jeudi 30 octobre 2014

Quand la Bible éclaire notre vie familiale

 

Olivier Bonnewijn, La famille dans la Bible : quand Abraham, Joseph et Moïse éclairent nos propres histoires, Paris : Mame, 2014, 222 p.


Abraham, devant les difficultés de sa femme Sarah à concevoir, a un enfant avec sa servante Agar. A la naissance d'Isaac, il la renvoie. Joseph est le fils de Jacob et de Rachel, il est vendu par ses frères comme esclave aux égyptiens. Moïse est un enfant hébreu sauvé de l'esclavage grâce à une ruse de sa mère et de sa soeur, et élevé à la cour de Pharaon, l'opresseur de son peuple.
A travers ces trois histoires, qui ont un écho en chacun de nous, Olivier Bonnewijn nous montre ce que la Bible a à nous apprendre sur les relations familiales. Devenir père, être des époux, avoir des relations harmonieuses avec ses frères et soeurs, se construire à travers les épreuves sont autant de thèmes qui nous interpellent en ces temps de réflexion sur ce qu'est la famille.

mardi 28 octobre 2014

La Première Guerre mondiale dans les Hautes-Alpes

 
 
Vivre la guerre dans les Hautes-Alpes : loin du front, la guerre de tous, 1914-1918
Sous la direction de Gaël Chenard et Pierre Spitalier, préface d'André Bach
 
 
S’il était nécessaire de trouver une raison aux commémorations successives, ce livre Vivre la guerre dans les Hautes-Alpes : loin du front, la guerre de tous (1914-1918) serait une bonne réponse. En effet, le renouvellement de la bibliographie, l’ouverture de perspectives historiographiques sont le fruit de ce centenaire, comme ils l’avaient été pour le bicentenaire de la Révolution française en 1989.
L’ouvrage dirigé par Gaël Chenard (directeur des archives départementales des Hautes-Alpes) et Pierre Spitalier (enseignant à Gap) est publié chez Privat, maison gage de sérieux éditorial. Ici, la qualité de l’iconographie et de la mise en page font de Vivre la guerre dans les Hautes-Alpes un livre agréable à lire. Il est composé de contributions couvrant de nombreux domaines de la guerre : la place du 159e régiment d’infanterie dans le concert des armées en 1914-1915 est étudiée par Nicolas Cottin (p 55-70), « Les paysans alpins dans la guerre » par Christel Manz (p 120-141). C’est la même qui traite du sujet peu connu de « La main d’œuvre coloniale de l’Argentière-La Bessée » (p 142-151). Le lecteur aurait cependant apprécié de connaître un peu mieux les auteurs, ne serait-ce que par la simple mention de la profession.
L’histoire des mentalités gagnerait à ce que des sources peu exploitées, et rendues accessibles désormais, soient étudiées. Pensons aux chroniques tenues par les curés de paroisse ou les congrégations religieuses du Saint-Cœur et de la Providence, par exemple. Certaines de celles-ci sont répertoriées dans le Guide des sources ecclésiastiques sur la Première Guerre mondiale pour le Sud-Est de la France, paru électroniquement en novembre 2013 et disponible sur ce site Christianisme et mémoires en Provence. Le texte de la Providence est, il faut le souligner, cité page 183 dans l’article de Dominique Robert-Loubet (Le soin des blessés dans les Hautes-Alpes, p 171-189). De même, la mention du décès de Mgr Prosper Amable Berthet (p 186), qui a contracté « une simple bronchite » en octobre 1914 en visitant des malades à l’hôpital complémentaire pouvait être précisée par une consultation des sources diocésaines, ne serait-ce que la Quinzaine religieuse. La place de Mgr Gabriel de Llobet, évêque de Gap après la mort de Mgr Berthet, dans l’aumônerie aux armées puis parmi les anciens combattants serait intéressante à rendre publique, ainsi que les rapports entre le département et le territoire frontalier de l’Italie.
Les statistiques amènent des éclairages intéressants. Cependant, celles des « Morts et des disparus de la guerre entre les différentes professions » (75,4 % sont des agriculteurs ; 1,7 % sont des militaires de carrière ; 0,3 % des ecclésiastiques) auraient pu être étayées par la répartition de ces mêmes professions dans la population active (p 337). Enfin, il aurait été plus clair de distinguer, dans la bibliographie, les ouvrages généraux traitant de la Grande Guerre de ceux ayant comme sujet les Hautes-Alpes ou des localités du département. Cette bibliographie est complétée par une (trop) courte filmographie comptant une seule référence, les ressources électroniques auraient été bienvenues telle www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
Il ne reste qu’à attendre les travaux complémentaires que ce livre ne manquera pas de susciter.
Luc-André Biarnais, archiviste du diocèse de Gap, co-coordinateur du Guide des sources ecclésiastiques sur la Première Guerre mondiale pour le Sud-Est de la France.

