L’Eglise à Marseille pendant la peste de 1720-1722
Les
années 1720-1722 resteront gravées
pour longtemps dans les esprits en Provence car cette l’épidémie qui va ravager
la Provence jusqu’au Languedoc. L’année
2020 qui devait être celle de la commémoration de cet évènement est surtout
marquée par une autre pandémie : la Covid-19 touche le monde entier. De
ces deux évènements, à trois cents ans d’intervalle, on peut y trouver des
similitudes : intervention du pouvoir central pour gérer l’épidémie,
quarantaine (confinement) pour la population, contrôle de la circulation des
personnes, interdiction de certaines activités…. L’histoire de cette épidémie
en Provence a fait l’objet de nombreuses publications : livres, articles divers
… Sans faire de rapprochements anachroniques on peut cependant en dégager
quelques constantes en suivant les évènements centrés sur la ville de Marseille
puisque c’est l’arrivée du navire du Grand
Saint-Antoine dans le port en mai 1720 a provoqué cette catastrophe.
L’accent a beaucoup été mis sur la personne de Mgr Henri de Belsunce, l'évêque de Marseille, et son
rôle durant ces années : mais au-delà des images d’épinal il faut voir
aussi d’autres réalités qui ne sont pas sans quelque rapport avec la situation
actuelle : la fermeture des églises avec ses conséquences et la gestion des
sépultures ; ceci a été abondamment
commenté depuis le début de la parution du Covid-19 en Europe parce que vécu
comme un traumatisme
Rappel des faits
La peste
de Marseille de 1720, dernière grande épidémie en France, fut propagée
à partir du bateau le Grand-Saint-Antoine
qui accoste à Marseille, en provenance du Levant (Syrie), le 25 mai 1720. Sa
cargaison constituée d’étoffes et de balles est contaminée par le bacille de la
peste. Suite à des négligences de la part des responsables du bureau de santé du
port et malgré la mise en quarantaine des passagers et des marchandises, la
peste se propage dans Marseille puis dans toute la Provence jusqu’au
Languedoc. Les quartiers les plus
anciens et les plus déshérités sont les plus touchés. L’épidémie fera entre
30 000 et 40 000 décès sur une population de 80 000 à
90 000 habitants. Dans toute la Provence on compte environ 90 000 et
120 000 victimes sur les 400 000 habitants
Le commandant du navire, le capitaine
Jean-Baptiste Chataud et le premier échevin, Jean-Baptiste Estelle furent
accusés de ne pas avoir respecté la réglementation sanitaire pour les navires potentiellement infectés bien
qu’aucune preuve ne put être établie. Cependant les échevins et les intendants de santé chargés
de cette réglementation faisant preuve de beaucoup d’imprudence ont laissé
débarquer à Marseille des marchandises, surtout des étoffes, qui auraient dues
être mises en quarantaine.
Lors
de l’épidémie, l'alimentation de la population, l’enlèvement des cadavres vont
mobiliser toute l’énergie des échevins de 1720 à 1722. Deux personnalités
émergent durant cette période : le chevalier Nicolas Roze pour
l’enlèvement des cadavres et celle de Mgr de Belsunce qui avec les prêtres et
les religieux apportent un réconfort moral et spirituel aux mourants
Marseille ville catholique
Marseille au XVIIIè siècle
Marseille
est une grande ville portuaire. Au-delà de cette activité qui en fait la
richesse cette grande ville est aussi une ville catholique à la piété exubérante. Les minorités juives ou protestantes sont de peu d’importance ; les juifs se font
discrets ; les protestants, depuis la Révocation de l’Edit de Nantes (16
octobre 1685) par Louis XIV forment ce que l’on appelle les “Nouvaux convertis”
ou pour ce qui est des plus obstinés ils sont dans les Galères du Roi . La
vitalité de l’Eglise se remarque dans l’importance numérique du clergé, les
nombreux couvents. Et Marseille c’est aussi un diocèse depuis le Ier siècle.
En 1720 c’est Mgr Henri de Belsunce qui en est l’évêque depuis 1710 et il le
restera jusqu’à sa mort en 1755.
Qui était Monseigneur Henri de Belsunce l’évêque de Marseille ?
