Jean Giono
Jean Giono
Jean Giono, né le 30 mars 1895 à Manosque et mort le 9 octobre 1970 dans
la même ville, est un écrivain français. Un grand nombre de ses ouvrages a
pour cadre le monde paysan provençal. Inspirée
par son imagination et ses visions de la Grèce antique, son œuvre romanesque dépeint
la condition de l'homme dans le monde, face aux questions morales et
métaphysiques et possède une portée universelle.
Il devint l'ami de Lucien Jacques, d'André Gide et de Jean Guéhenno, des peintres Georges Gimel et Serge Fiorio, ce dernier étant son cousin
issu de germain. Il resta néanmoins en marge de tous les courants de
littérature de son temps.
Biographie
Enfance et Première Guerre mondiale
Jean Giono est le fils unique de Jean-Antoine Giono
(1845-1920), né à Saint*Chamas cordonnier anarchiste d'origine piémontaise et de Pauline Pourcin
(1857-1946), née à Boulogne-sur-Seine,
d'ascendance picarde par sa mère et provençale par son père, qui dirige un
atelier de repassage. Giono a évoqué son enfance dans Jean le Bleu. Son père aurait accueilli
nombre de proscrits et d'exilés.
En 1911, la mauvaise santé de
son père et les faibles ressources de la famille l'obligent à interrompre ses
études. Il travaille dans une banque, le Comptoir
national d'escompte. Il doit parallèlement s'instruire en autodidacte pour assouvir sa soif de
savoir. En 1915, pendant la Première Guerre
mondiale, il entre au cœur d'une des batailles les plus terribles du
conflit et en ressort traumatisé. Son meilleur ami et nombre de ses camarades
sont tués à ses côtés. Lui n’est que « légèrement » gazé. Il reste cependant choqué par
l'horreur de la guerre, les massacres, la barbarie, l'atrocité de ce qu'il a vécu
dans cet enfer, et il devient un pacifiste convaincu3, comme bon nombre d’anciens poilus.
Des débuts littéraires à la Seconde Guerre
Plus tard, la lecture des écrivains classiques (en
particulier Virgile) l'amène à l'écriture. Son ami le
peintre Lucien Jacques lit
ses poésies, l’encourage et publie dans sa revue Les Cahiers de l’Artisan ses
premiers poèmes, Accompagnés de la flûte. Son premier livre publiéColline est bien accueilli. Ses
trois romans suivants rencontrent également le succès, ce qui lui permet
d’acquérir sa maison « Le Paraïs
»à Manosque. L'écriture prend de plus en plus d'importance dans sa
vie, si bien qu'après la liquidation, en 1929,
de la banque dans laquelle il travaillait, il décide de cesser toute activité
professionnelle pour se consacrer exclusivement à son œuvre. Il reçoit en 1929,
le prix américain Brentano pour Colline,
ainsi que le prix Northcliffe en
1930 pour son roman Regain. Il est nommé chevalier
de la Légion d'honneur en 1932.
Les événements du début des années 1930 le poussent à
s'engager politiquement. Il adhère à l'Association des écrivains et artistes
révolutionnaires (mouvance communiste) mais, par méfiance, il s'en désengage
très rapidement.
En avril 1935, il
publie Que ma joie demeure qui
connaît un grand succès, particulièrement auprès de la jeunesse. Ce titre est
une allusion explicite à la cantate de Jean-Sébastien
Bach, Jésus
que ma joie demeure, par laquelle il souhaitait exprimer sa foi
en une communauté des hommes, par-delà les religions. Il traduit
également Moby Dick en
français6 avant de publier Pour saluer
Melville.
Giono et quelques amis, bloqués accidentellement dans
le hameau du Contadour lors
d'une randonnée sur la montagne de Lure, décident, subjugués par
la beauté des lieux, de s'y retrouver régulièrement : ainsi naissent
les Rencontres du
Contadour. C'est l'époque de la publication de l'essai Les
Vraies Richesses, dédié aux habitants du Contadour.
