jeudi 29 mars 2018

Semaine du 2 avril au 7 avril à la bibliothèque diocésaine d'Aix


ATTENTION :

LA SEMAINE DU 2 AVRIL AU 7 AVRIL 2018 :

La Bibliothèque diocésaine ne sera ouverte que 
le mardi après-midi de 14h à 18 et le samedi matin de 9h à midi

vendredi 23 mars 2018

Les livres prophétiques

Les livres prophétiques
Pierre de Martin de Viviès
Paris, Editions du Cerf, 2018. 160 pages.

Comme à son habitude depuis quelques années la petite collection Mon ABC  de la Bible fait découvrir dans une présentation accessible à tous un livre de la Bible ou un auteur. Ici ce sont les livres des prophètes que l’on peut découvrir.

C’est Pierre de Martin de Viviés, prêtre de la Compagnie de Saint-Sulpice, docteur en théologie et en histoire des religions, professeur d’exégèse biblique au Séminaire d’Issy-les-Moulineaux, qui se fait ici votre guide pour entrer dans les livres prophétiques.

On y trouve de manière très simple et pédagogique l’identification de l’auteur ou des auteurs, contexte scripturaire, historique, culturel et rédactionnel, analyse littéraire, structure et résumé de chacun des livres, examen détaillé des grands thèmes abordés dans chacun des livres des prophètes, étude de la réception, de l’influence et de l’actualité. A cette étude s’ajoute un lexique des lieux et des personnes, des tables chronologiques, des cartes géographiques, ainsi qu’une bibliographie pour continuer l’étude des prophètes.

Cette petite collection  « Mon ABC de la Bible »qui se veut une boîte à outils d’une lecture informée et vivante du Livre des Livres s’adapte à tout public et est une invitation à continuer …..


Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

Les animaux dans la Bible

 
Les animaux dans la Bible
Didier Luciani
In Cahiers Evangile, numéro 183 – mars 2018


« Ursus et homo étaient liés d’une amitié étroite. Ursus était un homme, Homo était un loup » : c’est ainsi que commence un roman de Victor Hugo L’homme qui rit (1869) ; mais déjà Thomas Hobbes (1588-1679) écrivait, à la suite de Plaute : « Homo hominis lupus / L’homme est un loup pour l’homme ». On peut remarquer que les relations entre les hommes et les animaux est loin d’être simple, que la vision des hommes sur le monde animal oscille très souvent entre voir l’animal comme un ennemi à combattre ou à remarquer que le comportement animal est parfois moins sauvage que le comportement des humains.

L’Occident aujourd’hui s’oriente vers un désir d’harmonie entre le monde animal et le monde des humains. C’est ainsi que l’on voit se développer depuis quelques années des associations de défense ses animaux. Ces associations peuvent compter sur le soutien d’artistes, de scientifiques et de philosophes. On revendique à introduire dans le droit un droit des animaux. Sur le plan du comportement  se développe depuis peu ce que l’on appelle le mouvement « végan » qui est végétalisme intégral pour refuser toute nourriture ou tout habillement venant d’origine animal.

L’auteur Didier Luciani qui anime des sessions sur ce sujet met en dialogue dans ce dossier les textes bibliques et les interrogations contemporaines. Il ne s’agit d’élaborer un bestiaire biblique ni de l’étude symbolique des animaux dans la Bible, mais de s’interroger sur la place voulu par Dieu pour les animaux dans son projet créateur. On peut aussi se poser la question : l’être humain est-il un animal ? Enfin l’auteur étudie  à travers les textes de l’Ancien Testament la place des animaux dans le culte, le rôle des animaux dans la relation à Dieu (sacrifices pour honorer Dieu, pour l’implorer ou le remercier).
Le Nouveau Testament et le christianisme reprend cette thématique quand il désigne Jésus comme l’Agneau de Dieu et aussi quand les Evangélistes sont représentés par un animal (tétramorphe).


A la fin des temps qu’en sera-t-il des relations entre l’homme et le monde animal ? Retour au jardin d’Eden de la genèse comme le laisse suggérer certains textes d’Isaïe (11, 6-9) ou même l’évangéliste Marc  (1, 13). Il y aura donc une promesse de paix, une promesse d’harmonie de toute la Création qui se réalisera avec la victoire de Jésus.


