Le conflit reprendra plus tard entre Louis XI et Charles le Téméraire. L'année suivante, en 1436, le connétable Richemont reprend Paris, et Charles VII peut y faire son retour triomphal. Une trêve avec les Anglais est signée à Tours en 1444. Charles VII dit le Bien Servi est entouré par de grands conseillers tel que Jacques Cœur ou sa maîtresse Agnés Sorel. Il peut également s'appuyer sur de valeureux soldats comme Dunois ou Richemont, mais aussi les frères Jean et Gaspard Bureau, ingénieurs, qui mettent au point une puissante artillerie. Les Anglais, quant à eux, sont embourbés dans un conflit dynastique : « La guerre des Deux Roses ». En 1450, le connétable Richemont 69est victorieux à Formigny, achevant la reconquête de la Normandie. Dans le même temps, l'ost royal entreprend la reconquête de la Guyenne, Bordeaux est repris par les Français en 1450. La bataille de Castillon remportée par Dunois achève la reconquête du territoire, seul Calais reste aux mains des Anglais (et ce jusqu'en 1558). La guerre de Cent Ans est bien finie, Charles VII est le vainqueur ultime de ce long conflit. Il ne reste désormais plus que trois grands fiefs vassaux non rattachés à la couronne : la Bretagne, le Bourbon, et la Bourgogne. A noter que l'Angleterre conservera la fleur de lys sur son blason jusqu'au XIXème siècle.

La victoire de Castillon
Avec la prise de Bordeaux en 1450, la Guyenne est presque reconquise par les Français, mais les exigences de Charles VII font regretter la tutelle anglaise. Henri VI charge John Talbot (déjà perdant à Orléans et Patay) de la reconquête. Après une rapide campagne, Bordeaux est repris. Les Français décident alors de contre-attaquer. L'armée franco-bretonne comprend environ 10 000 hommes dont une puissante artillerie de 300 pièces servies par 700 manœuvriers. L'emplacement choisi offre d'incontestables avantages géographiques : Au nord, une petite rivière aux rives escarpées; À l'ouest, au sud et à l'est, un fossé de 5m de large. Averti de l'arrivée des Français, Talbot, se décide à porter secours aux Castillonnais. Il s'apprête à entendre la messe, lorsqu'on lui rapporte que les Français s'enfuient, abandonnant le camp retranché. On saura plus tard qu'il s'agissait des pages et des bagages inutiles au combat qui quittèrent le champ de bataille. Trompé par ces apparences, Talbot n'hésite plus et se précipite avec les troupes dont il dispose afin de mettre les Français en déroute. L'artillerie des Français, commandée par les frères Bureau, a eu le temps de se préparer. Carnage effrayant. Les assaillants sont pressés les uns contre les autres, ils ne peuvent ni s'échapper ni se dissimuler. Dans la mêlée qui s'ensuit, Talbot est précipité à terre et tué par quelque archer. Au bruit de la canonnade, les Bretons en réserve à Horable chargent avec leur cavalerie et précipitent la déroute des Anglais. Plus tard, le 18 juillet, les Français avançant quelques pièces d'artillerie sous les murs de Castillon obtiennent la reddition de la ville. La même année en 1453, Constantinople tombe aux mains des Turcs.


 Le Moyen Âge s'achève progressivement.1

mercredi 27 mai 2015

L’esprit de résistance durant la Seconde Guerre mondiale

L’entrée au Panthéon de Jean Zay, Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion est un hommage à toutes les formes de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Nous avions ici donné une bibliographie pour Geneviève de Gaulle et Germaine Tillion lors de l’annonce de leur entrée au Panthéon.

Sur cette période de l’histoire, la bibliothèque diocésaine conserve plusieurs ouvrages. Parmi eux, des textes fondateurs nationaux ou haut-alpins :
* Marc Bloch, Etrange défaite, témoignage écrit en 1940, Paris, Gallimard, 2009, 320 p.
* Jacques Maritain, A Travers le désastre, Gap, Ribaud, 1941, 48 p.
* Louis Matheron, Le Message de sainte Jeanne d’Arc, conférence donnée en l’église cathédrale de Gap le 10 mai 1942, Gap, Ribaud, 19 p.

dimanche 24 mai 2015

Une histoire du clergé paroissial

Le 18 mai 2015, le point de départ de la troisième partie du cycle de conférences sur le clergé paroissial du XVIIIe siècle à nos jours, donné par Luc-André Biarnais, archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun, interroge à la fois les conditions de parution en 1943 et le contenu de La France, pays de mission ? Cette intervention a montré la diversité de forme du "pole paroissial" induisant les multiples manières de l'administrer et d'accueillir les fidèles.

Le 15 avril 2015, Luc-André Biarnais a donné la deuxième conférence sur le clergé paroissial. Cette séance était consacrée au XIXe siècle, époque marquée par l’unification liturgique avec le missel romain et le renforcement du rôle de l’évêque. Au même moment, la première action catholique se confronte à la laïcisation de la société française. 

