mercredi 18 décembre 2019

Fêtes de Noël : fermeture de la bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles



La bibliothèque diocésaine 

sera fermée au public 

du lundi 23 décembre 2019

au lundi 6 janvier 2020


Publication : bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

mardi 10 décembre 2019

Une histoire intimes de catholiques au XIXème siècle



Au plus près des âmes et des corpsUne histoire intime des catholiques au XIXe siècleCaroline MullerParis, PUF, 2019. 364 pages.





Au XIXe siècle, nombre d’hommes et de femmes – de femmes principalement – confient le récit de leur vie personnelle, de leurs pensées et de leurs tourments les plus intimes à un directeur de conscience. Cet homme d’Église, avec qui l’on évoque ce dont on ne peut parler ailleurs, est tout à la fois un guide moral et le premier confident : si sa charge initiale est de veiller à la bonne tenue des âmes, son écoute devient souvent pour les individus dirigés une occasion de parler d’eux-mêmes et de s’observer, d’ouvrir une « chambre à soi ». Les femmes y content les pesanteurs de la vie conjugale et domestique, les hommes leur difficulté à remplir leurs devoirs : se marier, entretenir une famille.
Caroline Muller a mené l’enquête sur ces hommes et ces femmes, mais aussi sur les directeurs de conscience qui les accompagnent, à une époque où la vertu thérapeutique de la parole n’est pas encore une fin en soi. Préoccupations morales et spirituelles, inquiétudes existentielles, désirs de liberté se lisent dans ces lettres, largement retranscrites ici, et qui portent bien souvent la mention « à brûler ».


Plan de l'ouvrage


Prologue.
Qu’est-ce que la direction de conscience ?
Un observatoire des secrets : une histoire des pratiques de soi, de l’intime et du genre.
« Il est interdit de penser par lettres », et pourtant …
Note d’intention.

Introduction
À la recherche d’un « douanier vigilant » pour son âme : le retour de la direction de conscience.
De Boileau à Michelet, la direction de conscience en débat
Trouver le bon directeur.
Penser par lettres. Les règles de la correspondance
S’écrire, chaque semaine ou chaque mois
« Mon enfant, quel long silence, n’est-ce pas ? » L’espace-temps de la correspondance.
Des secrets délivrés par le papier

Chapitre 1. — Dans l’armée silencieuse des femmes catholiques, sur le front de la reconquête des âmes
Les « pétrisseuses d’âmes » d’une nouvelle humanité : il y a des femmes dans l’armée catholique
À la tête des armées féminines, le directeur de conscience
Le foyer, espace de la mission. Convertir les enfants et les maris
Adélaïde Mignon (1854‑1874) : trouver la «vocation du milieu »
Adélaïde et son directeur. Une affaire de famille(s)
Une religieuse dans la famille ? Vie publique et « vie cachée »
La « vocation du milieu » : de la religieuse à l’apôtre dans la famille

Chapitre 2. — « Le bon Dieu est à la mode »
Le grand monde de la direction de conscience
« Jamais un prêtre ne mangea plus en ville que moi »
Se distinguer : la direction de conscience entre intime et affichage de soi
Marie Rakowska : « Dieu seul change les cœurs ! »
Des attachements spirituels et des intérêts matériels
Une dirigée désobéissant
Une autorité spirituelle affaiblie ?

Chapitre 3. — Aimer, obéir, contester
L’horizon du mariage. Qu’est-ce qu’une union réussie ?
Aimer l’autre après Dieu et avant soi
Qu’est-ce qu’un bon mariage ?
« Quand on connaît un peu la vie et les secrets des familles… »
Les arrangements du mariage     155
Prendre un parti. Le directeur de conscience et les secrets des familles
Influencer les choix… « en supposant toutefois que le bon Dieu consente »
« Le rêve que j’ai formé pour vous » …Pourquoi des directeurs marieurs ?
Les cœurs, les corps, les âmes. Le directeur arbitre des conflits conjugaux
Du devoir conjugal aux violences sexuelles Disputes et violences.
De qui le directeur est-il l’allié ?
Conciliations et conciliabules
L’obéissance à tout prix ? La théorie et la pratique
Arthémine de Menthon : « J’ai passé ma vie à désirer, craindre, regretter »
Scènes de la vie conjugale
La direction sans en avoir l’air : Arthémine directrice de conscience
« Comment supporter que tout rayonne de son foyer et que je ne sois plus rien ? » Arthémine en son foyer

Chapitre 4. — Libertés de papier
Un monde à soi. Expériences spirituelles féminines
Communier, se confesser
Combattre le « féminin » en soi : lutter contre la sensibilité
Des femmes qui doutent
Écrire pour repousser l’horizon
Une armée de plumes dans la bataille de l’imprimé
Autrice, collaboratrice, autre ?
Madame d’Adhémar et l’abbé Frémont, du confessionnal au salon
« Vos fleurs sur mes lèvres »
L’écriture comme exploration de l’expérience
Une association intellectuelle
« Vous avez voulu du bruit et de la discussion, vous voilà exaucé »
Organiser le passage à la postérité
« Je compte sur vous, comptez aussi sur moi, car nous ne comptons l’un et l’autre que sur Dieu et n’agissons l’un et l’autre que pour Dieu »
Un monde à soi (2). Écrire, guérir, penser
Écrire, c’est penser
Madame de Lestrange et le père Janvier : « Je me réfugie près de vous » (1908‑1914)
Écrire pour contester : scènes de la vie domestique
En quête d’un allié
Un directeur en fuite
Quand écrire, c’est guérir 

Chapitre 5. — « Qu’il fasse ce qu’un homme doit faire »
Des pères et des maris
Le prêtre, un père spirituel
Des maris et des pères de famille
Lucien Laveur : prêtre envers et contre tous
Le catholicisme au masculin
La religion, « affaire de bonnes femmes »
Compter (sur) les hommes
Confession et communion des hommes
Compter les hommes
En pratiques : un catholicisme de morale
Antoine M. : la foi, l’amour et le devoir
Devenir un homme
Des devoirs irréconciliables : le mariage et le déclassement
Un enfant spirituel devenu chef de famille

Conclusions

Annexes
Glossaire
Documents consultés
Tableau de synthèse des principales correspondances consultées
Bibliographie indicative
Index des noms de personnes

 




samedi 7 décembre 2019

Johann Baptist Metz (1928-2019)


Mort du théologien allemand Johann Baptist Metz


Soucieux de penser la crise spirituelle de l’après-Auschwitz et de prendre en compte la souffrance en théologie, le grand théologien allemand Johann Baptist Metz est mort lundi 2 décembre.



