Le document que nous présentons est l’acte du baptême de Pierre Pauchon, en 1795, à La Roche des Arnauds. La célébration a eu lieu à la maison, un an auparavant. L’acte est entièrement manuscrit comme cela se faisait à l’époque, puisque les formulaires n’apparaîtront qu’en 1867 dans le diocèse de Gap, précurseur en ce domaine.
Cet acte est rédigé sur un registre clandestin, comme cela est courant durant la période de la Révolution française en raison de la politique de déchristianisation. Ici, il s’agit plus vraisemblablement de la copie d’un premier registre puisque seul l’abbé Dominique Chaix a signé.
Dominique Chaix est bien connu. Il est proche des « idées nouvelles », c’est-à-dire de la Révolution française commencée en 1789. Il prête le premier serment à la constitution civile du clergé en 1791 puis se rétracte. Il participe également à l’élection de l’évêque constitutionnel des Hautes-Alpes, Ignace de Cazeneuve (1791-1798). Prêtre typique de l’Eglise gallicane, la modération de ses idées est reconnue. L’abbé Dominique Chaix a été le maître du grand botaniste Dominique Villars et l’ami de Jean Joseph Serre, chirurgien et botaniste, ce dernier est le Jean Serre de l’acte que nous étudions.
Cet acte de baptême est rédigé un an après la célébration « à la maison » de cette entrée dans la communauté chrétienne. Le document n’est pas le sacrement, certes ! La rédaction par les curés est toutefois obligatoire selon le droit de l’Eglise, le droit canonique. Cet acte permettra, par exemple, au baptisé de se marier sacramentellement à l’église. Nous sommes, ici, en présence d’une régularisation : certaines interviendront 25 à 30 ans après la Révolution. Si nous en croyons l’état civil de La Roche des Arnauds, consultable en ligne sur le site des archives départementales des Hautes-Alpes, Pierre Pauchon est né le 27 novembre 1794, « pendant le temps de l’expulsion des pasteurs » expliquant la célébration à la maison.
A chaque baptisé il faut au moins un parrain et une marraine chargés de l’aider à grandir dans la foi chrétienne. L’usage veut qu’il y ait à la fois un parrain et une marraine. Ici, la personnalité de cette dernière est intéressante : Margueritte Brochier est l’épouse de Jean Joseph Serre. Celui-ci est député à la Convention nationale, l’une des assemblées révolutionnaires. Il a été capitaine au 2e bataillon des volontaires des Hautes-Alpes. Il sera député à plusieurs reprises puis, entre 1814 et 1830, il participera à l’administration préfectorale des Hautes-Alpes. Nous sommes donc en présence d’une personne aux opinions affirmées et qui évolueront au gré des changements politiques. Son l’épouse, cependant, professe la foi catholique durant la Révolution… tout comme son collègue d’assemblée, Ignace de Cazeneuve, l’évêque constitutionnel.
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