Portrait de Mgr de Belsunce
Henri-François-Xavier de
Belsunce de Castelmoron naquit en décembre 1671, au château de la Force, en
Périgord. Il était le second fils d'Armand de Belsunce, marquis de Castelmoron,
baron de Gavaudun, seigneur de vieille-ville et de Born, grand sénéchal et
gouverneur des provinces d'Agenais et de Condomais, et de Anne Nompar de
Caumont de Lauzun, sœur de Antonin
Nompar de Caumont, le célèbre duc de Lauzun.
Elevé dans la religion
réformée, il opta à l'âge de 16 ans pour le catholicisme. Il fit ses études au
collège Louis le Grand et entra chez les jésuites qu'il quitta en 1701et fut
ordonné prêtre en 1703
Après avoir été vicaire général du diocèse d'Agen, le roi le nomma à
l'évêché de Marseille le 5 avril 1709 et le Pape le proclama le 19 février
1710. Il resta évêque de Marseille pendant 45 ans jusqu'à sa mort en 1755.
En 1713, le Pape Clément
XI condamne dans la bulle Unigenitus un livre du P.Quesnel de l'Oratoire
estimant qu'il renfermait des erreurs. Conformément à sa formation au collège
des jésuites, Belsunce accepta la bulle et s'opposa vigoureusement à ceux qui
en appelèrent au Pape, dénommés "Appelants", surtout aux Oratoriens. auxquels
il interdit l'exercice de la prédication et aussi l'administration des
sacrements. Dans ces querelles contre le jansénisme, il se prononça fortement
contre ce mouvement et s'attira par là de vifs démêlés avec le Parlement d’Aix
dans une région où ces thèses étaient défendues par certains membres de
magistrats ou de prêtres.
L'évènement qui devait
marquer pour toujours l'épiscopat de Mgr. de Belsunce fut la grande Peste de
Marseille de 1720. Si son attitude pendant cette période fut objet de
controverses, tous souligneront son dévouement infatigable auprès des malades.
Il multiplia les gestes spectaculaires : exorcisme du fléau du haut du
clocher des Accoules, des processions, consécration de la ville au Sacré-Coeur
pendant une messe célébrée le 1er novembre 1720 sur le cours qui porte son nom.
À cette occasion, Belsunce déclara : « A Dieu ne plaise que j'abandonne
une population dont je suis obligé d'être le père. Je lui dois mes soins et ma
vie, puisque je suis son pasteur. »
Après la fin de la
contagion pour le récompenser de son dévouement le Régent le nomma en octobre
1723 à l'évêché de Laon mais il refusa préférant rester à Marseille au milieu
de ceux qui avaient connu les terribles
épreuves de la peste.
En 1726 Belsunce assista
au synode provincial d'Embrun réuni pour condamner les opinions jansénistes de
Soanen, évêque de Senez. Après 1730 il procède à une surveillance étroite de
l'enseignement primaire et secondaire. Il favorise les jésuites et leur nouveau
collège qui porte son nom.
La présence de la
franc-maçonnerie à Marseille est décelée par l'évêque en 1737, qui écrit un
mandement daté du 28 septembre à l’intention de l’intendant de police, en ces
termes : "Je ne sais, Monsieur, ce que sont les Francmaçons (sic), mais je
sais que ces sociétés sont pernicieuses à la religion et à l’Etat".
Il a été abbé commanditaire non résidant de l'abbaye des Chambons dans
le Vivarais. Membre de l'académie de Marseille, il assiste à plusieurs réunions
en particulier à celle du 12 janvier 1746 qui accepte Voltaire comme membre
associé.
Il mourut à Marseille le 4
juin 1755. La ville lui fit des funérailles grandioses. Il institua l'hôpital
de la Grande Miséricorde de Marseille, son légataire universel. Il fit quelques
donations particulières aux jésuites qui héritèrent de sa bibliothèque, à ses
domestiques, aux indigents et à ses parents.
Un clergé face à la Peste
Les jansénites coupables de la peste
de Marseille ?
Carte
représentant les principaux foyers où est implanté le jansénisme
Il
fallait trouver des coupables à ce grand malheur qui tombe sur la ville et la
région. Ils furent vite désignés : ce fut pour l’évêque de Marseille, tout
comme pour son collègue d’Arles, Mgr Jacques de Forbin-Janson, les jansénistes.
En effet les thèses jansénistes malgré la bulle Unigenitus promulgué par le
pape Clément XI en 1713 qui les
excommuniait, étaient très répandues en Provence : les membres du Parlement
d’Aix et les Oratoriens implantés à Marseille en sont proches. Ceux qui rejettent la Bulle Unigenitus sont
appelés “les appellants” et sont exclus des sacrements et ne peuvent bénéficier
d’une sépulture religieuse.
Pour
Mgr de Belsunce : “Dieu irrité veut punir les péchés du peuple et en
particulier, le mépris des censures et des excommunications de l’Eglise, le peu
de respect, de soumission pour les pontifes de Dieu”. Ou encore : Si le mal
continue d’augmenter… je suis bien tenté de denoncer alors excommuniés tous les
appellants dont les sacrilèges multiplies sont, je crois, la principale cause
de la peste qui nous consterne”. Que faut-il pour sauver la ville ? : “Une
entière soumission d’esprit et de coeur aux sacrées décisions de l’Eglise,
moyens sûrs et unique d’arrêter le bras d’un Dieu irrité”. C’est pourquoi il
refusera que les Oratoriens présents dans la ville puissent assister les
mourants en leur donnant les sacrements.
De
son côté Mgr Forbin de Janson au début de
l’épidémie de 1720-1722 appelle « la vengeance du tout puissant sur tous
ceux qui ont le tort de ne pas se conformer aux prescriptions de la bulle
« Unigenitus »,
Calmer la colère de Dieu ? Implorer
la miséricorde de Dieu ?
Si
les premiers cas de peste se manifestent dès le 20 juin 1720 il faudra attendre
le 9 juillet pour que les médecins donnent leur diagnostic : c’est la peste.
Les premières mesures sont prises pour isoler les maladies et le Parlement
d’Aix isole la ville de Marseille par un cordon sanitaire le 31 juillet et ordonne fin août 1720 la
fermeture des églises avant que, le 14 septembre 1720, le Conseil d’Etat ordonne
le blocus de la ville et envoie des troupes pour faire appliquer les décisions
prises.
En premier lieu Mr de Belsunce organisa des
processions et demanda que l’on fasse des prières publiques. Ainsi le 15 juillet 1720 il promulgue une ordonnance pour des
prieres à Saint Roch ; le 29 juillet il réunit au Palais épiscopal les curés, les supérieurs des communautés de religieux de
la ville pour évaluer la situation. Le 30 du même mois il publie un mandement « ordonnant des prières publiques et un jeûne général pour apaiser
la colère du Seigneur ». Il y réaffirme que « c’est le Dieu
terrible, le Dieu de justice, mais c’est en même temps le Dieu de paix et de
bonté qui nous châtie, qui ne nous afflige que pour nous engager à retourner à
lui dans la sincérité de nos cœurs ». Mais le même jour les échevins
recommandent de ne plus faire de processions.
Quand le 25 août toutes les églises seront fermées les prêtres
continueront cependant à dire des messes et organiser des prières publiques
sous les porches des églises. Mais rapidement devant le taux de mortalité
(environ 1 000 personnes par jour) ces réunions publiques très fréquentées
devenant des foyers d’infection sont également prohibées par les autorités
locales. Par conséquent on peut dire que durant la période de août 1720 au mois
d’août 1722 il n’y eut plus de messes, de processions et encore moins d célébrations
de baptêmes, de mariages et encore moins d’enterrements
Le 8
septembre, jour de la Nativité de la Vierge, les échevins de la ville invitent Mgr de Belsunce à venir à l’hôtel de ville
pour qu’il y célèbre la messe et reçoive le vœu qu’ils ont décidé de faire au
nom de la ville. « Considér[an]t que la peste étant un fléau de la
colère de Dieu, tous les secours des hommes et tous les efforts qu’ils ont
résolu de faire seront vains et inutiles s’ils n’ont recours à sa miséricorde
pour tâcher de la fléchir », ils s’engagent à donner chaque année à
perpétuité 2000 livres à l’hôpital le plus récemment établi, en 1713, celui des
orphelines, qui est sous le vocable de Notre-Dame de Bon-Secours.
