Le silence de Dieu : quand Dieu se tait !
Dieu parle aussi à travers le
silence - Benoit XVI
- "Comme
le montre la croix du Christ, Dieu parle aussi à travers son silence. Le
silence de Dieu, l'expérience de l'éloignement du Tout-Puissant et du Père est
une étape décisive du parcours terrestre du Fils de Dieu, Parole incarnée.
Pendu au bois de la croix, il a crié la douleur qu'un tel silence lui causait:
«Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» (Mc 15, 34; Mt 27,
46). Persévérant dans l'obéissance jusqu'à son dernier souffle de vie, dans
l'obscurité de la mort, Jésus a invoqué le Père. C'est à lui qu'il s'en remet
au moment du passage, à travers la mort, à la vie éternelle: «Père, entre tes
mains je remets mon esprit» (Lc 23, 46).
Cette
expérience de Jésus est comparable à la situation de l'homme qui, après avoir
écouté et reconnu la Parole de Dieu, doit aussi se mesurer avec son silence.
Bien des saints et des mystiques ont vécu une telle expérience qui aujourd'hui
encore fait partie du cheminement de nombreux chrétiens. Le silence de Dieu
prolonge ses paroles précédemment énoncées. Dans ces moments obscurs, il parle
dans le mystère de son silence. C'est pourquoi, dans la dynamique de la
Révélation chrétienne, le silence apparaît comme une expression importante de
la Parole de Dieu."
Benoit
XVI, in Verbum Domini, du
30.9.2010, numéro 21
Par delà le silence ; quand Dieu se tait
Gérard Delteil
Lyon, Editions Olivétan, 2018. 206 pages
Présentation
de l'éditeur
Le religieux s'affiche bruyamment, mais Dieu s'efface de notre horizon. Tel est l'un des paradoxes de notre temps : la violence et le silence. Quiconque réfléchit sur le sens de l'existence se heurte à ce silence. Nulle évidence. Nulle trace d'une Présence. Nous vivons, nous pensons à l'aplomb du silence. Serions-nous à nous-mêmes une question sans réponse ? Les drames de la vie, les tragédies de l'histoire rendent encore plus brûlante l'interrogation : pourquoi ? Le malheur est toujours non-sens. C'est d'un tel questionnement que procède cet essai. Il n'est pas surprenant que la figure de Job, emblématique de l'affrontement au tragique, y tienne une place importante. Plus surprenantes, les pages consacrées au Cantique des Cantiques, ce silence de Dieu dans l'éblouissement de la vie. Au travers d'une enquête à travers les écrits bibliques, l'auteur relève différentes interprétations données de ce silence. Blessure au coeur de la foi, qui l'empêche de se boucler en un système. Retrait d'un Dieu qui s'efface pour que l'humain grandisse dans son autonomie. Mystère d'une altérité irréductible. Ce silence serait-il l'ombre portée de la Parole ? Entre confiance et doute, comment assumer la traversée du silence ? Ces pages invitent à un questionnement ouvert. Le silence serait-il le dernier mot ? Par-delà le silence... le peut-être de Dieu
Biographie
de l'auteur
Gérard
Delteil est Doyen honoraire de la Faculté de théologie protestante de
Montpellier.
Dans notre monde où les guerres, les conflits et tant de
« misère » humaine semblent triompher, pourquoi Dieu reste-t-il
silencieux ? Pourquoi la plupart de nos contemporains ont-ils le sentiment
que, s'il existe, Dieu est bien lointain ? Que signifie cette
distance ? Cette interrogation est en arrière-fond du paysage contemporain
par ailleurs bruissant de religiosité et de recherche « religieuses »
tous azimuts ! « La fièvre et le silence ». Cette situation
paradoxale doit rencontrer bien des situations humaines et, on en convient,
énigmatiques pour le « bon sens ». Mais « il faut risquer de
dire des choses contestables pourvu que des questions vitales soient
soulevées » (Dietrich Bonhoeffer). Faudra-t-il se « situer entre
violence et silence » ? Les nombreuses recherches bibliques et aussi
profanes, ici proposées, explorant ces mêmes contrées dangereuses et
éprouvantes pour la conscience religieuse et l'histoire profane mondaine sont
et font l'intérêt de ces pages. « Rien n'est plus proche de l'angoisse du
non-sens que la timide espérance. » (Paul Ricoeur, Histoire et vérité, Paris, Seuil,
1955, p. 334). Que recèle le « silence de Dieu » ? Il a
tant aimé le monde… - J. Burton s.j.