C’est à Münster (Allemagne), où il avait enseigné la théologie pendant trente ans, que Johann Baptist Metz, considéré comme l’un des grands théologiens allemands d’après-guerre, est mort lundi 2 décembre à l’âge de 91 ans. Formé à Bamberg, Innsbruck et Munich, il avait en effet occupé dès 1963, à seulement 35 ans, la chaire de théologie fondamentale de la Faculté de théologie catholique de l’université de Münster.

Disciple de Karl Rahner, Johann Baptist Metz s’éloigne dès les années 1960 de la théologie transcendantale du jésuite au profit d’une « Nouvelle Théologie politique » enracinée dans la pratique chrétienne et qui n’est pas sans similitude avec les théologies de la libération qui, à la même époque, s’efforcent de prendre en compte la souffrance des pauvres et des exclus. « Je n’ai cessé de sentir rebondir en moi le problème de Dieu dans sa version politique : le discours sur Dieu comme cri d’appel pour le salut de ceux qui souffrent injustement, des vaincus de notre histoire », écrira-t-il en 2009 dans Memoria passionis.

« Une horreur qui fait éclater toute l’assurance théologique du discours chrétien »
Dans un contexte européen, Metz avait le souci de penser la théologie après la Shoah, considérant qu’« Auschwitz signale une horreur pour laquelle la théologie n’a trouvé aucun langage, une horreur qui fait éclater toute l’assurance théologique du discours chrétien ».
Avec Joseph Ratzinger il partageait l’idée que le monde occidental fait face à une crise spirituelle, dont ils voyaient tous deux la cause dans « l’oubli de Dieu ». Comme lui, il mettait en garde contre le règne d’une croissante amnésie culturelle, de l’individualisme et d’un « athéisme gentiment religieux ». Mais, tout en réfléchissant au concept de mémoire, Metz se situait à rebours de tout conservatisme. Pour celui qui sera l’un des conseillers du synode allemand du début des années 1970 et le rédacteur de son principal document, c’est uniquement en étant le « souvenir dangereux de la liberté de Jésus-Christ » que la foi chrétienne conserve une pertinence.
Le christianisme, une « religion au visage tourné vers le monde »
D’où son intuition du caractère profondément politique du christianisme pensé comme une « religion au visage tourné vers le monde ». « La nouvelle théologie politique, écrivait-il, a dès le départ cherché à rompre de façon critique avec l’autoprivatisation par laquelle la théologie réagit le plus souvent à la modernité européenne, s’affichant ainsi d’une certaine manière comme un programme de déprivatisation. »

Source : La Croix du 3/12/2019

Oeuvres 

traduites en français
Pour une théologie du monde, Paris, Cerf, 1971.
La foi dans l'histoire et dans la société : Essai de théologie fondamentale et pratique, Paris, Cerf, 1979.
Un temps pour les ordres religieux ? Mystique et politique de la suite de Jésus, Paris, Cerf, 1981.
Memoria passionis, Un souvenir provocant dans un société pluraliste, Paris, Cerf, 2009.

Œuvres en allemand
Zur Theologie der Welt, Mainz 1973 (Topos-TB), 
Glaube in Geschichte und Gesellschaft. Studien zu einer praktischen Fundamentaltheologie, Mainz 1977, 
Zeit der Orden? Zur Mystik und Politik der Nachfolge, Freiburg 1977, 
Jenseits bürgerlicher Religion. Reden über die Zukunft des Christentums, Mainz/München 1980, 
Zum Begriff der neuen Politischen Theologie 1967-1997, Mainz 1997, 
Memoria Passionis. Ein provozierendes Gedächtnis in pluraler Gesellschaft, Freiburg 2006.


Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

vendredi 6 décembre 2019

Le Coran vu par des historiens


Le Coran des historiensSous la direction se Ali Amir-moezzi et de Guillaume Dye
 Paris, Le Cerf, 2019. 4372 pages


 Présentation de l'éditeur

Un événement mondial ! Objet de toutes les controverses, le Coran n'avait jamais été commenté par les historiens. Réunissant 30 meilleurs spécialistes internationaux, cette somme unique lève un tabou et inaugure un ère nouvelle d'interprétation.
Première mondiale, ce monument savant et accessible, qui réunit trente spécialistes internationaux, offre, en trois mille pages, une synthèse complète et critique des travaux passés et des recherches présentes sur les origines du Coran, sa formation et son apparition, sa composition et sa canonisation : vingt études exhaustives sur le contexte introduisent ici à l'analyse circonstanciée du texte, les éléments archéologiques et épigraphiques, les environnements géographiques et linguistiques, les faits ethnologiques et politiques, les parallèles religieux éclairant, verset après verset, en un commentaire total les cent quatorze sourates du livre fondateur de l'islam.
Une aventure inédite de l'esprit.
Une somme sans précédent dans l'histoire.
Une contribution majeure à la science.
Une avancée décisive pour la compréhension mutuelle des cultures.

