Éric-Emmanuel Schmitt, La nuit de feu, Paris : Albin Michel, 2015, 182 p., 16 €.
D'Éric-Emmanuel
Schmitt, nos bibliothèques proposent essentiellement l'Évangile
selon Pilate (à Aix-en-Provence
et à Gap) et les romans du Cycle de l'invisible : Monsieur
Ibrahim et les fleurs du Coran (à
Gap), Oscar et la Dame rose (à
Aix-en-Provence), L'enfant de Noé
(à Gap). C'est un romancier apprécié pour son style clair et
agréable à lire.
Dans
son dernier ouvrage, il raconte comment à 28 ans, en 1989, lors
d'une nuit dans le désert, il a fait une expérience mystique qui a
transformé son rapport au monde.
Le
titre, La nuit de feu,
est une référence à ce que vécut Blaise Pascal, qui eut une
vision intense et qui ressentit profondément la présence de Dieu
dans la nuit du 23 novembre 1654, après un accident de carrosse qui
faillit lui coûter la vie. Au début de son voyage dans le Hoggar,
en Algérie, Éric-Emmanuel Schmitt est, comme Blaise Pascal avant sa
conversion, un philosophe rationnaliste. La rencontre avec un autre
membre de l'expédition, Ségolène, catholique affirmée, est
l'occasion pour lui d'exposer les doutes qu'il nourrissait alors sur
l'existence de Dieu.
C'est
après l'escalade d'une montagne qu'il s'égare loin de son groupe.
Surpris par la nuit, il s'enfouit dans le sable, véritable
sarcophage minéral, pour se protéger du froid. D'abord envahi par
la peur, il se sent ensuite emporté par une force inconnue, soulevé
hors de son corps. Il compare cette force à un feu. Cette
expérience, qu'il interprète comme une rencontre avec Dieu, le
bouleverse.
Toutefois,
cette expérience n'agit pas seule pour modifier sa perception du
divin : la rencontre avec Abayghur, le Targui musulman, et la
découverte de l'immensité du désert ont joué leur rôle.
Charles
de Foucauld, dont le centenaire de la mort sera célébré en
décembre 2016, tient lui aussi une place importante dans cet
ouvrage. En effet, c'est pour écrire le scénario d'un film sur sa
vie qu'Éric-Emmanuel Schmitt se rend au Sahara. Décrivant à
plusieurs reprises le profond impact que la vie de l'ermite a sur
lui, l'auteur fait un parallèle entre sa conversion et celle de
Charles de Foucauld, qui eut lieu après une illumination alors qu'il
se confessait à son directeur spirituel, l'abbé Henri Huvelin.
Ce
témoignage est écrit avec tout le brio de l'écrivain, qui nous
tient en haleine en annonçant à plusieurs reprises l'imminence de
la nuit qui va changer sa vie. L'humour est lui aussi présent tout
au long du récit. Cet ouvrage, qui se lit comme un roman tout en
étant d'une grande profondeur, est à conseiller à tous nos
lecteurs.
Hélène Biarnais,
bibliothécaire de la Médiathèque du diocèse de Gap et d'Embrun
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