Durant
une accalmie de la peste (l’hiver 1720-1721) Mgr de Belsunce fait un geste
spectaculaire que cite Chateaubriand dans ses Mémoires d’Outre-Tombe :: " Quand la contagion commença à se
ralentir, Mgr Belsunce a la tête de son clergé, se transporta à l’église
des Accoules : monté sur une esplanade d’où l’on découvrait Marseille, les
campagnes, les ports et la mer, il donna la bénédiction, comme le pape à Rome,
bénit la ville et le monde : quelle main plus courageuse et plus pure
pouvait faire descendre sur tant de malheurs les bénédictions du
ciel ? »
Le 1er novembre, jour de la
Toussaint, sur les conseil de Anne-Madeleine Remusat, visitandine, tout en
bravant les consignes des échevins opposés à tout rassemblement public
susceptible de propager la peste, l’évêque au cours d’une cérémonie publique
sur le cour qui porte aujourd’hui son nom consacra la ville de Marseille et son
diocèse au Sacré-Coeur de Jésus et institua la fête du Sacré-Coeur comme fête
d’obligation . « J’espère que le Cœur de Jésus aura été touché des larmes
du pasteur et du troupeau réunis pour apaiser sa colère », écrit-il. A cet
effet il traversa Marseille, pieds nus, sans mitre et corde au cou comme
l’avait fait saint Charles Borromée pendant la peste de Milan en 1576. Il
fit d’autre part imprimer et diffuser de petites images du Sacré-Cœur appelées
garde-fous : de petits morceaux de tissu rouge, sur lesquels le Cœur était
imprimé avec cette inscription : « Cœur de Jésus, abîme d'amour et de
miséricorde, je place toute ma confiance en vous et j'espère pour toute votre
bonté."
Vitrail à la Basilqiue du Sacré-Coeur : Consécration de la ville de Marseille au Sacré-Coeur de Jésus
Mgr de Belsunce sur les pas de
Charles de Borromée
Michel Serre, Vue de l’hôtel-de-Ville pendant la peste de 1720, Musée des Beaux-Arts de Marseille, détail.
À la fin de l’été 1720, la
situation était désespérée : en trois mois, la ville avait été réduite de
moitié, avec quarante mille morts. « Il y aura dans moins de huit jours,
écrit un contemporain, quinze mille cadavres sur le pavé, tous pourris, par où
on sera tout à fait contraint de sortir de la ville et de l’abandonner
peut-être pour toujours à la pourriture, au venin et à l’infection qui y
croupira. » (Praviel, p. 149). Tel était l’état la ville où Mgr de
Belsunce allait exercer sonn activité pastorale.
On peut suivre son activité presque jour après jour grâce aux notes laissées par l’Abbé Goujon, son secrétaire. Un témoin a pu aussi laisser ce témoignage : « Belsunce ne se borne pas à rester prosterné au pied des autels et à lever les mains au Ciel pour demander à Dieu la grâce de vouloir apaiser sa colère. » Après avoir prescrit des prières publiques, « sa charité est active ». Ayant exhorté son clergé à ne pas craindre la contagion, il donne lui-même l’exemple d’un dévouement héroïque : « Il est tous les jours sur le pavé, dans tous les quartiers de la ville, et va partout visiter les malades [...]. Les plus misérables, les plus abandonnés, les plus hideux, sont cesont ceux auxquels il va avec le plus d’empressement et sans craindre ces souffles mortels qui portent le poison dans les cœurs. Il les approche, les confesse, les exhorte à la patience, les dispose à la mort, verse dans leurs âmes des consolations célestes ». Il distribue tout ce qu’il peut de sa fortune pour soulager les misères de son cher troupeau ; et pour accroître ses aumônes, il se contente, « comme le peuple, de poisson salé et de pain bis ».
Il encouragea les prêtres par de multiples conseils
pour les encourager dans leur mission : administration des sacrements et aussi
soulagement de la population. Grâce son autorité et par l’exemple qu’il donne
il put pour une grande part pour obtenir
le retour de ceux qui étaient partis se réfugier à la campagne : il fallait remplacer ceux qui étaient morts de la peste (en effet
l’on estime que un cinquième du clergé marseillais serait mort durant cette
période).
