Annibale Bugnini(1912-1982) : réformateur de la liturgieParis, Desclée de Brouwer, 2016. 221 pages.
« La liturgie
est essentiellement paroissiale, c’est-à-dire a sa plénitude et perfection dans
la paroisse et s’alimente à l’esprit de la paroisse. Ni dans une cathédrale ni
dans une abbaye, ou dans un sanctuaire ou dans une ‘rottoria’ [la chappelle d’un
institut religieux ou d’un séminaire], les fidèles ne peuvent vivre pleinement
la liturgie, mais seulement dans une paroisse »
(Article de A. Bugnini « la communità e il rinnovamento liturgico attuale’,
dans Annali della Missione, 1962).
La
publication de la biographie d’Annibale Bugnani (1912-1982) constitue une bonne
introduction à la compréhension de la réforme liturgique qui fut entreprise par
le Concile Vatican II. Cette question qui a provoqué un schisme au temps du
Pape Paul VI continue d’alimenter les controverses dans l’Eglise catholique
encore aujourd’hui.
L’un
des principaux artisans de cette réforme fut Monseigneur Annibale Bugnani qui
demeure pourtant un inconnu pour le public. Comme le montre l’auteur la
question liturgique a été une de ses principales préoccupations bien avant le
Concile Vatican II : déjà sous Pie XII il n’hésita pas à faire quelques
expériences afin de faire en sorte que les fidèles comprennent mieux la
liturgie à laquelle ils participaient sans bien comprendre. Avec le Concile
Vatican II et surtout sous le pontificat de Paul VI – dont il fut pendant
longtemps un proche collaborateur – il fut l’auteur de la réforme de la messe
pour l’adapté aux exigences d’une période du XXè siècle en plein bouleversement.
Bien
avant de ce que l’on peut qualifier de disgrâce il fit l’objet de nombreuses
controverses : pour les uns il était (et restera) l’auteur d’une des
réformes les plus audacieuses en matière de liturgie, pour les autres il porte
la responsabilité de la rupture dans l’unité liturgique et d’avoir voulu faire disparaître la « messe
de toujours » (c’est-à-dire la messe tel quel fut mis en promulguée par
Saint Pie V).
Pour
faire comprendre ces appréciations contrastées Yves Chiron nous donne une étude
où abondent les documents sur cette question. Il retrace tout d’abord le
parcours de ce fils d’une famille pieuse. Très jeune il fut impressionné par
les cérémonies religieuses et pendant son noviciat cheez les Pères lazaristes
il s’intéressa à tout ce qui touchait la liturgie. Nommé secrétaire de la
commission préparatoire pour la liturgie en vue du Concile Vatican II, il fut
écarté à cause des prises de positions jugées trop audacieuses mais participa
aux débats en tant qu’expert. Il revint
en grâce avec Paul VI au moment de l’institution
du Concilium (un conseil ayant en charge de mettre en pratique les directives
du Concile), puis secrétaire pour la Congrégation du Culte divin.
Bien
que méconnu le Père Bugnini se montra homme d’influence qui sut mettre à profit ses qualités : audace, excellent
communiquant sr surtout la force de ses convictions sur le bien-fondé d’une
réforme liturgique sans oublier la confiance que lui accorda Paul VI. Mais en
1975 Mgr. Bugnini fut brutalement de la Congrégation pour le Culte divin
(exigence de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ? appartenance
supposée à la franc-Maçonnerie ?) Paul VI l’éloigna en le nommant noce
apostolique en Iran (1976).
Le
père Annibale Bugnini est décédé à Rome en 1982 et sur sa pierre tombale on
peut lire ses mots : « liturgiae
amator et cultor ». ces mots résument à eux seuls ce qui fut pour lui
la mission à laquelle il se donna toute sa vie.
Yves
Chiron dans cet essai biographique s’attache donc essentiellement à nous monter
quelle fut l’action et l’influence de Mgr. Annibale Bugnini dans l’élaboration
de ce que l’on a appelé la « nouvelle messe » et qui a provoqué la
rupture entre Rome et les partisans de
Mgr. Lefebvre pour qui seule le rite de saint Pie V est la "messe de toujours". Pour l’auteur une
question reste en suspens : « Mgr.
Bugnini at-il bien ‘aimé’ et ‘servi’ la liturgie ? ou par l’idée qu’il s’en
faisait - la vraie liturgie doit être ‘paroissiale’ et ‘dynamique’ - , et par
sa volonté constructiviste, a-t-il contribué à sa ‘désintégration ? »
Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
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