L'Evangile
intérieur
Maurice
Zundel
Extrait
À la recherche de l'âme
Vous vous rappelez cette inscription que les pèlerins de la Grèce antique lisaient à Delphes sur le fronton du temple d'Apollon :
ΓΝΩΘΙ ΣΑΥΤΟΝ
«Connais-toi toi-même.»
Elle signifiait : connais-toi mortel, et non point dieu.
Les Sages y virent une invitation à philosopher. Ils pensaient avec raison que la vie intérieure de l'homme est le premier sanctuaire de la divinité, et ils inscrivaient dans leur âme les mots qu'ils avaient lus sur la pierre :
ΓΝΩΘΙ ΣΑΥΤΟΝ
«Connais-toi toi-même.»
C'est là que commence la découverte de la vie, et rien n'est plus passionnant que cette recherche : savez-vous qui vous êtes et quel est votre vrai nom ?
Quand vous vous poserez sérieusement cette question, vous sentirez soudain tout ce qu'elle soulève de mystère.
Une mère ne peut oublier l'instant où, pour la première fois, son petit enfant a dit : Maman. Une voix enfin répondait à la sienne. Après tant de sourires, où silencieusement déjà s'épanchait la lumière de l'esprit, cet appel soudain jaillissait comme l'explosion de l'âme : le dedans venait au jour. Elle ne cessera plus d'écouter cette révélation. Elle voudra connaître ce cœur qu'elle s'applique à former. Elle n'aura pourtant jamais fini de le découvrir : son secret est à lui, et peut-être un jour sera-t-elle atrocement meurtrie d'y demeurer étrangère : jusqu'à ce qu'elle comprenne qu'on ne rencontre une âme qu'en baissant les yeux.
Nous ne savons pas qui nous sommes, et chaque jour, nous voyons surgir en nous des régions inexplorées, des terres inconnues, des continents en dérive, des cités qui s'élèvent ou s'écroulent : tout un univers en perpétuelle gestation.
Et le mystère de notre vie : nos espoirs et nos rêves, nos douleurs et nos faiblesses, notre grandeur et notre misère, tout cela chacun de nos semblables, à sa manière, le vit.
Voici notre ami le plus cher ; nous lui serrons la main pour lui donner le bonjour. À peine réalisons-nous le contact matériel qui s'établit entre nous par ce geste : sa main n'est dans la nôtre que le symbole et le gage de son amitié. Notre intention se porte au-delà, c'est son cœur que nous cherchons. Non point évidemment ce muscle de chair qui bat dans sa poitrine, mais ce cœur spirituel avec lequel il nous aime : ce cœur , qu'on ne peut situer nulle part, et que les mains ne saisiront jamais, ce cœur qui est l'être même en sa source : toute sa vie intérieure et tout le mystère de sa personne.
Combien de tragédies d'amour s'exaspèrent dans cette impuissance à saisir ce dedans qu'on ne peut atteindre qu'en renonçant à le posséder, car il est infini comme le rêve d'une pensée libre.
Personne ne pourra jamais forcer notre estime, contraindre notre jugement ou violer notre cœur .
À la recherche de l'âme
Vous vous rappelez cette inscription que les pèlerins de la Grèce antique lisaient à Delphes sur le fronton du temple d'Apollon :
ΓΝΩΘΙ ΣΑΥΤΟΝ
«Connais-toi toi-même.»
Elle signifiait : connais-toi mortel, et non point dieu.
Les Sages y virent une invitation à philosopher. Ils pensaient avec raison que la vie intérieure de l'homme est le premier sanctuaire de la divinité, et ils inscrivaient dans leur âme les mots qu'ils avaient lus sur la pierre :
ΓΝΩΘΙ ΣΑΥΤΟΝ
«Connais-toi toi-même.»
C'est là que commence la découverte de la vie, et rien n'est plus passionnant que cette recherche : savez-vous qui vous êtes et quel est votre vrai nom ?
Quand vous vous poserez sérieusement cette question, vous sentirez soudain tout ce qu'elle soulève de mystère.
Une mère ne peut oublier l'instant où, pour la première fois, son petit enfant a dit : Maman. Une voix enfin répondait à la sienne. Après tant de sourires, où silencieusement déjà s'épanchait la lumière de l'esprit, cet appel soudain jaillissait comme l'explosion de l'âme : le dedans venait au jour. Elle ne cessera plus d'écouter cette révélation. Elle voudra connaître ce cœur qu'elle s'applique à former. Elle n'aura pourtant jamais fini de le découvrir : son secret est à lui, et peut-être un jour sera-t-elle atrocement meurtrie d'y demeurer étrangère : jusqu'à ce qu'elle comprenne qu'on ne rencontre une âme qu'en baissant les yeux.
Nous ne savons pas qui nous sommes, et chaque jour, nous voyons surgir en nous des régions inexplorées, des terres inconnues, des continents en dérive, des cités qui s'élèvent ou s'écroulent : tout un univers en perpétuelle gestation.
Et le mystère de notre vie : nos espoirs et nos rêves, nos douleurs et nos faiblesses, notre grandeur et notre misère, tout cela chacun de nos semblables, à sa manière, le vit.
Voici notre ami le plus cher ; nous lui serrons la main pour lui donner le bonjour. À peine réalisons-nous le contact matériel qui s'établit entre nous par ce geste : sa main n'est dans la nôtre que le symbole et le gage de son amitié. Notre intention se porte au-delà, c'est son cœur que nous cherchons. Non point évidemment ce muscle de chair qui bat dans sa poitrine, mais ce cœur spirituel avec lequel il nous aime : ce cœur , qu'on ne peut situer nulle part, et que les mains ne saisiront jamais, ce cœur qui est l'être même en sa source : toute sa vie intérieure et tout le mystère de sa personne.
Combien de tragédies d'amour s'exaspèrent dans cette impuissance à saisir ce dedans qu'on ne peut atteindre qu'en renonçant à le posséder, car il est infini comme le rêve d'une pensée libre.
Personne ne pourra jamais forcer notre estime, contraindre notre jugement ou violer notre cœur .
Présentation
de l'éditeur
«L'humanité n'a jamais éprouvé plus tragiquement le besoin de Dieu. Elle ne semble repousser le plus souvent que pour avoir mis sous son nom des choses incompatibles avec l'idée que toute âme droite est appelée à s'en faire... Dieu n'est pas une invention, c'est une découverte.»
Maurice Zundel situe le message chrétien dans la perspective intérieure qui fait saisir son rapport avec la vie spirituelle.
L'Evangile intérieur relate les entretiens du Père Zundel diffusés sur Radio-Luxembourg en 1935. Le fruit de ces méditations lumineuses et prophétiques reçut un accueil unanime qui ne s'est jamais démenti.
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