dimanche 30 novembre 2014

La beauté dans l’écrin de Notre-Dame du Laus

Quatre jours pour la beauté ! C’est le temps qui a été consacrée à cette notion à Nore-Dame du Laus du 21 au 24 novembre durant une session. Une exposition avec des œuvres d’art contemporaines, des objets liturgiques, des vêtements sacerdotaux et, le dimanche, l’ostensoir du Laus, est venue appuyée les propos sur la beauté à Notre-Dame du Laus par le recteur, le père Ludovic Frère, le père Guy Corpataux (la montagne dans l’expérience des pèlerins) et Hélène Biarnais (la nature dans les manuscrits du Laus). La beauté dans la Bible a été évoquée par le père Jean-Marie Dezon. La danse (Jessie Pezzoli notamment), la musique (dom Robert Guillot, Damien Bredif, Fabien Guilloth) ont eu leur place ainsi que la beauté dans la liturgie par le père Joseph-Charles Mbogba, ce dernier étant responsable de la pastorale liturgique et sacramentelle du diocèse.
Le dimanche, jour du Christ Roi, une messe des artistes, présidée par Mgr André Fort, a été célébrée dans une basilique comble !
Sur les quatre jours, ce sont près de 120 personnes qui ont assisté à un moment de cette session sur la beauté, dans le magnifique cadre du sanctuaire Notre-Dame du Laus.

mercredi 26 novembre 2014

POUR COMPRENDRE LA BIBLE


L’Odyssée de la Bible : études et thèmes
Etienne Nodet
Paris, les Editions du Cerf, 2014. 977 pages.


            La Bible a été diversement transmise et diversement traduite. Depuis des siècles, on s'efforce de l'analyser, de chercher comment elle s'est formée, de soupeser l'influence des cultures environnantes. La tâche est ardue, les faits établis sont rares, et bien des résultats qu'on croyait assurés se montrent fragiles face à des questionnements nouveaux.

            Une "Introduction générale" fait le point sur la constitution des textes canoniques, l'Ancien et le Nouveau Testament, donnant ainsi une étude synthétique et claire qui fait appel à l'histoire, l'exégèse, la théologie et la spiritualité. Les 330 "Thèmes de méditations" de ces "Chemins bibliques" sont autant de facettes de la belle histoire à contempler qu'est la Bible. Etienne Nodet nous nous offre ici une étude approfondie et critique non pas livre après livre, mais de l'ensemble de ces livres dont l'unité, telle les miroirs du kaléidoscope, se découvre en circulant dans les multiples aspects des différents livres, et  où la même Lumière se reflète à l'infini : Abraham, Adam et Eve, Caïn et Abel, Jacob, Noé, Moïse, Jésus Christ mais aussi accomplissement des Ecritures, anathème, gloire, haine, ivresse, pur et impur, sceau, songe.


            En parcourant ce dictionnaire le lecteur pourra trouver une réponse aux multiples questions qu’il se pose sur cette imposante bibliothèque qu’est la Bible.

LIRE LA BIBLE EN PRIANT

Raconter Jésus : nouvelle lecture priante de l’Evangile
Dolores Aleixandre
Paris, Bayard, 2014. 323 pages.


Dolores Aleixandre a la conviction que l'Evangile est écrit pour tous, et que tous doivent lire et raconter l'Evangile. Elle propose ainsi une méthode de lecture vivante et très accessible afin d'entrer dans la connaissance intime de Jésus et de sa Parole. L’auteure présente vingt-quatre textes, depuis le baptême de jésus dans le Jourdain et l'annonce de sa résurrection, avec une méthode de lecture en cinq étapes : première lecture du texte, relecture avec la mémoire du cœur, comment laisser résonner la Parole, entrer dans la prière de Jésus, choisir de vivre. La lecture priante a toujours des conséquences sur notre propre vie : sa vocation est de progressivement la transformer, la rendre plus filiale, plus fraternelle, plus semblable à celle de Jésus. C’est pourquoi l'auteure propose de lire les récits de Jésus comme s'ils nous étaient adressés personnellement aujourd'hui.

mardi 25 novembre 2014

UN FILS A LA RECHERCHE DE SON PERE


Jean-Claude Escaffit
Sur les traces du père… : questions à l’officier tué en Algérie
Paris, Salvator, 2014. 155 pages.

        Mon père, héros ou tortionnaire ? Depuis son enfance, la question a hanté la mémoire de l’auteur, Jean-Claude Escaffit.
Il avait 9 ans quand le capitaine Jean-Marie Escaffit, ancien résistant, officier SAS (Section administratives spécialisées) en Algérie,  a été tué dans une embuscade le 3 octobre 1959 au poste d’El Draden en Petite Kabylie. Jean-Claude Escaffit a  toujours été animé par l’esprit de réconciliation, mais il lui fallait savoir.

