L'ouvrage que nous vous proposons aujourd'hui, est une contribution au débat sur les racines chrétiennes de l'Europe, illustré entre autres par les livres de M.F. Baslez et Paul Veyne. (1)
L'apport de Luc Ferry et de Lucien Jerphagnon à cette discussion ne réside pas dans la recherche du moment ou de la manière dont s'est imposé le Christianisme, mais plutôt dans la cause de ce triomphe même.
En effet la prééminence de la doctrine chrétienne qui parait naturelle aujourd'hui en Occident n'allait pas de soi à l'époque. Saint Paul l'exprime ainsi dans la première Epître aux Corinthiens (chap. 1,23) : " Nous prêchons un Messie crucifié scandale pour les Juifs folie pour les Païens".
Comment une doctrine si mal perçue a-t'elle pu finalement s'imposer ? Pour répondre à cette question, il est d'abord necessaire d'exposer succintement ce que les Romains entendaient par religion et quelle idée se faisait la philosophie grecque de l'Homme et de sa place dans l'univers.
Pour les Romains la religion remplissait deux fonctions. La première était à finalité civique : il s'agissait de se concilier par des offrandes la bienveillance des dieux qui en retour assuraient la primauté de Rome. La seconde était personnelle. Chacun par des Sacrifices essayaient d'obtenir des faveurs et des dons. Dans un cas comme dans l'autre ce qui était essentiel c'était d'accomplir les rites afin de ne pas mécontenter les dieux.
Cette démarche religieuse était assimilable à un contrat. On donnait pour recevoir. Il n'y avait pas d'engagement de l'être profond et encore moins d'élan mystique, sauf peut-être dans la religion populaire.
Si il existait une multitude de divinité que l'on invoquait dans des moments bien précis : maladie, amour, guerre etc.., les Romains étaient démunis face à la mort. L'être humain est laissé seul face à ses interrogations : survie dans l'au-delà et destin des êtres chers. Il n'en est pas tout à fait de même pour la philosophie grecque.
Pour les Grecs nous dit Luc Ferry, l'Homme doit être en harmonie avec le Cosmos qui est juste car créé et ordonné par les dieux. Dans ces conditions il faut accepter son destin et notamment la finitude et trouver la place qui est la sienne dans cet univers. En agissant ainsi l'être humain fait preuve de sagesse. Il dépasse la peur de la mort.
Les Grecs, à la différence des Romains n'éludaient pas le problème de la mort. Pour eux la soumission à l'ordre cosmique, le fait de vivre en harmonie avec cet ordre juste permet de dépasser la finitude propre à notre condition humaine. L'Homme sage en effet, survivait en ce sens qu'il se fondait dans l'univers dont il devenait une parcelle.
La religion romaine comme la Philosophie grecque étaient deux systèmes souples et cohérents, parfaitement adaptés à la mentalité humaine. Ils étaient également radicalement opposés au Christianisme. C'étaient en effet deux systèmes polythéistes qui méconnaissaient l'idée d'un salut personnel.
Comment expliquer alors la victoire du Christianisme ? Les auteurs nous donne deux séries de raisons. La première est conjoncturelle. Au 3ème Siècle, on assiste à l'affirmation des aspirations métaphysiques des individus, la Seconde est du à la faiblesse de la réponse tant de la religion romaine que de la philosophie grecque aux interrogations liées à la mort et à l'au-delà.
Justement dans ce domaine le Christianisme apportait des réponses novatrices et séduisantes. Ils assuraient ceux qui mettaient leur Foi dans le Christ non seulement de survivre mais encore de ressuciter corps et âme. En outre, ils étaient assurés de retrouver dans la vie future ceux qu'ils avaient chéris.
C'est bien selon nos auteurs parce qui'l ouvrait une perspective de survie réelle et qu'il offrait la certitude de retrouver ses proches que le Christianisme s'est imposé et qu'il est devenu la pierre angulaire de notre civilisation
(1): Marie-Françoise Baslez : Comment notre monde est devenu chrétien, Tours, C.L.D., 2008
Paul Veyne : Quand notre monde est devenu chrétien, 312 - 394, Paris, Albin Michel, 2007
On citera également l'ouvrage de Bruno Dumezil : Les racines chrétiennes de l'Europe, conversions et liberté dans les royaumes barbares, 5ème - 8ème siècle, Paris, Fayard, 2006
L'apport de Luc Ferry et de Lucien Jerphagnon à cette discussion ne réside pas dans la recherche du moment ou de la manière dont s'est imposé le Christianisme, mais plutôt dans la cause de ce triomphe même.
En effet la prééminence de la doctrine chrétienne qui parait naturelle aujourd'hui en Occident n'allait pas de soi à l'époque. Saint Paul l'exprime ainsi dans la première Epître aux Corinthiens (chap. 1,23) : " Nous prêchons un Messie crucifié scandale pour les Juifs folie pour les Païens".
Comment une doctrine si mal perçue a-t'elle pu finalement s'imposer ? Pour répondre à cette question, il est d'abord necessaire d'exposer succintement ce que les Romains entendaient par religion et quelle idée se faisait la philosophie grecque de l'Homme et de sa place dans l'univers.
Pour les Romains la religion remplissait deux fonctions. La première était à finalité civique : il s'agissait de se concilier par des offrandes la bienveillance des dieux qui en retour assuraient la primauté de Rome. La seconde était personnelle. Chacun par des Sacrifices essayaient d'obtenir des faveurs et des dons. Dans un cas comme dans l'autre ce qui était essentiel c'était d'accomplir les rites afin de ne pas mécontenter les dieux.
Cette démarche religieuse était assimilable à un contrat. On donnait pour recevoir. Il n'y avait pas d'engagement de l'être profond et encore moins d'élan mystique, sauf peut-être dans la religion populaire.
Si il existait une multitude de divinité que l'on invoquait dans des moments bien précis : maladie, amour, guerre etc.., les Romains étaient démunis face à la mort. L'être humain est laissé seul face à ses interrogations : survie dans l'au-delà et destin des êtres chers. Il n'en est pas tout à fait de même pour la philosophie grecque.
Pour les Grecs nous dit Luc Ferry, l'Homme doit être en harmonie avec le Cosmos qui est juste car créé et ordonné par les dieux. Dans ces conditions il faut accepter son destin et notamment la finitude et trouver la place qui est la sienne dans cet univers. En agissant ainsi l'être humain fait preuve de sagesse. Il dépasse la peur de la mort.
Les Grecs, à la différence des Romains n'éludaient pas le problème de la mort. Pour eux la soumission à l'ordre cosmique, le fait de vivre en harmonie avec cet ordre juste permet de dépasser la finitude propre à notre condition humaine. L'Homme sage en effet, survivait en ce sens qu'il se fondait dans l'univers dont il devenait une parcelle.
La religion romaine comme la Philosophie grecque étaient deux systèmes souples et cohérents, parfaitement adaptés à la mentalité humaine. Ils étaient également radicalement opposés au Christianisme. C'étaient en effet deux systèmes polythéistes qui méconnaissaient l'idée d'un salut personnel.
Comment expliquer alors la victoire du Christianisme ? Les auteurs nous donne deux séries de raisons. La première est conjoncturelle. Au 3ème Siècle, on assiste à l'affirmation des aspirations métaphysiques des individus, la Seconde est du à la faiblesse de la réponse tant de la religion romaine que de la philosophie grecque aux interrogations liées à la mort et à l'au-delà.
Justement dans ce domaine le Christianisme apportait des réponses novatrices et séduisantes. Ils assuraient ceux qui mettaient leur Foi dans le Christ non seulement de survivre mais encore de ressuciter corps et âme. En outre, ils étaient assurés de retrouver dans la vie future ceux qu'ils avaient chéris.
C'est bien selon nos auteurs parce qui'l ouvrait une perspective de survie réelle et qu'il offrait la certitude de retrouver ses proches que le Christianisme s'est imposé et qu'il est devenu la pierre angulaire de notre civilisation
(1): Marie-Françoise Baslez : Comment notre monde est devenu chrétien, Tours, C.L.D., 2008
Paul Veyne : Quand notre monde est devenu chrétien, 312 - 394, Paris, Albin Michel, 2007
On citera également l'ouvrage de Bruno Dumezil : Les racines chrétiennes de l'Europe, conversions et liberté dans les royaumes barbares, 5ème - 8ème siècle, Paris, Fayard, 2006
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