Cette conférence faisait suite à la première, le 17 mars 2015 qui avait pour thème le clergé paroissial au XVIIIe siècle. 


La prochaine conférence sur le clergé paroissial aura lieu le lundi 15 juin à 20 h 30, à la maison diocésaine de Gap : A partir de 1960, le redécoupage des paroisses.

Luc-André Biarnais
archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun

mercredi 20 mai 2015

Stendhal

Le 23 mai 2015, la médiathèque municipale de Gap organise une rencontre intitulée « Henri Beyle dit Stendhal : sur les talons de Napoléon ». La dimension locale du bicentenaire napoléonien a été soulignée ici . Stendhal a fait l’objet d’une exposition « La Révolte et les rêves » en 2006-2007 à la bibliothèque municipale de Grenoble, ville où il est né en 1783.
Une bibliothèque diocésaine doit s’intéresser aussi à la littérature générale. Dans le catalogue de celle de Gap, vous trouverez deux documents sur Stendhal et son œuvre :
Jean Pouillon, La Création chez Stendhal, in Les Temps modernes, n° 69, juillet 1951, p 173-182.
Claude Roy, Stendhal par lui-même, Le Seuil, 1964, 191 p.
Parmi l’œuvre de Stendhal, la bibliothèque diocésaine conserve Lamiel (Gallimard, 1983, 342 p), roman inachevé paru post-mortem en 1889.
Luc-André Biarnais
archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun

samedi 16 mai 2015

Mgr Oscar Romero sera béatifié le 23 mai 2015

Les bibliothèques diocésaines de la province de Marseille vous proposent une bibliographie à cette occasion.


Le 24 mars 1980, alors que Mgr Oscar Romero, archevêque de Salvador, prononce une homélie, il est abattu d’un coup de fusil. La veille, il avait appelé à l’arrêt « de la répression » contre « ce peuple souffrant », victime des exactions de l’armée au pouvoir et d’escadrons de la mort.
350 000 personnes assistent aux funérailles marquées par de nombreux tués dus à l’explosion d’une bombe, à des coups de feu et à la panique de la foule.
Le 23 mai prochain, Mgr Oscar Romero sera béatifié. Les bibliothèques diocésaines de la province de Marseille vous proposent le Journal d’Oscar Romero (Paris : Karthala, 1992, présent à la bibliothèque diocésaine de Gap) ainsi que Le Discours homélitique de Mgr Oscar A Romero (2004, à Marseille). D’autre part, L’Amour vainqueur (Paris : Le Cerf, 1990, se trouvant à Fréjus-Toulon et à Gap) présente des textes sélectionnés par James Brockman.
Sur les faits et leurs contextes, trois ouvrages sont disponibles :
Maurice Barth, Salvador [suivi de] Oscar Romero et son peuple, Paris : Karthala, 1982 (Gap et Marseille).
Jean-Pierre Norte, Romero ou l’offrande écarlate, Paris : Editions ouvrières, 1985 (Gap).
Charles Antoine, Le Sang des justes : Mgr Romero, les Jésuites et l’Amérique latine, Paris : DDB, 2000 (Fréjus-Toulon).
Pour en savoir plus sur les catalogues des bibliothèques diocésaines de la province de Marseille, vous pouvez suivre ces liens :
Aix-en-Provence : http://catalogue.dioceseaix.biblibre.com/ 
Fréjus-Toulon : http://bibliotheque.domaine-castille.fr/ 
Gap : http://catalogue.diocesegap.biblibre.com/


Luc-André Biarnais
Archiviste du diocèse de Gap et d’Embrun

jeudi 14 mai 2015

Le 9 mai avait lieu la nuit des cathédrales à Notre-Dame du Réal d’Embrun


La nuit des cathédrales est une opération patrimoniale permettant au public de (re) découvrir des édifices par différents aspects. A Embrun, Notre-Dame du Réal était ouverte aux visiteurs qui ont pu participer à deux conférences sur l’œuvre du peintre Louis Court (1670-1733) par Guillemette Mappus de l’Office de tourisme, et sur l’histoire de la cathédrale par Luc-André Biarnais, archiviste diocésain.
La soirée s’est achevée par un concert donné par Gabriel Nal sur l’orgue de la cathédrale, agrémenté de textes de saint François d’Assise.
Vous pouvez retrouver l’article sur le site du diocèse de Gap et d’Embrun ici, et l’enregistrement de la conférence de Luc-André Biarnais, Notre-Dame du Réal, église cathédrale d'Embrun.

Luc-André Biarnais
archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun

jeudi 7 mai 2015

LA MISERICORDE : UN OUVRAGE DU CARDINAL KASPER







Ce que dit le Pape François à propos de ce livre

« Ces jours-ci, j’ai pu lire un livre d’un cardinal – le cardinal Kasper, un théologien très bien, un bon théologien – sur la miséricorde. Ce livre m’a fait tant de bien, mais ne croyez pas que je fais de la publicité pour les livres de mes cardinaux ! Ce n’est pas cela ! Il m’a fait tant de bien, tant de bien… Le cardinal Kasper disait que faire l’expérience de la miséricorde change tout. C’est la plus belle parole que nous puissions entendre : elle change le monde.
Un peu de miséricorde rend le monde moins froid et plus juste. Il nous faut bien comprendre cette miséricorde de Dieu, ce Père miséricordieux qui a tant de patience… Rappelons-nous du prophète Isaïe, qui affirmait que même si nos péchés étaient rouges comme l’écarlate, l’amour de Dieu les rendrait blancs comme la neige. C’est beau, la miséricorde ! »
Pape François
Paroles prononcées lors de son premier angélus, place Saint Pierre, le 17 mars 2013.