Biographie de l'auteur
Professeur des Universités, membre de l'Académie Ambrosienne de Milan, Mohammad Ali Amir-Moezzi est directeur d'études à l'École pratique des hautes études/PSL. Guillaume Dye est professeur d'islamologie à l'université libre de Bruxelles, membre du Centre interdisciplinaire d'étude des religions et de la laïcité (CIERL)


Éditeurs

Mohammad Ali Amir-Moezzi, Professeur des Universités, est directeur d’études à l’École pratique des hautes études/PSL et membre de l’Académie Ambrosienne de Milan.
Guillaume Dye est professeur d’islamologie à l’université libre de Bruxelles, membre du Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité (CIERL).

Contributeurs 

Mohammad Ali Amir-Moezzi (EPHE)
Mehdi Azaiez (Université de Lorraine/KU Leuven)
Samra Élodie Azarnouche (EPHE)
Meir M. Bar-Asher (Université Hébraïque de Jérusalem)
Mette Bjerregaard Mortensen (Université Libre de Bruxelles)
Anne-Sylvie Boisliveau (Université de Strasbourg)
Antoine Borrut (Université du Maryland)
Éléonore Cellard (EPHE)
Muriel Debié (EPHE)
Julien Decharneux (Université Libre de Bruxelles)
François Déroche (Collège de France)
Vincent Déroche (EPHE)
Guillaume Dye (Université Libre de Bruxelles)
Frantz Grenet (Collège de France)
David Hamidovic (Université de Lausanne)
Frédéric Imbert (Université Aix-Marseille)
Christelle Jullien (CNRS)
Manfred Kropp (Université de Mayence)
Paul Neuenkirchen (EPHE)
Karl-Friedrich Pohlmann (Université de Münster)
David S. Powers (Université de Cornell)
Gabriel Said Reynolds (Université de Notre Dame, USA)
Christian Julien Robin (CNRS)
Carlos A. Segovia (Université de Saint Louis de Madrid)
Stephen J. Shoemaker (Université d’Oregon)
Michel Tardieu (Collège de France)
Tommaso Tesei (Institute for Advanced Studies de Princeton)
Jan M. F. Van Reeth (Faculté des sciences

 Table des matières (Tome 1/3)


LE CORAN ET LES DÉBUTS DE L’ISLAM : CONTEXTE HISTORIQUE ET GÉOGRAPHIQUE
L’Arabie préislamique (Christian Julien Robin)
II. Arabes et Iraniens avant et au début de l’islam (Samra Azarnouche)
III. Les vies de Muhammad (Stephen J. Shoemaker)
IV. De l’Arabie à l’empire (Antoine Borrut)
LE CORAN AU CARREFOUR DES TRADITIONS RELIGIEUSES DE L’ANTIQUITÉ TARDIVE
Le judaïsme et le Coran (Meir M. Bar-Asher)
VI. Les communautés religieuses dans l’Empire byzantin à la veille de la conquête (Muriel Debié et Vincent Déroche)
VII. Les chrétiens en Iran sassanide (Christelle Jullien)
VIII. Le christianisme éthiopien (Manfred Kropp et Guillaume Dye)
IX. Les courants « judéo-chrétiens » et chrétiens orientaux de l’Antiquité tardive (Jan M. F. Van Reeth)
X. Le manichéisme : recherches actuelles (Michel Tardieu)
XI. Les écrits apocryphes juifs et le Coran (David Hamidović)
XII. Les apocalypses syriaques (Muriel Debié)
XIII. L’apocalyptique iranienne (Frantz Grenet)
XIV. Le Coran et son environnement légal (David S. Powers)

LE CORPUS CORANIQUE
L’étude des manuscrits coraniques en Occident (François Déroche)
XVI. Les manuscrits coraniques anciens (Éléonore Cellard)
XVII. Le Coran des pierres (Frédéric Imbert)
XVIII. Le corpus coranique : contexte et composition (Guillaume Dye)
XIX. Le corpus coranique. Questions autour de sa canonisation (Guillaume Dye)
XX. Le shi’isme et le Coran (Mohammad Ali Amir-Moezzi)
Annexe : Tableaux généalogiques
Bibliographie
Index
Table des matières


Vol. 1: Etudes sur le contexte et la genèse du Coran
Vol. 2a : Commentaire et analyse du texte coranique. Sourates 1 à 26
Vol. 2b : Commentaire et analyse du texte coranique. Sourates 27 à 114


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 Une critique du Journal LA CROIX


Les historiens décryptent le Coran «avant lislam»
Sous la direction de deux islamologues paraît une ambitieuse synthèse d’une partie de la recherche historique sur le Coran.


«Le Coran des historiens» regroupe une équipe dune trentaine dauteurs, européens ou américains, de renommée internationale


Depuis les années 1970 et plus encore ces dernières années, le Coran et les origines de l’islam suscitent un « bouillonnement scientifique », marqué par une multiplication des publications et « des débats passionnants et souvent passionnés ». Hélas, tout ceci reste « relativement méconnu hors du cercle des spécialistes », écrivent Mohammad Ali Amir-Moezzi et Guillaume Dye dans leur introduction. D’où l’envie du premier, directeur d’études à l’École pratique des hautes études et spécialiste du chiisme, de « mettre un peu d’ordre » dans ces multiples travaux et d’en « offrir une synthèse à un public plus large ».
Après cinq ans de travail, le résultat vient de paraître aux Éditions du Cerf sous la forme d’un coffret en trois volumes, qu’accompagne une bibliographie en ligne afin de pouvoir être « complété » au fur et à mesure des parutions.

Le monde qui a vu naître le Coran
Le premier volume a été conçu comme « une monumentale introduction sur le monde qui a vu naître le Coran » : son contexte historique et géographique, qui en fait un « carrefour de traditions et le point de rencontre de plusieurs religions de l’Antiquité tardive » (judaïsme, christianisme, mais aussi judéo-christianisme, manichéisme, zoroastrisme…).