L'auteur 
Didier Luciani enseigne l’Ancien Testament et le judaïsme à la Faculté de théologie de l’Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve). Hormis plusieurs études sur le Lévitique, ses derniers ouvrages sont : Révéler les œuvres de Dieu. Lecture narrative du Livre de Tobie (2014), L’antijudaïsme des Pères. Mythes ou réalité ? (2017).


Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

samedi 17 mars 2018

Romano Guardini ( 1885-1968)


Romano Guardini (1885-1968)

Un numéro de La Maison-Dieu consacré à Romano Guardini
Le volume N°291 de La Maison-Dieu consacré à Romano Guardini est paru en mars 2018 aux éditions du Cerf.
Depuis cent ans, Romano Guardini accompagne le Mouvement et la réforme liturgiques, par son action, en particulier au château de Rothenfels, où se réunissaient les jeunes du Quickborn, et par ses écrits. Philosophe, théologien, prêtre, accompagnateur spirituel, il a profondément marqué son époque en proposant une vision renouvelée de la liturgie, attentive au sens profond des rites, à la place des acteurs, et il a su la partager.


Sommaire et résumé des articles

Romano Guardini à l’aube du Mouvement liturgique : L’Esprit de la liturgie, Arnaud Join-Lambert
En 1918, Romano Guardini publie son premier livre L’esprit de la liturgie (Vom Geist der Liturgie). Ce petit essai va connaitre un énorme succès, devenant un classique incontournable de la liturgie et ayant une grande influence dans l’Église catholique jusqu’au concile Vatican II. Cet article fait le point des dernières recherches sur l’origine et le contexte de ce livre, à l’aide notamment de la publication récente de la correspondance de Guardini (dont celle avec Cunibert Mohlberg). Un paragraphe est consacré au chapitre 5 sur « la liturgie comme jeu », central pour Guardini, et qui fit l’objet de discussion dès le début (et jusqu’à aujourd’hui). La deuxième partie analyse le contenu de l’ouvrage, en particulier les trois premiers chapitres. L’article examine enfin la réception postconciliaire de L’esprit de la liturgie, accordant une large part au livre de 2001 du cardinal Joseph Ratzinger et des polémiques qui suivirent. L’article est suivi de la publication de la préface de l’abbé Herwegen à la première édition de l’ouvrage.

Romano Guardini, une théologie fondamentale de la liturgie, Jean-Louis Souletie
Le « discours de la méthode » systématique en science liturgique proposé par Guardini cherche à articuler deux perspectives différentes mais corrélées : l’épaisseur historique des rites, et la portée dogmatique de leur signification. Il énonce au passage quelques pièges à éviter dans le traitement des données historiques, et les conditions d’une véritable herméneutique liturgique. Jean-Louis Souletie montre comment ces apports ont été profitables pour le discernement dans le travail de réforme, et comment la méthode systématique nous aide aujourd’hui à mieux comprendre la liturgie ancienne et contemporaine. Il éclaire également le propos de Guardini sur la méthode en science liturgique en le rapprochant de ses sources philosophiques telles que les présente son ouvrage intitulé La polarité.

Romano Guardini et la formation liturgique, Sophie Gall-Alexeeff
Romano Guardini a porté une attention toute particulière à la nécessaire formation liturgique. Cela transparaît dans nombre de ses écrits et, plus spécialement, dans son livre Liturgische Bildung, en 1923, qui jusqu’à maintenant n’était pas disponible en langue française. Situant cet écrit majeur dans l’ensemble de son œuvre, cet article fait le point sur les enjeux de la formation liturgique selon Guardini et les moyens qu’elle est appelée à déployer. Le théologien procédant, le plus souvent, par association d’images contraires pour faire entrer dans une compréhension fine et large, qui n’enferme pas dans une définition trop stricte. Le terme allemand Bildung choisi par Guardini est d’ailleurs particulièrement intéressant par son ouverture de sens qui est rassemblé ici sous le terme « formation ». L’article se termine par de longues citations de l’ouvrage étudié, mises à disposition des lecteurs en traduction française et dont la pertinence est relevée. Cela concerne : la distinction entre formation liturgique et science liturgique ; le rapport âme et corps dans la liturgie ; l’articulation intériorité et extériorité ; et le rapport individu et communauté. Autant de questions centrales dans l’œuvre de Guardini.

