mardi 19 février 2019

Essai sur la foi, l'espérance et la charité






Une voie infiniment supérieure

Christophe Chalamet

Genève, Labor et Fides, 2016. 254 pages



Le professeur de théologie Christophe Chalamet propose un essai audacieux qui, en s'appuyant autant sur ses convictions intimes que sur d'innombrables ressources théologiques, cherche à réfléchir sur la foi, l'espérance et l'amour. Pour l'auteur en effet, cette triade doit se comprendre en tant qu'actes humains qui répondent à un agir antécédent qui les fonde ; en définitive, selon Christophe Chalamet, c'est la puissance de Dieu - avant tout le reste - qui permet à la foi, à l'espérance et à l'amour d'émerger chez l'être humain. Un passionnant parcours et une réflexion théologique inédite.


Christophe Chalamet, théologien réformé, revisite les trois vertus que sont la foi, l’espérance et l’amour, d’une manière stimulante.

• « Une voie infiniment supérieure », de Christophe Chalamet, Labor et Fides, 2016, 256 p., 24 €
On pourrait dire: « Les chrétiens en ont rêvé, Christophe Chalamet l’a fait. » Car sa reprise théologique, à nouveaux frais, des trois « vertus théologales » (foi, espérance et amour) – « inventées » par Paul et mises en exergue par Thomas d’Aquin – est d’une limpidité de style et d’une puissance de persuasion, voire de conversion, très rares. Le professeur de théologie systématique à l’université de Genève, spécialiste de Karl Barth et de Rudolf Bultmann (1), annonce très tôt, dans ce livre, les lignes de fond spirituelles qu’il va suivre.

Trois lignes de fond spirituelles pour Christophe Chalamet
Premièrement, afin de réincarner une forme de pensée considérée parfois comme trop abstraite, trop céleste, Christophe Chalamet pratique une théologie qui est une « incitation à la vie », une façon d’exister « devant Dieu et dans le monde » tout à la fois, et donc « une pratique intellectuelle vécue ».
Deuxiè­me­ment, en tant que réformé, il entend profiter pleinement des « bienfaits de l’ère œcuménique », puisant de façon résolument « décloisonnée »aux « sources des diverses confessions chrétiennes », c’est-à-dire catholiques et orthodoxes autant que protestantes.
Troisièmement, afin de « contrer » la « crise » contemporaine de la foi et de sa transmission qu’il constate en Suisse romande, entre autres, il invite la théologie à « saisir que le chemin de vie de tant d’êtres humains dure de plus en plus longtemps, avec de nombreux aléas, avec des temps non seulement de progrès mais aussi de lassitude et de régression ».

Sauter par-dessus le fossé entre la vie chrétienne et la vie de tous les jours
Car, faisant sien le constat du grand mathématicien, philosophe et théologien britannique Alfred N. Whitehead que « le monde a perdu Dieu et (qu’) il le cherche », Christophe Chalamet a décidé de sauter par-dessus « le fossé » qui sépare aujourd’hui « la doctrine chrétienne et la vie de tous les jours ».
Dans son élan évangélisateur, il démontre, à force de nombreuses lectures des textes bibliques et de la Tradition, que la foi, l’espérance et l’amour sont certes de l’ordre de la grâce de Dieu, mais qu’ils « sont à vivre dans la matérialité de la chair et du monde ». Citant beaucoup Augustin et Thomas d’Aquin – presque autant que Karl Barth –, il préconise de « renouer avec la tradition augustinienne et monastique, pour qui la véritable connaissance est traversée et animée par l’amour ».

Revisiter la Première Épître aux Corinthiens
Le livre de Christophe Chalamet marche alors avec bonheur sur cette « voie infiniment supérieure » ouverte par la Première Épître aux Corinthiens (1 Co 12, 31), qui est un « texte de Paul sur l’amour ». Revisitant, sur près de vingt siècles, les plus vives exégèses et spéculations chrétiennes, suivant, pas à pas, le « chemin » de « la foi en Jésus-Christ » dont témoignent, dès la fin du Ier siècle, les dix premiers chapitres des Actes des Apôtres, l’auteur conduit ses lecteurs jusqu’au couronnement de la foi et de l’espérance par l’amour.
« L’amour seul est digne de foi, mais aussi digne d’espérance », semble-t-il conclure, en fin d’ouvrage. Mais celui-ci est en réalité sans fin, se terminant sur une perspective de vie et de vérité où théologie et éthique se fécondent sans cesse: « La foi, l’espérance et l’amour nous font tendre vers autrui et vers Dieu, elles nous mettent aussi en relation avec nous-mêmes, de manière renouvelée… »

Il est aussi l’auteur de Théologies dialectiques (Labor et Fides, 2015), sur ces théologiens qui ont révolutionné la pensée au XXe siècle.



Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

mardi 12 février 2019

Césaire de'Arles et les continents



Césaire d'Arles et les Cinq Continents. Volume II, Venelles, 2019.
Éditeur : Aux sources de la Provence
Collection : Césaire d'Arles et les cinq continents
280 pages

Présent
ation de l’ouvrage
Après avoir publié en septembre 2017 le premier tome de la collection "Césaire d'Arles et les Cinq Continents" l'Association Aux Sources de La Provence présente dans ce volume II 15 contributions, traduites en français et en anglais, d'auteurs de six nationalités qui sont soit des hommes de science, soit des historiens érudits. Cette collection a, en effet, pour but de nous éclairer sur une figure marquante de notre patrimoine intellectuel et spirituel, un homme plein de fougue, un prédicateur inlassable, le plus prolixe du monde latin après saint Augustin. Elle donne la parole aux meilleurs spécialistes qui font part de leurs savoirs sous forme synthétique dans de brefs chapitres.
De fait, Césaire d'Arles suscite un immense intérêt, davantage même hors de France que dans son pays. Il est l'objet de multiples publications et de recherches en une douzaine de langues. Dans ce tome II nous poursuivons la présentation de travaux concernant ses 238 sermons et les 5 conciles dont il a été un acteur majeur, lesquels seront traduits en français dans un avenir proche.


Plan de cet ouvrage organisé en trois grandes parties :
1. Césaire d'Arles, homme d'hier et d'aujourd'hui
2. L'œuvre de Césaire d'Arles et les cinq continents
3. Césaire d'Arles : archéologie et histoire,
Auxquelles est adjointe la présentation du tome III – Hérésies et superstitions, projeté pour fin 2019.

Les principaux auteurs et un résume des articles auxquelles ils ont apporté leur contribution

L'article de Dom Germain Morin o.b.s (1937-1942), nous décrit les travaux qu'il a conduits pendant plus de 60 ans à travers toute l'Europe. C'est lui qui est à l'origine de la renaissance de Césaire d'Arles et il demeure une source de premier plan pour qui veut découvrir la personnalité et l'œuvre de ce saint éminent. 
Marie-José Delage, Professeur émérite, nous fait bénéficier de sa connaissance de l'ensemble de l'œuvre en nous présentant les entretiens historiques de Césaire avec le Roi Théodoric à Ravenne et avec le Pape Symmaque à Rome (512-513). 
Claude Sintès directeur du Musée d'Arles antique, nous fait vivre l'extraordinaire exposition qui a réuni au Vatican plus de 330.000 visiteurs en trois mois du printemps 2017 et il nous fait partager ses émotions sur ce retour de Césaire d'Arles à Rome.
Le Professeur William E Klingshirn de l'Université Catholique d'Amérique, à Washington, nous explique comment depuis plus de 60 ans, Césaire d'Arles a fait l'objet de nombreux travaux malgré les difficultés de traduction de ses écrits, à partir du latin, aussi bien pour l'anglais que pour le français. Une brève présentation de l'influence de Césaire d'Arles sur le culte liturgique à son époque, par le Professeur Hervé Chiavérini, clôture cette première partie.

Pour aborder ensuite l'œuvre de Césaire, le résumé du Petit traité sur la Grâce présenté par le Père Dominique Bertrand sj, patrologue bien connu, est une excellente introduction. Ce traité a trouvé aujourd'hui une place particulière dans les textes du Pape François. Le père Michel Dujarier a bien voulu nous proposer un accès à la question complémentaire : Comment Césaire d'Arles a t-il compris et vécu la fraternité ? et son écoute fine et sensible témoigne d'une profonde analyse intérieure.

La grande connaissance qu'a Don Francesco Tedeschi de Césaire d'Arles lui permet de nous offrir une approche subtile de l'utilisation des sept règles de Tyconius, ce qui est aussi le cas de la communication suivante du Professeur Luce Pietri sur les conciles de Césaire d'Arles, dont on sait que l'examen est de la plus haute importance pour prendre la mesure de son œuvre.
Le rôle capital de St Augustin dans la vie et l'œuvre de Césaire d'Arles nous est présenté par le Professeur Raúl Villegas Marín, tandis que le professeur Harald Tripp nous fait part de la place du mystère de la Trinité dans les sermons de Césaire d'Arles et du rôle que cette question théologique a joué dans le débat avec les Ariens.
Ce chapitre s'achève par une communication historique et scientifique sur les paludismes en Provence d'après les sermons de Césaire d'Arles, travail du Professeur Eric Faure spécialiste d'épidémiologie de l'Université de Provence.

La troisième partie consacrée à l'archéologie dans ses liens avec l'histoire nous dévoile les découvertes archéologiques récentes sur Césaire et « l'île sainte» de Lérins, Yann Codou nous introduisant de la sorte à l'histoire de cette île qui a joué un rôle majeur dans l'œuvre de Césaire d'Arles.

Enfin ce tome II s'achève sur une  présentation du  projet d'édition du tome III (parution fin 2019) qui rassemblera des communications sur Les hérésies et les superstitions d'après les sermons de Césaire d'Arles ainsi que le Bréviaire contre les Hérétiques. En annexe sont mentionnés des travaux en cours, les thèses, mémoires et maîtrises, des articles publiés durant l'année.
Source :

Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles


vendredi 1 février 2019

Quand saint François rencontre le Sultan


  

Le Saint chez le Sultan. La rencontre de François d'Assise et de l'Islam. Huit siècles d'interprétation
John Tolan
Paris, Le Seuil, 2007. 512 pages.




Présentation de l'éditeur
En 1219, dans le cadre de la cinquième croisade, François d'Assise rend visite au sultan Malik al-Kâmil. Cette rencontre du christianisme et de l'islam n'a cessé depuis huit siècles de nourrir interprétations et représentations. Des discours hagiographiques à Benoît XVI en passant par Voltaire, des fresques de la basilique d'Assise aux gravures de Gustave Doré, l'événement a suscité une abondance de points de vue : geste de martyr ? mission de prédication aux infidèles ? acte d'audace naïf ? volonté de négocier une issue pacifique et, partant, modèle de dialogue pour l'Église d'aujourd'hui ? Autant de questions qui sont ici replacées dans leur contexte et soumises au crible du regard de l'historien.


L’auteur
Médiéviste, professeur à l'université de Nantes, John Tolan est l'auteur, notamment, du très remarqué Les Sarrasins (Aubier, 2003).




Quand François rencontrait le sultan égyptien

La rencontre entre saint François et le sultan.


Le voyage du pape François en Égypte, du 28 au 29 avril 2017, et notamment sa visite auprès de l’imam d’Al-Azhar, évoquera un lointain précédent : la rencontre de saint François d’Assise avec le sultan Malik al-Kamil, en 1219. Si historiquement, tous les détails du récit ne sont pas avérés, ils sont toujours discutés près de huit siècles plus tard.

En 1219, la guerre fait rage entre les croisés et l’islam. Deux siècles plus tôt, le tombeau du Christ a été réduit en poussière par les troupes du sultan. Dans la plaine égyptienne de Damiette, dans le delta du Nil, les deux armées se font face.
Le sultan al-Kamil a publié un décret promettant une forte récompense en or à quiconque apporterait la tête d’un chrétien. De leur côté, les croisés, commandés par Pélage, essaient de prendre le port de Damiette avec l’intention de conquérir l’Égypte.
Deux tentatives préalables pour prêcher l’Évangile
C’est dans ces circonstances que saint François décide, avec son compagnon le frère Illuminé, d’aller prêcher l’Évangile chez les musulmans. À deux reprises déjà, le Poverello a essayé de se rendre en Terre sainte pour faire connaître le Christ, sans succès.
Le seul récit détaillé sur cet épisode dont disposent les historiens est signé de saint Bonaventure. Il est postérieur de plus d’un siècle à l’événement, et surtout, il se veut surtout une épopée à la gloire du saint fondateur de l’ordre franciscain.
Capturé par les Sarrasins en tentant de franchir leurs lignes, raconte ainsi saint Bonaventure, François demande à voir le sultan, ce qu’il obtient.

Considérée comme un échec
Le neveu de Saladin le reçoit avec beaucoup de courtoisie, note le chroniqueur, mais cette visite est alors considérée comme un échec, car le saint n’a pas réussi à convaincre le sultan du bien-fondé de la religion chrétienne. Ni même obtenu la palme du martyre.
Pendant sept siècles, l’épisode resta donc relativement passé sous silence par les hagiographes de saint François. Même si les fioretti de saint François rapportent qu’à la fin, le sultan lui aurait glissé : « Frère François, je me convertirai très volontiers à la foi du Christ, mais je crains de le faire maintenant ; car si les gens d’ici l’apprenaient ils me tueraient avec toi et tous tes compagnons ».

Un détail oublié
Franciscain, le père Gwenolé Jeusset est intervenu à Assise, le 19 septembre 2016, lors du rassemblement des religions et des cultures pour la paix. Rappelant cet épisode ancien, cet ancien responsable de la Commission franciscaine pour les relations avec les musulmans et membre de la Commission islam du Vatican, a cependant ajouté un détail quasiment oublié jusqu’au XXe siècle
Il s’agit de la méditation que saint François lui-même a tiré de son expérience. « Les frères qui s’en vont parmi les musulmans et autres non-chrétiens, écrit le saint d’Assise, peuvent envisager leur rôle spirituel de deux manières : ou bien, ne faire ni procès ni disputes, être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu, et confesser simplement qu’ils sont chrétiens ». Ou bien, poursuit-il, s’ils voient que telle est la volonté de Dieu, annoncer la Parole de Dieu afin que les non-chrétiens croient au Dieu tout puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur de toutes choses, et en son Fils Rédempteur et Sauveur, se fassent baptiser et deviennent chrétiens ».

Le sourire de saint François
De son coté, Albert Jacquard, dans Le souci des pauvres (éd. Flammarion, 1996) écrit que « le sultan n’oublia pas le sourire de François, sa douceur dans l’expression d’une foi sans limite. Peut-être ce souvenir fut-il décisif lorsqu’il décida, dix années plus tard, alors qu’aucune force ne l’y contraignait, de rendre Jérusalem aux chrétiens ».
Ainsi, « ce que les armées venues d’Europe n’avaient pu obtenir, poursuit Albert Jacquard, (…) sans doute le regard clair de François avait-il poursuivi son lent travail dans la conscience de cet homme ouvert à la pensée des autres ».




Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles



Film Après l'ombre : dans le cadre des Rencontres cinématographiques pour les Droits de l'Homme


Film Après l’ombre
APRÈS L’OMBRE
De Stéphane Mercurio
Documentaire français (2017)



Le théâtre au service de la réinsertion
Un voyage au cœur d’une réalisation théâtrale avec des anciens détenus. Une parole qui transperce les murs de la prison.
Film proposé par l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture avec débat avec Eric Jayat, ancien détenu, acteur du film et Agnès Bussat, service prison Secours Catholique et animé par Anne Le Cor, ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture).
Film à Aubagne (Cours Maréchal Foch) au Cinéma Le Pagnol (tarif cinéma).


SYNOPSIS ET DÉTAILS
Une longue peine, comment ça se raconte ?
C’est étrange ce mot qui signifie punition et chagrin en même temps.
Ainsi s’exprime Didier Ruiz lorsqu’il entreprend la mise en scène de son dernier spectacle monté avec d’anciens détenus de longue peine. Dans le temps suspendu des répétitions on voit se transformer tous ces hommes – le metteur en scène y compris.
Le film raconte la prison, la façon dont elle grave dans les chairs des marques indélébiles et invisibles.
Il saisit le travail rigoureux d’un metteur en scène avec ces comédiens « extraordinaires ».
Et surtout il raconte un voyage, celui qui va permettre à cette parole inconcevable de jaillir de l’ombre pour traverser les murs.

Un univers familier
Ce n’est pas la première fois que la réalisatrice Stéphane Mercurio pose sa caméra dans le monde carcéral. En 2008, elle signe A côté qui s’intéresse aux familles de prisonniers qui viennent au parloir et plus particulièrement aux femmes de prisonniers. Quatre ans plus tard, elle réalise A l’ombre de la république, qui lui a permis de pénétrer au coeur de l’enfermement, dans les quartiers disciplinaires, les cours de prison, les cellules, … Elle y rencontre des prisonniers purgeant de longues peines. Marquée par cette expérience, elle décide de s’intéresser à « l’après prison ». Grâce à Bernard Bolze, cofondateur de l’OIP (Observatoire International des Prisons), elle entre en contact avec le metteur en scène de théâtre Didier Ruiz qui allait commencer à collaborer avec d’anciens détenus sur une pièce intitulée Une longue peine.

Les prisonniers
Aucun casting n’a été effectué pour choisir les prisonniers, comme le précise la réalisatrice : « Didier [Ruiz] a pris les gens avec lesquels, il était possible de travailler : ceux qui avaient reçu du juge l’autorisation de changer de région – puisque certains étaient encore sous contrôle judiciaire, ceux qui en avaient envie, ceux qui étaient disponibles pour participer à cette aventure et que leur travail n’empêcherait pas de faire la tournée. » 

La thématique
Au-delà d’être un film sur la prison, Après l’ombre aborde également le collectif, la confiance mais aussi la libération de la parole, un sujet cher à la réalisatrice : « Prendre cette parole a eu très certainement pour certains d’entre eux un rôle important dans la confiance en soi, l’estime de soi tellement mise à mal par l’incarcération. »

Une caméra invisible
Les prisonniers, qui n’avaient jamais joué la comédie, se sont retrouvés à participer à une pièce de théâtre dans laquelle ils racontent leur propre histoire. Le défi était double pour eux car ils étaient suivis par l’équipe du film. Pourtant, la caméra a vite su se faire oublier, comme le précise la réalisatrice : « Ils étaient si absorbés par leur travail. Ils savaient qu’on était là bien sûr, mais ils nous oubliaient. »

Occulter les crimes
La réalisatrice a fait le choix de ne pas dévoiler les raisons exactes de l’incarcération des prisonniers afin de ne pas polluer la réflexion sur la prison : « Le motif de la condamnation risque de dévorer toute la pensée autour de la prison : on le juge grave, ou pas si grave que cela. Chacun a son échelle de valeur mais la question n’est pas là. Il faut se demander : doit-on être traité de la sorte en prison ? Les durées des peines sont-elles justifiées ? Que fabrique la prison ? De toute manière, ces hommes ont été condamnés, ils ont purgé leur peine. »

Un débat primordial
La réalisatrice estime que « La réflexion politique sur la prison est très pauvre,désespérante. Les politiques répondent aux peurs par toujours plus d’emprisonnement. Les chiffres explosent, les durées des peines ont doublé. Le nombre de détenus aussi et on voit que la prison devient impossible aussi pour le personnel pénitentiaire. (…) Il est admis que la prison ne permet pas de se réinsérer. Les études sur cela sont innombrables. Je crois que la prison fabrique la violence de demain. »

La prison en quelques chiffres
En France, aucune mesure n’instaure un minimum légal d’activités proposées aux prisonniers. 80 811 personnes sont détenues dont un surnombre de 10 549 prisonniers. 115 suicides ont été recensés en 2015 et 80% des prisonniers présentent des pathologies psychiatriques.



  

Dans le cadre des Rencontres cinématographiques des Droits de l’Homme