Toutes les questions délicates autour de la rédaction et de la canonisation du Coran y sont abordées. Les deux autres volumes se présentent classiquement sous la forme d’un commentaire par sourate et groupes de versets : non pas seulement à l’aide des sciences islamiques traditionnelles comme le pratiquent les « savants » musulmans depuis des siècles, mais « selon l’approche historico-critique et philologique ».
Une trentaine d’auteurs
Pour y parvenir, Guillaume Dye, professeur d’islamologie à l’Université libre de Bruxelles, et Mohammad Ali Amir-Moezzi ont constitué une équipe d’une trentaine d’auteurs, européens ou américains, de renommée internationale (Gabriel Saïd Reynolds ou Frédéric Imbert, spécialiste du « Coran des pierres ») ou « jeunes chercheurs remarquablement brillants ». Tous s’accordent sur une double démarche méthodologique : « porter un regard critique sur les sources musulmanes » mais aussi « considérer le Coran dans le contexte des monothéismes » déjà présents dans la région, résume Mohammad Ali Amir-Moezzi, qui a apporté sa connaissance des sources chiites sur l’élaboration du texte sacré.

L’équipe compte toutefois quelques grands absents, comme les chercheurs appartenant à « l’école allemande », animée par l’islamologue Angelika Neuwirth et dont la particularité est de s’appuyer aussi sur les sources islamiques ultérieures (hadith, faits et gestes prêtés par la tradition au prophète de l’islam ou à ses compagnons, et sira, biographie de Mohammed), mais aussi d’autres, plus isolés sur la scène mondiale comme l’historienne et anthropologue française Jacqueline Chabbi – à qui les auteurs doivent l’expression de « Coran des historiens ». L’objectif, ici, est d’essayer de comprendre le Coran « avant l’islam », c’est-à-dire avant que ce dernier ne se soit constitué en empire et que – selon la formule d’Amir-Moezzi – l’on ait « changé de planète ».
Scientifique, ce volumineux ouvrage se veut aussi « une initiative civique et politique dans le sens le plus noble des termes », affirment les deux auteurs, convaincus qu’« un des moyens les plus sûrs – mais aussi sans doute les plus lents, hélas – pour apaiser les esprits (…) est d’introduire l’histoire et la géographie dans l’examen des choses de la foi ».



Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles




mardi 3 décembre 2019

La religion française de Jean-François Colosimoi



La religion française 
Jean-François Colosimo
Paris, Editions du Cerf, 2019. 393 pages.





Présentation de l'éditeur

Face aux défis planétaires de l'islam, que peut la France ? Face au retour du religieux, que peut la République ? Ce sont les mille ans de laïcité qui ont fait la France qu'exhume cet essai iconoclaste, éclairant et renversant. Une laïcité qui est synonyme de souveraineté et de liberté.
De Philippe le Bel à De Gaulle, en passant par Louis XIV, Robespierre et Napoléon Ier, des Légistes médiévaux aux Constitutionnalistes contemporains en passant par les Politiques renaissants, de la destruction des templiers à l'expulsion des congrégations en passant par les dragonnades, et de la confrérie du Saint-Sacrement au Grand Orient en passant par Port-Royal, c'est l'histoire oubliée de la religion française qu'exhume cet essai iconoclaste.
Pas plus que la France, la laïcité n'a commencé en 1905 ou débuté en 1789. Elle est l'autre nom de la singularité qui, depuis les débuts, a constitué un invariant de notre histoire, un constituant de notre pays, l'essence de notre politique. Elle a porté à son terme la relation exclusive, mimétique et critique, traversant monarchie et république, envers l'icône du pouvoir suprême, la Rome des Césars et des Pontifes. Elle est l'aboutissement, sur un millénaire, du rapport unique tissé entre religion et nation, hérité de l'Israël biblique, afin de lutter contre les féodalités et les empires. Au contraire des illusions sur la neutralité laïque ou le pacte laïc, l'État n'aura ainsi cessé d'imposer aux Églises la neutralisation de leurs ambitions et la domination de ses règles. Les Églises y auront gagné l'émancipation de leurs théologies.
De guerre lasse, voulons-nous aujourd'hui enterrer notre culte commun, celui de l'indépendance et de la liberté ?


Biographie de l'auteur
Jean-François Colosimo est, entre autres, l'auteur d'Aveuglements - religions, guerres, civilisations.

Publication : Bibliothèque diocésaine  d'Aix et Arles

mercredi 6 novembre 2019

L'Eglise, des femmes avec des hommes


L'Eglise, des femmes avec des hommes 
Anne-Marie Pelletier
Paris, Le Cerf, 2019. 248 pages.



Présentation de l'éditeur

La grande théologienne et bibliste française que le pape François a invité à prêcher au Vatican livre ici son manifeste le plus essentiel sur la place passée, présente et future de la femme dans le christianisme. Renversant.
En ces temps de crise profonde, la relation entre les hommes et les femmes à l'intérieur de l'institution ecclésiale impose plus que jamais son actualité. Certes, le magistère entend, depuis quelques décennies, valoriser la part féminine de l'Église. Mais le constat s'impose : stéréotypes et préjugés sont demeurés intacts, tout comme des pratiques de gouvernance qui maintiennent les femmes sous le pouvoir d'hommes – des clercs en l'occurrence. Sortant de ces ornières, il s'agit d'éprouver ce que le " temps des femmes " qui cherche à advenir peut apporter de renouvellement dans l'intelligence des textes scripturaires qui ont modelé l'imaginaire en monde chrétien. Il s'agit aussi de montrer combien la prise en compte des femmes questionne à frais nouveaux l'identité de l'Église, l'économie en son sein du sacerdoce des baptisés et du ministère presbytéral, donc également les modalités de sa gouvernance.
Un livre qui nous montre une série d'" éclats de féminin " pour suggérer les gains qui seraient ceux de cette ouverture. Et si, la femme était l'avenir de... l'église !


Biographie de l'auteur
Agrégée de Lettres et docteur en Sciences des religions, Anne-Marie Pelletier travaille, entre autres, sur la question des femmes dans l'Église. Elle a publié à ce sujet Le christianisme et les femmes et Le signe de la femme . Elle a été lauréate du prix Ratzinger en 2014.