Les prémices d'une nouvelle guerre se manifestent
bientôt. Jean Giono rédige alors ses suppliques Refus d'obéissance, Lettre
aux paysans sur la pauvreté et la paix, Précisions et Recherche
de la pureté.
La déclaration de guerre interrompt la neuvième
réunion au Contadour. Les « disciples » attendent la réaction de
Giono. Elle est difficile pour cet homme libre qui ne voulait pas être
directeur de conscience et qui écrit « Vous êtes, vous, de l’humain tout
frais et tout neuf. Restez-le ! Ne vous laissez pas transformer comme de
la matière première [...] Ne suivez personne. Marchez seuls. Que votre clarté
vous suffise. »
Seconde Guerre mondiale
À la déclaration de guerre, il se rend au centre de
mobilisation de Digne.
Cependant, à cause de son pacifisme, il est arrêté le 14 septembre 1939.
Il est relâché après un non-lieu,
et libéré de ses obligations militaires.
Ayant acheté deux fermes en 1939, il dispose
d’abondantes ressources alimentaires, ce qui selon sa fille lui permet
d’accueillir nombre de personnes de passage. Pendant la guerre, Giono continue
à publier sans respecter la directive du Comité
national des écrivains. Le passage obligatoire par la censure de
l'occupant l'a amené à avoir des contacts avec les autorités allemandes. Le
succès de ses œuvres l'a enrichi considérablement. Il se consacre longuement
aux soins à donner à sa fille touchée par la tuberculose, en l’emmenant dans la
montagne, à Lalley.
Dès avant la fin de la Seconde Guerre
mondiale, on lui reproche sa proximité avec la collaboration. Il
écrit pendant trois ans dans le journal Aujourd'hui,
d'obédience collaborationniste,
et est l'objet d'un reportage dans le journal nazi Signal. Il est aussi l'une des voix
de Radio Paris.
L'utilisation de sa pensée par le régime de Vichy est
souvent restée très caricaturale, vantant son « néoprimitivisme »,
son « tarzanisme » le retour à la terre ou l'artisanat. Il est avéré
que Giono a caché et entretenu à partir de 1940 des réfractaires, des juifs,
des communistes. Son œuvre porte des traces de cette « résistance » à
l'hitlérisme : outre Le Voyage en calèche, interdit par
l'occupant en décembre 1943, et dont le personnage de Julio se prolonge dans
celui d'Angelo, résistant italien à l'occupant autrichien en 1848 (Le
Bonheur fou), il faut mentionner Angelo III, traqué par les troupes
allemandes, dans le début inédit de Mort d'un personnage, et la
mort de Clef-des-Cœurs dans le maquis (Ennemonde).
Une bombe est déposée devant la maison de son domicile
la nuit du 11 au 12 janvier 1943 et explose sans faire de blessés, emportant
cependant la porte d’entrée
Après la guerre, il est accusé d'avoir collaboré et de
nouveau emprisonné, en septembre 1944,
principalement pour avoir fait paraître Deux cavaliers
de l'orage dans La Gerbe,
journal collaborationniste, et un reportage photo dans Signal, sorte de Paris Match national-socialiste
et toutefois reconnu pour sa qualité. Il n'est libéré qu'en janvier 1945,
sans avoir été inculpé. Néanmoins, le Comité national des écrivains, organisme
issu de la Résistance,
l'inscrit sur sa liste noire, ce qui interdisait de fait toute publication de
son œuvre en France. Bien des résistants qui avaient lutté contre le régime de
Vichy ne lui avaient pas pardonné cette phrase : « Je préfère
être un Allemand vivant qu'un Français mort », considérant cette
citation comme une offense à leurs sacrifices. Cette mise à l'index ne prend
fin qu'en 1947, avec la parution d’Un roi sans
divertissement, première en date des Chroniques. Giono a
cependant abrité Karl Fiedler, trotskiste allemand, l’épouse de Max Ernst, et dit avoir aidé Jan
Meyerowitz, musicien juif, qui, lui, n'en fait jamais mention. Sa fille
mentionne également plusieurs autres personnes en fuite recueillies au Paraïs. Pierre
Citron affirme, dans la biographie de Giono, détenir les preuves de ces aides,
sans les publier.