dimanche 26 octobre 2014

Les conseils du Père Zanotti-Sorkine aux prêtres

Michel-Marie Zanotti-Sorkine, Au diable la tiédeur, suivi d'un petit traité de l'essentiel, Paris : Pocket, 2014, 165 p.

 
Le Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine a écrit ce petit livre en 2012, alors qu'il était curé à la paroisse Saint-Vincent de Paul de Marseille. Il s'agit d'un recueil de maximes et de conseils de vi à l'usage des prêtres. Il met en avant la simplicité, la proximité avec les fidèles, la fierté de son sacerdoce : "Ne t'enfuie pas devant celui qui réclame. Et si par malheur, un beau matin, plus personne ne te demandait rien ?"
De même, le Petit traité de l'essentiel regroupe des pensées sur le bonheur, qui sont elles destinées aux fidèles.
A partir du 1er novembre 2014, le Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine sera présent au sanctuaire Notre-Dame du Laus 10 jours par mois.

vendredi 17 octobre 2014

Une lecture de l'Evangile

Raconter Jésus : nouvelle lecture priante de l’Evangile
Dolores Aleixandre
Paris, Bayard, 2014. 323 pages.

Dolores Aleixandre a la conviction que l'Evangile est écrit pour tous, et que tous doivent lire et raconter l'Evangile. Elle propose ainsi une méthode de lecture vivante et très accessible afin d'entrer dans la connaissance intime de Jésus et de sa Parole. 24 textes, depuis le baptême dans le Jourdain et l'annonce de sa résurrection, avec une méthode de lecture en 5 étapes : première lecture du texte, relecture avec la mémoire du cœur, comment laisser résonner la Parole, entrer dans la prière de Jésus, choisir de vivre. La lecture priante a toujours des conséquences sur notre propre vie, sa vocation est de progressivement la transformer, la rendre plus filiale, plus fraternelle, plus semblable à celle de Jésus. L'auteure propose de lire les récits de Jésus comme s'ils nous étaient adressés personnellement aujourd'hui.

Paroles d'évangile


Paroles mystérieuses de l’Evangile
Monique Piettre
Paris, Le Centurion, 2014. 140 pages.

Ce livre offre un répertoire original : celui des trente-trois paroles du Christ les plus mystérieuses et dures à entendre. Au lieu de les éviter et de les édulcorer, l’auteur nous donne à les écouter, à les lire  et à approfondir. C’est à cette épreuve du feu que nous invite ici Monique Piettre.
Grâce à ses commentaires éclairants et accessibles à tous, des paroles évangéliques qui heurtent reprennent sens et attrait ; des commentaires qui nous aident à mieux entrer dans les Paroles de Jésus. Des propos qui semblaient impropres à l’édification de la foi deviennent des pierres d’angle, de providentiels stimulants pour l’espérance chrétienne.




Monique Piettre (1907-1996) est l’auteur d’études historiques et mythologiques reconnues (Au commencement était le mythe et La condition féminine à travers les âges couronnés par l’Académie française), et d’études bibliques poussées. Elle a reçu en 1991le Grand Prix des écrivains catholiques pour l’ensemble de son œuvre.

La musique liturgique au XXe et XXIe siècle dans l'Eglise en France

 
Le catholicisme français au rythme du chant et de la musique (XXe-XXIe siècles)
Olivier Landron
Paris, Parole et Silence, 2014. 576 pages

               Cet imposant ouvrage se propose d'analyser les rapports entre le catholicisme français, le chant et la musique des XXe et XXIe siècles qui sont le reflet de l'évolution de l'Eglise en France. Dans la première partie du XXe siècle, on notera la redécouverte du grégorien et de la musique religieuse issue de la Renaissance. Puis la sortie de la Seconde Guerre mondiale verra la diffusion des chants en français. Naissent alors des tensions entre les tenants du chant en français et ceux du chant en latin. Le concile Vatican II, en donnant aux langues nationales une valeur pleinement liturgique, a apporté des changements profonds. Les années 1960 et 1970 ont vu la promotion des chants rythmés, issus des négro-spirituals et du jazz.  Les années 1970 voient aussi la mise en place de l'animateur de chant. Puis des auteurs et des compositeurs de chants liturgiques s'imposent : le père Didier Rimaud, Jacques Berthier, Jo Akepsimas... Le monde monastique n'a pas été en reste. Jusqu'aux années 2000, si la musique d'Eglise a continué d'être l'objet de conflits, elle a aussi fait preuve de dynamisme comme à Sylvanès, avec le père Gouzes, et à Lourdes, avec le Frère Lécot. Dans le sillage des JMJ de Paris en 1997 et de Rome en 2000 sont nés des groupes de pop louange inspirés des Etats-Unis et dont le plus célèbre est certainement Glorious.

Ce livre relate l'étonnante épopée de la musique d'Eglise contemporaine, dont la vitalité ne se dément pas.

Une tablette numérique à la bibliothèque diocésaine, pour quoi faire ?

La bibliothèque diocésaine Mgr Depéry vient d'acquérir une tablette numérique. Elle sera à la disposition du public pour consultation du catalogue de la bibliothèque. Elle servira aussi à la lecture des livres numériques publiés aux Editions du Laus et de livres anciens qui ont été numérisés par Google Books ou par Gallica, notamment tous ceux qui concernent le sanctuaire Notre-Dame du Laus et l'histoire locale.
Il n'est bien évidemment pas question de remplacer ou de jeter les livres anciens de la bibliothèque, mais les proposer ainsi aux lecteurs plutôt qu'en les manipulant permet de les préserver et de les conserver aux mieux. De plus, sur la tablette, la lisibilité est accrue grâce au zoom, à la maniabilité de l'outil et à la luminosité de l'écran.
Enfin, cette tablette donnera accès aux sites internet animés par le diocèse : les actualités sur www.diocesedegap.fr, les recensions d'ouvrages sur http://livresadecouvrir.blogspot.fr, le circuit Louis Court sur http://louiscourt.blogspot.fr...

jeudi 16 octobre 2014

Le triptyque du Buisson ardent

Le Triptyque du Buisson ardent
sous la direction d’yves cranga et marie-claude leonelli
arles, actes sud, 2011.

Cet ouvrage se propose d'aborder le cas d'une œuvre emblématique du paysage provençal : le Triptyque du Buisson ardent, peint par Nicolas Froment en 1475-1476 à la demande du roi René. Sa restauration vient de s'achever, au terme de huit années d'étude, et sa réinstallation dans l'église Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence est prévue pour la fin du mois de janvier. Ainsi, c'est une véritable redécouverte que se propose de conduire cet ouvrage, relatant certes les différents stades de cette restauration délicate, mais également les enseignements historiographiques et artistiques qu'il est aujourd'hui permis d'en retirer.

LOUIS BOUYER 1913-2004

LOUIS BOUYER
MEMOIRES
EDITIONS DU CERF,2014. 327 pages


L'œuvre théologique considérable du père Louis Bouyer n'avait pas encore fait l'objet d'une étude d'ensemble. L'analyse des écrits du théologien français, perçus dans le contexte de la recherche théologique de son époque, conduit à repérer certaines idées ou notions fondamentales, qui reviennent sans cesse malgré la surprenante variété des sujets que Bouyer aborde. Parmi ces notions, celles de « connaissance » et de « mystère » sont élaborées. Le renvoi constant de l'un à l'autre de ces thèmes bibliques engendre une tension vitale, qui exprime finalement la pratique de l'intelligence croyante. Celle-ci s'appuie sur une conviction : ce n'est pas la connaissance qui éclaire le mystère ; c'est le mystère qui illumine et approfondit la connaissance. 

Une telle prospection des sources théologiques de Bouyer a légitimé la formulation synthétique d'un itinéraire qui se fonde dans la Parole de Dieu, épiphanie du mystère, laquelle à son tour exige de l'homme une réponse à la fois personnelle et communautaire dont la forme et le modèle est l'Eucharistie. La tâche ecclésiale du théologien se situe entièrement dans ce dialogue entre l'initiative divine et la réponse fidèle de l'homme, dans le Christ, Parole faite chair. 

De cet itinéraire on retiendra certains caractères fondamentaux : une considération attentive des sources liturgiques et de l'expérience spirituelle ; une sensibilité foncièrement œcuménique, une méfiance spontanée envers les constructions rigidement systématiques. On ne peut non plus passer sous silence le style du père Bouyer et la tournure d'une pensée vive, portée par le goût du débat, voire de la polémique. 

Avec Louis Bouyer, on se trouve en présence d'un immense théologien foncièrement enraciné dans la Tradition mais aussi – et peut-être justement à cause de cela – en présence d'un penseur profondément original et cohérent.

samedi 11 octobre 2014

La Première Guerre mondiale sous l’angle des religions

Xavier Boniface nous offre une Histoire religieuse de la Grande Guerre (Fayard, 2014, 494 p)

 
Des histoires religieuses de la Première Guerre mondiale ont déjà été publiées. Il suffit de penser à la seconde partie du tome II de l’Histoire religieuse de la France contemporaine dirigée par Gérard Cholvy et Yves-Marie Hilaire ou bien au 12e volume de l’Histoire du Christianisme, collection publiée par Desclée sous l’autorité de Jean-Marie Mayeur et de ses collaborateurs.
Cependant, l’ouvrage de Xavier Boniface a un avantage sur ses prédécesseurs en couvrant les rapports à la guerre de toutes les religions des nations impliquées. Ainsi, l’auteur traite-t-il des liens entre l’Allemagne et l’Islam, du soutien à la France des responsables des confréries musulmanes en Afrique de l’Ouest… il revient, également, sur la question des aumôneries : il a publié en 2001, au Cerf, L’Aumônerie militaire française, 1914-1962.
Les Hautes-Alpes sont citées à travers la figure de Mgr Gabriel Roch de Llobet, évêque de Gap qui gouverne le diocèse à distance en raison de sa mobilisation. En 1917, il sera l’un des deux évêques nommés par Rome inspecteurs ecclésiastiques, mais sans reconnaissance officielle des autorités militaires ou gouvernementales : il n’existe plus de relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège depuis 1904 !
C’est donc un ouvrage de spécialiste sur la Grande Guerre, promu dans le cadre du centenaire, que nous offre Xavier Boniface. L’ouvrage est muni d’un appareil critique important comportant notes, sources et bibliographies ainsi qu’un index des noms de personnes.

mardi 7 octobre 2014

Alors que le synode sur la famille vient de s’ouvrir…

Mariage, famille et préparation à la naissance à la bibliothèque diocésaine Mgr Depéry

 

Le synode sur la famille qui se déroule à Rome jusqu’au 19 octobre 2014 coïncide en France avec les soubresauts de la polémique sur le « mariage pour tous ». C’est sur ce thème qu’a travaillé le père Tony Anatrella dans Mariage en tous genres, chronique d’une régression culturelle annoncée (L’Echelle de Jacob, 2014). L’auteur est, notamment, consulteur du conseil pontifical pour la famille. Il écrit « en changeant de paradigme au bénéfice de l’unisexe coexistant avec la différence sexuelle, nous entrons de plus en plus dans une société narcissique ». Dans Epoux, heureux époux… Essai sur le lien conjugal, Tony Anatrella avait déjà travaillé « sur les causes des crises qui peuvent mener au divorce » (voir ici sur ce blog)
C’est dès 2012, avant même l’annonce du synode sur « les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation » qu’un groupe d’évêques français a étudié la préparation au mariage sous la responsabilité de Mgr Jacques Benoit-Gonnin. Le synode donne une résonnance particulière au Documents épiscopat (n° 7/2014) qu’ils ont produit en le plaçant dans le contexte de la nouvelle évangélisation. Ce texte s’adresse à « tous les acteurs pastoraux engagés dans la préparation au mariage ».
Toujours sur ce sujet de la pastorale familiale, la bibliothèque Mgr Depéry du diocèse de Gap conserve la collection de La Lettre des équipes Notre-Dame, un mouvement de spiritualité en couple. Le numéro 208 de septembre-octobre 2014 propose notamment un article sur « la prière conjugale ». Vous pouvez, également, consulter ici une recension du livre d’Eline Landon, Préparation à la naissance : 9 mois avec Dieu.
A noter, enfin, la parution d’un numéro hors-série de Vers dimanche, une revue jésuite, intitulé Carnets de familles.

