Le
langage et les langages en catéchèse, sous la direction de Enzo
Biemmi, Lumen Vitae, Pédagogie catéchétique 31, 2015, 117 p.
Cet ouvrage réunit les contributions données au congrès Langage
et langages en catéchèse, qui
a eu lieu à Malte en mars 2012. Celui-ci faisait lui-même suite au
congrès de Lisbonne (2008) sur la première annonce et au congrès
de Cracovie (2012) sur la catéchèse narrative.
L'introduction s'ouvre sur le récit
que
Bernard Sesboüé fait du
jeune Henri de Lubac se moquant du sermon d'un prédicateur, à qui
un surveillant conseille de réfléchir à la difficulté de parler
de Dieu. En effet, comment l'homme qui est fini peut-il parler du
Dieu infini ? C'est toute la tension de la théologie :
« dire le mystère de Dieu dans un langage humain à
l'intérieur d'une culture déterminée » (p.6).
Au sein du christianisme, le langage est pluriel. Il est avant tout
la Parole de Dieu, dans la Bible mais aussi incarnée en Jésus. Il
est aussi le propre de l'homme, qui témoigne de la Parole par
l'annonce, qui lui répond par la louange, et qui par le langage
d'accueil devient progressivement pleinement humain.
Le constat de l'articulation entre
le langage de Dieu, le langage des Écritures
et le langage de la Tradition de l’Église amène Jean-Claude
Reichert, auteur Langage et langages en catéchèse, à
propos de la liaison unitive (p.61-74), à
définir ainsi la tâche de la catéchèse : « introduire
dans la relation avec la Trinité de Dieu, par la rencontre avec sa
Parole, selon la compréhension de la communauté ecclésiale »
(p.10).
Cette contribution est celle qui
aborde le plus l'aspect pratique du thème du congrès. Les
communications de Salvatore Currò
et Ignace Verhack sont riches en apports philosophiques et
théologiques, celles
de Grazia Papola et de Christophe Raimbault traitent des Écritures.
François Moog aborde l'évangélisation à l'aune de la découverte
du mystère qu'est Jésus-Christ.
Toutes les contributions mettent en
avant le fait que la crise de la foi que connaît aujourd'hui notre
société est avant tout une crise du langage. Les mots de la
théologie sont incompréhensibles pour nos contemporains, certaines
images portées par la Bible n'évoquent plus rien dans notre société
industrielle et urbanisée. Toutefois, on peut se demander si le
fossé entre le langage de la tradition chrétienne et celui des
hommes et femmes d'aujourd'hui est intrinsèque à la difficulté
d'exprimer le mystère de Dieu, ou si l'obscurité des termes nous
évite d'avoir à définir clairement les concepts que nous
utilisons. Au-delà de la question du vocabulaire, c'est sur le fond
du message qu'il convient de s'attarder.
Bien que le langage de la foi a tout
d'abord une structure narrative, il n'est pas entièrement rationnel.
La transmission se fait aussi grâce « au corps, à l'émotion,
à la poésie, à la beauté, aux sens, à l'invocation, à
l'émerveillement, à la contemplation », c'est la « polyphonie
du langage de foi » (p.11).
Cet
ouvrage n'est visiblement pas destiné à être lu par tous les
catéchistes : de
niveau universitaire, sa lecture demande d'être au fait des
mécanismes de la communication et du langage. Toutefois, il soulève
des questions pertinentes qui peuvent
être traitées lors de formations pour ces mêmes catéchistes, et
pour toute personne amenée à parler de sa foi pour la faire
découvrir.
Hélène Biarnais
bibliothécaire du diocèse de Gap et d'Embrun
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