jeudi 29 octobre 2020

Fermeture de la bibliothèque diocésaine



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Suite à  l'allocution du Président de la République la bibliothèque diocésaine sera fermée à partir de ce jeudi 29 octobre pour tout le mois de novembre au minimum



samedi 10 octobre 2020

Une histoire du sentiment religieux au XIXè siècle par Guillaume Cuchet

 

Une histoire du sentiment religieux au XIXiècle
Guillaume Cuchet
Paris, Le Cerf, 2020. 424 page.

 


Industriel, scientiste, positiviste, mais aussi mystique spiritualiste et occultiste, tel aura été le paradoxal XIXè siècle français dont Guillaume Cuchet se fait ici le médium historique. Un tableau sans précédant du choc des croyances. 

Le XIXè siècle a-t-il été fameux  temps de déclin religieux ? Le rationalisme y triomphait-il autant qu'on l'a dit ? Le positivisme y régnait-il en maître ?

Guillaume Cuchet démontre que le XIXè siècle a été une époque d'intenses ferveurs religieuses, à la mesure des bouleversements politiques qu'il a connus, aussi bien à l'intérieur des cultes existants, comme le catholicisme, qu'en dehors. Tout un New Age précoce de croyances et de pratiques hétérodoxes a rencontré un grand succès, notamment dans les rangs d'une gauche loin d'être entièrement sécularisée. Apparitions mariales, contestation de l'enfer, renouveau du purgatoire, nouvelles conceptions du paradis, culte de la tombe et des morts, définition de nouveaux dogmes comme l'Immaculée Conception ou l'Infaillibilité pontificale, succès des " philosophies religieuses ", vogue des tables tournantes et du spiritisme, essor de la piété " ultramontaine ", sont autant de manifestations de cette effervescence.

À travers toutes ces pratiques pour le moins surprenantes se dessine le visage d'un autre xixe siècle, plus intime et plus complexe, dans lequel croyants et incroyants se ressemblent souvent, là même, parfois, où ils s'opposent le plus.

Un essai détonnant.

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C’est une chose acquise : le XIXème siècle religieux a mauvaise presse. Le catholicisme pris dans la tourmente politique s’est ancré dans le refus du progrès et de la science. Il a généré des pratiques « pieusardes » et une morale étouffante. L’art – sulpicien forcément pourrait-on ajouter à la manière du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert – ne plaide pas pour ce siècle, même si un courant historique semble déterminé à réhabiliter l’art religieux du XIXème siècle, beaucoup plus riche et innovant qu’on ne le croit d’ordinaire.
L’ouvrage de Guillaume Cuchet rassemble des articles publiés auparavant dans des revues savantes ou dans des actes de colloque. Il en sort un vrai livre organisé en trois parties : « portraits », « débats », « tendances ».

Cinq personnages – cinq hommes – sont l’objet des portraits : Jean Reynaud (1806-1863), Alphonse Gratry (1805-1872), Henri Perreyve (1831-1865), Charles Gay (1812-1892) et Victor Hugo (1802-1885). Le premier est un polytechnicien saint simonien, député en 1848 qui se retire de la vie politique après le coup d’État du 2 décembre 1851. Personnage écouté et auteur d’un ouvrage très original, Terre et Ciel (1856), il a depuis sombré dans l’oubli. Le retrouver dans les pages que lui consacre Cuchet c’est goûter au flot des idées philosophiques et spirituelles qui disent l’élan du XIXème siècle. Philosophie humanitaire qui espère en un monde meilleur, elle veut croire aux réalités spirituelles d’un monde que la technique et la science transforment. On peut oublier Reynaud, mais pas ce volet « prophétique » du XIXème siècle. Gratry, lui aussi polytechnicien et philosophe, est un essayiste catholique dont l’influence allait demeurer jusqu’à la génération de René Rémond (né en 1918). De son oeuvre bondante, qu’on a comparée à celle de Maritain, on retiendra l’amorce d’un retour vers saint Thomas d’Aquin, mais surtout « l’espoir de voir advenir enfin le champion intellectuel qui triompherait des objections de l’incrédulité contemporaine, tout en donnant du christianisme une présentation conforme aux attentes de l’époque » (p. 104). Prêtre de l’Oratoire, Henri Perreyve a produit une oeuvre, là encore oubliée depuis, mais dont l’importance fut reconnue de ses contemporains. Pour Cuchet, elle est l’exemple même d’une théologie libérale qui n’a pu véritablement porter ses fruits en ces années marquées par la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception  (dont Perreyve fait une lecture optimiste qui tranche avec les aspects antimodernes que la définition de ce dogme a revêtu à l’époque) et la publication du Syllabus en 1864. Quant au père Gay, tenu pour un mystique du XIXème siècle par le père Laberthonnière, Guillaume Cuchet en propose une relecture qui montre la réalité de ces élans mystiques qui précédent la publication en 1898 de l’Histoire d’une Âme de Thérèse de l’Enfant-Jésus. Ici le travail de l’historien est crucial pour repérer des expressions communes qui disent une époque et dévoilent alors le sens des trajectoires individuelles. Victor Hugo est abordé par la pratique qu’il eut, en exil à Jersey de 1854 à 1856, du spiritisme, un mouvement de mode et de fond qui traduit les interrogations des femmes et des hommes du XIXème siècle sur l’au-delà.

Cinq portraits qui servent tous à démontrer une chose : l’histoire spirituelle du XIXème siècle ne se réduit pas à l’histoire d’une lutte entre croyants et incroyants mais révèle la puissance de la réflexion religieuse, son inscription dans une tradition et son attention aux temps nouveaux, son exposition aux tensions politiques et culturelles d’une époque farouchement politique. Le XIXème siècle est bien le laboratoire de la modernité et donc des efforts catholiques pour savoir où se situer à la fois face à ce mouvement qui emporte tout et dans ce mouvement aussi.

Trois chapitres composent la partie « Débats » dont un qui reprend un des grands axes des recherches de Guillaume Cuchet, « le passage du petit au grand nombre des élus dans le discours catholique du XIXème siècle ». On sait depuis son livre Comment notre monde a cessé d’être chrétien, que Cuchet attribue à cette « révolution théologique oubliée » un rôle majeur dans les recompositions croyantes et les pratiques religieuses du XIXème siècle. Plus anecdotiques sont les deux aspects suivants : « la querelle du naturalisme historique » et « la première vague néo-bouddhiste au milieu du XIXème siècle ». Sans entrer dans le détail, ces deux chapitres servent à montrer la vitalité de l’interrogation proprement religieuse qui habite les hommes du XIXème siècle.

Dans la partie « Tendances », Guillaume Cuchet rassemble des articles sur « le tournant sulpicien des années 1850 dans la littérature de piété du XIXème siècle », « la religion du deuil et la communication avec l’au-delà », « Frédéric Ozanam » et « ésotérisme et révolution. Insurgés et initiés en 1848 ». De cette collection d’articles, Guillaume Cuchet tire une conclusion originale qui a le mérite d’une grande clarté. Il rappelle que le XIXème siècle reste un siècle de dogmes. « Ni le vieux dogme , écrit-il, qui a fait montre d’une étonnante capacité à se régénérer et à se développer dans un contexte bouleversé, ni le nouveau puisque le siècle est marqué par une grande effervescence philosophico-religieuse, y compris dans les rangs [de la] gauche » n’ont disparu ou se sont évaporé (p. 395). Du coup, l’historien est frappé de « l’intensité des recompositions religieuses de la période ». Il souligne aussi combien la bourgeoisie et la gauche sont sensibles à ces questions, quelles que soient les formes, même évanescentes, que peuvent prendre leurs préoccupations ou leurs formulations. Enfin, il souligne que la « forme par excellence du sentiment religieux du XIXème siècle [est] funéraire » (p. 401). Le deuil est devenu l’une des sources les plus fécondes de la religiosité.