vendredi 3 octobre 2014

NEWSLETTER OCTOBRE 2014 DE LA BIBLIOTHEQUE DIOCESAINE D'AIX


La newsletter de la bibliothèque diocésaine peut être également lue dans la news du diocèse d'Aix et d'Arles

LE ROYAUME : EMMANUEL CARRERE



Le RoyaumeEmmanuel CarrèreParis, P.O.L.,  2014. 630 pages.


            Le livre d’Emmanuel Carrère s’affirme comme le livre de cette rentrée littéraire. Cela est-il d’ailleurs étonnant où la recherche de sens et de spiritualité est présente dans notre société ? Bien que controversé, on peut le recommander pour diverses raisons.

            Le Royaume est un ouvrage qui se veut à la fois témoignage d’un homme qui a cru, histoire des premières communautés chrétiennes et aussi interprétation des Evangiles notamment celui de saint Luc.
            Dans un première partie l’auteur nous parle de son itinéraire : celui qui va jusqu’à sa conversion puis de sa conversion à sa rupture avec la foi et l’Eglise (1990-1993). La clé de son ouvrage se trouve – il me semble – dans la dernière phase de cette partie : « Je t’abandonne Seigneur, mais Toi ne m’abandonne pas ». A lire la suite on peut se poser la question : cette prière n’aurait-elle pas été finalement exaucée même si aujourd’hui Emmanuel Carrère se dit agnostique, voire athée ?
            Le corps de l’ouvrage se situe entre histoire sur les premiers temps de l’Eglise et histoire personnelle. L’auteur déploie tout son talent pour nous décrire avec érudition ces premières années à travers une pléiade de personnages dont les principaux sont Saint Paul et Saint Luc. On peut contester les affirmations un peu péremptoires de Carrère sur le personnage de Paul, ses relations conflictuelles avec l’Eglise de Jérusalem (que Luc auraient minimisées volontairement ?). Au travers  de ce récit historique  certaines remarques personnelles nous montrent un homme fasciné par le message de l’Evangile et le personnage du Christ. Les interprétations dans la dernière partie - qui se veut exégétique  - sur les écrits notamment de Saint Jean et sur l’Evangile de Saint Luc peuvent dérangées voire choquées : en effet était-il besoin de tourner en dérision ces écrits même si on peut y lire des pages émouvantes concernant certains passages, et  si on peut y percevoir par un instant comme une souffrance : la souffrance de quelqu’un qui a cru,  la souffrance de quelqu’un qui malgré tout voudrait y croire.

            En effet les dernières phrases de ce gros ouvrage ne peuvent laissent laisser indifférent : « Ce livre … je l’ai écrit de bonne foi, mais ce qu’il tente d’approcher est tellement plus grand que moi que cette bonne foi, le sais, est dérisoire. Je l’ai écrit encombré de ce que je suis : un riche, un homme d’en haut ; autant de handicap pour entrer dans le Royaume. Quand même j’ai essayé. Et ce que je me demande au moment de le quitter, c’est s’il trahit le jeune homme que j’ai été, le Seigneur auquel il a cru, ou s’il leur est resté, à sa façon, fidèle » 


            En conclusion on peut dire que si l’auteur ne « veut pas être touché par la grâce » il suffirait peut-être de peu pour que cette grâce le touche ! Mais cet avenir ne nous appartient pas : tout se joue entre la liberté d’Emmanuel Carrère et la liberté de Dieu.

Archiviste diocésain 2.0

Les premiers archivistes diocésains nommés dans les années 1960 sont des érudits locaux, historiens le plus souvent. Ils se donnent comme mission de publier des monographies ou des articles grâce à leurs connaissances complétées le plus souvent par des recherches patientes, notamment dans les archives départementales. Les archives diocésaines sont peu exploitées, faute de fonds classés et de règles claires sur la communication des documents. En outre, la peur des « spoliations » est encore présente : ces archivistes, des prêtres le plus souvent, ont connu directement ou à une génération d'écart les saisies de 1905-1906, vécues parfois comme un traumatisme.
 