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Quand
Dieu ne répond pas : une réflexion biblique sur le silence de Dieu
Pierre
Coulange
« Où
donc est Dieu ? : le cri angoissant de chacun devant la souffrance,
cri qui retentit du Golgotha jusqu’aux camps de la mort ; un cri toujours
actuel face à la pandémie du Coronavirus . Pourquoi ce silence de Dieu ?
Face à cette question l’auteur nous fait découvrir ce que tous les textes
bibliques nous disent de ce Dieu qui se tait : les mots du Psaume 22 « Mon
Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » expriment la souffrance
d’Israël, des prophètes, la déréliction de Jésus sur la Croix, ainsi que la
nôtre.
Mais
le silence de Dieu ne serait-il qu’apparent ? Ne serait-il pas une manière
de révéler sa transcendance et sa miséricorde ? Les prophètes et les
grands mystiques nous disent le mystère de ce « Dieu caché ». Et un
saint Jean de la Croix peut écrire écrire ; « Ô nuit qui m’a guidé ! »
Dieu aux abonnés absents...
Quel homme ne s’est jamais senti défaillir face à ce silence angoissant ?
Pourquoi Dieu se tait-il quand son peuple souffre, au moment même où il a
besoin de lui ? Cette question lancinante et immémoriale fait chuter l’homme de
foi le plus convaincu et transperce les athées comme les cœurs fervents.
Il est donc temps de revenir au texte sacré. Les grands personnages de la Bible ont déjà éprouvé le silence angoissant du retrait divin. Du Dieu qui se cache du prophète Isaïe au cri d’abandon de Jésus sur la croix, du silence à l’absence, il n’y a qu’un pas. Pierre Coulange nous invite à prendre de la hauteur : la nuit est un chemin de foi. Le chemin obscur ne peut être séparé de l’expérience de Dieu ni de sa miséricorde, comme en témoigne le cri de Jean de la Croix : « Ô nuit qui m’as guidé ! »
Il est donc temps de revenir au texte sacré. Les grands personnages de la Bible ont déjà éprouvé le silence angoissant du retrait divin. Du Dieu qui se cache du prophète Isaïe au cri d’abandon de Jésus sur la croix, du silence à l’absence, il n’y a qu’un pas. Pierre Coulange nous invite à prendre de la hauteur : la nuit est un chemin de foi. Le chemin obscur ne peut être séparé de l’expérience de Dieu ni de sa miséricorde, comme en témoigne le cri de Jean de la Croix : « Ô nuit qui m’as guidé ! »
Quand Dieu se tait
Charles Wackenheim
Paris, Le Cerf, 2002. 190 pages.
Présentation de l'éditeur
Au terme de ce siècle où l'idée d'un
Dieu absent a été fortement ressentie, tout se passe, semble-t-il, comme si
l'image traditionnelle du Dieu parlant cédait insensiblement la place à celle
d'un Dieu qui s'efface et se tait. Silence et parole de Dieu s'expriment,
certes, en termes de métaphore ou d'analogie, mais est-il plus pertinent de
partir d'un Dieu qui parle ou, au contraire d'un Dieu dont ni la parole ni
l'agir ne sont immédiatement perceptibles ? En se mettant à l'écoute du silence
de Dieu et en s'exposant au souffle de son Esprit, l'homme acquiert la faculté
de discerner dans la production langagière d'hier et d'aujourd'hui l'écho de
l'agir créateur et sauveur du Dieu vivant.
Quatrième de couverture
Dans la tradition biblique, juive et
chrétienne, l'image de Dieu s'est construite autour d'un rapport original à la
parole et à l'histoire. C'est en parlant que Dieu suscite le monde et conduit
le destin de l'humanité. Simultanément, des croyants se disent sensibles et
attentifs aux silences de Dieu. Au terme d'un siècle où l'idée d'un Dieu absent
a été fortement ressentie, tout se passe, semble-t-il, comme si l'image
traditionnelle du Dieu parlant cédait insensiblement la place à celle d'un Dieu
qui s'efface et se tait. Silence et parole de Dieu s'expriment, certes, en
termes de métaphore ou d'analogie, mais est-il plus pertinent de partir d'un
Dieu qui parle ou, au contraire d'un Dieu dont ni la parole ni l'agir ne sont
immédiatement perceptibles ? En privilégiant la seconde hypothèse, l'auteur
passe en revue six propositions qui requièrent aujourd'hui un nouvel examen :
Dieu nous parle, dit-on, par la création, par ses témoins, dans l'histoire des
hommes, par l'Écriture sainte, en Jésus Christ, enfin dans et par l'Église.
Mais on doit se demander aussi si le silence de Dieu ne pourrait pas
s'interpréter comme un acte délibéré de retrait pour permettre à l'homme
d'exercer pleinement sa liberté d'action et de parole. En se mettant à l'écoute
du silence de Dieu et en s'exposant au souffle de son Esprit, l'homme acquiert
la faculté de discerner dans la production langagière d'hier et d'aujourd'hui
l'écho de l'agir créateur et sauveur du Dieu vivant. Il évitera ainsi le
recours fétichiste à une parole délestée de son substrat humain. L'image d'un
Dieu qui se tait offre à la théologie et à la vie spirituelle un espace
singulièrement fécond.
Silence de Dieu, silence de l'homme
Dans notre monde où « ça parle » partout
et dans tous les sens, Dieu apparaît comme le grand silencieux. De nombreuses
voix lui en font aujourd'hui le reproche. Ce silence n'est-il pas le signe
d'une absence et d'un désintérêt pour l'aventure humaine ? Où était Dieu lors
des grands drames du XXe siècle : deux guerres mondiales aux millions de morts,
les camps de concentration nazis et soviétiques, la Shoah, plus près de nous
les atrocités commises dans les Balkans et le terrorisme qui se donne libre
cours ? Où était Dieu à Auschwitz ?
Où était Dieu à Stalingrad ? La question est devenue si pressante que le «
comment parler de Dieu après Auschwitz ? » est devenu un lieu commun. Jamais
Dieu n'est apparu aussi silencieux et aussi absent que depuis cette dernière
centaine d'années. Comment répondre à de telles questions sans une
inconscience, peut-être naïve, mais pas innocente ? Ne vaudrait-il pas mieux se
taire à son tour ? Que le lecteur se rassure, les réflexions qui suivent se
veulent modestes et ne prétendent pas résoudre l'énigme opaque du mal.
Dieu en procès
Quand l'homme souffre au-delà de ce qu'il estime tolérable, en effet, sa réaction première est de s'en prendre à Dieu, de le mettre en procès. La Bible elle-même est le témoin émouvant de ce cri de détresse. On le trouve dans les Psaumes : « O Dieu, ne reste pas muet, plus de repos, plus de silence, ô Dieu » (83,2) ; « Seigneur, je fais appel à toi. Mon roi, ne sois pas sourd ! » (28,1) ; « Tu as vu, Seigneur, ne sois pas sourd ! » (35,22 ; de même 39,13 ; 50,3 ; 109,1). On le rencontre aussi dans la bouche de Job qui souffre sans raison : « Je hurle vers toi et tu ne réponds pas ; je me tiens devant toi et ton regard me transperce » (30,20). Mais allons tout de suite au terme de cette série. Ce cri est aussi celui du Christ en croix, hurlé « d'une voix forte » : « Eli, Eli lema sabaqthani : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Mt 27,46). Que Jésus ait été jusqu'à faire sien le cri de toutes les détresses du monde devant le silence de Dieu nous dit immédiatement la profondeur d'un tel mystère. L'épître aux Hébreux nous dira bien qu'après avoir « offert prières et supplications avec grand cri et larmes à celui qui pouvait le sauver de la mort » il fut « exaucé en raison de sa soumission » (5,7) : il reste qu'au moment de la détresse et de la mort le ciel est resté d'airain.
Aujourd'hui encore, nous voyons de partout le procès intenté à Dieu : ce Dieu sensé être bon et qui tolère sans ciller tant d'atrocités ; ce Dieu unique qui est à l'origine de la violence dans le monde, parce qu'il justifie que les hommes s'entre-tuent en son nom. Récemment, un chroniqueur n'hésitait pas à faire l'éloge du polythéisme païen des Grecs et des Romains. Ces dieux-là étaient à mesure humaine, ils avaient des moeurs d'hommes, et surtout ils ne demandaient pas de tuer en leur nom 1. On retrouve l'antique objection qui revient de la nuit des âges : « O...
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