          Il n'est de devoir de mémoire sans devoir de vérité. C'est ce qui a guidé l'auteur dans ce récit émouvant. Ancien journaliste, Jean-Claude Escaffit revisite de façon vivante toute la guerre d'Algérie, à partir d'une histoire singulière. Il est parti sur les traces de son père, tué en Petite Kabylie. Un demi-siècle après !

« Pourquoi de l'enfance à la retraite, ai-je traversé les strates du temps, sans chercher à en savoir davantage sur ton rôle d'officier dans cette guerre ? Etais-je prêt à prendre le risque de faire vaciller ton piédestal de héros familial ? » s’explique l’auteur.


           L'auteur a fouillé les archives, a recueilli de nombreux témoignages, des deux côtés, a fait le voyage en famille dans une zone contrôlée aujourd'hui par les djihadistes. Et par un incroyable hasard a rencontré l'un des meurtriers du capitaine Escaffit, chef de poste SAS, dont la mort lui avait été annoncée. Quand il a entrepris ce récit, l'auteur ne savait pas ce qu'il allait trouver au bout du chemin. Un chemin bordé de larmes, de révélations bouleversantes, mais balisé par une étonnante chaîne algérienne de solidarité. A la veille du 60e anniversaire d'un conflit resté traumatisant, ce récit passionnant veut être, un message de réconciliation et de paix de part et d'autre de la Méditerranée.

UN MEDECIN QUI PRATIQUE L'EUTHANASIE


Médecin catholique : pourquoi je pratique l’euthanasie
Corinne Van Oost avec Joséphine Bataille
Paris, Presses de la Renaissance, 2014. 228 pages.

            L’auteur, Corinne Van Oost, est une chrétienne angagée et médecin de soin palliatifs dans une clinique belge ; elle est également responsable du réseau de soins palliatifs à domicile de la région d’Ottignies (Belgique francophone).
            C’est dans le cadre de la loi belge que ce médecin pratique des euthanasies pour éviter aux patients de trop grandes souffrances ou une fin de vie jugée dégradante. A travers des témoignages elle nous livre son parcours : un parcours d’accompagnement des malades, un parcours de foi. « Au rebours de ceux qui avancent leur foi pour s’en abstenir, j’ai l’impression que je témoigne de Dieu et de sa compassion pour l’homme. Et dans le fond, je me respecte plus profondément ».
            Si l’objectif avoué au final est d’amener le patient à renoncer à l’euthanasie on peut tout de même s’interroger. S’agit-il toujours d’une vraie compassion à l’égard des malades et de son entourage ? Pourquoi la souffrance ne serait-elle vue que sous l’angle négatif : pourquoi ne pas aider l’autre à grandir dans sa foi surtout s’il s’agit de catholiques ? Quand on lit qu’un prêtre participe à cet acte et même l’entoure de rites il se pose là une vraie question : que célèbre-t-on au juste ? La fin d’une vie ? La mort ? Que fait-on de l’espérance chrétienne ?

            Au final cet ouvrage qui se veut un témoignage d’espoir suscite un profond malaise et pose aux chrétiens – et même au-delà de toute croyance -  les questions fondamentales : le sens de toute vie humaine, le sens de la souffrance, le sens même de la  mort. Malgré les assertions de l’auteur, la mort n’est considérée que comme une fin et non une entrée dans la Vie.

Mgr. Claude Dagens, A l'ami qui s'est brisé : lettres de Jésus à Judas, Paris, Bayard, 2014. 92 pages


            C’est sous forme de lettres que Jésus s’adresse à judas : Judas, celui qui a livré Jésus aux autorités juives pour être condamné à mort, puis crucifié. L’intention est d’essayer de comprendre pourquoi Judas a trahi, de comprendre quel le drame et la personne de cet homme.

            Comment Judas est-il devenu peu à peu le traître ? Pourquoi s’est-il vidé peu à peu de la confiance qu’il avait en Jésus ? Comment peu à peu il s’est éloigné de cette amitié que son Maître lui offrait gratuitement ? Comment il a pu regarder Jésus avec méfiance d’abord puis avec mépris et haine ?

            Mais Jésus veut encore croire que par de là son ultime acte de désespoir – le suicide – Judas peut être encore sauvé. Par sa mort et sa résurrection, on ne peut enfermer Judas dans ses actes : le mystère du salut de Judas reste entier. Il reste l’espérance qui peut jaillir lors de la Résurrection finale.

