vendredi 19 février 2010




VERS LA PENSÉE UNIQUE DE POLYMNIA ATHANASSIADI



Dans son essai Vers la pensée unique : la montée de l'intolérance dans l'antiquité tardive, Polymnia Athanassiadi décrit la constitution d'une société de type théocratique dans le Proche-Orient tardo-antique.


Cette période voit en effet un glissement progressif d'une société anthropocentrique à une société théocentrique. Ce mouvement a comme conséquence une montée de l'intolérance et le rejet de l'altérité. Cette négation de l'Autre et de ses idées est illustrée entre autres par le déchaînement périodique des persécutions que les empereurs romains déclenchent contre les Chrétiens. A cet égard, celle de Dèce (249 - 251) est particulièrement significative puisque nous dit l'auteur : " elle est le fruit d'une conception du Paganisme comme religion d'état".


La Violence n'est pas la seule caractéristique de cette société. La perception de l'histoire et sa réécriture selon des critères religieux en est aussi une marque fondamentale. Ici il faut nommer l'historien Eusèbe de Césarée (265 - v.339/340). Il est le créateur " d'une théologie politique présentant l'empire terrestre comme le reflet du ciel et l'empereur comme le légat du Christ "


Il revient à Constantin (274/275 - 337) et à ses successeurs immédiats spécialement Julien (331 - 363) de mettre en application " le modèle eusébien de la gestion d'un pouvoir à la fois temporel et spirituel". L'auteur insiste tout particulièrement sur le rôle de Julien dont les écrits tardifs révèlent une aspiration à la théocratie.


Ce mélange intime du religieux et du politique finit par conduire à un rétrécissement des horizons intellectuels et accentue l'intolérance ambiante. Comme le dit Madame Athanassiadi en parlant des codes juridiques et des canons des conciles : " l'image de la vie méditerranéenne du 4ème au 6ème siècle qui s'en dégage, est une image sombre. En vérité ce qui s'effectue dans cet intervalle n'est pas tant le passage du Christianisme au Paganisme que la transition du politique au religieux, du pluralisme à l'intégrisme "


Dans cette nouvelle société seule compte la vie future. L'homme doit être guidé pour mener ici-bas une vie conforme à l'idéal chrétien et mériter son Salut. Et cela étant primordial, pour y parvenir tous les moyens sont bons et y compris la contrainte.


Mais face à ce carcan comment réagit la population et notamment "les victimes de l'intolérance" ? L'auteur souligne d'abord que l'intolérance est généralisée et qu'elle est le fait de tous Païens et Chrétiens. Pour tous la référence est d'abord "la Communauté religieuse voir scripturaire" Néanmoins, ils existent des personnes ou des groupes de personnes qui s'opposent à cet état d'esprit. On peut citer en tout premier lieux les ermites qui fuient la ville et les structures ecclésiales, mais aussi de penseurs et des Pères de l'Eglise tel Evagre le Pontique (v. 345 - 399) dont la pensée ignore à la fois l'Église et l'Etat et enfin à l'époque byzantine les Mystiques. Tous à leur manière combattent l'intolérance et sont témoins de l'Amour que prêchent les Évangiles.