samedi 9 mai 2020

Le Paradis de Dante


Le Paradis de Dante

Paradis : La Divine Comédie
Dante Alighieri ; traduction de Danièle Robert
Editions Actes Sud, 2020.


Présentation de l’éditeur
Avec Paradis, Dante aborde l’ultime partie du voyage avec Béatrice pour accomplir sa mission : donner à lire, à ses contemporains et à la postérité, le “poème sacré”. Il entre alors dans la connaissance d’un au-delà (du monde terrestre /de la pesanteur / du temps / du langage) où tout est aboli : actes du corps, rêve, temps et espace, paysages, figures humaines. Rien n’importe plus, sinon la “connaissance du vrai”, l’un des pivots de la pensée dantesque. Une expérience à ce point hors du commun, “divine”, qui est expérience de l’éternité requiert le déploiement de toutes les ressources du langage si bien que Paradis regorge de formes novatrices destinées à en rendre compte et que la traductrice Danièle Robert réussit magnifiquement, entre brio, empathie et rigueur, à restituer pour mieux nous faire prendre la mesure de l’invention extraordinaire que constitue l’oeuvre de Dante ( de la naissance duquel sera fastueusement célébré, en 2021, le sept-centième anniversaire).

Quatrième de couverture
Au terme de l’ascension qui a conduit Dante du purgatoire à l’éden, la figure de Béatrice est apparue, lumière vivante destinée à le faire entrer dans un monde radieux de chants et de danses et où les notions d’espace et de temps telles que nous les concevons n’existent plus : le Paradis, dernier volet de La Divine Comédie, est cette représentation de l’éternité à laquelle le poète aspire et à l’expérience de laquelle il convie tous les humains. Ce non-lieu/non-temps est peuplé, comme dans les deux précédentes cantiche, de personnages qui l’aident à franchir les dernières étapes du voyage par leurs récits, questions ou réponses, ainsi que d’anges qui l’entourent de leur scintillement cependant que Béatrice sourit et brille d’un éclat de plus en plus intense au fur et à mesure de l’avancée, jusqu’à l’ultime vision et la contemplation de “l’Amour qui meut le Soleil et les étoiles”.

Biographie de l’auteur

Écrivain (Les Chants de l’aube de Lady Day, Le Foulard d’Orphée, aux éditions le temps qu’il fait) et traductrice (latin, italien et italien médiéval, anglais), Danièle Robert a obtenu le Prix “Laure-Bataillon” classique 2003 pour la traduction des Écrits érotiques d’Ovide (Actes Sud, coll. “Thesaurus”) dont elle a également traduit, toujours pour Actes Sud, Les Métamorphoses et Lettres d’amour, lettres d’exil (Prix de traduction 2007 de l’Académie française). Elle a en outre obtenu le Prix Nelly-Sachs 2012 pour la traduction et l’édition critique de Rime de Guido Cavalcanti (éditions Vagabonde). Danièle Robert est la traductrice de l’œuvre poétique complète de Paul Auster (Disparitions, Actes Sud, 2004).



Tu seras avec moi dans le Paradis

Dans ce temps  pascal, une nouvelle traduction du «Paradis» de Dante invite à contempler la fragilité de l’homme, et son aspiration à la vie éternelle.

Paradis (La Divine Comédie), de Dante Alighieri 
Traduit de l’italien, préfacé et annoté par Danièle Robert, (édition bilingue)
Actes Sud, 540 p.,

Dante écrit aux hommes d’aujourd’hui. Depuis une Florence dominée par la corruption, « cité née de celui qui le premier tourna d’emblée le dos au Créateur », son XIVe siècle italien résonne étrangement avec le nôtre.
Épidémies mortelles, incurie de certains dirigeants, déviances et déclins spirituels, hégémonie du profit économique, conflits sanglants et sauvagerie guerrière… L’impuissance face à l’asphyxie du monde invite l’homme au sursaut d’une confrontation à ses propres manquements, dans une traversée solitaire qui peut le mener au Bien. Voilà ce que nous propose La Divine Comédie, dont le dernier volet, Paradis, est nouvellement traduit.
À l’époque où Dante se lance dans l’écriture de ce qui restera comme une œuvre majeure, les « chemins de paradis », voyages littéraires et spirituels prisés, permettent d’évoquer les crises présentes. Composant sa Divine Comédie, Dante s’inscrit dans cette démarche commune, à la fois religieuse et profane.
Le poète français Rutebeuf vient d’ailleurs d’écrire un de ces voyages, opportunément titré La Voie d’humilité. L’apport de Dante, on le sait, outre sa relecture de l’histoire humaine, sera la vivacité sensorielle de ses descriptions de l’enfer, du purgatoire et du paradis, lieux ineffables qu’il donne à voir selon son imagination grâce à l’inventivité de sa langue, offrant de ressentir des états de conscience proches du rêve, où sont abolis l’espace et le temps.

 Une lente montée vers le Paradis
Ses trois fois 33 chants en vers de onze syllabes, dans un toscan littéraire dont il est le premier théoricien et promoteur comme langue d’écriture nationale, reprennent le geste épique dont usa Virgile pour L’Énéide, qui s’inspirait lui-même de L’Iliade et L’Odyssée. Le poète latin lui sert de guide tout au long de cette traversée commencée dans le désespoir, depuis l’enfer jusqu’à la lente remontée du purgatoire ; Virgile abandonne Dante au seuil du paradis, où nous le retrouvons au début de ce volume.
L’y l’attend sa bien-aimée Béatrice, pour une découverte en 33 chants, à l’avant-dernier desquels saint Bernard introduit en oraison la vision de la Vierge Marie, « celle qui l’humaine nature a tant ennobli que son créateur s’est fait de son plein gré sa créature ».
C’est là qu’éclateront, telle une source jaillissante, la perfection de la sainte Trinité et la révélation du mystère de l’Incarnation, reflets en inverse positif de l’imperfection du monde. Au terme d’un chemin dont les émotions et les couleurs sont celles de toute quête spirituelle, et après avoir croisé de nombreuses figures de saints, de sagesse et de connaissances, le pèlerin est enfin prêt à rejoindre le projet que Dieu a de toute éternité pour l’humanité, force de vie dont il est l’essence même : l’Amour.
 « Ainsi, toute suspendue, ma pensée était saisie, immobile et dans l’attente, et d’être saisie sans cesse brûlait. Cette lumière en nous est si prégnante qu’à s’en détourner pour ailleurs regarder il est impossible que l’on consente, puisque le Bien, objet de volonté, est tout entier en elle, et que hors d’elle est déficient ce qui là est parfait » (chant XXXIII).

 Une structure en tercet en miroir de la sainte Trinité
La traduction de Danièle Robert permet un accès facile à cette œuvre maintes fois traduite en français, tantôt heureusement, comme par Jacqueline Risset, tantôt avec un résultat moins lisible. Et parfois avec des choix radicaux, comme celui de René de Ceccatty avec l’une des récentes traductions (Points Seuil 2017), qui assumait la liberté d’un français très contemporain avec un texte dépouillé, d’une fluidité surprenante mais séduisante.
Danièle Robert, dans sa riche introduction, explique la fécondité des néologismes de Dante et le jeu d’écho entre certains vers d’un bout ou l’autre du livre : « Le lecteur attentif est conduit à faire sans cesse retour sur le texte, à entrer dans le cercle qui embrasse tous les cercles présents dans l’œuvre et, par ce mouvement de rotation incessante, à participer à l’expérience de l’éternité telle que l’a conçue Dante. »
Avec des choix qu’elle justifie minutieusement dans ses notes, la traductrice ose la structure singulière des rimes en tercet imaginée par Dante, au prix de certains compromis, au demeurant plaisants. La terza rima est pour elle le véritable moteur du poème, en ce que cette architecture puise dans l’inspiration première : la Trinité.

 La Croix du Christ vue par le poète
En ce Jeudi saint d’une Semaine sainte éminemment singulière, la lecture de ce grand texte pourra réchauffer des chrétiens privés depuis mi-mars de sacrements, eux « dont le cou se tendit vers le pain des anges suffisamment tôt – dont ici on vit mais ne se rassasie », rassure Dante au chant II, en une référence au Corps du Christ comme sagesse.
La contemplation de la croix, au chant XIV, nous touche aussi particulièrement, et ce d’autant qu’il s’agit d’un des rares passages où Dante confesse faillir au récit. Flamboyante, la croix qui défie ses yeux et sa plume est une émanation de celle en mosaïques azurées que le poète a pu voir sur l’abside de la basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf de Ravenne : « Dans cette croix resplendissait le Christ, et à la décrire je suis impuissant ; mais qui prend sa croix pour suivre le Christ excusera encore mon embarras, en voyant dans ce blanc briller le Christ. »

LA DIVINE COMEDIE DE DANTE

Résumé :
Peut-on encore aujourd’hui aimer Francesca, être troublé par Ugolino, trembler aux tourments des damnés de la Comédie ? L’Enfer de Dante, poétique et médiéval, n’a-t-il pas pâli irréparablement auprès des Enfers tout proches, et actifs, que notre époque n’a pas encore fini, semble-t-il, de susciter ? L’imagination créatrice de Dante est si puissante, et si précise, qu’elle semble décrire par avance, parfois, l’inimaginable horreur moderne.
Le gigantesque entonnoir de l’Enfer, qui se creuse jusqu’au centre de la terre, est dépeint comme le réceptacle de tout le mal de l’univers, comme une sorte de sac où viennent s’engouffrer tous les noyaux, tous les atomes de mal épars sur la planète. Mais nous lisons aussi autre chose dans L’Enfer plus que le catalogue effrayant des péchés et des châtiments possibles, il correspond pour nous au départ de l’exploration, à la première étape du grand roman initiatique d’une civilisation qui est la racine de la nôtre.



DANTE ALIGIGHIERI (1265-1321)


Dante Alighieri (Durante degli Alighieri) est un poète, un homme politique et un écrivain italien. Dante est le premier grand poète de langue italienne, et son livre « La Divine Comédie » est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature universelle.
En 1274, Dante aurait rencontré pour la première fois Béatrice qui meurt en 1290. On sait peu de chose d’un amour dont l’histoire est sublimée dans « Vie Nouvelle ».

Dante joue un rôle très actif dans la vie politique de Florence. Il remplit avec succès un grand nombre de missions politiques et est nommé prieur de Florence en 1300, c’est-à-dire qu’il devient un des magistrats suprêmes de l’exécutif.
En 1300, le pape Boniface VIII revendique le vicariat impérial sur les communes toscanes. À partir de ce moment-là, Dante s’engage de plus en plus fermement du côté des guelfes blancs, c’est-à-dire contre la politique d’ingérence du pape.
Dante apprend qu’il est condamné pour concussion, gains illicites et insoumission au pape et à Charles de Valois. Il refuse de se présenter en accusé. Un deuxième procès, instruit le 10 mars 1302 par le podestat Cante Gabrielli de Gubbio, le condamne au bûcher. Tous ses biens sont confisqués, il est exilé avec d’autres guelfes blancs et ne reviendra jamais à Florence.
Dans les premiers temps de l’exil, Dante songe à assiéger la ville, aux côtés d’autres exilés guelfes blancs ou gibelins. Il vient passer quelque temps à Paris, où il fréquente l’université et s’arrête finalement à Ravenne chez le podestat Guido Novello da Polenta, où il meurt de la malaria dans la nuit du 13 au 14 septembre 1321, après avoir fait de vains efforts pour rentrer dans sa patrie.



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