L’œuvre d’Emile Poulat (1920-2014) a marqué toute la société française

Emile Poulat, qui vient de mourir, aura marqué la société française par ses travaux sur la laïcité, qui vont bien au-delà de la question historique. Ce sont ceux-ci qui seront salués tant la question hante notre vie sociale. Les publications d’Emile Poulat touchent à l’histoire contemporaine de la France et de l’Eglise. Elles se caractérisent par une mise en perspective, tout particulièrement chronologique, dans laquelle les concepts s’enracinent. La postérité intellectuelle d’Emile Poulat est nombreuse parmi les historiens européens.
 
Voici une sélection d’ouvrages écrits ou publiés par Emile Poulat, que vous trouverez dans les bibliothèques diocésaines d’Aix-en-Provence, de Fréjus-Toulon (La Castille), de Gap et d’Embrun (Notre-Dame du Laus) :
* Le Christianisme à contre-histoire : entretiens avec Dominique Decherf, Monaco, Le Rocher, 2003, 204 p. (Fréjus-Toulon)
* L’Eglise, c’est un monde : L’Ecclésiosphère, Paris, Le Cerf, 1986, 282 p. (Fréjus-Toulon, Aix-en-Provence, Gap et Embrun)
* Le Journal d’un prêtre d’après-demain (1902-1903) de l’abbé Charles Calippe, Paris, Casterman, 1961, 333 p. (Fréjus-Toulon)
* Liberté, laïcité, la guerre des deux Frances et le principe de la modernité, Paris, Le Cerf, 1988, 439 p. (Fréjus-Toulon et Aix-en-Provence)
* Une Eglise ébranlée : Changement, conflit et continuité de Pie XII à Jean-Paul II, Tournais, Casterman, 1980, 303 p. (Fréjus –Toulon)
Pour mieux comprendre les travaux d’Emile Poulat, vous pouvez lire :
* Valentine Zuber (dir.), Un objet de science, le Catholicisme : Réflexions autour de l’œuvre d’Emile Poulat, Paris, Bayard, 2001, 364 p. (Aix-en-Provence, Gap et Embrun)

mercredi 19 novembre 2014

La philosophie ou « La Rigueur des choses »

Jean-Luc Marion, La Rigueur des choses, entretiens avec Dan Arbib, Paris, Flammarion, 2012, 300 p.

Stéphane Babey, La Haine de Dieu, Perpignan, Artège, 2011, 176 p.


Les livres d’entretien permettent d’accéder plus facilement au mode de réflexion d’un auteur qu’un ouvrage théorique parce que les concepts y sont exposés plus simplement et une biographie les éclaire. C’est donc le principe retenu ici par Dan Arbib, lui-même spécialiste de René Descartes et né en 1982, qui interroge Jean-Luc Marion, philosophe, professeur d’universités et membre de l’Académie française.
La formation de Jean-Luc Marion est largement évoquée. Parmi ses ramifications, le passage à la jeunesse étudiante chrétienne et le retrait de l’engagement (p 41). En effet, Jean-Luc Marion en était venu à considérer ne pas agir autrement que son homologue de l’union des étudiants communistes. Cet épisode, comme la recherche sur René Descartes (1596-1650), montrent la quête de rigueur du philosophe. Le livre traite également de la question du nihilisme et de son rapport à l’événement (p 266-280).
 
« La Rigueur des choses » est, au fond, ce qui manque à Michel Onfray, selon Stéphane Babey dans La Haine de Dieu, sous-titré Michel Onfray : de la posture à l’imposture. Il est vrai que dans Le Crépuscule d’une idole, L’Affabulation freudienne (Grasset, 2010, également disponible à la bibliothèque Mgr Depéry du diocèse de Gap), Michel Onfray manque pour le moins de précision scientifique dans son raisonnement et n’a, tout simplement, pas rédigé certains paragraphes qui ne sont qu’à l’état de notes !
Stéphane Babey réfute la nécessité d’une Contre histoire de la philosophie (de Michel Onfray, chez Grasset), la philosophie enseignée en France n’étant pas « aux mains d’idéologues au service d’un pseudo-conservatisme philosophico-religieux » (p 63). De même, attaquer le judéo-christianisme en raison de sa rigueur morale lui semble une chimère dans la mesure où le libertinage philosophique et érotique « constitue donc plutôt un retour aux sources qu’une radicale nouveauté » et encadre chronologiquement ladite morale (p 112).
L’honnêteté intellectuelle d’Onfray est même remise en cause. Comment peut-il promouvoir le « ni Dieu, ni maître » tout en faisant de « Nietsche son seul maître à penser » (p 130) ? Après avoir introduit son essai sur la maladie de l’Occident, l’auteur conclut sur une ouverture positive : « il s’agit bien […] de savoir retrouver le chemin du questionnement métaphysique pour ensuite jeter les bases d’une société dans laquelle les hommes trouveront à nouveau la possibilité d’échanger, de s’écouter, de se connaître ».