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 « L’Église, des femmes avec des hommes », c’est le titre d’un article du mensuel de novembre 2019 de L’Osservatore Romano sur la femme, dédié à un ouvrage de la bibliste française Anne-Marie Pelletier (Le Cerf, 2019).


L’auteur y évoque l’attribution du Prix Nobel de la paix 2018 à une femme yazidie – Nadia Murad – et à un médecin congolais – Denis Mukwege. Tous deux, écrit-elle, sont témoins d’une résistance d’humanité plus puissante que les forces du mal qui humilient, asservissent et détruisent.
Ce double prix Nobel invite à ne pas se limiter à « un face à face armé entre les sexes » ni à limiter la parité au partage des pouvoirs et des responsabilités. Les hommes et des femmes, estime Anne-Marie Pelletier, sont des partenaires et des collaborateurs, à la recherche commune de la vie heureuse.
Pour la théologienne, il est urgent de réparer la relation homme-femme : un travail en profondeur où l’Eglise peut et doit être prophétique, en répondant à l’appel du pape François à élaborer une théologie « intrinsèquement féminine ».
Anne-Marie Pelletier plaide, souligne L’Osservatore Romano, pour une plus grande présence des femmes dans les domaines de réflexion et de décision de l’Eglise, et pour une réflexion sur « le signe de la femme » : le fait qu’elle ne puisse pas être ordonnée souligne la centralité du « sacerdoce baptismal », comme annonce du Royaume de Dieu.
La théologienne et bibliste française Anne-Marie Pelletier, Prix Ratzinger 2014, a été choisie par le pape François pour rédiger les méditations du Chemin de croix du Vendredi saint au Colisée en 2017. Elle a été nommée membre ordinaire de l’Académie pontificale pour la vie en 2017 pour un mandat de 5 ans.
Mme Pelletier a accompli sa carrière universitaire comme Maître de conférences puis comme Professeur en Sciences du langage et en Littérature (Université de Paris-X et Université de Marne-la-Vallée), enseignements multiples [Institut en Sciences des Religions (EPHE), STIM (Studium Inter-monastique), etc.]. Elle est Chargée d’enseignement à la Faculté Notre-Dame (Collège des Bernardins) depuis sa création.
Sa thèse de doctorat d’Etat en Sciences des religions (novembre 1986) a été soutenue à l’Université Paris VIII, et elle a été publiée par l’Institut biblique pontifical à Rome en 1989: Lectures du Cantique des cantiques, De l’énigme du sens aux figures du lecteur (coll. Analecta Biblica, 121).


jeudi 24 octobre 2019

Nouveautés de la bibliothèque : octobre 2019


LIVRES OCTOBRE 2019.





BOURGINE, Benoît. – Bible oblige : essai sur la théologie biblique. – Paris, Le Cerf, 2019. 303 pages.

COLOSIMO, Jean-François. – La religion française. – Paris, Le Cerf, 2019. 393 pages.

FAURE, Patrick. – L’Epître aux Romains dans son contexte communautaire : introduction et interprétation. – Paris, Parole et Silence, 2019. 122 pages.

 GREGOIRE DE NYSSE. – Trois oraison funèbres et Sur les enfants morts prématurément. – Paris, Le Cerf, 2019. 221 pages.

HAJADJ, Fabrice. – A moi la gloire. – Paris, Salvator, 2019. 157 pages.

HILARE DE POITIERS. – Commentaires sur les Psaumes. Tome III : Psaumes 62-66. – Paris, Le Cerf, 2019. 310 pages.

HIRSCH, Emmanuel. – La lutte, la révolte et l’espérance : témoigner jusqu’au bout de la vie. – Paris, Le Cerf, 2019. 199 pages.

PELLETIER, Anne-Marie. – L’Eglise, des femmes avec des hommes. – Paris, Le Cerf, 2019. 248 pages.

ROSA, Jean-Pierre. – La Bible, le sexe et nous : libérer la Parole. – Paris, Salvator, 2019. 186 pages


Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles



samedi 12 octobre 2019

Information pour le jeudi 17 octobre 2019





La bibliothèque diocésaine sera fermée
le jeudi matin 17 octobre 2019

Merci de votre compréhension

mardi 8 octobre 2019

Colloque Maurice Blondel à Aix-en-Provence


COLLOQUE MAURICE BLONDEL À AIX





Le propos du colloque est de comprendre comment il peut y avoir dans la réflexion philosophique de Maurice Blondel et de son propre aveu, un chemin de sainteté.

"La véritable philosophie est la sainteté de la raison. La volonté nous aliène et nous assimile à sa fin, l’entendement nous assimile et nous acquiert son objet : voilà pourquoi, en nous donnant à Dieu par un dévouement total, nous pouvons le mieux pénétrer par le regard ; la pureté du détachement intérieur est l’organe de la vision parfaite. On ne peut le voir sans l’avoir, l’avoir sans l’aimer, l’aimer sans lui apporter l’hommage de tout ce qu’il est, pour ne retrouver en tout que sa seule volonté et sa seule présence. Ce qu’il est, nous voulons qu’il le soit, quoi qu’il nous en coûte ; et ainsi ce qu’il est en soi, il le devient en nous."

Ce passage dessine cette voie étroite vers l'Amour qu'emprunte le philosophe d'Aix et qu'il propose, encore aujourd'hui à chaque philosophe comme voie de sainteté ! Pour tenter d'en saisir le sens il nous faudra réexaminer l'ensemble du projet philosophique blondélien sous ce nouvel angle.

Quatre axes possibles, mais cet énoncé n'est pas exhaustif, à la lumière, entre autres, d'une lecture intégrale des Carnets Intimes, nous imposent :

1. D'évaluer à nouveaux frais la signification de sa "phénoménologie"
2. De comprendre comment chez notre philosophe la philosophie obéit à une vocation proprement "sacerdotale"
3. De chercher où se situe chez lui la logique profonde de la vie intellectuelle et spirituelle
4. De dessiner ce qu'il définit lui-même comme une Métaphysique de la Charité.