L’édifice de la prière : pôles objectif et subjectif, Fr. Tarcisius Dejoie
En 1913, dom M. Festugière, bénédictin de l’abbaye belge de Maredsous fut à l’origine d’une controverse qui opposa tout d’abord les bénédictins de Belgique aux jésuites de la province de Toulouse, à propos de la dimension objective de la vie de prière. La dispute, qui dépassa rapidement le cadre de la Belgique et de la France, s’est attachée surtout, à un aspect finalement secondaire du débat : la critique ou la défense de la méthode de spiritualité ignatienne. L’intérêt de la réflexion de R. Guardini dans son article de 1921 réside surtout dans le fait qu’il identifie l’objet principal et les véritables termes du débat. Commençant par lever la suspicion jetée contre la spiritualité jésuite, il reprend alors l’essentiel de la question, à savoir le rapport entre les besoins individuels des fidèles – qui touchent à la sanctification mais sont aussi d’ordre affectif – et le pôle objectif de la prière que la liturgie garantit dans une large mesure.
Aujourd’hui encore, le questionnement et l’analyse rigoureuse du théologien allemand paraissent pertinents à qui cherche un éclairage sur le problème complexe du rapport, ou des apports mutuels, de la prière de l’église et de la prière personnelle, dans la vie du fidèle chrétien.

La notion de « Liturgiefähigkeit » (capacité liturgique) : Une question d’actualité permanente, Davide Pesenti
Les sciences liturgiques se sont régulièrement interrogées sur la « Liturgiefähigkeit », c’est-à-dire sur « la capacité liturgique » de l’homme au XXè siècle, surtout depuis la célèbre lettre de Romano Guardini à Johannes Wagner, à l’occasion du Congrès liturgique qui a eu lieu en 1964 à Mayence. Actualisant cette intuition guardinienne pour le contexte ecclésial contemporain, cette contribution vise à présenter un des concepts-clés de ce que la théologie a nommé « la Question liturgique ». La visée de ce bref parcours est d’abord de repérer quelques présupposés et conditions d’une participation holistique à l’action liturgique, comme elle a été demandée par le concile Vatican II et promue par la réforme liturgique qui l’a suivi. Dans un deuxième temps, l’article se propose d’approfondir le rôle et l’actualité permanente du questionnement théologique concernant la « capacité liturgique » de l’homme postmoderne pour l’ensemble de la vie de l’Église ainsi que pour la réflexion présente et future en sciences liturgiques.

Offrir avec le peuple, offrir pour le peuple ? Une question liturgique post-tridentineGilles Drouin
Le Concile de Trente a été suivi d’une modification profonde de la disposition spatiale des édifices de culte catholique, avec en particulier une réarticulation du sanctuaire et de la nef (disparition ou ouverture des jubés, disposition « à la romaine » de certains autels). Les Instructions sur le Rituel de Mgr Joly de Choin, évêque de Toulon, un important ouvrage de formation et de régulation liturgique dont l’influence s’étendra jusqu’au milieu du XIXè  siècle, témoigne à la fois de la réception d’une théologie de l’offrande commune du sacrifice de la messe par le prêtre et les fidèles dans la France post-tridentine et de la difficulté de sa traduction liturgique effective. L’examen de cette question dans le contexte pastoral des Instructions, éclaire une des difficultés de la pastorale à la française du XVIIIè siècle, incapable malgré la formation du clergé, le zèle apostolique de nombreux prêtres, de rendre effective une participation liturgique à la messe, avec le risque de réduire la liturgie à ses dimensions d’observance rubricale et d’exhortation morale, sans qu’un recours possible aux ressources de la dévotion ou du théâtre baroque puisse même en partie suppléer à cette carence.




Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

mercredi 14 mars 2018

Denis Vasse (1934-2018)


Le jésuite et psychanalyste Denis Vasse est mort

Ami de Françoise Dolto, le jésuite et psychanalyste Denis Vasse est mort lundi 12 mars, à 84 ans. Il a forgé une œuvre où la vérité se cherche par la parole.

 « Être chrétien, c’est consentir à ce qu’est l’homme. C’est devenir un homme selon Dieu, selon ce qui se révèle dans le vivant et qui est la vie », confiait le jésuite et psychanalyste Denis Vasse à La Croix en 1999. Après de longues années d’écoute, auscultant le mystère d’une vie toujours reçue, Denis Vasse est mort lundi 12 mars, à 84 ans, à Francheville (Rhône).
Il avait fait un double choix: celui de la psychanalyse et de la Compagnie de Jésus. Né en 1933 en Algérie, dans une famille de pieds noirs, d’une mère institutrice et d’un père paysan, il fait sa médecine à Alger et prend parti pour l’indépendance, ce qui lui vaudra de connaître la torture.

Des jésuites à l’école freudienne
Entré chez les jésuites en 1958, il étudie la philosophie et commence une analyse. Il devient membre de l’École freudienne de Paris, fondée par Lacan. « Pour moi, la terminologie lacanienne a été une source inouïe en matière de réflexion théologique, témoignera-t-il. Cela m’a offert la possibilité de parler de l’homme dans un discours qui n’est pas immédiatement religieux (lequel) risque de devenir très vite moral, normatif ». Son premier livre, Le Temps du désir (1969) fera date, en revisitant la question de Dieu à partir du « désir de l’Autre ».
Sans séparation, ni confusion, Denis Vasse va travailler les champs psychanalytique et spirituel, avec fécondité. Dans le cabinet qu’il ouvre à Villeurbanne en 1973, puis au Jardin couvert, à Lyon – un espace d’accueil pour enfants dans l’esprit de la Maison verte de Dolto –, il ne cesse « les allers et retours entre théorie et pratique, vérifiant l’un par l’autre, constamment à la recherche de l’essentiel: la vérité au cœur de lhomme », souligne Marie-José d’Orazio-Clermont, psychanalyste qui travailla avec lui.

Les trois grands piliers de l’homme
De là, naîtra une œuvre majeure, qui s’approfondit livre après livre: « Le poids du réel, la souffrance » (1983), « La chair envisagée » (1988), « Un parmi dautres », (1988), « Inceste et jalousie » (1995), « La Dérision ou la joie » (1999) « Pour Denis Vasse, ce qui fonde l’homme, ses trois grands piliers, est constitué de trois couples: lhomme et la femme (la différence sexuelle), la vérité et le mensonge, la vie et la mortQuand l’un est touché, les autres le sont aussi », résume Marie-José d’Orazio-Clermont.
Dans le sillage de Françoise Dolto, qui deviendra une amie proche, Denis Vasse participe au dialogue entre psychanalyse et christianisme. « Il y avait entre eux une amitié presque filiale, témoigne José-Marie d’Orazio-Clermont. Françoise disait qu’elle n’avait jamais demandé à Denis Vasse de préfacer un de ses livres parce qu’il était pour elle un égal ». En 1988, Denis Vasse prononcera l’homélie de sa messe d’enterrement.

Création de la communauté du Pèlerin
Parallèlement à son travail d’analyste, le religieux creuse les sources de la spiritualité chrétienne (Thérèse d’Avila, Thérèse de Lisieux…) et de son ordre. En 1972, sur la Croix-Rousse à Lyon, il participe avec quatre autres compagnons jésuites à la création de la communauté du Pèlerin, « avec le désir de refonder une vie communautaire simple et fraternelle dans l’esprit des débuts de la Compagnie », témoigne Jean-Marc Furnon, jésuite qui l’a bien connu.
Homme « à la parole directe », « grande gueule », Denis Vasse laisse aussi le souvenir d’un homme « très fraternel, très attentif ». « C’était un véritable scanner à détecter la perversion, témoigne Jean-Marc Furnon. Il pouvait dire les choses de manière directe et certains le cherchaient un peu… Mais il avait un très bon jugement, qui a aidé énormément de gens. »

Un homme de liens
Après cette vie féconde, la dernière décennie, au cours laquelle Denis Vasse avait fait deux AVC, fut difficile. Du premier qui lui avait fait perdre l’usage de la parole, handicap qu’il avait surmonté grâce à une rééducation, il disait avec humour: « j’ai été puni par où j’ai péché! ». Le second l’avait laissé paralysé et aphasique. Une épreuve douloureuse pour cet homme de parole.
Ultime consolation peut-être, depuis l’annonce de son décès, les conversations ont repris autour de son souvenir. « Je suis appelée du monde entier, d’Amérique latine, du Canada…, se réjouit Marie José d’Orazio-Clermont. Denis était un homme de liens et des gens d’univers différents font lien à travers sa pensée. »
Car les livres de ce penseur exigeant et libre ont navigué eux aussi sans se soucier des frontières. « Il a touché des gens extrêmement loin de l’ÉgliseJ’ai vu des conversions, témoigne avec pudeur Marie-José d’Orazio-Clermont. Les gens se demandaient: « Denis, doù vous parlez? La force de votre parole, où est-elle fondée? »


Journal La Croix du 13/03/2018


Comment notre monde a cessé d'être chrétien


Comment notre monde a cessé d’être chrétien : anatomie d’un effondrement
Guillaume Cuchet
Paris, Le Seuil, 2018. 245 pages.