lundi 17 novembre 2014

Avec Mgr Jean-Marc Aveline, l’Eglise de Marseille a commémoré les soldats morts lors de la Première Guerre mondiale

Basilique du Sacré-Coeur - 11 novembre 2014
C’était le 11 novembre 1918. À cinq heures du matin, dans un wagon spécialement aménagé et installé dans une clairière de la forêt de Compiègne, près de la gare de Rethondes, l’armistice était signé.

La Grande Guerre, enfin, s’achevait, après avoir bouleversé et ravagé le monde pendant plus de quatre ans. Huit millions de morts, 20 millions de blessés. En France, on pleurait 1 400 000 victimes et presque six fois plus de blessés et de mutilés. Et tant de voiles de deuil sur les visages des femmes ! Et tant de jeunes enfants désormais privés d’un soutien paternel !

NOUVEAUTES NOVEMBRE 2014

Liste novembre 2014


BOUTHORS, Jean-François. – Délivrez-nous de « Dieu » : de qui donc nous parle Bible ?. – Paris, Médiaspaul, 2014. 204 pages.

COMMISSION BIBLIQUE PONTIFICALE. – Inspiration et vérité de l’Ecriture Sainte : la parole qui vient de Dieu et parle de Dieu pour sauver le monde. – Paris, Le Cerf, 2014. 266 pages.

COMMISSION THEOLOGIQUE INTERNATIONALE. – Dieu Trinité unité des hommes : le monothéisme contre la violence. – Paris, Editions du Cerf, 2014. 121 pages.

  DAGENS, Mgr. Claude. – A l’ami qui s’est brisé : lettres de Jésus à Judas. – Paris, Bayard, 2014. 95 pages.

DI FALCO, Jean-Michel ; RADCLIFFE, Timothy ; RICCAEDI, Andrea. – Le livree noir de la condition des chrétiens dans le monde. – Paris, XO Editions, 2014.

EVAGRE LE PONTIQUE. – Histoire ecclésiastique : Livres IV-VI. – Paris, Editions du Cerf (Collection Sources chrétiennes), 2014. 424 pages.

GREGOIRE DE NYSSE. – Eloge de Grégoire le thaumaturge ; Eloge de Basile. – Paris, les Editions du cerf, 2014. 322 pages.

MOINGT, Joseph. – Croire au Dieu qui vient. I. De la croyance à la foi critique. – Paris, Gallimard, 2014. 612 pages.

NODET, Etienne. – L’Odyssée de la Bible : études et thèmes. – Paris, Editions du cerf, 2014. 977 pages.

TREMBLAY, Réal (éd.) ; ZAMBONI, Stefano (éd.). – Fils dans le Fils : une théologie morale fondamentale. – Paris, Parole et Silence, Collège des Bernardins, 2014. 602 pages. 

La session beauté au Laus, c'est dans trois jours !


A l'honneur ce mois-ci à la bibliothèque diocésaine de Gap, la beauté et la Grande Guerre.