Une fois refermé l’ouvrage et plein des nouvelles connaissances qu’il apporte au lecteur profane ou peu versé dans le matériau de l’histoire religieuse du XIXème siècle, on réhabilite donc ce « stupide XIXème siècle », selon l’expression parfaitement injuste de ce réactionnaire qu’était Lucien Daudet. Surtout, on mesure qu’une lecture binaire en terme d’affrontement entre croyants et incroyants (ou scientistes, rationalistes, athées) est absolument réductrice. Ne tiendrait-on pas là une clef pour comprendre aussi notre époque ? Héritier du dispositif intellectuel, politique et mental mis en place par les Lumières, la Révolution et la République, ne sommes-nous pas souvent tentés – et plus encore en ces temps où on joue avec la définition même de l’homme dans son Incarnation  – de penser notre position en terme d’opposition ? Ne faudrait-il pas alors essayer, comme nous y invite le pape François, de regarder le monde alentour en y détectant ses aspirations religieuses ? Le XIXème siècle fut un grand siècle missionnaire. Aller à la fois au-devant de populations ignorantes de la révélation et répondre aux angoisses ou aux critiques de ceux qui, en ayant été nourris, la rejette fut la tâche des pasteurs du XIXe siècle. La mission a-t-elle vraiment changé ?

 https://eglise.catholique.fr/sengager-dans-la-societe/culture/observatoire-foi-culture/500683-guillaume-cuchet-histoire-sentiment-religieux/


Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles




 

 

 

jeudi 8 octobre 2020

Fratelli tutti : nouvelle encyclique du Pape François

 

 “Fratelli tutti”, la nouvelle encyclique du Pape François

 


La fraternité et l’amitié sociale sont les voies indiquées par le Pape pour construire un monde meilleur, plus juste et plus pacifique, avec l’engagement de tous, peuples et institutions. Il rappelle avec force l’opposition à la guerre et à la mondialisation de l’indifférence.

 

Quels sont les grands idéaux mais aussi les voies concrètes que peuvent parcourir ceux qui veulent construire un monde plus juste et plus fraternel dans leurs relations quotidiennes, dans leur vie sociale, dans la vie politique, dans les institutions ? C’est la question à laquelle veut répondre Fratelli tutti, que le Pape présente comme une « encyclique sociale ». Elle tire son titre des Admonitions de saint François d’Assise, qui utilisait ces paroles « en s’adressant à tous ses frères et sœurs, pour leur proposer un mode de vie au goût de l’Évangile ». L’encyclique a pour objectif de promouvoir une aspiration mondiale à la fraternité et à l’amitié sociale. 

« Quand je rédigeais cette lettre, a soudainement éclaté la pandémie de la Covid-19 qui a mis à nu nos fausses certitudes », écrit François. Mais la crise sanitaire mondiale a démontré que « personne ne se sauve tout seul » et qu’est vraiment arrivé le moment de « rêver d’une seule et même humanité » dans laquelle nous sommes « tous frères ».


http://www.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20201003_enciclica-fratelli-tutti.pdf


https://fr.aleteia.org/slideshow/les-passages-cles-de-lencyclique-fratelli-tutti


 

Les deux prières du pape François à découvrir dans Fratelli tutti

  

L’encyclique se termine sur deux prières composées par le souverain pontife lui-même. L’une est adressée au Créateur et invite à « reconnaître le bien et la beauté » de chaque peuple tandis que l’autre est une prière œcuménique.

 

 Prière au Créateur

 

Seigneur et Père de l’humanité,
toi qui as créé tous les êtres humains avec la même dignité,
insuffle en nos cœurs un esprit fraternel.
Inspire-nous un rêve de rencontre, de dialogue, de justice et de paix.
Aide-nous à créer des sociétés plus saines
et un monde plus digne,
sans faim, sans pauvreté, sans violence, sans guerres.
Que notre cœur s’ouvre
à tous les peuples et nations de la terre,
pour reconnaître le bien et la beauté
que tu as semés en chacun
pour forger des liens d’unité, des projets communs,
des espérances partagées. Amen !

 

 

Prière chrétienne œcuménique

 

Notre Dieu, Trinité d’amour,
par la force communautaire de ton intimité divine
fais couler en nous le fleuve de l’amour fraternel.
Donne-nous cet amour qui se reflétait dans les gestes de Jésus
dans sa famille de Nazareth et dans la première communauté chrétienne.
Accorde aux chrétiens que nous sommes de vivre l’Évangile
et de pouvoir découvrir le Christ en tout être humain,
pour le voir crucifié
dans les angoisses des abandonnés et des oubliés de ce monde
et ressuscité en tout frère qui se relève.

Viens, Esprit saint, montre-nous ta beauté
reflétée en tous les peuples de la terre,
pour découvrir qu’ils sont tous importants, que tous sont nécessaires, qu’ils sont des visages différents de la même humanité que tu aimes. Amen !

 

Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles