Histoire du Christianisme Magazine -hors série – Printemps 2014
L'épopée des cristeros : 1926-1929 : une « Vendée
mexicaine »
En 1926, un soulèvement populaire secoue le Mexique
suite aux lois du président Callès, qui interdisent toutes pratiques
religieuses dans l’ensemble du pays. Des hommes et des femmes de tous horizons,
les Cristeros, vont alors risquer leur vie pour défendre leur liberté et lutter
contre les persécutions menées par le gouvernement. Une des pages les plus
sombres de l’Histoire du Mexique.
Il faut remonter au milieu du XIXè siècle pour comprendre
le contexte général de cette révolte. En 1857 est promulguée une Constitution
destiné à faire du Mexique un Etat moderne. Parmi ces lois de Réforme figurent
celles concernant la laïcité et la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Ces
lois, reprises dans la Constitution de 1917 ne seront appliquées que dans les
régions où l’attachement au catholicisme est le plus faible mais rendent
difficiles et conflictuelles les relations entre l’Etat et l’Eglise.
Mais l’élection en 1924 du Président Plutarco Calles
met fin à une relative trêve entre l’Eglise et l’Etat. Il fait appliquer
strictement les lois anticléricales sur tout le pays et surtout en 1926 une loi
interdit le port de l’habit clérical et l’enseignement religieux dans les
écoles. Profondément anticlérical le nouveau président ne cache sa volonté d’éradiquer
toute influence de l’Eglise catholique. En réaction l’attitude de l’Eglise se
durcit et en juillet 1926 l’Epsicopat vote la suspension du culte religieux.
Après une résistance non-violente qui échoue tout bascule dans la violence.
Dès août 1926 des affrontements ont lieu entre l’armée
fédérale et ce que l’on va appeler « los
cristeros ». Cette armée rebelle est surtout composée de paysans du Sud du
Mexique, le Nord du pays (plus tournée vers les Etats-Unis et vers un modèle
libérale) ne soutient guère ce mouvement armé. L’épiscopat lui-même se désolidarise des
Cristeros et préfère négocier avec le gouvernement mexicain par l’entremise d’un
émissaire des Etats-Unis. Cette guerre qui aura fait de nombreuses dans les
deux camps se termine en 1929 un accord : « los arreglos » :
le culte redevient libre, l’enseignement religieux est autorisé dans les
églises et les prêtres recouvrent leurs droits civiques.
La guerre aura fait environ 100 000 morts parmi
les combattants (dont 60 000 pour les fédéraux). Le bilan est difficile à
évaluer parmi la population civile. Cette guerre menée au nom du « Christ
Roi » a ses martyrs : des prêtres, des laïcs. On peut dire que
révolte l’a été pour la défense de la liberté religieuse au nom de la foi. Mais
elle laissera ouverte de nombreuses cicatrices au sein de la nation mexicaine :
il faudra attendre Jean-Paul pour que soient que soit reconnus martyrs (morts pour leur foi) de
nombreuses victimes de cette tragédie.
Pour comprendre le mouvement des Cristeros dans
l’histoire du Mexique on peut de reporter à de nombreux ouvrages notamment ceux
de Jean Meyer, le premier historien qui s’est intéressé à cet épisode de la
construction de l’Etat mexicain contre l’Eglise..
MEYER, Jean. –La rébellion des Cristerois.. l’Eglise,
l’Etat, le peuple dans la révolution mexicaine. – Paris, CLD, 2014.
MEYER, Jean. – La révolution mexicaine, 19140-1940. –
Paris, Tallandier, 2014.
IANNACCONE, M. A. – Cristiada, l’épopée dei cristeros
in messico. – Editions Lindau, 2014.
GREEN, Graham. - Route sans lois. – Paris, Petite bibliothèque
Payot, 1998.
GREEN, Graham. – La puissance et la gloire. – Paris,
le Livre de poche.
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