Traduit de l'Allemand par Esther et Marie-Noëlle Villedieu



L’auteur : le Cardinal Walter Kasper

Le Cardinal Walter Kasper, est né en 1933 en Allemagne. Il est président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens depuis juillet 2010. Il a reçu en mai 2010 le « Prix Isaïe interreligieux » décerné par le Comité juif américain en raison de « son long engagement dans le dialogue entre juifs et catholiques » et de son « leadership » dans « le progrès de la compréhension entre ces deux fois »

POURQUOI LE 8 MAI EST-IL FERIE EN FRANCE ?

Pourquoi le 8 mai est-il un jour férié ?

Le choix du 8 mai pour célébrer la fin des combats de la Seconde Guerre mondiale n'était pas une évidence.
Au mois de mai, les jours fériés se succèdent à une telle allure qu'on a parfois à peine le temps de penser à leur signification.
Le 8 mai, les Français commémorent la fin des combats en Europe contre l'Allemagne nazie. Bizarrement, ils sont les seuls à avoir considéré cette date comme symbolique et à en avoir fait un jour férié.

1. Le lendemain de la capitulation allemande
Le 8 mai 1945 est le jour où cessent les combats de la Seconde Guerre mondiale en Europe, au lendemain de la capitulation allemande. Celle-ci intervient dans la nuit du 6 au 7 mai. 
Capitulation sans condition, elle est signée à Reims, où se trouve le quartier général des forces Alliées, par le général Alfred Jodl, le chef d’état-major de la Wehrmacht.
L’Allemagne nazie a perdu sa tête quelques jours plus tôt : le 30 avril, Hitler s'est suicidé  dans son bunker, à Berlin. A partir de l'automne 1942, les Alliés avaient pris l'avantage sur l'Allemagne et depuis février 1945, le pays était envahi à la fois par l'Est et par l'Ouest.
L'acte de capitulation fixe la cessation des hostilités au 8 mai à 23h01.
La Seconde Guerre mondiale ne se termine réellement que quatre mois plus tard, avec la capitulation du Japon le 2 septembre 1945. Elle a coûté la vie à 40 à 50 millions de personnes.

 2. Une spécificité française
La décision des Français de retenir le 8 mai comme jour de commémoration est atypique.
Les Russes célèbrent la capitulation de l’Allemagne nazie et la fin des combats le 9 mai. En effet, les Allemands ont capitulé une seconde fois le 9 mai, au quartier général des forces soviétiques à Berlin. Une façon pour Staline de montrer aux Alliés que l'URSS ne comptait pas se laisser confisquer la victoire. En outre, à cause du décalage horaire, la fin des combats a eu lieu le 9 mai et non le 8, à l'heure de Moscou.
Au Royaume-Uni et aux États-Unis, le 8 mai n'est pas un jour férié. Les Américains rendent hommage aux soldats morts pour la patrie le dernier dimanche de mai, appelé "Memorial Day".

3. Un jour férié qui a fait débat
En France, une loi de 1946 dispose que la victoire sur l'Allemagne nazie sera commémorée "le 8 mai de chaque année si ce jour est un dimanche et, dans le cas contraire, le premier dimanche qui suivra cette date", mais cette décision pose rapidement des problèmes : la célébration se trouve concurrencée, voire occultée, parla fête de Jeanne d’Arc, qui tombe au même moment.

A la demande des anciens déportés et résistants, une nouvelle loi est votée en 1953, qui fait du 8 mai le jour fixe de la commémoration et un jour férié... mais seulement pour quelques années, car on revient à une date variable (le deuxième dimanche de mai) dès 1959. En 1968, nouveau changement : la commémoration est à nouveau fixée au 8 mai, mais ce jour reste travaillé.
En 1975, le président Valéry Giscard d'Estaing décide de supprimer la commémoration officielle de la victoire sur l'Allemagne nazie et de la remplacer par une "journée de l'Europe", pour marquer la réconciliation franco-allemande. Il souhaite transformer le 11 novembre en une journée nationale du souvenir mais suscite ainsi l'indignation des associations d'anciens combattants.


Prenant son contre-pied, François Mitterrand fait en 1981 du 8 mai un jour férié. Depuis cette date, la commémoration revêt à nouveau un caractère officiel à l'échelle nationale. Son rituel est en grande partie emprunté à celui du 11 novembre : le président passe en revue les troupes sur la place de l'Étoile, dépose une gerbe, ravive la flamme du tombeau du soldat inconnu.

source : documents Hérodote.net