Mort du théologien
allemand Johann Baptist Metz
Soucieux de penser la crise spirituelle de
l’après-Auschwitz et de prendre en compte la souffrance en théologie, le grand
théologien allemand Johann Baptist Metz est mort lundi 2 décembre.
C’est à Münster (Allemagne), où il avait
enseigné la théologie pendant trente ans, que Johann Baptist Metz, considéré
comme l’un des grands théologiens allemands d’après-guerre, est mort lundi 2
décembre à l’âge de 91 ans. Formé à Bamberg, Innsbruck et Munich, il avait en
effet occupé dès 1963, à seulement 35 ans, la chaire de théologie fondamentale
de la Faculté de théologie catholique de l’université de Münster.
Disciple de Karl Rahner, Johann Baptist
Metz s’éloigne dès les années 1960 de la théologie transcendantale du jésuite
au profit d’une « Nouvelle Théologie politique » enracinée dans la pratique
chrétienne et qui n’est pas sans similitude avec les théologies de la
libération qui, à la même époque, s’efforcent de prendre en compte la
souffrance des pauvres et des exclus. « Je n’ai cessé de sentir
rebondir en moi le problème de Dieu dans sa version politique : le discours sur
Dieu comme cri d’appel pour le salut de ceux qui souffrent injustement, des
vaincus de notre histoire », écrira-t-il en 2009 dans Memoria
passionis.
« Une horreur qui fait éclater toute
l’assurance théologique du discours chrétien »
Dans un contexte européen, Metz avait le
souci de penser la théologie après la Shoah, considérant qu’« Auschwitz
signale une horreur pour laquelle la théologie n’a trouvé aucun langage, une
horreur qui fait éclater toute l’assurance théologique du discours chrétien ».
Avec Joseph Ratzinger il partageait l’idée
que le monde occidental fait face à une crise spirituelle, dont ils voyaient
tous deux la cause dans « l’oubli de Dieu ». Comme lui, il mettait
en garde contre le règne d’une croissante amnésie culturelle, de
l’individualisme et d’un « athéisme gentiment religieux ». Mais,
tout en réfléchissant au concept de mémoire, Metz se situait à rebours de tout
conservatisme. Pour celui qui sera l’un des conseillers du synode allemand du
début des années 1970 et le rédacteur de son principal document, c’est
uniquement en étant le « souvenir dangereux de la liberté de
Jésus-Christ » que la foi chrétienne conserve une pertinence.
Le christianisme, une « religion au visage
tourné vers le monde »
D’où son intuition du caractère
profondément politique du christianisme pensé comme une « religion au
visage tourné vers le monde ». « La nouvelle théologie politique, écrivait-il, a
dès le départ cherché à rompre de façon critique avec l’autoprivatisation par
laquelle la théologie réagit le plus souvent à la modernité européenne, s’affichant
ainsi d’une certaine manière comme un programme de déprivatisation. »
Oeuvres
traduites en français
Pour une théologie du monde, Paris, Cerf, 1971.
La foi dans l'histoire et dans la
société : Essai de théologie fondamentale et pratique, Paris, Cerf, 1979.
Un temps pour les ordres
religieux ? Mystique et politique de la suite de Jésus, Paris, Cerf, 1981.
Memoria passionis, Un souvenir provocant
dans un société pluraliste, Paris,
Cerf, 2009.
Œuvres en allemand
Zur Theologie der Welt, Mainz 1973 (Topos-TB),
Glaube in Geschichte und Gesellschaft.
Studien zu einer praktischen Fundamentaltheologie, Mainz 1977,
Zeit der Orden? Zur Mystik und Politik
der Nachfolge, Freiburg 1977,
Jenseits bürgerlicher Religion. Reden
über die Zukunft des Christentums,
Mainz/München 1980,
Zum Begriff der neuen Politischen
Theologie 1967-1997, Mainz 1997,
Memoria Passionis. Ein provozierendes
Gedächtnis in pluraler Gesellschaft,
Freiburg 2006.
Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
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