Vitrail représentant une réunion à l’Hôtel de Ville de Marseille
Même si parfois il s’opposa aux échevins de la
ville il les soutiendra dans leur combat en participant aux diverses réunions :
un tableau de Michel Serre, un artiste contemporain, le représente assistant à l’une de leur réunion .
D’ailleurs, le 8 septembre, jour de la Nativité de la Vierge les
échevins invitent Mgr de Belsunce à
venir à l’hôtel de ville pour qu’il y célèbre la messe et recevoir le vœu
qu’ils ont décidé de faire au nom de la ville. « Considér[an]t que la
peste étant un fléau de la colère de Dieu, tous les secours des hommes et tous
les efforts qu’ils ont résolu de faire seront vains et inutiles s’ils n’ont
recours à sa miséricorde pour tâcher de la fléchir », ils s’engagent à
donner chaque année à perpétuité 2000 livres à l’hôpital le plus récemment
établi, en 1713, celui des orphelines, qui est sous le vocable de Notre-Dame de
Bon-Secours. Et le 4 jun 1722, le Premier
échevin Moustier prononça solennellement la promesse dans la
cathédrale où s’étaient assemblés tous les notables et fit l’offrande d’un
cierge pesant quatre livres, ainsi que l’avait suggéré l’Evêque
Comment Mgr de
Belsunce échappa à l’épidémie de peste.
Comme l’explique Régis Bertrand dans sa
biographie Henri de Belsunce (1670-1755),
l’évêque de la peste de Marseile (2020) ou encore Armand Praviel dans Belsunce et la peste de Marseille (1936)
alors qu’un cinquième du clergé de Marseille périt de la peste, l’évêque
traverse l’épidémie sans être frappé par la maladie. Pour lui, il doit cette
protection à sa croix pectorale, qui contient des reliques de la Vraie Croix,
envoyées par le pape, et qu’il porte sur lui dès qu’il sort : il appelle sa
croix son “présevatif”. Une autre explication peut être avancée : Monseigneur
de Belsunce se protège physiquement de la peste sans le savoir : en effet,
entre sa perruque à la Louis XIV talquée tous les jours, sa soutane de
taffetas, ses bas, ses chausses, ses souliers, il est couvert de la tête aux
pieds ! Peu de risque d’être piqué par les puces, dont on ignore encore à cette
époque qu’elles sont vectrices de peste. De plus, il prenait soin de changer de
linge de corps tous les jours et il mettait devant sa bouche et son nez un
mouchoir imprégné de vinaigre pour, ne pas être incommodé par la terrible
puanteur des cadavers vu qu’il a parcouru les rues de Marseilles tous les
jours. Au contraire, les prêtres qui ne prenaient pas de telles précautions et
les religieux, dont les capuchins, qui
se déplaçaient en sandales et simple robe de bure, sans masque, sont très
touchés par la maladies.
Statue de Mgr de Belsunce
Pour
finir
Ce n’est que le 22 août 1722 que les églises purent enfin ouvrir et le culte être célèbre normalement et le 22 octobre de la même année que la peste fut officiellement déclarée terminée pour la Provence alors qu’il faudra attendre le 31 décembre pour le Languedoc.
Sans vouloir trop comparer deux
époques différentes : les années 1720-1722 et l’année 2020 on peut s’apercevoir
que malgré les décisions drastiques prises par le pouvoir royal, du moins en ce
qui concerne le culte (puisque les églises étaient fermées et les célébrations
impossibles) le clergé de cette époque a su allier une certaine continuité dans
la vie spirituelle des habitants à une assistance charitable envers toute une
population dont une grande partie parmi les plus pauvres ne faisait que
survivre le ravitaillement étant extrèmement
difficile pour une ville mise à l’écart de toute communication avec les villes
voisines.
Si
les survivants témoins de la Grande Peste de 1720-1722 revenaient parmi nous
aujourd’hui peut-être seraient-ils étonnés ou scandalisés de voir nos
réactions, nos contestations et nos
réclamations devant les contraintes qui
nous sont imposés aujourd’hui pour lutter contre la pandémie du Cocid-19 ? Le
monde d’aujourd’hui habitué à son confort serait-il capable de vivre et de
surmonter une pareille épreuvre ?
Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
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