JEANNE D'ARC
COLETTE BEAUNE
PERRIN, 2004
" Morte à moins de vingt ans, Jeanne occupe une
place à part dans l'histoire de France.
Jeanne d'Arc n'est pas très grande, ni très jolie, elle a des
cheveux bruns, l'air solide, une tache rouge derrière l'oreille droite. D'un
caractère trempé, elle se met parfois en colère et pleure quand elle veut.
Jeanne se proclame chef de guerre pour bouter les Anglais hors de France. Elle
rêve d'une nouvelle croisade afin de reconquérir Jérusalem et créer un monde
nouveau. Ses voix, que le procès identifiera à celles de sainte Catherine,
sainte Marguerite et saint Michel, la guident dans sa mission. Ainsi peut-on
décrire la petite villageoise de Domrémy née vers 1412, étonnant mélange de
culture chrétienne et de rites populaires. Son destin a croisé celui du royaume
plongé dans l'interminable guerre de Cent Ans. Le roi Charles VII lui-même la
reconnaît comme une prophétesse qui incarne en 1429 toutes les attentes des
Français. Elle devient un mythe vivant. Et pourtant, Jeanne passera son temps à
brouiller les limites sociales - paysanne, elle fait carrière à la cour -,
sexuelles- vêtue en homme, elle fait la guerre-, ou religieuses -elle prêche et
crée des objets sacrés. Ce charisme féminin est la source d'un pouvoir qui
finira par gêner. L'incompréhension sera d'ailleurs l'un des ressorts de son
procès qui la conduit pour sorcellerie au bûcher en 1431. Dans cette biographie
passionnante et originale, Colette Beaune, déjà remarquée pour sa
"Naissance de la nation France", a fait un travail magnifique
d'érudition en retraçant les mentalités d'une époque qu'on croit révolue. Sa
parfaite connaissance du monde médiéval offre un tableau saisissant de la vie de
Jeanne, loin de l'icône politique et patriotique habituelle.
Reprenant sa vie depuis sa naissance jusqu'à sa
réhabilitation en 1456, Colette Beaune s'interroge sur l'image de cette petite
paysanne dans le monde médiéval. Son étude conduit à bien des mises au point.
Une réévaluation politique d'abord. Même si son dévouement au roi est total, la
Pucelle est autant à inscrire au sein d'un parti politique - les Armagnacs -
que de la nation France. Une réévaluation religieuse ensuite. Jeanne est dans
la lignée du prophétisme féminin. Avant elle, d'autres femmes ont prétendu
pouvoir sauver la France. Aucune cependant n'a eu l'obstination de Jeanne.
Enfin, Jeanne brouille les limites sociales -
paysanne, elle fait carrière à la Cour -, sexuelles - vêtue en homme, elle fait
la guerre -, ou celles du profane et du sacré - elle prêche et crée des objets
sacrés. Ce charisme féminin est la source d'un pouvoir informel qui finira par
gêner, même ceux qu'il avait servi.
Cette biographie passionnante et novatrice a reçu le
prix du Sénat du livre d'histoire." -able guerre de Cent Ans. Le roi Charles VII lui-même la
reconnaît comme une prophétesse qui incarne en 1429 toutes les attentes des
Français. Elle devient un mythe vivant. Et pourtant, Jeanne passera son temps à
brouiller les limites sociales - paysanne, elle fait carrière à la cour -,
sexuelles- vêtue en homme, elle fait la guerre-, ou religieuses -elle prêche et
crée des objets sacrés.
Colette Beaune est historienne, professeur d'histoire
médiévale à l'université de Nanterre. Elle a publié Naissance de la nation
France (Gallimard), Journal d'un bourgeois de Paris et Education et Culture, du
début du XIIe siècle au milieu du XVe siècle (Sedes, 19999).
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