L’historien prend le dossier de l’effondrement du catholicisme France en s’appuyant sur les travaux du chanoine François Boulard (1898-1977) qui le premier avait entrepris une cartographie de la France religieuse. Il pose en historien et en sociologue la question de savoir à quelle date s’est produite la rupture entre la religion catholique et la société française. C’est donc avec l’aide de travaux effectués par le chanoine Boulard qu’il constate que cette rupture s’est produite dans les années soixante ; la mise en œuvre du Concile Vatican II et ce qu’on appelle les « évènements de Mai 68 » n’en furent pas la cause. Le Concile Vatican II a simplement été un évènement « déclencheur » d’une crise qui se serait produite de façon inéluctable.

La chute e la pratique religieuse, le fait que la religion catholique soit devenue minoritaire ‘chute de la pratique religieuse dominicale entre 1955 et 1975 a longtemps été analysé comme une conséquence de Mai 68 pour les uns (notamment pour ceux qui se situent à droite) quand d’autres invoquent la promulgation de l’encyclique Humane Vitae par Paul VI en interdisant les moyens contraceptifs éloignant ainsi de l’Eglise toute une génération de pratiquants.

Voilà un ouvrage qui devrait susciter des discussions passionnées, et marquera sans aucun doute l’historiographie du catholicisme dans notre pays. La question que pose Guillaume Cuchet n’est pas nouvelle, car depuis plus de trente ans des intellectuels catholiques s’évertuent d’y répondre: comment le catholicisme français est-il devenu si rapidement une religion minoritaire, avec une chute de la pratique dominicale de près d’un tiers entre 1955 et 1975 ? Question qui provoque immédiatement deux types de réponse, selon deux camps qui se renvoient la responsabilité: pour les uns, plutôt à droite de l’Église, c’est la faute à Mai 68 ; pour d’autres, c’est à cause de l’encyclique Humanae vitae, qui, en interdisant la contraception, aurait découragé une génération de croyants.

En s’appuyant sur les travaux du Chanoine Boulard dans les années 1955-1965  et sur les statistiques ainsi exploitées , en s’appuyant sur des enquêtes effectuées dans les  années 1970 Guillaume Cuchet montre que le « décrochage » d’une bonne partie des catholiques s’est effectuée en 1965 juste après la fin du Concile. mais en notant que le ni le Concile, ni Mai 68, ni l’encyclique Humanae Vitae n’en furent la cause immédiate

Reste donc à analyser le pourquoi de cette situation qui a particulièrement marquée le catholicisme européen et surtout français.
L’auteur met en cause la pastorale qui en a suivi et qui a désorienté les catholiques. En voulant appliquer trop rapidement les conclusions du Concile (surtout dans la liturgie) le clergé a négligé de prendre en compte les habitudes cultuelles des croyants ainsi que leur signification profonde. On a donc assisté à une pastorale « élitiste » : la piété populaire, certaines pratiques (obligation de la messe dominicale, communion solennelle) ont été jugées désuètes et même sans valeur alors que rien de tel n »était dit dans les textes conciliaires. On abandonne aussi un enseignement jugé trop culpabilisant : péché mortel, les fins dernières, l’enfer, ….A cela s’ajoute d’autres raisons : abandon de la soutane au profit d’un costume « clergyman », des prêtres qui quittent le ministère….

L’auteur se penche enfin sur la question du sacrement de la confession. Si l’on constate un abandon des confessions dans des confessionnaux au profit d’autres manières comme le dialogue entre le prêtre et le pénitent, l’apparition de célébrations pénitentielles avec absolution collective on voit peu à peu une chute dans la pratique même de la confession. L’auteur note également que la notion même du « péché » se fait moins fréquente dans les homélies ; la doctrine de la « justice de Dieu » est substituée à la notion de « Dieu est Amour ! »  Les catholiques perdent donc l’habitude de se confesser et que la  communion est devenue plus accessible.

