Louis Reynaud, Histoire de la Bande Baudissard (1910-923) : les Bandits-Fantômes des Alpes, L'Argentière-la Bessée : Editions dou Courmié, Association Patrimoine de la Roche de Rame, 2015, 166 p.
Ce livre, consacré à un épisode de la criminalité de part et d'autre de la frontière franco-italienne, vient heureusement compléter la connaissance que nous avons de l'histoire de la Première Guerre mondiale dans le département. En toile de fond de cet ouvrage se trouvent la porosité des frontières, également évoquée par Emilie Carles dans Une Soupe aux herbes sauvages, et l'industrialisation de l'Argentière. La situation dans cette localité est évoquée dans « la main d'oeuvre coloniale de l'Argentière-La Bessée », contribution de Christel Manz à Vivre la guerre dans les Hautes-Alpes (p 142-151) dont la recension se trouve ici).
Des frères, nommés Baudissard et venus du Val Chisone, vont de 1917 à 1920 commettre sur les deux versants des Alpes des vols et des meurtres, dont celui de l'abbé Eugène Albert Rossignol dans la nuit du 14 au 15 août 1918 au presbytère de la Bessée.
Il fallait la connaissance du terroir qu'a Louis Reynaud, récemment décédé, à partir du texte rédigé par un journaliste de l'époque, peut-être sous pseudonyme, pour situer le contexte de ces actes. L'action se déroule durant la guerre et à une époque où la criminalité touche à l'anarchisme : « la lutte était engagée entre les frères Baudissard et la société » (p 34), « ressentiment contre la société tout entière » (p 85). La lutte révolutionnaire est évoquée page 152 dans une Italie en ébullition sociale. Les textes de l'époque citent des « attentats » dans le sens d'une atteinte aux personnes.
La Quinzaine religieuse en août 1918 (n° 64, p 250-251) et en septembre (n° 65 ; n° 66, p 281-283) annonce les faits commis par « deux misérables que la justice recherche […] et que nous espérons n'être pas des Français » : le nationalisme exacerbé par quatre ans de conflit est sensible. La condamnation du « bandit Alessandro Baudissart […] à [une] peine équivalente aux travaux forcés à perpétuité » est mentionnée comme un épilogue (Quinzaine religieuse, 25 janvier 1923, n° 170, p 30).
Luc-André Biarnais
Archiviste du diocèse de Gap et d’Embrun
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