Pour sa fille, cette longue période de mise à l’écart
et de mépris populaire lui inspire l’épisode du Hussard sur le toit où
Angelo, poursuivi par la foule qui cherche un bouc émissaire, se réfugie sur
les toits de Manosque. D’après elle, ce fut une satisfaction de « faire
mourir les habitants de Manosque de manière horrible, sale, souffrant
physiquement et moralement, au milieu de vomissures et de diarrhée. ».
Giono et la collaboration
Les défenseurs de Giono le présentent comme un
pacifiste trompé par le régime de Vichy qui,
pour lui, amenait la paix. Son soutien aux accords de Munich en 1938 en
résulterait. Le fait que le « néoprimitivisme » ou le
« tarzanisme » de Giono ait été admiré à la fois par les nazis
et par le Régime de Vichy19 n'est pas selon eux une
preuve que Giono était réciproquement un soutien au régime. Du reste, les
Allemands ont tenté à plusieurs reprises de le faire venir au « Congrès
des écrivains de l'Europe » à Weimar. Giono n'y a jamais participé, mais
il a exprimé une reconnaissance qui a les accents de la sincérité.
Des études récentes montrent que Giono a pris lui-même
contact avec les autorités allemandes. Le colonel Gerhard Heller le trouvait
« « extrêmement bien disposé » envers la collaboration »
Dans La Gerbe du 19 mars 1942, Jean Giono qualifie la défaite
de 1940 et Vichy de « grande expérience » après des « années
d'erreurs ». Dans son journal il affirme qu'Allemands et Anglo-Américains,
lorsque les premiers mitraillent les fuyards de l'Exode et les seconds
bombardent Forcalquier « pour
le plaisir », sont « semblables », tandis que les résistants
sont des « assassins » et des « voyous » Les mots durs que
Giono utilise pour qualifier les résistants semblent faire écho à
l'insensibilité qu'il affiche à l'égard des Juifs : « Il
[l'écrivain Rabi] me
demande ce que je pense du problème juif. Il voudrait que j'écrive sur le
problème juif. Il voudrait que je prenne position. Je lui dis que je m'en fous,
que je me fous des Juifs comme de ma première culotte ; qu'il y a mieux à
faire sur terre qu'à s'occuper des Juifs. Quel narcissisme ! Pour lui, il
n'y a pas d'autre sujet. Il n'y a pas d'autre chose à faire sur terre qu'à
s'occuper des Juifs. Non. Je m'occupe d'autre chose. »
Le Giono d’après-guerre
Dans les années qui suivent, Giono publie
notamment Mort d'un personnage (1949), Les Âmes fortes (1950), Le Hussard sur le
toit (1951), Le Moulin de
Pologne (1953).
Avec le succès de ces livres, surtout Le
Hussard sur le toit, Giono est de nouveau considéré comme l’un des plus
grands écrivains français du xxe siècle. En 1953, le Prix
littéraire du Prince-Pierre-de-Monaco lui est décerné pour
l'ensemble de son œuvre. Il est élu l'année suivante au sein de l'Académie Goncourt.
De plus en plus intéressé par le cinéma (son film Crésus sort en 1960),
il préside le jury du Festival de Cannes en 1961.
Parallèlement et alors que la guerre d'Algérie fait
rage, il s'engage dans la défense du droit à l'objection de
conscience, entre autres en parrainant le comité créé par Louis Lecoin, aux côtés d'André Breton, Albert Camus, Jean Cocteau et de l'abbé Pierre. Ce comité obtient un statut,
restreint, en décembre 1963 pour les objecteurs.
Son dernier roman, L'Iris de Suse, paraît
l'année de sa mort. Emporté par une crise cardiaque le 9 octobre 1970 dans
sa maison, Jean Giono est enterré à Manosque.
Giono et Manosque
Giono s'est surnommé « le voyageur
immobile ». De fait, son œuvre évoque souvent de longs voyages ou
cheminements, alors que lui-même n'a presque pas voyagé, sauf de courts séjours
en Écosse, à Majorque et en Italie (Voyage en Italie, œuvres complètes,
La Pléiade). Avant de vivre au Paraïs, qui surplombe Manosque, à partir
de 1929, Jean Giono a habité à Manosque
même : 1, rue Torte, où il est né le 30 mars 1895 ; 14, rue Grande,
où ses parents déménagèrent peu de temps après ; 8, rue Grande, où il
emménagea en 1930, après son mariage.
Il a également souvent séjourné dans le Trièves où il passait ses vacances,
avant la guerre (à Tréminis) et après
(à Lalley). Cette région montagneuse, située
au nord du col de la
Croix-Haute et qu'il qualifiait de « cloître de
montagnes », lui a inspiré notamment Le Chant du monde, Bataille
dans la montagne (situé à Tréminis), Un roi sans
divertissement (dont l'action se déroule dans un village
correspondant à la situation de Lalley), Les Vraies richesses et Triomphe
de la vie, essais qui empruntent beaucoup à la sérénité bucolique du
Trièves.
L'œuvre
L'œuvre de Jean Giono mêle un humanisme naturel à une
révolte violente contre la société du xxe siècle,
traversée par le totalitarisme et rongée par la médiocrité. Elle se divise en
deux parties : les premiers livres sont écrits d'une façon très lyrique
(ces œuvres sont souvent dites de « première manière ») et leur style
est très différent des œuvres tardives plus élaborées et plus narratives,
telles que les Chroniques romanesques et le Cycle du
Hussard (œuvres dites de « seconde manière »). La nature est
d'une certaine façon le personnage principal des premiers livres, tandis que
l'Homme est celui des seconds.
Soldat durant la Première Guerre
mondiale, Jean Giono n'aborde objectivement cette période de sa vie
que dans Refus d'obéissance, c'est-à-dire bien après ses premières
publications. L'influence de la guerre est pourtant très forte tout au long de
son œuvre. S'il est inclassable, Giono est sans conteste un humaniste et
un pacifiste.
Les premières œuvres : la Nature
prééminente
Après Naissance de
l'Odyssée, qui ne sera publié que plus tard, les trois premiers
livres de Jean Giono (Colline, Un de Baumugnes et Regain) constituent la trilogie
de Pan. Le dieu Pan est une figure importante dans les
livres de Giono. Il est explicitement présent au tout début, et restera jusqu'à
la fin en filigrane. Il représente la nature unifiée dans un être unique. Bien
que peu adepte des discussions philosophiques, Giono fait quelques brèves
allusions au panthéisme (cf. Spinoza, Parménide), qu'il développe allègrement de
façon lyrique dans ses premiers livres. La nature y est présentée d'une façon
bien différente de l'idyllique et bienveillante Provence de Pagnol. Chez Giono, la nature est belle,
mais elle est aussi cruelle, destructrice et purificatrice : l'Homme en
fait partie, mais elle n'est pas l'Homme. Ainsi, dans Le Hussard sur le
toit (1951), la nature se manifeste par le choléra qui dévaste la Provence et tue
aveuglément sans se soucier des préoccupations politiques qui agitent les
hommes. On retrouve du reste cette conception de la nature, particulièrement
absente des idées de cette époque, dans un texte contemporain d'Albert Camus, intitulé L'Exil
d'Hélène.