Ainsi donc en voulant une assemblée plus «consciente » de sa participation aux offices, de catholiques mieux formés et plus investis dans la vie de l’Eglise se sont certaines structures qui entouraient les fidèles dans la vie sacramentelle qui abandonnées ont fait que beaucoup (et surtout dans le jeunes générations) ont quitté l’Eglise faute de repère tandis que d’autres se détournaient  de l’Eglise pour se « fabriquer » une religion où les dogmes, les obligations avaient finalement une importance toute relative.


L'auteur
Guillaume Cuchet est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris-Est Créteil. Il a notamment publié Penser le christianisme au XIXe siècle. Alphonse Gratry (1805-1872) (Presses universitaires de Rennes, 2017).




Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

dimanche 11 mars 2018

Une passion après Auschwitz ? autour de la Passion selon Marc


UNE PASSION APRÈS AUSCHWITZ ? AUTOUR DE LA PASSION SELON MARC 
DE MICHAEL LEVINAS
sous la direction de Jean-Marc Tétaz et Pierre Gisel
Paris, Beauchesne, 2017. 264 pages.


Présentation de l'éditeur

Cet ouvrage paraît à l’occasion de la création à Lausanne, lors de la semaine sainte 2017, de La Passion selon Marc. Une passion après Auschwitz du compositeur Michaël Levinas. Cette création prend place dans le cadre du 500e anniversaire de la Réforme protestante. Elle entreprend de relire le récit chrétien de la passion de Jésus dans une perspective déterminée par la Shoah.

Ce projet s’inscrit dans une histoire complexe, celle de l’antijudaïsme chrétien, dont la Réforme ne fut pas indemne, mais aussi celle des interprétations, théologiques et musicales, de la passion de Jésus de Nazareth. Et il soulève des questions lourdes, mais incontournables. Peut-on mettre en rapport la crucifixion de Jésus – la passion chrétienne – et l’assassinat de six millions de juifs ? Ne risque-ton pas d’intégrer Auschwitz dans une perspective chrétienne, et du coup de priver la Shoah de sa radicale singularité ? De redoubler la violence faite aux victimes d’Auschwitz en lui donnant un sens qui en dépasserait le désastre, l’injustifiable, l’irrémédiable ?

Le livre propose une série d’éclairages sur les questions que soulève le projet d’une Passion après Auschwitz : relectures du récit de la passion selon Marc, analyses historiques, réflexions sur quelques figures juives de l’interprétation de la Shoah, reprises théologiques chrétiennes enfin, autour des questions posées à la christologie et à la théologie de la passion. L’ouvrage se conclut par un entretien avec le compositeur qui revient sur son approche de cette thématique et sur sa démarche.

Ont participé à cet ouvrage : Danielle Cohen-Levinas, Corina Combet-Galland, Marc Faessler, Pierre Gisel, John Jackson, Daniel Krochmalnik, Pierre-Olivier Léchot, Michaël Levinas, Jean-Marc Tétaz et Christoph Wolff.



SOMMAIRE
Jean-Marc Tétaz et Pierre Gisel : Avant-propos

Corina Combet-Galland : La Passion selon Marc.Ou la mort précédée de ce qui la dépasse ?
1. L’onction par effraction, ou la surabondance dans la maison du Pauvre
2. Le dernier repas : la fraction, les fractures de la communion
3. Le passage par la nudité
4. Les procès : la vérité au jeu de la dérision
5. La croix. Du « pourquoi » sans réponse au « vraiment » de la reconnaissance
6. En guise de conclusion

Marc Faessler : La Passion selon Marc, ordalie du Silence de Dieu
1. L’« in-ouï » du silence
2. L’ordalie dans les sollicitations bibliques du récit de la Passion
3. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-Tu embuissonné (dans le Silence) ? »

Pierre-Olivier Léchot : « Des maîtres très grossierset des élèves de l’Écriture dépourvus de zèle ». Quelques motifs théologiques de la polémique anti-juive chez Luther
1. Luther antisémite ? Quelques données historiques touchant Luther
2. Un débat herméneutique, à propos de la figure du Christ-Messie
3. Remarques conclusives 

Christoph Wolff : Les Passions selon Jean, Matthieu et Marc de J.S. Bach dans leur contexte historique
1. La Passion selon Saint Jean
2. La Passion selon Saint Matthieu
3. La Passion selon Saint Marc 

John E. Jackson : Paul Celan – une passion juive ?

