Arles se
mobilise pour célébrer saint Césaire
Jusqu’au
31 octobre, une exposition retrace la vie de Césaire d’Arles qui, en 513,
fut le premier évêque à recevoir du pape le pallium, écharpe de laine
symbolisant le lien avec l’Église de Rome.
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Corinne Boyer
Reliquaire contenant notamment un fragment de tunique de saint Césaire
(1429).
À l’occasion du 1500e anniversaire
de cet événement, plusieurs reliques seront exposées en octobre dans le cloître
Saint-Trophime où une salle d’exposition permanente verra le jour d’ici un an.
Dans le cloître
Saint-Trophime, une foule dense défilait, samedi, à la faveur des Journées du
patrimoine. Au détour d’une salle, les pas des curieux empruntent ceux de
Césaire, évêque d’Arles de 503 à 542, auquel l’association des Amis de
Saint-Trophime consacre, jusqu’au 31 octobre, une exposition dans le cadre
de l’Année européenne de la culture. « Les gens ignorent qui est
Césaire, alors qu’il a été, en 513, le premier évêque en Occident à recevoir
des mains du pape Symmaque, le pallium. Cette écharpe de laine blanche, symbole
du Bon Pasteur, était jusqu’alors uniquement portée par le pape », indique
Jean-Maurice Rouquette, président des Amis de Saint-Trophime
« Pour
le 1500e anniversaire de cet événement, il fallait faire
quelque chose pour faire découvrir Césaire, plus connu à l’étranger qu’à
Arles »,renchérit le P. Stéphane Cabanac, archiprêtre d’Arles.
Outre l’exposition,
les Amis de Saint-Trophime organisent un colloque international du 11 au
13 octobre avec, en point d’orgue, l’exposition des reliques de Césaire,
jusqu’alors conservées dans les réserves du Musée départemental. Deux palliums
et une tunique funéraire, tous trois restaurés, seront exposés, aux côtés de
trois sandales et d’une ceinture en ivoire, jusqu’alors conservées dans les
réserves du Musée de l’Arles antique. « Le pallium du VIe siècle
est le plus ancien vêtement liturgique de France », souligne
Jean-Maurice Rouquette.
L’exposition met en
scène des reliquaires et de grandes bannières, citant des extraits de sermons
de Césaire. Né en 470, ce Bourguignon devient moine à 20 ans, à Lérins,
avant d’être nommé évêque d’Arles en 503. Très vite, il innove, encourageant
les populations à se retrouver chaque jour pour lire l’Évangile.
« Ce grand
prédicateur vulgarisera la théologie en utilisant des mots simples dans ses
sermons qu’il fait copier pour les distribuer aux autres prêtres », raconte
Anastasia Ozoline, commissaire de l’exposition.
En 513, il fonde aux
Alyscamps le premier monastère de femmes pour lesquelles il écrira une règle
spécifique. Il n’hésite pas à vendre les biens de l’Église pour racheter des
esclaves ou nourrir les pauvres. Nommé vicaire apostolique pour la Gaule et l’Espagne
en 514, il préside plusieurs conciles. Tout au long de son épiscopat, Césaire
s’attachera à développer la foi chrétienne et, le jour de sa mort, le
26 août 542, la population le déclarera saint et protégera ses reliques.
Menacées de pillages, elles seront transférées successivement des Alyscamps à
la chapelle du couvent Saint-Césaire (IXe siècle), avant
d’être déposées, à la Révolution, à l’église de la Major. En 1981, elles
prendront place à l’église de Saint-Césaire, où elles sont exposées chaque 26 août,
pour la Saint-Césaire.
Photos à l’appui,
Anastasia Ozoline commente avec passion la restauration des palliums et de la
tunique funéraire de Césaire, effectuée de 1997 à 2001 dans le cadre de son
projet de fin d’études. Le premier pallium, long de 1,75 m, présentait un
chrisme brodé. Le second, plus long (2,24 m) était orné à son extrémité de
dessins à crochets bruns, bleus, verts et roux. Une analyse au carbone 14 les
datera du VIe siècle.
« Ils étaient
très dégradés tout comme la tunique, dont le dos était très altéré par les
décompositions organiques », raconte Anastasia Ozoline. Après
une réhumidification des fibres, chaque pièce a été posée sur un tissu de
support. « Nous avons ensuite mis en sachet les reliques dans un
voile de crépeline cousu en contournant les vestiges originaux, afin de ne pas
toucher ces reliques », indique la restauratrice de l’Institut
national du patrimoine.
L’exposition met aussi
en lumière les découvertes archéologiques spectaculaires de ces dix dernières
années, à commencer par l’abside de plus de 20 mètres de large, découverte en
2003 près des remparts de la ville « Cette abside de la première
moitié du VIe siècle est plus grande que celle de la
basilique Saint-Pierre de Rome de l’époque », indique Marc
Heijmans, ingénieur de recherche, qui a, depuis, découvert deux autres absides,
un large ambon et le sol d’un presbyterium.
Du 11 au
13 octobre, le grand public pourra admirer les reliques de Césaire dans
une salle du cloître Saint-Trophime, où une exposition permanente sera aménagée
à l’automne 2014.
Pour
Mgr Christophe Dufour, archevêque d’Aix et Arles, Césaire reste un« modèle » contemporain : « Ce
grand missionnaire a su s’appuyer sur la tradition pour inculturer le
christianisme dans une époque nouvelle. Il a inlassablement rappelé la
nécessité de nourrir son âme. Dans notre société matérialiste en crise, ce
message est à retrouver », assure-t-il. Le P. Stéphane
Cabanac espère, lui, « créer un électrochoc » parmi
les croyants : « Face aux reliques peut-être se diront-ils : “Et
moi, que vais-je apporter dans le monde où je suis envoyé ?” »
Corinne Boyer, à Arles (Bouches-du-Rhône)
Cet article a été publié par le journal LA CROIX
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