Marice Blondel.
La philosophie ou la sainteté de la raison

Colloque à l’occasion des 70 ans de la mort de Maurice Blondel (1861-1949)

« La science n’est bonne que dans l’ardeur de la charité. »
Maurice Blondel, Carnets intimes, volume I

Le propos du colloque est de comprendre comment il peut y avoir, dans la réflexion philosophique de Maurice Blondel et de son propre aveu, un chemin de sainteté.

Manifestation organisée par l’Association des Amis de Maurice Blondel, l’Association des Philosophes chrétiens, le Collège supérieur (Lyon). Avec le soutien de l’Académie Catholique de France.

Soirée publique / Moment musical le vendredi, avec la participation exceptionnelle de Fabrice Hadjadj


PROGRAMME

Vendredi 15 novembre 2019


8h45 : accueil.
9h : début des travaux.
La philosophie comme sainteté de la raison
Le cardinal Paul Poupard, Mgr Pierre Henrici (évêque émérite de Coire), Philippe Capelle-Dumont (Académie catholique de France), Jean Leclercq (Université catholique de Louvain), Peter Reifenberg (diocèse de Mayence), Andrea Bellantone (ACDF, Institut catholique de Toulouse).
12h45 : Repas
14h30 : reprise des travaux.
Blondel une fécondité théologique, spirituelle et mystique
Jean-Noël Dumont (ACDF, Lyon), Mgr Alexis Leproux (Bernardins, Paris), Emmanuel Gabellieri (Université catholique de Lyon), Michel Faye (Académie catholique du Val de Seine, Paris).
18h30-20h45: soirée publique / Moment musical
Blondel, ou le combat spirituel d’un chrétien pour aujourd’hui
Présentation par Y. de Parcevaux et M.-J. Coutagne. Interventions de Fabrice Hadjaj (Institut Philanthropos, Fribourg) et Andreas Lind (Université de Namur).
Lecture de textes de Maurice Blondel.



Samedi 16 novembre 2019 :

9h : reprise des travaux
Blondel en dialogues.
Jean-François Petit (Institut catholique de Paris), Nathanaël Garric (IUSL, Aix), Jérémy-Marie Pichon (doctorant Sciences Po, Aix), Pascal Vincette (Bernardins, Paris), Christian Chevalier (IUSL, Aix).
Débat conclusif

mardi 17 septembre 2019

Les nouveautés de septembre 2019


NOUVEAUTES SEPTEMBRE


AGACINSKI, Sylviane. – L’homme désincarné : du corps charnel au corps fabriqué. – Paris, Gallimard, 2019. 45 pages.

COLLIN, Dominique. – L’Evangile inouï. – Paris, Salvator, 2019. 190,pages.

CRIGNON, Albert-Marie. – « Qui es-tu mon fils ? » : la vie prophétique de Jacob et Rachel, Gn 25-35. – Paris, Le Cerf, 2019.472 pages.

GOURGUES, Michel. – « Plus tard tu comprendras » : la formation du Nouveau Testament. – Paris, Le Cerf/Médiaspaul, 2019. 187 pages.

NOTHOMB, Amélie. - Soif : roman. - Paris, Albin Michel, 2019. 151 pages. 

PRIETO, Christine. - Jésus thérapeute : quels rapports entre ses miracles et la médecine antique ? - Genève, Labor et Fides, 205. 637 pages.

PUTALLAZ, François-Xavier (dir) ; SCHUMACHER, Bernard N. (dir.). - Le suicide : regards croisés. – Paris, Le Cerf, 2019. 573 pages.

REY, Olivier. – Leurre et malheur du transhumanisme.  – Paris, Desclée de Brouwer, 2019. 193 pages.

VERDIER, Marie-Hélène. – La fabrique d’orphelins. – Paris, Pierre Téqui, 2019.89 pages.


Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

vendredi 13 septembre 2019

Formation Institut Universitaire Saint Luc





Soirée de rentrée le jeudi 26 septembre 2019 à la Salle Chêne de Mambré (7 Cours de la Trinité, Aix-en-Provence)

Programme de la soirée sur le Thème "Apocalypse de Jean : une prophétie  écologique ?"
Conférence du Père Jacques DESCREUX, doyen de la Faculté de Théologie de Lyon à 20h30

mardi 10 septembre 2019

L'Evangile selon Yong Sheng de Dai Sijie


L’Evangile selon Yong Sheng
Dai Sijie
Paris, Gallimard, 2019. 438 pages.

Un très beau roman qui relate l’histoire vraie, même si elle est quelque peu romancée. C’est l’histoire d’un des premiers pasteurs chinois dans la Chine d’avant l’arrivée du communisme au pouvoir jusqu’à la fin de la Révolution culturelle des années 1970. Après une conversion au christianisme Yong Shen devient pasteur. Son destin va basculer quand il apprend la trahison de sa femme puis la montée en puissance des communistes.  C’est ainsi que l’on traverse l’histoire de la Chine ; si c’est l’histoire d’un chrétien dans la Chine communiste c’est aussi l’histoire d’un homme trahi par sa femme, par sa fille et enfin par son petit fils. Une histoire de trahison mais aussi fait de pardons jusqu’à l’ultime sacrifice.

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Quatrième de couverture
Dans un village proche de la ville côtière de Putian, en Chine méridionale, au début du vingtième siècle, Yong Sheng est le fils d’un menuisier-charpentier qui fabrique des sifflets pour colombes réputés. Les habitants raffolent de ces sifflets qui, accrochés aux rémiges des oiseaux, font entendre de merveilleuses symphonies en tournant au-dessus des maisons. Placé en pension chez un pasteur américain, le jeune Yong Sheng va suivre l’enseignement de sa fille Mary, institutrice de l’école chrétienne. C’est elle qui fait
naître la vocation du garçon : Yong Sheng, tout en fabriquant des sifflets comme son père, décide de devenir le premier pasteur chinois de la ville. Marié de force pour obéir à de vieilles superstitions, Yong Sheng fera des études de théologie à Nankin et, après bien des péripéties, le jeune pasteur reviendra à Putian pour une brève période de bonheur. Mais tout bascule en 1949 avec l'avènement de la République populaire, début pour lui comme pour tant d’autres Chinois d’une ère de tourments – qui culmineront lors de la Révolution culturelle.

