Augustin ou le maître est là
Auteur
: Joseph Malègue
Editeur : Cerf, 2014.
Nombre de pages : 816
Editeur : Cerf, 2014.
Nombre de pages : 816
« Augustin
ou le maître est là », souvent cité par le pape François est un monument. Après des années de purgatoire lil est de nouveau disponible grâce Son escalade
comblera les amateurs d’altitude
spirituelle. Surtout dans le domaine au pape François qui est un homme de culture et qui nous invite à revisiter des auteurs qui entretiennent par leurs écrits la notion du du vrai
et du beau.
Augustin ou le maître est là de Joseph Malègue semble sortir des catacombes tant il évoque un temps que l'on a oublié : la remise en question des écrits de la Bible (Loisy, Renan...) et la "crise du modernisme" qui s'en suivit.
Derrière ce titre, des malentendus !. De fait, s’il ne s’agit pas ici de saint Augustin, mais plus simplement d’Augustin Méridier, le héros de cette histoire. La foi, sa perte comme les retrouvailles avec celle-ci, constitue bien le cœur de ce roman, paru pour la première fois en 1933 et qui retrouve aujourd’hui une nouvelle jeunesse.
Pourtant, s’il a rencontré le
succès à sa parution, Augustin a souffert d’une situation contraire. On
lit encore les romans de Mauriac ou ceux de Bernanos, avec ces figures de
prêtres en soutane. Malègue, leur contemporain, n’a pas réussi à trouver sa place dans le monde qui a succédé aux années 1940-1945 ; il fut victime de l'hommage que lui rendit Jacques Chevalier (ministre sous le régime de Vichy) à sa mort en 1940 et d'un monde nouveau surgi à partir de 1945 qui a vu naître une jeunesse avide de croquer la vie à
pleines dents.
Dans ses tiroirs, Malègue laisse
un roman inachevé, Pierres noires – Les Classes moyennes du salut, que
Jacques Chevalier parviendra finalement à faire éditer en 1958, redonnant un
peu d’intérêt pour son auteur avant de tomber dans l'oubli.
Il est vrai qu’Augustin ou le
maître est là impressionne, intimide le lecteur, par son volume (832
pages dans la nouvelle édition du Cerf) et son rythme, lent, précis, narratif, et qui demande d'avoir du temps, de la patience et du courage pour en entreprendre la lecture : car il s'agit d'entreprendre une ascension à la fois littéraire
et spirituelle.
En suivant la vie d’Augustin Méridier, élève puis professeur brillant, depuis son Cantal natal jusqu’à sa mort au sanatorium, on traverse l’histoire d’une génération de catholiques, confrontés à la crise moderniste comme au désir d’une foi dont on voudrait se débarrasser !
De la tension née de cette quête,
dans une société affranchie de tout lien au religieux, nombreux
furent ceux qui abandonnèrent la foi : l’Eglise n’est pas un
système mais le Christ continué et communiqué. Augustin Méridier, tenaillé par
la vocation, par l'amour, par une intelligence vive, fut
l’un de ceux-là. Lors de sa dernière confession, le prêtre le lui dit clairement : la faute ne fut pas l’exercice de l’intelligence,
mais de ne pas l’avoir mise
sous l’éclairage nécessaire.
Salué comme un chef-d’œuvre dès sa parution, Augustin ou le maître est là est le livre d’homme qui a expérimenté la souffrance dans sa propre existence. Peut-être est-ce ce qui explique que cette réussite tant dans le domaine littéraire que religieux.
Si cet ouvrage évoque
un monde révolu, des problématiques d’une autre époque les, questions qu'il aborde restent actuelles : la perte de la
foi, la conversion et la sainteté.
Un cœur
inapaisé
« Très loin, visible dans sa
rêverie comme à ras des terres, parmi les lacis des choses antérieures, vingt
ans de vie intellectuelle et toute la minutie de ses réflexions sur des ombres,
il ne lui était pas difficile de retrouver, caché ainsi qu’en un coffret de
bois précieux laissé par un mort, tout ce qui restait d’inapaisé dans le
violent roman de son pauvre cœur.
Mais il fallait évidemment avoir
quelque chose à offrir à Celui qui restait “parce qu’il se faisait tard”.
– “Donne-moi tout !”
S’il donnait “tout”, c’était avec une joie mêlée de pleurs d’avoir effectivement “tout” à donner. La sienne ne serait pas une acceptation inerte de la mort. Augustin est l’ouvrier de la onzième heure et la grâce peut venir même au moment suprême.
– “Donne-moi tout !”
S’il donnait “tout”, c’était avec une joie mêlée de pleurs d’avoir effectivement “tout” à donner. La sienne ne serait pas une acceptation inerte de la mort. Augustin est l’ouvrier de la onzième heure et la grâce peut venir même au moment suprême.
Commençant de dire l’acte de
charité, il prononça à débit lent : “Parce que vous êtes infiniment bon
et infiniment aimable”. »
Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
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