A cet égard, le chanoine Louis Jacques est emblématique. Il est archiviste du diocèse de Gap de 1962 à son décès en 1981. Il publie en 1967 une monographie sur la cathédrale de Gap qui fait toujours autorité. Il compose un tapuscrit sur les chapelles rurales des Hautes-Alpes dont les deux tomes sont des ressources encore utilisées aujourd'hui. A Digne, Marie-Madeleine Viré a été archiviste de 1960 à 2010. Diplômée de Langues O et de l'école du Louvre, elle est professeur d'arabe. Elle est, également, directrice de la publication de la société scientifique et littéraire des Alpes de Haute-Provence. Elle décède en 2012.

Le rôle principal de ces archivistes a été la protection et la sensibilisation des autorités diocésaines et paroissiales. Ils manquaient parfois de compétences pour classer des fonds et dresser des instruments de recherche. Cependant à Marseille, le chanoine Pierre Espeut, historiographe du diocèse et auteur de nombreuses études, a réalisé le classement et le premier inventaire du fonds ancien en 1958. A Luçon, les travaux de l’abbé Louis Delhommeau mêlent érudition et classement rendant très tôt consultables les archives diocésaines.

Soixante ans après ces nominations, les archivistes diocésains sont des laïcs très majoritairement. En 2014, 33 sont des prêtres, deux des religieuses, 60 des laïcs, hommes et femmes, selon l'annuaire publié par l'association des archivistes de l'Eglise de France (http://www.aaef.fr/images/annuaire/Annuaire_dioceses.pdf) complété par des renseignements collectés pour le présent article. A ces archivistes diocésains, il faut ajouter ceux du Centre national des archives de l'Eglise de France, à Issy-les-Moulineaux. Beaucoup de ces laïcs ont suivi un cursus dans les formations d'archivistique en université.

Les ressources humaines sont limitées dans les archives et les bibliothèques diocésaines plus encore que dans les services publics. Archives et bibliothèques ecclésiastiques doivent trouver des synergies pour mieux travailler ensemble. A partir d'exemples puisés à Nice (Quels enjeux patrimoniaux et culturels pour l'Eglise ? par Gilles Bouis), à Quimper (Unité de lieu, de temps, de personnes... l'exemple de Quimper, par Yann Celton qui écrit « avantage évident : même personnel, horaires d'ouverture plus fluides »), à Besançon (Réflexions sur une fusion en cours à Besançon par Manuel Tramaux ; Le projet de regroupement des archives historiques et de la bibliothèque diocésaine de Besançon par Marylise Barbier), le Bulletin de liaison de l'association des bibliothèques
chrétiennes de France a traité ce sujet en novembre 2008 (n° 137-138). Dans ce dossier déjà ancien, la question du numérique, est évoquée à plusieurs reprises : elle mériterait d'être reprise à l'aune des normes d'aujourd'hui. Les archivistes devraient également traiter ce sujet en s'inspirant des retours d'expérience sur la gestion électronique des documents (GED) et sur les systèmes d'archivage électronique (SAE).

Les archives diocésaines créent désormais des pages internet. Le service de Poitiers met à disposition, sur le site de son diocèse, les instruments de recherche qu'il produit (http://www.diocese-poitiers.com.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=830&Itemid=1351) tout en expliquant la démarche suivie. Dans le sud-est de la France, les archivistes diocésains de Marseille et de Gap ont rejoint le présent blog, animé au départ par les bibliothécaires. Christianisme et mémoires en Provence publie des recensions, des analyses sur les métiers et la communication des services vers l'extérieur. Le site permet aussi la diffusion d'instruments de recherche, de fonds entièrement communicables. Pour trois des services contributeurs, la bibliothèque diocésaine d'Aix-en-Provence, celle de Gap, et les archives du diocèse de Gap, des comptes de microblogging sont adossés à ce blog. Twitter ou Facebook permettent d'attirer vers le blog un public qui n'y arriverait pas naturellement mais qui y trouvera des sujets l’intéressant : ce sont des archivistes, enseignants-chercheurs, doctorants...