Dai Sijie, dans ce nouveau roman, renoue avec la veine autobiographique de son premier livre, Balzac et la petite tailleuse chinoise. Avec son exceptionnel talent de conteur, il retrace l’histoire surprenante de son propre grand-père, l’un des premiers pasteurs chrétiens en Chine.

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 Üne bonne redension du journal La Croix

Inspiré par son grand-père, Dai Sijie compose, en français, une vaste fresque romanesque et embrasse l’histoire mouvementée de l’empire du Milieu.


Après trente ans passés en France, l’écrivain et réalisateur, Dai Sijie est retourné en Chine sur les pas de son grand-père, l’un des premiers pasteurs protestants de l’empire du Milieu dont il voulait depuis longtemps raconter l’histoire. Il l’a certes romancée, pour les besoins du genre, mais sans trop s’en écarter, ni la travestir.
Yong Sheng était né à Putian, dans la province côtière du Fujian. Son père fabriquait des « sifflets pour colombe », objets artisanaux sophistiqués que l’on fixait à la queue des oiseaux et qui, pendant leur vol, produisaient « un concert polyphonique, une symphonie flamboyante ». Il avait nommé son fils Yong Sheng (« le son »). Un code d’honneur régissait la rivalité entre ces chefs d’orchestres colombophiles. Malheur à celui qui l’enfreignait.^

D’une stupeur naît sa vocation
En ce temps-là, des baptistes américains, conduits par le pasteur Gu, étaient venus évangéliser ces villageois du bout du monde. Yong Sheng avait découvert, un soir, derrière une porte dérobée du temple, la statue d’un homme crucifié auquel son institutrice, Mary, la fille du pasteur, offrait le lait de son sein. De cette stupeur naîtra sa vocation.
Marié encore adolescent, bientôt père, Yong Sheng, fils de charpentier, comme Jésus, initié aux symboles christiques, fut désigné pour devenir le premier pasteur chinois de Putian. Pendant un mois, il traversa la Chine, avec un œuf pour toute pitance, afin de rejoindre la faculté de théologie de Nankin.
Dans cet exil lointain, Yong Sheng avait reproduit un dessin fascinant de précision, de Léonard de Vinci, d’un fœtus dans le ventre d’une femme. C’était son seul bien. Il le portait sur lui. Quand il apercevait un cerf-volant, il imaginait le fil invisible qui le reliait à son enfant. Mais une lettre laconique de son père le précipita au bord du suicide.

Au cœur de la tourmente de la Longue Marche
La grande Histoire allait l’arracher à sa déréliction. Au cœur de la tourmente de la Longue Marche, apprenant que le pasteur Gu était prisonnier de l’Armée rouge, il s’élança à la recherche de Mary. Chaque fois qu’il croyait s’en rapprocher, elle venait de s’évaporer. Dai Sijie égare volontairement le lecteur sur le sens de cette quête, révélé dans une scène dramatique, d’une grande puissance, où tout se joue en quelques minutes…
Revenu dans son village, seul et désespéré, Yong Sheng découvre sa fille. Il rebâtit la chaumière familiale dévastée en temple protestant, puis en orphelinat. Il peint longuement, avec un luxe de détails, une fresque colorée inspirée de la Bible, l’arche de Noé, où les oiseaux occupent une place de choix. Mais l’Armée populaire de libération l’arrête et le torture. Yong Sheng entame son chemin de croix.
Construite en quatre parties avec des sauts dans le temps, cette ambitieuse saga romanesque embrasse un siècle de l’histoire mouvementée de la Chine au cours de laquelle le peuple n’aura pas été à la fête. Et moins encore ceux qui s’affichaient chrétiens, fidèles à leur foi. Dans les années 1950, l’Armée rouge prend du galon et ne vénère que Mao. La révolution en action broie les paysans, mate les intellectuels. Les réfractaires à l’ordre nouveau sont balayés, rayés, réduits à néant.

Le parfum ensorcelant d’un arbre mythique
Devenu ouvrier dans un pressoir à huile, semblable à l’instrument de torture des enfers chinois selon les représentations populaires, Yong Sheng est soudain humilié par ses ouailles, trahi par sa fille, jeté en pâture à la meute des villageois qui lui crachent à la figure et le frappent. Agenouillé, une plaque de ciment autour du cou, désigné, stigmatisé comme « agent secret de l’impérialisme, propagateur d’opium intellectuel, droitier irrécupérable ».
Cible du déchaînement de cette violence que les foules haineuses et hurlantes, au nom de causes qui les dépassent, et sans raison intime, savent mettre en œuvre et dont elles retirent une sombre jouissance, vite amère, passée la phase de démente exaltation.
Descendant symbolique de Judas, l’un de ses anciens tortionnaires, pris de remords, sur le point de devenir son gendre, utilisera in extremis pour le tirer d’affaire le parfum ensorcelant d’un arbre mythique, l’aguilaire. C’est dans ce climat, prélude et avant-goût de ce que sera l’effroyable Révolution culturelle, que réapparaît Mary… Le destin de Yong Sheng n’est pas achevé. Pas encore. Nous le suivrons jusqu’au début du XXIsiècle, jusqu’à un épilogue imprévisible.