La seconde manière où l’Homme est au
centre
À l'instar de Balzac, et
très impressionné par La Comédie humaine,
Giono avait en tête le projet d'un cycle romanesque en dix volumes « à la
manière de Balzac ». Le premier volume de la série, écrit en six jours, a
pour titre Angelo24. Ceci devait être le premier
volume de dix ouvrages qui auraient « réinventé le xixe siècle, pour mieux
faire ressortir les tares du xxe siècle ». Angelo
I, écrit en 1934, paru en 1958,
est considéré sans doute à tort comme le « brouillon » du Hussard sur le
toit. Il devait être suivi par une série d'Angelo dont
le petit-fils, Angelo III, serait un résistant en 1940.
Peut-être effrayé par l'ampleur de la tâche, Giono renonça au projet initial et
ne publia que trois romans pour ce cycle : Le Hussard sur le
toit, Le Bonheur fou et Mort
d'un personnage (le « personnage » en question est la
marquise Pauline de Théus dans sa vieillesse) .
Une spiritualité imprégnée de paganisme
Peut-on parler de spiritualité chez Giono ? La
question est posée par l'un de ses biographes, Jean Carrière, qui répond
« Oui, dans la mesure où celle-ci lui est venue non comme une expérience
délibérée, mais comme une lente maturation à jouir des choses sans les
posséder. Et cet esprit de jouissance-dépossession, qui s'apparente
au carpe diem des antiques sagesses, accorde à celui qui s'y livre
sans réserve et sans fausse pudeur, selon les propres termes de l'auteur, un
sentiment de libération païenne :
« Ce n'est pas seulement l'homme qu'il faut
libérer, c'est toute la terre... la maîtrise de la terre et des forces de la
terre, c'est un rêve bourgeois chez les tenants des sociétés nouvelles. Il faut
libérer la terre et l'homme pour que ce dernier puisse vivre sa vie de liberté
sur la terre de liberté [...] Ce champ n'est à personne. Je ne veux pas de ce
champ; je veux vivre avec ce champ et que ce champ vive avec moi, qu'il jouisse
sous le vent et le soleil et la pluie, et que nous soyons en accord. Voilà la
grande libération païenne»
Cet appel à la libération de l'homme et de la terre
s'inscrit en faux contre l'injonction biblique de prise de possession de la
terre et de ses animaux par l'homme. Il est aussi une invitation à renouer
pleinement avec les joies du corps, la sensualité naturelle, longtemps niée ou
occultée par la morale chrétienne :
« J'ai pris pour titre de mon livre le titre d'un
choral de Bach : Jésus,
que ma joie demeure ! Mais j'ai supprimé le premier mot
[...] parce qu'il est un renoncement. Il ne faut renoncer à rien. Il est facile
d'acquérir une joie intérieure en se privant de son corps. Je crois plus
honnête de rechercher une joie totale, en tenant compte de ce corps, puisque
nous l'avons. »
Le paganisme de Jean Giono apparaît, dès les premiers
romans écrits à la fin des années 1920, sous la forme d'une vision panthéiste qui replonge les êtres au
cœur du cosmos étoilé, mais aussi par la perception d'un sentiment tragique de
la vie inspiré notamment par sa lecture enthousiaste des récits homériques dès
la plus tendre enfance :
« Je lus L'Iliade au milieu des
blés mûrs. [...] C'est en moi qu'Antiloque lançait l'épieu. C'est en moi
qu'Achille damait le sol de sa tente, dans la colère de ses lourds pieds. C'est
en moi que Patrocle saignait. C'est en moi que le vent de la mer se fendait sur
les proues »
La violence inspirée par une lecture sensuelle du
récit homérique traverse toute l'œuvre de Jean Giono. Qu'on pense, par exemple,
à la fin tragique de Que ma joie demeure, ou, trente ans après, à
la rivalité mortelle qui oppose les deux frères de Deux cavaliers
de l'orage. Elle est assumée sans jugement moral, et sans jamais
faire ombre à la profonde joie païenne de celui qui ne croyait pas au problème
résolu pour tout le monde ni au bonheur commun, mais qui disait :
« Je crois que ce qui importe c'est d'être un joyeux pessimiste. »
Ouvres
L'œuvre de Jean Giono est assez dense et très variée.
Certains de ses romans sont devenus des grands classiques de la littérature
française du xxe siècle
(Regain, Le Hussard sur le
toit ou Un Roi sans
divertissement). Certains, traduits dans de nombreuses langues
étrangères, ont acquis une renommée internationale. Au-delà de ses romans, Jean
Giono écrivit de nombreux essais grâce auxquels il transmit à ses lecteurs ses
points de vue sur ses idées (ses écrits pacifistes), les événements qu'il
vivait tels qu'il les ressentait (ses notes sur l'Affaire Dominici) ou ses idéaux (Les
Vraies Richesses). Il s'est essayé, avec une pointe de causticité, aux
chroniques journalistiques. Bien que la poésie ait toujours été présente dans
ses textes, il a publié peu de recueils de poésie. Jean Giono a signé en 1955 la
préface du livre Moi mes souliers de Félix Leclerc. Il a également préfacé les
Œuvres de Machiavel édité par La Pléiade.
Giono et le cinéma
Très tôt, Jean Giono s'intéresse au cinéma. Il a vu,
dans les années 1930, l'impact qu'ont eu sur le public les films de Marcel Pagnol tirés de ses propres
romans (Regain, La Femme du
boulanger, Jofroi ou Angèle).
Après quelques courts essais, la première coréalisation est un documentaire de
Georges Régnier, Manosque, pays de Jean Giono avec des textes
du livre Manosque des Plateaux. Il s'essaie ensuite en 1942 à
l'adaptation du roman Le Chant du
monde qu'il ne termine pas. Dans les années 1950, Jean
Giono travaille avec Alain Allioux au scénario de L'Eau vive (1956), film de François Villiers,
avec qui il tourne le court-métrage le Foulard de Smyrne (1957). L'Eau vive est présentée en
avant-première au festival de Cannes, en 1958.
Giono écrit le scénario, les dialogues, met en scène
le film Crésus avec Claude Pinoteau et Costa-Gavras. En 1963, dans la froideur de
l'Aubrac, Giono supervise le tournage de
l'adaptation de son roman Un
roi sans divertissement, réalisé par François Leterrier.
Ces deux derniers films sont produits par la société de production que Giono
avait créée : Les films Jean Giono. Giono reconnaît dans la presse
que le cinéma est un art difficile mais qu'il permet de raconter autrement les
histoires.
D'autres réalisateurs ont adapté des œuvres de Giono,
de son vivant ou après sa mort, et ont tourné : Les
Grands Chemins (Christian Marquand, 1963), Deux cavaliers de l'orage (Gérard Vergez, 1983), Le Hussard
sur le toit (Jean-Paul Rappeneau,
1995), Les Âmes fortes (Raoul Ruiz, 2001), Le Chant du
monde (Marcel Camus,
1965) ou L'Homme
qui plantait des arbres, film d'animation du québécois Frédéric Back en
1987.
Scénariste
1968 : Provinces (émission La
chevelure d'Atalante), réalisation de Robert Mazoyer
a maison de Giono
Jean Giono achète en 1929, une petite maison au
lieu-dit « Lou Paraïs » sur le flanc sud du Mont d'Or, qui domine
Manosque. « Un palmier, un laurier, un abricotier, un kaki, des
vignes, un bassin grand comme un chapeau, une fontaine. » Il
transforme et agrandit cette maison où il écrit la plus grande partie de son
œuvre. C'est aujourd'hui le siège de l'Association des amis de Jean Giono.
L'Association des amis de Jean Giono
Créée en 1972 au Paraïs de Manosque par Henri Fluchère et Aline Giono,
l'Association des amis de Jean Giono concourt à la mémoire de l'œuvre et de la
vie de l'écrivain. Elle encourage et favorise la recherche universitaire, inventorie
et conserve les archives de Giono, soutient et organise différentes
manifestations (colloques, journées d'études, expositions, spectacles) comme
les Rencontres Giono, en juillet à Manosque, pour les adhérents de
l'association et pour tous les publics. Depuis sa création, l'association
rassemble des lecteurs fervents et fidèles qui partagent une connaissance et
une admiration de l'œuvre de Giono. Le Bulletin de l'Association des
amis de Jean Giono a été remplacé en 2007 par la Revue Giono.
Le Centre Jean Giono à Manosque
La ville de Manosque s'honore d'un "Centre Jean
Giono. Ce centre crée en 1992 par la municipalité dans un bel hôtel
particulier (3, boulevard Elemir Bourges) a pour vocation de présenter d'une manière
permanente l'oeuvre de Giono avec des expositions temporaires ou permanentes,
une bibliothèque consacrée aux éditions françaises et étrangères de l'auteur,
une vidéothèque, des rencontres d'écrivains, des balades littéraires .
Sources sur Jean Giono
Souvenirs
Aline Giono (fille de Jean Giono), Mon père,
contes des jours ordinaires, Gallimard Jeunesse, 2003
Sylvie Giono, Jean Giono à Manosque. Le
Paraïs, la maison d’un rêveur, Belin, 2012. Collection « De
l’intérieur », 103 p.
Biographies de Jean Giono
Pierre-Emile Blairon, Giono : la
nostalgie de l'ange, Lambesc, Prolégomènes, 2009,
216 p.
Alfred Campozet, Le Pain d'étoiles :
Giono au Contadour, éditions Pierre Fanlac, Périgueux, 1980
Jean Carrière, Jean Giono, qui
suis-je ?, Lyon, édition la Manufacture, coll. « Qui
suis-je ? », 1985, 214 p.
Maurice Chevaly, Giono
vivant, éditions Autres Temps, Marseille, 1995
Claudine Chonez, Giono,
éditions du Seuil, coll. « Écrivains de toujours », 1956
Pierre
Citron, Giono, Paris, éditions du
Seuil, coll. « Écrivains de toujours », 1995,
188 p.
Henri Godard, Giono :
Le roman, un divertissement de roi, Gallimard, coll. « Découvertes
Gallimard », Paris, 2004
Pierre Magnan, Pour
saluer Giono, Denoël, Paris, 1990
Études de l'œuvre de Jean Giono
Philippe Arnaud, Anatomie d'un
chef-d'œuvre : essai sur « Un roi sans
divertissement », L’Harmattan (coll. « Critiques
littéraires »), 2001
Collectif sous la direction de Jean-François Durand et
Jean-Yves Laurichesse, Giono dans sa culture, Presses
Universitaires de Perpignan, 2001
Jean-François Durand, Jean Giono - le Sud
imaginaire, Edisud, 2003
Alain Romestaing, Jean Giono, le corps à
l'œuvre, Honoré Champion, 2009
Julie Sabiani, Giono et la terre,
Édition Sang de la Terre,
1988
Le Page Patricia, Space of passion : the love letters of Jean Giono to
Blanche Meyer, 2004
Colette Trout et Derk Visser, Jean Giono,
Collection Monographique Rodopi en Littérature Française Contemporaine, 2006
Annick Stevenson, Blanche Meyer et Jean Giono,
Actes Sud, 2007
Sous la direction de Jean-Yves Laurichesse et Sylvie
Vignes, Giono : La mémoire à l'œuvre, Presses universitaires
du Mirail, collection « Cribles », 2009
Sylvie Vignes, Giono et le travail des
sensations, Nizet, 1999
Corinne Von Kymmel-Zimmermann, Jean
Giono ou l'expérience du désordre, Thèse présentée en vue du
Doctorat ès-Lettres Analyses littéraires et histoire de la langue française,
sous la direction de Monsieur le Professeur Christian Morzewski, Université
d’Artois Laboratoire Textes et Cultures (EA 4028), 2010
source : WIKIPEDIA
Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
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