Daniel Krochmalnik : Servus Dei. À propos d’une icône de la Shoah
1. Habent sua fata imagines
2. Judea capta
3. Ecce homo
4. Nostra aetate


Jean-Marc Tétaz : La mort du juif Jésus et la question  de la christologie

1. Der Meister : raconter l’histoire de Jeschua après Auschwitz
2. La « troisième quête » du Jésus historique et la destruction de la continuité entre le Jésus de l’histoire et le Christ de la foi
3. La christologie comme construction métaphorique de la mémoire croyante
4. La christologie entre histoire et mémoire
5. Christologie et identité de la personne 

Pierre Gisel : Golgotha et Auschwitz, une passion ?
1. Une surdétermination chrétienne du destin de l’homme Jésus
2. Pour autant que soit en cause une passion, qu’y lire et qu’en faire ? D’un différend entre deux voies divergentes
3. Interlude : ce que, pour mon compte, je retiens, et ce qui reste à approfondir
4. En plus grande proximité, mais où le différend insiste
5. Un « fait chair » pour un « faire voir »
6. Retour sur le motif d’une passion, la manière de l’investir et de répondre de ce qui s’y joue


Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

http://www.editions-beauchesne.com/userfiles/Le-Monde-Festival-Musica-Les-voix-de-la-Passion.pdf

samedi 3 mars 2018

Pierre Milza (1932-2018)


L’historien Pierre Milza est mort

Agrégé d’histoire, Pierre Milza avait consacré sa thèse aux relations franco-italiennes à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.

L’historien Pierre Milza, né le 16 avril 1932 à Paris, s’est éteint à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) mercredi 28 février, à l’âge de 85 ans


Une monumentale histoire de l’immigration italienne
Agrégé d’histoire, Pierre Milza avait consacré sa thèse, dirigée par Jean-Baptiste Duroselle, aux relations franco-italiennes à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Fils d’un immigré italien, il avait publié une monumentale histoire de l’immigration italienne en France, dans Voyage en Ritalie (Plon, 1993).
Professeur émérite des universités à l’Institut d’études politiques de Paris, Pierre Milza avait également enseigné à Florence, Parme et Genève. Président d’honneur de la Revue d’histoire moderne et contemporaine, il a dirigé le centre d’histoire de Sciences Po et présidé le Comité franco-italien d’études historiques et le Centre d’études et de documentation sur l’émigration italienne (CEDEI).

Il fut également l’auteur de nombreux manuels, en collaboration avec Serge Berstein, dont L’Italie contemporaine des nationalistes aux Européens, (Armand Colin, 1973) et Dictionnaire historique des fascismes et du nazisme (Ed. André Versaille, 2010), ainsi que Histoire de l’Europe contemporaine, (Hatier, 2002). Modèles de rigueur et de clarté, les « Milza-Berstein » ont été la bible de nombreux étudiants de Sciences Po et de khâgne.



Publications : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles



Le père Jean Dujardin (1936-2018) , prêtre, thélogien et historien français a été un spécialiste des relations entre le judaïsme et le christianisme.

Éléments de biographie

Le père Jean Dujardin est devenu oratorien après des études de philosophie, de théologie et d’histoire. De 1984 à 1999 il a été supérieur général de L’oratoire de France.
 De 1987 à 1999, il a été secrétaire du Comité épiscopal français pour les relations avec le judaïsme. En 1992, il intervient pour suspendre le procès en béatification de la reine d'Espagne, Isabelle la Catholique, parce qu'elle avait expulsé les Juifs d'Espagne. Il est aujourd’hui expert auprès de ce comité. et membre du comité directeur de l’Amitié judéo-chrétienne de France (ACJCF).

Le père Dujardin a enseigné à l’Ecole cathédrale et au Collège des Bernardins de Paris, au Séminaire Saint-Sulpice d’Issy-les Moulineaux.
 Il est l'auteur de nombreux écrits consacrés au judaïsme et à la Shoah.
Il est décédé à Boulogne-Billancourt le 3 mars 2018.

Source Wikipédia


Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles