Le retour de l’enfant prodigue : revenir à la maison
Henri
Nouwen
Québec, Bellarmin, 1992. 176 pages
Un
livre pour prolonger la méditation sur la miséricorde de Dieu.
Dans ce petit livre, Henri Nouwen, universitaire
et conférencier reconnu nous dit comment il est passé d’une carrière
universitaire prometteuse à la vie avec des personnes ayant un handicap
intellectuel profond au sein de l’Arche
fondée par Jean Vannier. Après vingt ans d’enseignement comme professeur dans
les plus grandes universités américaines et une carrière d’écrivain, ce prêtre à
l’approche de la de la cinquantaine, a traversé une crise spirituelle profonde
en se posant la question suivante : « Est-ce
que le fait de vieillir m’a rapproché de Jésus ? ». Et c’est dans la
contemplation d’un tableau de Rembrandt Le
retour de l’enfant prodigue que l’auteur trouvera sa véritable vocation.
Cette expérience a donné un très beau livre : Le retour de l’enfant prodigue.
On connait tous le tableau de
Rembrandt Le Retour de l’enfant prodigue
qui illustre bien souvent la parabole que l’on trouve dans l’Evangile de saint
Luc (15, 11-32). C’est devant ce tableau qui est au musée de l’Ermitage à
Léningrad en Russie que l’auteur, Henri Nouwen a médité durant des heures
entières. Voici ce que perçoit le Père
Nouwen du peintre :
« Le peintre de ce tableau
est un homme qui a fait dans sa vie l’expérience d’une immense solitude. Ayant
vécu des pertes immenses et ayant été témoin de la mort de plusieurs proches,
Rembrandt aurait pu devenir une personne amère, en colère et pleine de
ressentiment. Au lieu de cela, il devint celui qui a pu peindre un des tableaux
les plus intimes de tous les temps, Le retour du fils prodigue. Ce n’est pas là
un tableau qu’il aurait pu peindre lorsqu’il était jeune et que tout lui
réussissait. Non, car il ne fut capable de peindre la pitié d’un père aveugle
que lorsqu’il eut lui-même tout perdu : tous ses enfants sauf un, deux de
ses femmes, tout son argent, sa notoriété ainsi que la popularité dont il jouissait.
C’est alors seulement qu’il fut capable de peindre ce tableau, et il le peignit
depuis un endroit à l’intérieur de lui-même où il savait ce qu’était la
miséricorde de Dieu. D’une certaine façon, ses pertes et ses souffrances
l’avaient vidé, le rendant apte à accueillir pleinement et profondément la
miséricorde de Dieu. Lorsque Vincent Van Gogh vit ce tableau, il
s’exclama : « Vous ne pouvez peindre ce genre de tableau que lorsque
vous êtes mort plusieurs fois. » Rembrandt ne put le faire que parce qu’il
était mort tant de fois qu’il savait dorénavant ce que la miséricorde de Dieu
signifie vraiment. » (Henri Nouwen, Revenir à la maison ce soir, Bellarmin, 2009, pp. 37-38)
Cet ouvrage est donc le fruit de ses
méditations Car c’est son
témoignage qu’il livre tout en commentant le tableau de Rembrandt: S'identifiant
d'abord au fils prodigue en quête d'une figure paternelle, Henri Nouwen se
reconnaît ensuite dans la figure du fils aîné, jaloux du pardon inconditionnel
accordé à ce cadet volage et inconséquent, avant de se découvrir retrouver dans
celle du père qui accueille sans juger. Mais du livre, comme de la parabole de Jésus, se
déplace sur le Père rempli de
miséricorde pour ses deux fils. Et c’est ce « Père » que Nouwen
désire devenir et qu’il nous invite à imiter pour trouver notre vocation
propre : il faut cesser d’être « le fils » pour devenir
« le père ».
Le tableau de Rembrandt a été
l’occasion pour le père Nouwen d’entrer profondément dans le cœur du Père miséricordieux de la parabole de
Jésus. Il reste à souhaiter qu’il en
soit ainsi pour le lecteur.
Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
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