vendredi 14 novembre 2014

Quelques jalons pour une bibliothèque monastique

Le Seigneur dit dans son Évangile : celui qui écoute mes Paroles et les accomplit, je le comparerai à un homme qui a bâti sa maison sur la pierre. La découverte de la Parole du Christ nécessite la lecture approfondie de la Bible, la lectio divina, pratiquée dès les origines du monachisme. Dans la vie de saint Antoine par saint Athanase, on peut lire : il était si attentif à la lecture qu’il ne laissait rien tomber à terre des paroles des Écritures mais les retenait toutes et que la mémoire lui tenait lieu de livres. Nous, qui malheureusement ne possédons plus cette mémoire avons d’autant plus besoin de revenir à la source qu’est l’Écriture. Aussi, pensons-nous que la Bible doit être mise en évidence dans une bibliothèque monastique.
Il est appréciable de posséder la Bible dans les langues anciennes, en hébreu pour l’Ancien Testament, en grec et en latin pour le Nouveau Testament. Cela entraîne inévitablement la nécessité de posséder quelques grammaires et quelques dictionnaires de ces mêmes langues. De plus, si l’on souhaite approfondir le sens d’un terme et son usage à travers l’Écriture, il est indispensable de consulter des Concordances ou des Synopses.
Il est aussi très utile de posséder la Bible éditée en plusieurs volumes généralement accompagnés de commentaires exégétiques répandus surtout depuis l’époque moderne et qui aident à pénétrer dans le Mystère de l’Économie divine. L’édition de Pirot et Clamer contient des commentaires substantiels des livres entiers, et pour les extraits, les Cahiers Évangile aident à réfléchir sur les péricopes les plus enrichissantes de la Bible. Quant au Dictionnaire de la Bible de Letouzey et son supplément, ils sont évidemment irremplaçables.
Tous ces ouvrages qu’il nous semble naturel de posséder et qui auraient émerveillé sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, ne représentent en fait qu’une première catégorie de livres indispensables à notre époque où l’édition de livres s’est multipliée.
En remontant le temps on découvre que c’est de la lecture de la Bible, très répandue dès les origines et promue par les Pères des IIIe et IVe siècles, que s’inspirèrent les premiers essais de spiritualité, surtout de la lecture du Nouveau Testament, pour la pratique des vertus, ou de celle des Psaumes pour l’expression des sentiments religieux dans la prière.

Nous nous proposons maintenant de partir de la Règle de saint Benoît : le chapitre 73 nomme saint Basile dont les ouvrages, en particulier ses Règles monastiques, trouvent naturellement leur place dans une bibliothèque monastique, et fait allusion aux Pères catholiques dont tout livre proclame la marche directe pour parvenir à notre Créateur.
Saint Benoît supposait que la plupart des moines étaient capables de passer 3 ou 4 heures de la journée à lire et regardait comme négligent et paresseux celui qui n’était pas capable de consacrer le dimanche, un temps beaucoup plus long à la lecture et à la méditation. Aussi paradoxalement, il l’explique dans son chapitre 48 sur le travail manuel : "Le jour du Seigneur tous vaqueront à la lecture excepté ceux qui sont appliqués aux divers offices". Il était donc nécessaire de posséder un bon nombre de livres dans la bibliothèque.
Saint Benoît avait une bonne connaissance de la Bible, cela est facilement constatable d’après le nombre de citations dont est émaillée la Règle. Parmi ses sources monastiques, la première place appartient aux Conférences et aux Institutions de Cassien. Saint Benoît montre qu’il avait connaissance des vies d’Antoine et de Pacôme, l’histoire des moines de Rufin et des Apophtegmes des Pères égyptiens. Pour les Règles monastiques anciennes, il emploie des traductions de celles de Pacôme, Basile, Macaire, de saint Césaire d’Arles et de saint Augustin. Il est donc normal que des moines bénédictins, désireux d’approfondir la connaissance de leur propre Règle, souhaitent lire des textes de ces mêmes auteurs qui ont inspiré saint Benoît comme par exemple saint Léon le Grand que saint Benoît cite dans son chapitre sur le Carême.
Pendant l’hiver durant le temps qui reste après les Vigiles, les frères qui ont besoin d’apprendre quelque chose du psautier ou des leçons, l’emploieront à ce travail et liront avec application des passages des commentaires des Psaumes qui ont inspiré tant d’auteurs chrétiens depuis les Pères jusqu’à notre époque.
Et puisque les moines lisaient beaucoup, il est naturel qu’ils s’appliquaient à ranger leurs livres le mieux possible. C’est ainsi que le catalogue occidental le plus ancien qui nous soit parvenu est celui de l’abbaye de Saint-Wandrille datant d’environ 742, et qui contient déjà à cette époque un fonds d’ascétisme et de spiritualité.
Jusqu’au XIIè siècle la note biblio-ascétique et patristique domine dans la composition des bibliothèques. On a constaté que l’influence de saint Bernard est due en grande partie à la large place prise par ses livres dans les bibliothèques.
Vers la fin du Moyen-Age, les écrits des auteurs grecs se répandent dans certaines bibliothèques : le célèbre évêque à la Bouche d’or, saint Jean Chrysostome, le diacre et poète Éphrem, Jean « Climaque » ainsi surnommé en raison de son ouvrage l’échelle sainte, ou Maxime le Confesseur connu en particulier par ses Centuries sur la charité. Beaucoup de moines y puisent pour approfondir leur vie intérieure.
Un peu plus tôt dans le temps, à partir du XIIIe siècle, les auteurs scolastiques prennent dans les rayons des bibliothèques, une place réservée aux Pères de l’Église. Les livres de théologie constituent une nouvelle catégorie d’ouvrages qui ne cessent de se répandre au fur et à mesure que les théologiens cherchent à désenvelopper les dogmes contenus dans la Révélation comme celui de l’Immaculée Conception ou de l’Assomption. Au cours XXe siècle, des théologiens se penchent sur le Mystère de l’Église peu étudié auparavant.
A partir du XVe siècle, les bibliothèques aident à la diffusion des livres et des idées, on catalogue des bibliothèques pour faciliter les emprunts et la lecture. Cela favorise le développement de la culture.
Mais nous avons omis un sujet important : celui de la liturgie et de la prière communautaire. Dans ce domaine également, les moines auront des livres à leur disposition. Les livres en usage pour les Offices sont généralement dans les sacristies des abbayes, mais les livres d’études spécialisées peuvent être consultés et empruntés à la bibliothèque.
Au cours de ces dernières années nous avons reçu l’enseignement magistériel du pape Benoît XVI, très proche de l’esprit bénédictin. Lors de sa conférence aux Bernardins au début de son voyage en France, il s’exprimait ainsi : Les monastères furent des espaces où survécurent les trésors de l’antique culture et où, en puisant à ces derniers, se forma petit à petit une culture nouvelle… Les trésors auxquels le Pape fait allusion sont, pour une part, gardés dans les bibliothèques des abbayes Les moines étaient à la recherche de Dieu… Comme ils étaient chrétiens, il ne s’agissait pas d’une aventure dans un désert sans chemin, d’une recherche dans l’obscurité absolue. Dieu lui-même a placé des bornes milliaires, mieux, il a aplani la voie, et leur tâche consistait à la trouver et à la suivre.
Cette voie était sa Parole qui, dans les livres des Saintes Ecritures, était offerte aux hommes... Le désir de Dieu comprend l’amour des lettres, l’amour de la Parole de Dieu, son exploration dans toutes ses dimensions. Puisque dans la Parole biblique, Dieu est en chemin vers nous et nous vers Lui, les moines devaient apprendre à pénétrer le secret de la langue, à la comprendre dans sa structure et dans ses usages.
Ainsi, en raison même de la recherche de Dieu, les sciences profanes, qui nous indiquent les chemins vers la langue, devenaient importantes. La bibliothèque faisait, à ce titre, partie intégrante du monastère tout comme l’école. Ces deux lieux ouvraient concrètement un chemin vers la Parole… L’école et la bibliothèque assuraient la formation de la raison et l’erudition, sur laquelle l’homme apprend à percevoir au milieu des paroles, la Parole.

