Le messie et son prophète : aux
origines de l’Islam.Tome I : De Quram à MuhammadTome II : De Muhammad des Califes aux
Muhammad de l’histoireEdouard-Marie GallezVersailles, Editions de Paris, 2010-2012.
2 volumes (574 pages, 524 pages)
Ces deux gros volumes présentent la thèse
de Edouard-Marie Gallez pour le doctorat en théologie/histoire des religions
soutenue à l’Université de Strasbourg II en 2004. C’est le résultat de plus de
dix ans de recherches qui se répartit en deux tomes : le premier et axé
sur le phénomène messianique et le second sur les questions islamologiques.
Pour l’auteur l’Islam s’enracine dans le
judaïsme et le christianisme à travers les dérives de sectes judéo-chrétiennes qui avaient transformé le messianisme biblique
en idéologie du salut : ils attendaient la seconde venue du messie qui
dominerait la terre, la soumettant au pouvoir absolu de « Dieu » mais
surtout de ses fidèles.
En partant d’une interprétation nouvelle
des textes et des vestiges archéologiques l’auteur montre comment il est
possible à l’historien de suivre cette pensée messianique qui se fait jour au
IIè siècle de notre ère : il s’agit d’un système de pensée qui de la fin du Ier siècle à la fin du Vième
siècle donne naissance à une éphémère communauté judéo-arabe pour donner
naissance à l’Islam tel qu’on le présente aujourd’hui.
Dans le premier tome l’auteur s’attache à
déconstruire des certitudes :
- l’islam est né de la conjonction, dans
la première moitié du VIIee siècle, de trois éléments qui vont
se conjugués pour donner naissance à à l’Islam : les arabes qui avaient
sans doute un vernis de christianisme, la présence de chrétiens appelés
judéos-nazaréens porteurs d’une idéologie messianique de conquête, et pour
finir le charisme d’un chef de guerre Mahomet appartenant à tribu arabe qui va
permettre la réalisation d’une partie de cet objectif.une dans une alliance
objective :
Dans le second tome Edouard-Marie Gallez
donne une autre perspective sur le personnage de Mahomet et sur la diffusion de
l’Islam par les califes qui se sont succédés
après la mort de Mahomet pour prendre le pouvoir .
Délaissant les biographies officielles E.-M. Gallez livre un autre portrait de
Mahomet, loin de celle du prophète à qui l’ange Gabriel aurait révélé le Coran.
Il dépeint un de ces hommes qui marque l’histoire par leur forte personnalité. En
effet, il fut à la fois négociant, prédicateur, conquérant et chef d’Etat. Chef
charismatique il va réussir à fédérer les tribus arabes, leur imposer une
idéologie guerrière en reprenant à son
compte les idées messianiques des judéo-chrétiens qu’il connaissait bien pour
les avoir côtoyés grâce à son métier de négociant à travers le Moyen-Orient.
Ses qualités vont lui permettre d imposer une théocratie qui sera reprise et
développée par ce qu’on appelle le califat.
Ainsi le Coran loin d’être un texte venant
de Dieu lui-même serait le résultat d’une compilation de sources à la fois
juives et chrétiennes. Ceci expliquerait alors pourquoi l’on y trouve de
nombreux éléments que l’on peut retrouver
à la fois dans la Bible hébraïque et la Bible chrétienne. D’autre part
l’on sait que le canon définitif fut élaboré après la mort de Mahomet par le
premier calife
Abû Bakr.
Conclusion
Cette analyse éclaire
d’un jour nouveau - mais bien loin de ce que l’on peut lire ou entendre - cette période encore très mal connue de
l’histoire du Proche-Orient. Les conclusions qu’en tirent l’auteur ne sont
peut-être pour l’instant qu’une hypothèse scientifique que d’autres recherches
historiographiques devront confirmer ou infirmer
publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
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