Décès du père Maurice Borrmans, pionnier du dialogue islamo-chrétien
Le père Maurice Borrmans, expert du dialogue
islamo-chrétien, est décédé ce mardi 26 décembre à l’âge de 92 ans, à
Bry-sur-Marne, au foyet de retraite des Pères blancs. La messe des funérailles
aura lieu le mardi 2 janvier 2018 à 14 h 30, en l’église paroissiale de
Bry-sur-Marne, suivie de l’inhumation au cimetière de Bry.
Cité du Vatican
Appartenant à la Société des Missionnaires d’Afrique
(dont les membres sont communément appelés les "Pères blancs"), le
père Maurice Borrmans, né à Lille en 1925 avait consacré sa vie à développer
des efforts de compréhension et de connaissance mutuelle entre chrétiens et
musulmans.
Formé en Algérie à partir de 1945, il avait été
ordonné prêtre en 1949 en Tunisie, où il allait exercer son ministère durant
une quinzaine d’années, avant d’être appelé à Rome pour y participer au
transfert de l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie
(PISAI). « Le Pape Paul VI venait d’y créer un Secrétariat pour
les Non Chrétiens avec lequel notre équipe a très vite collaboré à titre de
consulteurs permanents, expliquait il y a quelques années le père
Borrmans dans un témoignage publié sur le site
internet des Pères blancs. Accueillant désormais des
étudiants venant du monde entier et les préparant à une licence en arabe et en
islamologie, que ce soit en français ou en anglais, le PISAI se voulait ainsi
au service de l’Église universelle, lui préparant des « acteurs de dialogue »
dans l’esprit même du Concile ».
Le père Borrmans avait par ailleurs obtenu un doctorat
à la Sorbonne, avec une thèse sur Statut
Personnel et famille au Maghreb de
1940 à nos jours, y analysant le devenir du droit familial avant, pendant
et après les indépendances.
Une figure intellectuelle de référence
Tout en enseignant le droit musulman et l’histoire des
relations islamo-chrétiennes au PISAI, il avait été directeur de la revue Islamochristiana de
1975 à 2004, et avait participé à de nombreux colloques islamo-chrétiens dans
différentes capitales de la Méditerranée. Expert reconnu et apprécié par le
Vatican, avait apporté sa contribution au discours prononcé par saint Jean-Paul
II à Casablanca le 19 août 1985, ainsi qu'aux échanges avec des personnalités
musulmanes lors des rencontres d'Assise.
Se situant dans la filiation de penseurs comme Louis
Massignon, le cardinal Lavigerie, l’écrivain Ernest Psichari ou encore le
bienheureux Charles de Foucauld, le père Borrmans avait publié plusieurs
ouvrages de référence, comme Jésus-Christ et les musulmans
d’aujourd’hui, réédité en 2005 au éditions Desclée de Brouwer. Son dernier
ouvrage Dialoguer avec les musulmans. Une cause perdue ou une cause à
gagner ?, avait été publié aux éditions Pierre Téqui en 2011. Parmi
ses "disciples" figurait notamment le père Christian de Chergé, abbé
du monastère de Tibhirine, assassiné en 1996.
Bien que retiré de l’enseignement actif depuis
plusieurs années en raison de son grand âge, le père Borrmans restait une
figure de référence pour les enseignants et étudiants du PISAI. En 2015, il
avait participé à une rencontre avec le Pape François à l’occasion du 50e anniversaire
de cette institution qui avait été fondée dans le contexte du Concile Vatican
II et de la décolonisation.
Voici le message publié par Mgr Jean-Marc Aveline,
évêque auxiliaire de Marseille et
Président du Conseil pour les relations interreligieuses et les nouveaux
courants religieux
«Le père Maurice Borrmans, de la Société des
Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) est décédé hier midi, 26
décembre 2017, à Bry-sur-Marne. Il avait 92 ans. Avec lui disparaît l’une des
plus grandes figures du dialogue islamo-chrétien.
Au nom de la Conférence des évêques de France,
je tiens à exprimer ma profonde sympathie et mes sincères condoléances à sa
famille, à ses nombreux amis musulmans et chrétiens, et bien sûr aux Pères
Blancs, avec qui il a cheminé tout au long de sa vie à la suite du Christ.
Chercheur infatigable, travailleur acharné, professeur exigeant, Maurice
Borrmans vivait humblement, attaché au Christ, assidu à la prière, fidèle en
amitié. Quand je suis allé lui rendre visite à l’hôpital, il y a une quinzaine
de jours, il m’avait expliqué que, dès qu’il aurait son fauteuil roulant, il
pourrait se remettre au travail, ne serait-ce qu’une heure le matin et une
autre l’après-midi, ce qui lui permettrait de terminer deux projets d’édition
que nous avions en commun !
Ce missionnaire dans l’âme, aussi à l’aise en français
qu’en arabe, était passionné de rencontres et de dialogues. Son œuvre immense
nous laisse un précieux héritage qu’il importe à mes yeux de recueillir, non
seulement pour mieux comprendre l’islam et entrer en dialogue avec les
musulmans, mais aussi pour mieux exprimer l’originalité de la foi chrétienne à
l’aide de ses deux poumons d’Orient et d’Occident. Notre Église de France a
grandement besoin, sur ces questions, de recueillir l’héritage de nos anciens
pour mieux accomplir aujourd’hui sa mission.
Avec reconnaissance et dans l’action de grâces, confions
notre frère Maurice Borrmans à la miséricorde du Seigneur.»
(Source: site de la CEF)
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