Que dire de mieux après ce grand Pape ? Il ne nous reste donc plus qu’à nous mettre au travail et à voir concrètement comment améliorer l’agencement de nos bibliothèques.
 
par les Soeurs bénédictines de Rosans

Compte-rendu de la rencontre du 21 octobre à l’abbaye Notre-Dame de Miséricorde à Rosans

 C’est à l’abbaye Notre-Dame de Miséricorde de Rosans que les archivistes et les bibliothécaires se sont donné rendez-vous le 21 octobre pour une des réunions provinciales instituées depuis deux ans maintenant. Les abbayes de Jouques et de Rosans ainsi que les archives et la bibliothèque du diocèse de Gap étaient présentes.
Tout d’abord, Mère Marie-Dominique (de Rosans) nous a présenté, en quelques mots, la constitution d’une bibliothèque monastique. Quels sont les critères d’acquisition et de classement ? Par exemple, la découverte de la Parole de Dieu et la Lectio Divina entraînent la nécessité d’aller à la source et de mettre la Bible en évidence. Pour mieux maîtriser le sujet, il est nécessaire d’en avoir dans des langues anciennes (hébreu pour l’Ancient Testament, latin et grec pour le Nouveau Testament) avec les dictionnaires et grammaires correspondants. Concordances et synopses sont également indispensables. Les études bibliques des cent dernières années aident à la compréhension des Ecritures. Pour aller plus loin que cet exemple, vous pouvez lire le texte de Mère Marie-Dominique ici.
De cette présentation inscrite dans un cycle sur l’organisation des bibliothèques, il découle qu’une telle structure répond d’autant plus à des besoins que ceux-ci sont identifiés avant !
Dans un deuxième temps, Hélène Biarnais (bibliothèque diocésaine Mgr Depéry) a montré comment importer-exporter des notices vers un catalogue Koha, tout particulièrement celles venant de la Bibliothèque nationale de France. Cette manœuvre peut s’appliquer à tout système intégré de gestion de bibliothèque (SIGB) et permet de gagner du temps dans le catalogage des livres.
L’après-midi, enfin, a été consacrée à des travaux pratiques : les religieuses de Rosans nous ont initiés à des réparations faciles à effectuer sur des livres abimés.
Rendez-vous est pris pour la deuxième rencontre de l’année, à la bibliothèque Marie-Joseph Lagrange du diocèse de Fréjus-Toulon en janvier 2015.

mercredi 12 novembre 2014

L’Ubaye et la Grande Guerre

Un ouvrage fouillé donne sa place à la vallée de l’Ubaye dans le contexte de la Première Guerre mondiale

Hubert Tassel, L’Ubaye et la guerre de 1914-1918, Editions du Fournel, 2014, 304 p.

« Dans l’ensemble, [les récits] témoignent d’une foi en l’issue victorieuse de la guerre et d’une confiance envers leurs chefs même si parfois pointent des signes de mécontentement voire d’indignation » (p. 142).
Sous la responsabilité de l’Amicale ubayenne des Chasseurs alpins, Hubert Tassel dans L’Ubaye et la guerre de 1914-1918 évoque le sort des soldats venus de l’Ubaye dans la Grande Guerre. Il s’appuie sur de nombreuses sources notamment provenant d’archives ecclésiastiques et sur les travaux de l’abbé Alphonse Collé, curé de Ménil-sur-Belvitte, localité du front. L’auteur est militaire et maîtrise le vocabulaire de la guerre et des soldats.
Cet ouvrage enrichit l’histoire locale. Il pose le contexte et le récit est étayé par des sources variées et une bibliographie comprenant des documents électroniques.

mardi 11 novembre 2014

Deux ouvrages témoins du renouvellement historiographique sur la Première Guerre mondiale

Hôpitaux militaires dans la guerre 1914-1918, Ysec, 2014, 335 p.

Mon Village dans la Grande Guerre, Remollon (1914-1918), Copymedia, 2014, 278 p.


La commémoration de la Première Guerre mondiale, nous l’avons déjà écrit ici, provoque un renouvellement dans l’historiographie par des publications nationales ou très locales. Elles interrogent les sources, les publient parfois, les analysent à la lumière des dernières recherches. Elles offrent au curieux, à l’érudit, au chercheur, des perspectives nouvelles.

Le répertoire général des hôpitaux militaires, sous-titre de Hôpitaux militaires dans la guerre 1914-1918 (dont le tome IV est consacré au Sud-Est de la France) propose une analyse historique sur ces établissements sanitaires et une liste accompagnée d’une iconographie originale, notamment avec la publication des marques postales.

Cet ouvrage permet de voir la répartition des hôpitaux militaires dans les Hautes-Alpes : établissements bénévoles, par exemple à l’école des filles de Saint-Bonnet en 1914 et au petit séminaire de Serres jusqu’en 1916. Il permet d’évaluer l’importance relative du département dans cet ensemble puisque trois pages sur la totalité lui sont consacrées, six pour l’Ardèche et deux pour les Basses-Alpes, actuelles Alpes de Haute-Provence.

Yves Chiaramella et Nathalie Audier, eux, nous offrent avec Remollon (1914-1918) une lecture de la guerre dans cette commune des Hautes-Alpes. Les auteurs proposent une contextualisation du conflit et un itinéraire des soldats de Remollon, tombés ou revenus de la guerre.


lundi 10 novembre 2014

Contempler la beauté : la beauté sauvera-t-elle le monde ?


 

Contempler la beauté : la beauté sauvera-t-elle le monde ?




Du 21 au 24 novembre, le sanctuaire Notre-Dame du Laus organise une session spirituelle sur la beauté dans tous ses aspects. Les personnes intéressées peuvent s’inscrire au 04 92 50 30 73 soit pour l’ensemble de la session soit pour l’une ou l’autre des activités organisées durant ces quatre jours.

Le programme est établi ainsi :

Vendredi 21 novembre

9h15 : ouverture de la session par le père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire, avec un enseignement ayant pour titre Beauté cachée et beauté révélée à Notre-Dame du Laus. 15h : Père Jean-Marie Dezon, La beauté dans la Bible. 20h30 : Spectacle de danse par Jessie Pezzoli.

Samedi 22 novembre

9h : Présentation du message de Notre-Dame du Laus puis parcours jubilaire axé sur le thème de la beauté. 17h : Concert d'orgue par Damien Bredif, organiste de la cathédrale de Gap et du sanctuaire Notre-Dame du Laus, accompagné de commentaires par Soeur Marie-Macaire, bénédictine du Sacré-Coeur de Montmartre. 20h30 : Carrefour sur le thème de la musique, avec P. Robert Guillot, moine bénédictin de Ganagobie, Sœur Marie-Macaire, sœur du sanctuaire, Jessie Pezzoli, danseuse et Fabien Guillot, séminariste, suivi d'une veillée de prière à la basilique.

Dimanche 23 novembre

9h15 : Père Michel Dorthu, L'art roman. 10h30 : messe dédiée au Christ-Roi et aux artistes. Les artistes sont particulièrement invités à participer à cette messe et au déjeuner-rencontre qui suivra à l'hôtellerie de Notre-Dame du Laus. 15h : table-ronde d’artistes haut-alpins, avec Mireille Cros, Bénédicte Deschamps et François Foucras. La soirée sera consacrée à la beauté dans la liturgie. 20h30 : Père Joseph-Charles Mbogba, La beauté dans la liturgie.

Lundi 24 novembre

9h15 : Témoignage de Françoise Henry, artiste peintre au Laus. 15h : Hélène Biarnais, La nature dans les Manuscrits du Laus. 17h : Père Guy Corpataux, La montagne dans l'expérience des pèlerins, conclusion de la session.

En plus des enseignements, les participants à la session auront accès à une exposition autour de l’art sacré et à des diaporamas mêlant méditation et découverte d’œuvres d’art.

Le parcours spirituel proposé pour l’année jubilaire permettra à ceux qui le souhaitent de découvrir la beauté des lieux tout en accomplissant une démarche spirituelle profonde.

Inscription à la réception de l’hôtellerie de Notre-Dame du Laus : 04 92 50 30 73


lundi 3 novembre 2014

MGR. PIERRE-MARIE GERLIER (1880-1965)



  • Pierre-Marie Gerlier, le cardinal militant (1880-1965)
  • Olivier Georges
  •             Paris, Mame, 2014. 474 pages


Le destin paradoxal d’un grand cardinal au service de l’Eglise pendant les années troubles de la première moitié du XXè siècle. C’est ce destin que nous relate l’historien Olivier Georges dans une volumineuse et dense biographie.

               Pierre-Marie Gerlier (1880-1965) fut d’abord avocat avant de devenir prêtre. Figure emblématique de l’Eglise il se fit connaître d’abord comme évêque de Tarbes et Lourdes dès 1929 en assumant la lourde charge de régler les contentieux autour du sanctuaire de Lourdes. Il se, montra un fidèle de Pie XI en appliquant les directives de Rome qui sanctionnait les membres de l’Action française.
               En 1937 Mgr. Gerlier fut nommé archevêque de Lyon : il devint ainsi comme primat des Gaules un des principaux acteurs de l’Eglise de France. Dès lors c’est en tant qu'évêque de Lyon qu’il est resté dans la mémoire des Français. En 1940 – suite à la défaite de la France – il prononça cette phrase : « Pétain, c’est la France et la France aujourd’hui, c’est Pétain ». : il est devenu pour beaucoup alors un des principaux défenseurs du Régime de Vichy mais sa ligne de conduite fut la suivante : « loyalisme au gouvernement sans inféodation ».
               Cette adhésion qui le lui fut reproché ne l’empêcha pas de protester lors des grandes rafles des juifs au nom de la dignité humaine, aidé en cela par des pasteurs et des responsables de la communauté juive ; cette parole permit d’ouvrir séminaires et couvents aux juifs pourchassés. Il va également couvrir certaines actions de la Résistance : c’est ainsi que les Cahiers du Témoignage  - avec le Père Chaillet – pourront dénoncer le nazisme et l’action du régime de Vichy et engager une résistance spirituelle.
               Après la guerre l’action du cardinal Gerlier fut de canaliser toute cette effervescence à la fois intellectuelle et pastorale. Il dut défendre à Rome certains dossiers délicats : l’œcuménisme avec le Père Couturier, la naissance des prêtres ouvriers et le soutien aux théologiens d’avant-garde. Mais il échoua à sauver les prêtres-ouvriers : Rome interdit cette innovation pastorale en 1954 par peur du communisme et aussi pour sauvegarder le rôle spécifique du prêtre. Peu à peu l’influence du Cardinal se fit moins influente : avec l’âge son rôle diminua et cela se vit lors du Concile Vatican II.
               Le cardinal Gerlier s’éteignit en 1965 après un long épiscopat (1937-1965). Ses funérailles furent l’occasion de rendre hommage à celui qui vécut la guerre de 1914-1918, qui eut à cœur d’être un pasteur obéissant à l’Eglise, qui s’engagea dans la voie d’une rénovation pastorale. Les protestants et la communauté juive lui rendirent également un vibrant hommage. Il fut déclaré Juste parmi les Nations en 1981 pour son attitude courageuse pendant la dernière guerre.