Du grand romanesque pour un parcours christique
Écrit en français, L’Évangile selon Yong Sheng est l’hommage magnifique et prolifique de Dai Sijie, témoin dévasté à 12 ans des exactions que subit son grand-père. Au lieu de le venger comme il en a longtemps nourri le projet, il transfigure son parcours christique dans un roman-somme poétique, sensuel, charnel, odorant, bercé par la musique des oiseaux, le chant de la terre, la polyphonie de la nature, les fragrances des plantes et des arbres. Vaste fresque historique d’une génération aventureuse, pris dans les convulsions sanglantes et sanguinaires du maoïsme. Un livre ample où palpitent le cœur et le sang des personnages. Du vrai, du grand romanesque, du souffle, de l’inspiration et de beaux personnages.
Dai Sijie renoue avec la veine autobiographique de Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, qui nous enchanta quand il parut. Il réussit à mêler, avec art et délicatesse de tissage, la cruauté de temps troublés avec du merveilleux, des épisodes fantaisistes, voire comiques, pour exorciser le traumatisme de son enfance et se comporter, au fond, comme son grand-père qui, jamais, n’eut de haine dans son cœur. Imprégné du message évangélique, il pardonnait à ceux qui l’avaient offensé.

https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/LEvangile-selon-Yong-Sheng-Dai-Sijie-2019-03-07- Dai Sijie, entre deux mondes


Portrait de l’auteur


L’écrivain et réalisateur chinois a connu, adolescent, les camps de rééducation. L’auteur à succès de Balzac et la petite tailleuse chinoise écrit directement en français.
Jean-Claude Raspiengeas, 


« J’avais douze ans. En revenant de l’école, j’ai vu sur la place du village mon grand-père, un pasteur protestant, que j’aimais tant, un homme bon et généreux, agenouillé, une plaque de ciment autour du cou, recevant insultes et crachats de la foule. Je reconnaissais nos voisins et les fidèles du temple qui le frappaient. Sa fille l’avait dénoncé. Pendant longtemps, j’ai pensé que je le vengerais.
Contraint de cohabiter sous le même toit avec sa fille, je ne lui ai plus jamais adressé la parole. Après des mois de détention, quand mon grand-père est revenu, il s’est assis à table, sans la moindre allusion. Il parlait normalement à sa fille, comme si rien ne s’était passé. J’ai fini par comprendre et accepter sa grandeur d’âme: le pardon et l’amour sont supérieurs à la haine et la vengeance. »

Dans les salons de Gallimard, son éditeur, Dai Sijie, 65 ans, parle un français mâtiné d’accent chinois, appris chez nous à la fin des années 1970, quand les autorités ont expédié en France ce brillant étudiant en histoire de l’art chinois. « J’avais presque trente ans et je ne possédais de votre langue que quelques rudiments. À l’université, je passais des journées entières à ne rien comprendre. J’ai dû m’accrocher. »

Il apprend le français, à 30 ans, en France
Adolescent pendant la terrible Révolution culturelle, Dai Sijie, « coupable » d’être fils de médecin, a été déporté en camp de rééducation, dans les montagnes du Sichuan, loin de chez lui. Il n’en est sorti que trois ans plus tard.
En France, après un passage à Bordeaux, Dai Sijie a intégré l’IDHEC­, la meilleure école de cinéma en France. « Nous devions écrire en permanence des scénarios et tourner des courts métrages. Mon premier film, Chine ma douleur, m’a valu d’être banni, avec interdiction de rentrer dans mon pays jusqu’en 1995. Mes deux films suivants ont été des échecs. Je pensais que c’était fini pour moi. »
Dai Sijie se lance alors dans l’écriture en français d’un « petit roman, modeste, sans ambition littéraire ». L’histoire est celle de sa génération, découvrant en secret la littérature française et lui vouant un culte. Quand Balzac et la Petite Tailleuse chinoise paraît, la critique s’emballe. Bernard Pivot, à «Apostrophes», le recommande vivement. Les ventes s’envolent (250 000 exemplaires, traduit en 25 langues, sauf en chinois). Le film qu’en tire son auteur est aussi un succès. Il recevra même le prix Femina pour son livre suivant.
Si Dai Sijie a pu, comme son aïeul persécuté, se libérer du besoin de vengeance, il le doit à ce grand-père qui, par son exemple, lui a démontré la puissance du pardon. « Il m’enseignait que tout être humain avait une âme, quelque chose de plus grand que l’esprit, de plus intime que le corps. Cette croyance soutient toute ma vie. J’ai aussi écrit ce livre pour témoigner de l’existence de l’âme. »

La Chine dans une frénésie de consommation
Aujourd’hui, Dai Sijie qui avait quitté un pays prohibant la propriété privée, découvre une Chine capitaliste, prise dans une frénésie de consommation, exaltant l’enrichissement personnel. « C’est très fragile, soupire-t-il. Nos valeurs millénaires ont disparu. Seule la famille tient encore. Et la main de fer du Parti communiste. »
Il constate aussi la folie autour des nouvelles technologies. « Un robot peut toujours gagner une partie d’échecs, admet-il. Mais jamais il ne pourra écrire un roman. Il lui manquera d’éprouver des sentiments, de connaître la peine et la joie, d’avoir le goût des mots pour forger un style personnel, intime. »
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Le parcours de Dai Sijie
Né le 2 mars 1954 à Putian (sud-est de la Chine).
1971. Pendant la Révolution culturelle, il passe trois ans en camp de rééducation, dans les montagnes du Sichuan.
1976. Il suit études sur l’histoire de l’art chinois à l’Université de Pékin. 1984. Études de cinéma à Paris à l’IDHEC­.
► Ses films
1989. Chine ma douleur, prix Jean-Vigo
1994. Le Mangeur de lune
1998. Tang le onzième
2002. Balzac et la Petite Tailleuse chinoise
2006. Les Filles du botaniste
2016. Le Paon de nuit
► Ses livres
2000. Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, plusieurs fois primé.
2003. Le Complexe de Di, prix Femina.
2007. Par une nuit où la lune ne s’est pas levée.
2009. L’Acrobatie aérienne de Confucius.
2011. Trois vies chinoises.
2019. L’Évangile selon Yong Sheng.



Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles