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lundi 13 novembre 2017
L'éternité reçue : Martin Steffens
« j’ai réglé mes comptes avec
la vie, je veux dire : l’éventualité de la mort est intégrée à ma vie ;
regarder la mort en face et l’accepter comme une partie intégrante de la vie, c’est
élargir cette vie, par peur de la mort et refus de l’accepter, c’est le
meilleur moyen de ne garder qu’un pauvre bout de vie mutilée méritant à peine
le nom de vie. Cela semble un paradoxe : en excluant la mort de sa vie on
se prive d’une vie complète, en l’y accueillant on élargit et enrichit sa vie » (Etty Hillesum in Une vie bouleversée. Journal –ceci étant écrit le 3 juillet 1942 quelques
jours avant son exécution dans les chambres à gaz.
Ces « petites morts », lues à partir de la pensée de Simone Weil, indiquent
un chemin de dépossession et de plénitude. Elles nous introduisent dans le
mystère de notre mort et de l’éternité à laquelle nous sommes appelés. Car l'heure
viendra où nous serons dessaisis de tout, où il faudra enfin faire le
renoncement ultime. Et c'est notre propre vie qui nous sera redonnée en
plénitude : nous recevrons encore une fois la vie car la vie nous a été
donnée une première fois à la naissance.
Nous étions à la lisière du paradis, et nous ne le savions pas ! Il faudra
bien l'éternité pour prendre la mesure de cette étrange nouvelle. L’Eternité
reçue : l’éternité c’est le don que Dieu nous fera si nous le voulons
bien, si nous ne mangeons pas le « fruit défendu » pour retrouver le
Jardin perdu (et là l'auteur ne manque pas de dire que ceux qui veulent pour nous l'immortalité par le mouvement du transhumanisme nous volent notre humainté) ! Mais il faut lire la très belle méditation qu’en fait
Martin Steffens qui parle en philosophe et surtout en croyant. Voilà un livre parfois difficile car il ne faut pas oublier que l’auteur
est aussi un philosophe.
Mais c’est avant tout un hymne à la vie parce que ce livre est plein d’espérance. « Je ne meurs pas, j’entre dans
la vie ! » disait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus au moment de sa mort. Telle aurait
pu être aussi la conclusion de cet ouvrage loin d’être triste parce que l’Espérance
en est le moteur.
Martin
Steffens (né en 1977) est professeur de philosophie
en khâgne, conférencier et chroniqueur pour les journaux La Croix et La Vie. C’est également un
spécialiste de Nietzche, Simone Weil et
Chestov. Il a publié plusieurs
essais, parmi lesquels : Petit
traité de la joie. Consentir à la vie (2011 ; Prix Humanisme Chrétien, 2013)
; La Vie en bleu (2014) ; Rien que l'amour (2015 ; Prix des Libraires religieux, 2016)
; Rien de ce qui est
inhumain ne m'est étranger. Éloge du
combat spirituel (2016).
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