L'objectif de ce travail de communication est triple. Au sein de l'institution ecclésiale, les archivistes diocésains doivent lutter contre l'image d'Epinal les identifiant à des paléographes solitaires déchiffrant des parchemins médiévaux, pour reprendre les termes de l'appel à communication pour la journée d'étude de l'association des étudiants et diplômés en archivistique – Aix-Marseille université (AEDA-MU) du 28 novembre 2014. L'archiviste n'est pas solitaire, il est entouré souvent de bénévoles. Il est inscrit dans un, voire des réseaux de confrères laïcs ou d'Eglise. Il ne déchiffre nul manuscrit médiéval puisque son service n'en conserve pas ! Enfin, il est membre de la curie diocésaine, agent de l'action pastorale comme le précise la lettre de la commission pontificale pour les biens culturels de l'Eglise, du 2 février 1997 sur La Fonction pastorale des archives ecclésiastiques : http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_commissions/pcchc/documents/rc_com_pcchc_19970202_archivi-ecclesiastici_fr.html. Le coeur de son métier, les quatre C, en témoigne : collecter pour protéger le patrimoine de l'Eglise, classer pour bien le connaître, conserver pour le transmettre ensuite, communiquer pour témoigner.

L'archiviste diocésain doit, bien sûr, être reconnu dans la communauté professionnelle, que ses confrères soient publics, d'entreprises ou associatifs. S'inscrire dans une association, participer aux revues, forums... y contribue.

Enfin, dernier enjeu, communiquer avec les outils de notre temps a pour objectif de permettre à tous les publics de s'approprier les sources mises à disposition. Une stratégie vers un public cible doit être réfléchie : personne ne doit être exclu mais le monde de la recherche universitaire et érudite est prioritaire. L'Eglise est un objet d'étude en sciences religieuses mais aussi en histoire, sociologie... utile à tous et qui doit être scientifiquement traité.

Le retard pris en général par les archivistes et bibliothécaires diocésains accroît parfois les réticences de certains. Pourtant, il vaut mieux s'appuyer sur ce qui se fait et ne pas avoir peur d'avancer. La Gazette des archives, publication de l'Association des archivistes français, dans son numéro 229, 2013-1, nous montre par un article de Sonia Maillet (Le centre d'archives historiques de la Fondation arts et métiers, p 47-57) qu'une institution prestigieuse peut avoir des lacunes : embauche d'une archiviste professionnelle en 2006 seulement et le site internet de la fondation ne permet pas encore aujourd'hui de publier d'autres instruments de recherche qu'un état des fonds à l'état embryonnaire : http://www.fondam.org/Liancourt/Archives.

Nos actions restent modestes mais toujours dans l'optique de la mise en valeur des fonds. C'est dans ce sens qu’a été conçu le Guide des sources ecclésiastiques sur la Première Guerre mondiale pour le Sud-Est de la France (édition électronique, novembre 2013 : http://www.sanctuaire-notredamedulaus.com/fileadmin/user_files/IMAGES/Les_editions_du_Laus/Guide_des_sources_ecclesiastiques_WW1/Guide_des_sources_ecclesiastiques_sur_la_Premiere_Guerre_mondiale.pdf ). Un guide des sources est un instrument de recherche, au sens professionnel du terme. Le diffuser gratuitement et sous format numérique donne l’occasion de montrer que l’Eglise, avec des outils d’aujourd’hui, est en mesure d’apporter une contribution à la recherche historique dans son ensemble.

Sa création a réuni les archives de Marseille et de Gap, la bibliothèque de Gap. Les informations collectées sont venues des archives et des bibliothèques ecclésiastiques, diocésaines et religieuses de tout le sud-est de la France dans une forme de coopération qui a été signalée notamment dans Documents épiscopat (par Mgr Luc Ravel, Mémoire chrétienne de la Grande Guerre, 2014) disponible dans les bibliothèques. Ce Guide a été consulté 850 fois depuis sa mise en ligne sur le site Calaméo (comptes arrêtés en septembre 2014).

Dans le diocèse de Gap, de même, les Journées européennes du patrimoine de 2014 ont permis aux services diocésains et à neuf paroisses de se retrouver autour de l'organisation d'un circuit sur le peintre Louis Court. La dimension pastorale a été tout particulièrement soulignée comme le montre le document numérique mis à disposition des visiteurs (http://www.louiscourt.blogspot.fr/).

Utiliser un site internet, les réseaux sociaux et le microblogging ne doit évidemment pas faire oublier une communication plus classique. Les articles pour des revues sur support papier, érudites et ecclésiales (ne serait-ce que les magazines diocésains), les conférences et les participations à des colloques restent d’excellents moyens pour diffuser nos travaux. Pensons enfin à l’action éducative, mise en place dans tous les centres d’archives départementales. Elle est négligée en Eglise, à la fois par les enseignants qui utilisent trop peu les archives et les bibliothèques diocésaines comme ressources pédagogiques et par les archives qui mènent peu d’actions en ce sens. Des chantiers restent donc à ouvrir !

jeudi 2 octobre 2014

Benoîte Rencurel, Une vie avec les Anges dans Etudes (octobre 2014)

Dans une recension publiée dans la revue jésuite, le père François Marxer ouvre des perspectives de travail sur Notre-Dame du Laus et Benoîte Rencurel.

 


Le nouveau livre de François de Muizon, Benoîte Rencurel, Une vie avec les Anges (Salvator, 2014) a les honneurs d’une recension dans la revue Etudes, sous la plume du père François Marxer, sj, qui est professeur d’histoire de la spiritualité.
François de Muizon, qui travaille lui-même sur la spiritualité et les sanctuaires a écrit de nombreux ouvrages notamment sur Notre-Dame du Laus. Citons, par exemple, La Vie merveilleuse de Benoîte Rencurel (Nouvelle cité, 2004), et Un nouveau regard sur les apparitions (L’Emmanuel, 2008).
La recension du père François Marxer, forcément exigeante, conclut sur le souhait d’en savoir plus sur « le terreau mystique provençal » avec l’Aixoise Jeanne Perraud (1631-1676) par exemple. Il cite, également, François Malaval, de Marseille, « promoteur du pur amour », dont l’un des ouvrages est condamné par l’Index pour quiétisme. Benoîte Rencurel a rencontré à plusieurs reprises François Malaval. Nous pourrions ajouter la famille Rémusat chez qui Benoîte Rencurel se réfugie en 1692, lors de l’incursion des troupes de Victor Amédée de Savoie dans les Alpes dauphinoises.
Le père François Marxer termine sa recension en écrivant « LE livre sur le Laus reste encore à écrire ». La réédition du travail de défrichage du chanoine Roger de Labriolle (Benoîte, la Bergère du Laus, Editions du Laus, 2013) semble une étape dans ce sens.
Les livres de François de Muizon, de Roger de Labriolle et la revue Etudes se trouve à la bibliothèque diocésaine Mgr Depéry en suivant ce lien : http://catalogue.diocesegap.biblibre.com/

NOUVEAUTES OCTOBRE 2014


NOUVEAUTES OCTOBRE 2014

ALEIXANDRE, DOLORES.  Raconter Jésus : nouvelle lecture priante de l’Evangile. Paris, Bayard Editions, 2014.323 pages
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BESANÇON, Maria. Si Dieu est bon, pourquoi la mort ? : quand l’intelligence cherche la foi… - Paris, Parole et Silence, 2014. 221 pages.

 CATHERINE DE SIENNE. – Les Lettres. 1. Lettres aux papes Grégoire XI et Urbain VI, aux  cardinaux et aux évêques. – Paris, Editions le Cerf, 2008. 240 pages.

CATHERINE DE SIENNE. – Lettres. III. Lettres aux laïcs. – Paris, Editions du Cerf, 2010. 231 pages.

CATHERINE DE SIENNE. – Les lettres. V. Lettres aux familles, aux disciples et aux « mantelatte ». – Paris, Editions  du Cerf, 2012. 2012. 223 pages.

DERVILLE, Histoire, mystère, sacrements : l’initiation chrétienne dans l’œuvre de Jean Daniélou. Paris, Desclée de Brouwer, 828, pages.

JEROME (Père). – Les bonnes influences. – Paris,  Editions, 2014. 211 pages.

 JEROME (Père). – Notre cœur contre l’athéisme. – Paris, Editions Ad Solem, 2014. 197 pages.

THOMAS D’AQUIN (saint). – Sermons. – Paris, Editions le Cerf, 2014. 435 pages.


VAN OOST, Corinne (avec Joséphine BATAILLE). – Médecin catholique, pourquoi je pratique l’euthanasie. – Paris, Presses de la Renaissance, 2014. 231 pages.