Blog des bibliothèques et archives diocésaines d'Aix-en-Provence et Arles, de Marseille, et de Gap et Embrun, de Toulon
jeudi 29 mars 2018
vendredi 23 mars 2018
Les livres prophétiques
Pierre de Martin de Viviès
Paris, Editions du Cerf, 2018.
160 pages.
Comme à son habitude depuis quelques années la petite
collection Mon ABC de la Bible fait découvrir dans une
présentation accessible à tous un livre de la Bible ou un auteur. Ici ce sont
les livres des prophètes que l’on peut découvrir.
C’est Pierre de Martin de Viviés, prêtre de la
Compagnie de Saint-Sulpice, docteur en théologie et en histoire des religions,
professeur d’exégèse biblique au Séminaire d’Issy-les-Moulineaux, qui se fait
ici votre guide pour entrer dans les livres prophétiques.
On y trouve de manière très simple et pédagogique l’identification
de l’auteur ou des auteurs, contexte scripturaire, historique, culturel et
rédactionnel, analyse littéraire, structure et résumé de chacun des livres,
examen détaillé des grands thèmes abordés dans chacun des livres des prophètes,
étude de la réception, de l’influence et de l’actualité. A cette étude s’ajoute
un lexique des lieux et des personnes, des tables chronologiques, des cartes
géographiques, ainsi qu’une bibliographie pour continuer l’étude des prophètes.
Cette petite collection « Mon ABC de la Bible »qui se veut une boîte
à outils d’une lecture informée et vivante du Livre des Livres s’adapte à tout
public et est une invitation à continuer …..
Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
Les animaux dans la Bible
Les animaux dans la Bible
Didier Luciani
In Cahiers Evangile, numéro 183 – mars 2018
« Ursus
et homo étaient liés d’une amitié étroite. Ursus était un homme, Homo était un
loup » : c’est ainsi que commence un roman de Victor Hugo L’homme qui rit (1869) ; mais déjà
Thomas Hobbes (1588-1679) écrivait, à la suite de Plaute : « Homo hominis lupus / L’homme est un loup
pour l’homme ». On peut remarquer que les relations entre les hommes et
les animaux est loin d’être simple, que la vision des hommes sur le monde
animal oscille très souvent entre voir l’animal comme un ennemi à combattre ou
à remarquer que le comportement animal est parfois moins sauvage que le comportement
des humains.
L’Occident aujourd’hui s’oriente vers un désir d’harmonie
entre le monde animal et le monde des humains. C’est ainsi que l’on voit se
développer depuis quelques années des associations de défense ses animaux. Ces
associations peuvent compter sur le soutien d’artistes, de scientifiques et de
philosophes. On revendique à introduire dans le droit un droit des animaux. Sur
le plan du comportement se développe
depuis peu ce que l’on appelle le mouvement « végan » qui est
végétalisme intégral pour refuser toute nourriture ou tout habillement venant d’origine
animal.
L’auteur Didier Luciani qui anime des sessions sur ce
sujet met en dialogue dans ce dossier les textes bibliques et les
interrogations contemporaines. Il ne s’agit d’élaborer un bestiaire biblique ni
de l’étude symbolique des animaux dans la Bible, mais de s’interroger sur la
place voulu par Dieu pour les animaux dans son projet créateur. On peut aussi se
poser la question : l’être humain est-il un animal ? Enfin l’auteur
étudie à travers les textes de l’Ancien
Testament la place des animaux dans le culte, le rôle des animaux dans la
relation à Dieu (sacrifices pour honorer Dieu, pour l’implorer ou le
remercier).
Le Nouveau Testament et le christianisme reprend cette
thématique quand il désigne Jésus comme l’Agneau de Dieu et aussi quand les
Evangélistes sont représentés par un animal (tétramorphe).
A la fin des temps qu’en sera-t-il des relations entre
l’homme et le monde animal ? Retour au jardin d’Eden de la genèse comme le
laisse suggérer certains textes d’Isaïe (11, 6-9) ou même l’évangéliste Marc (1, 13). Il y aura donc une promesse de paix,
une promesse d’harmonie de toute la Création qui se réalisera avec la victoire
de Jésus.
L'auteur
Didier Luciani enseigne l’Ancien Testament et le
judaïsme à la Faculté de théologie de l’Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve).
Hormis plusieurs études sur le Lévitique, ses derniers ouvrages sont : Révéler les œuvres de Dieu. Lecture narrative
du Livre de Tobie (2014), L’antijudaïsme
des Pères. Mythes ou réalité ? (2017).
Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
samedi 17 mars 2018
Romano Guardini ( 1885-1968)
Romano Guardini (1885-1968)
Un numéro de La Maison-Dieu consacré à Romano Guardini
Le volume N°291 de La Maison-Dieu consacré à
Romano Guardini est paru en mars 2018 aux éditions du Cerf.
Depuis cent ans, Romano Guardini accompagne le
Mouvement et la réforme liturgiques, par son action, en particulier au château
de Rothenfels, où se réunissaient les jeunes du Quickborn, et par ses écrits.
Philosophe, théologien, prêtre, accompagnateur spirituel, il a profondément
marqué son époque en proposant une vision renouvelée de la liturgie, attentive
au sens profond des rites, à la place des acteurs, et il a su la partager.
Sommaire et résumé des articles
Romano Guardini à l’aube du
Mouvement liturgique : L’Esprit de la liturgie, Arnaud
Join-Lambert
En 1918, Romano Guardini publie son premier
livre L’esprit de la liturgie (Vom Geist der Liturgie).
Ce petit essai va connaitre un énorme succès, devenant un classique
incontournable de la liturgie et ayant une grande influence dans l’Église
catholique jusqu’au concile Vatican II. Cet article fait le point des
dernières recherches sur l’origine et le contexte de ce livre, à l’aide
notamment de la publication récente de la correspondance de Guardini (dont
celle avec Cunibert Mohlberg). Un paragraphe est consacré au chapitre 5 sur
« la liturgie comme jeu », central pour Guardini, et qui fit l’objet
de discussion dès le début (et jusqu’à aujourd’hui). La deuxième partie analyse
le contenu de l’ouvrage, en particulier les trois premiers chapitres. L’article
examine enfin la réception postconciliaire de L’esprit de la liturgie,
accordant une large part au livre de 2001 du cardinal Joseph Ratzinger et des
polémiques qui suivirent. L’article est suivi de la publication de la préface
de l’abbé Herwegen à la première édition de l’ouvrage.
Romano Guardini, une théologie
fondamentale de la liturgie, Jean-Louis Souletie
Le « discours de la méthode » systématique
en science liturgique proposé par Guardini cherche à articuler deux
perspectives différentes mais corrélées : l’épaisseur historique des
rites, et la portée dogmatique de leur signification. Il énonce au passage
quelques pièges à éviter dans le traitement des données historiques, et les
conditions d’une véritable herméneutique liturgique. Jean-Louis Souletie montre
comment ces apports ont été profitables pour le discernement dans le travail de
réforme, et comment la méthode systématique nous aide aujourd’hui à mieux
comprendre la liturgie ancienne et contemporaine. Il éclaire également le
propos de Guardini sur la méthode en science liturgique en le rapprochant de
ses sources philosophiques telles que les présente son ouvrage intitulé La
polarité.
Romano Guardini et la formation
liturgique, Sophie Gall-Alexeeff
Romano Guardini a porté une attention toute
particulière à la nécessaire formation liturgique. Cela transparaît dans nombre
de ses écrits et, plus spécialement, dans son livre Liturgische Bildung, en
1923, qui jusqu’à maintenant n’était pas disponible en langue française.
Situant cet écrit majeur dans l’ensemble de son œuvre, cet article fait le
point sur les enjeux de la formation liturgique selon Guardini et les moyens
qu’elle est appelée à déployer. Le théologien procédant, le plus souvent, par
association d’images contraires pour faire entrer dans une compréhension fine
et large, qui n’enferme pas dans une définition trop stricte. Le terme allemand
Bildung choisi par Guardini est d’ailleurs particulièrement intéressant par son
ouverture de sens qui est rassemblé ici sous le terme « formation ».
L’article se termine par de longues citations de l’ouvrage étudié, mises à
disposition des lecteurs en traduction française et dont la pertinence est
relevée. Cela concerne : la distinction entre formation liturgique et
science liturgique ; le rapport âme et corps dans la liturgie ;
l’articulation intériorité et extériorité ; et le rapport individu et
communauté. Autant de questions centrales dans l’œuvre de Guardini.
L’édifice de la prière : pôles
objectif et subjectif, Fr. Tarcisius Dejoie
En 1913, dom M. Festugière, bénédictin de l’abbaye
belge de Maredsous fut à l’origine d’une controverse qui opposa tout d’abord
les bénédictins de Belgique aux jésuites de la province de Toulouse, à propos
de la dimension objective de la vie de prière. La dispute, qui dépassa
rapidement le cadre de la Belgique et de la France, s’est attachée surtout, à
un aspect finalement secondaire du débat : la critique ou la défense de la
méthode de spiritualité ignatienne. L’intérêt de la réflexion de R. Guardini
dans son article de 1921 réside surtout dans le fait qu’il identifie l’objet
principal et les véritables termes du débat. Commençant par lever la suspicion
jetée contre la spiritualité jésuite, il reprend alors l’essentiel de la
question, à savoir le rapport entre les besoins individuels des fidèles – qui
touchent à la sanctification mais sont aussi d’ordre affectif – et le pôle
objectif de la prière que la liturgie garantit dans une large mesure.
Aujourd’hui encore, le questionnement et l’analyse
rigoureuse du théologien allemand paraissent pertinents à qui cherche un
éclairage sur le problème complexe du rapport, ou des apports mutuels, de la
prière de l’église et de la prière personnelle, dans la vie du fidèle chrétien.
La notion de « Liturgiefähigkeit »
(capacité liturgique) : Une question d’actualité permanente, Davide
Pesenti
Les sciences liturgiques se sont régulièrement
interrogées sur la « Liturgiefähigkeit », c’est-à-dire sur
« la capacité liturgique » de l’homme au XXè siècle, surtout depuis
la célèbre lettre de Romano Guardini à Johannes Wagner, à l’occasion du Congrès
liturgique qui a eu lieu en 1964 à Mayence. Actualisant cette intuition
guardinienne pour le contexte ecclésial contemporain, cette contribution vise à
présenter un des concepts-clés de ce que la théologie a nommé « la
Question liturgique ». La visée de ce bref parcours est d’abord de repérer
quelques présupposés et conditions d’une participation holistique à l’action liturgique,
comme elle a été demandée par le concile Vatican II et promue par la réforme
liturgique qui l’a suivi. Dans un deuxième temps, l’article se propose
d’approfondir le rôle et l’actualité permanente du questionnement théologique
concernant la « capacité liturgique » de l’homme postmoderne pour
l’ensemble de la vie de l’Église ainsi que pour la réflexion présente et future
en sciences liturgiques.
Offrir avec le peuple, offrir pour le
peuple ? Une question liturgique post-tridentine, Gilles Drouin
Le Concile de Trente a été suivi d’une modification
profonde de la disposition spatiale des édifices de culte catholique, avec en
particulier une réarticulation du sanctuaire et de la nef (disparition ou
ouverture des jubés, disposition « à la romaine » de certains
autels). Les Instructions sur le Rituel de Mgr Joly de Choin,
évêque de Toulon, un important ouvrage de formation et de régulation liturgique
dont l’influence s’étendra jusqu’au milieu du XIXè siècle, témoigne à la
fois de la réception d’une théologie de l’offrande commune du sacrifice de la
messe par le prêtre et les fidèles dans la France post-tridentine et de la
difficulté de sa traduction liturgique effective. L’examen de cette question
dans le contexte pastoral des Instructions, éclaire une des
difficultés de la pastorale à la française du XVIIIè siècle, incapable malgré
la formation du clergé, le zèle apostolique de nombreux prêtres, de rendre
effective une participation liturgique à la messe, avec le risque de réduire la
liturgie à ses dimensions d’observance rubricale et d’exhortation morale, sans
qu’un recours possible aux ressources de la dévotion ou du théâtre baroque
puisse même en partie suppléer à cette carence.
Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
mercredi 14 mars 2018
Denis Vasse (1934-2018)
Le jésuite et psychanalyste
Denis Vasse est mort
Ami de Françoise Dolto, le jésuite et psychanalyste
Denis Vasse est mort lundi 12 mars, à 84 ans. Il a forgé une œuvre où
la vérité se cherche par la parole.
« Être
chrétien, c’est consentir à ce qu’est l’homme. C’est devenir un homme selon
Dieu, selon ce qui se révèle dans le vivant et qui est la vie »,
confiait le jésuite et psychanalyste Denis Vasse à La Croix en
1999. Après de longues années d’écoute, auscultant le mystère d’une vie
toujours reçue, Denis Vasse est mort lundi 12 mars, à 84 ans, à
Francheville (Rhône).
Il avait fait un double choix : celui
de la psychanalyse et de la Compagnie de Jésus. Né en 1933 en Algérie, dans une famille de pieds noirs,
d’une mère institutrice et d’un père paysan, il fait sa médecine à Alger et
prend parti pour l’indépendance, ce qui lui vaudra de connaître la torture.
Des jésuites à l’école freudienne
Entré chez les jésuites en 1958, il étudie la
philosophie et commence une analyse. Il devient membre de l’École freudienne de
Paris, fondée par Lacan. « Pour moi, la terminologie lacanienne a été
une source inouïe en matière de réflexion théologique, témoignera-t-il. Cela
m’a offert la possibilité de parler de l’homme dans un discours qui n’est pas
immédiatement religieux (lequel) risque de devenir très vite moral,
normatif ». Son premier livre, Le Temps du désir (1969)
fera date, en revisitant la question de Dieu à partir du « désir de
l’Autre ».
Sans séparation, ni confusion, Denis Vasse va
travailler les champs psychanalytique et spirituel, avec fécondité. Dans le
cabinet qu’il ouvre à Villeurbanne en 1973, puis au Jardin couvert, à Lyon – un
espace d’accueil pour enfants dans l’esprit de la Maison verte de Dolto –, il
ne cesse « les allers et retours entre théorie et pratique, vérifiant
l’un par l’autre, constamment à la recherche de l’essentiel : la vérité au cœur de l’homme », souligne Marie-José d’Orazio-Clermont,
psychanalyste qui travailla avec lui.
Les trois grands piliers de l’homme
De là, naîtra une œuvre majeure, qui s’approfondit
livre après livre : « Le poids
du réel, la souffrance » (1983),
« La chair envisagée » (1988),
« Un parmi d’autres »,
(1988), « Inceste et jalousie » (1995), « La Dérision ou la joie » (1999)… « Pour
Denis Vasse, ce qui fonde l’homme, ses trois grands piliers, est constitué de
trois couples : l’homme et
la femme (la différence
sexuelle), la vérité et le mensonge, la vie et la mort. Quand
l’un est touché, les autres le sont aussi », résume Marie-José
d’Orazio-Clermont.
Dans le sillage de Françoise Dolto, qui deviendra une
amie proche, Denis Vasse participe au dialogue entre psychanalyse et
christianisme. « Il y avait entre eux une amitié presque filiale,
témoigne José-Marie d’Orazio-Clermont. Françoise disait qu’elle n’avait
jamais demandé à Denis Vasse de préfacer un de ses livres parce qu’il était
pour elle un égal ». En 1988, Denis Vasse prononcera l’homélie de sa
messe d’enterrement.
Création de la communauté du Pèlerin
Parallèlement à son travail d’analyste, le religieux
creuse les sources de la spiritualité chrétienne (Thérèse d’Avila, Thérèse de
Lisieux…) et de son ordre. En 1972, sur la Croix-Rousse à Lyon, il participe
avec quatre autres compagnons jésuites à la création de la communauté du
Pèlerin, « avec le désir de refonder une vie communautaire simple et
fraternelle dans l’esprit des débuts de la Compagnie », témoigne
Jean-Marc Furnon, jésuite qui l’a bien connu.
Homme « à la parole directe »,
« grande gueule », Denis Vasse laisse aussi le souvenir d’un
homme « très fraternel, très attentif ». « C’était
un véritable scanner à détecter la perversion, témoigne Jean-Marc
Furnon. Il pouvait dire les choses de manière directe et certains le
cherchaient un peu… Mais il avait un très bon jugement, qui a aidé énormément
de gens. »
Un homme de liens
Après cette vie féconde, la dernière décennie, au
cours laquelle Denis Vasse avait fait deux AVC, fut difficile. Du premier qui
lui avait fait perdre l’usage de la parole, handicap qu’il avait surmonté grâce
à une rééducation, il disait avec humour : « j’ai été
puni par où j’ai péché ! ». Le
second l’avait laissé paralysé et aphasique. Une épreuve douloureuse pour cet
homme de parole.
Ultime consolation peut-être, depuis l’annonce de son décès,
les conversations ont repris autour de son souvenir. « Je suis
appelée du monde entier, d’Amérique latine, du Canada…, se réjouit
Marie José d’Orazio-Clermont. Denis était un homme de liens et des gens
d’univers différents font lien à travers sa pensée. »
Car les livres de ce penseur exigeant et libre ont
navigué eux aussi sans se soucier des frontières. « Il a touché
des gens extrêmement loin de l’Église. J’ai vu des conversions,
témoigne avec pudeur Marie-José d’Orazio-Clermont. Les gens se demandaient : « Denis, d’où vous parlez ? La
force de votre parole, où
est-elle fondée ? »
Journal La Croix du 13/03/2018
Comment notre monde a cessé d'être chrétien
Comment notre monde a cessé d’être chrétien :
anatomie d’un effondrement
Guillaume Cuchet
Paris, Le Seuil, 2018. 245 pages.
L’historien prend le
dossier de l’effondrement du catholicisme France en s’appuyant sur les travaux
du chanoine François Boulard (1898-1977) qui le premier avait entrepris une
cartographie de la France religieuse. Il pose en historien et en sociologue la
question de savoir à quelle date s’est produite la rupture entre la religion
catholique et la société française. C’est donc avec l’aide de travaux effectués
par le chanoine Boulard qu’il constate que cette rupture s’est produite dans
les années soixante ; la mise en œuvre du Concile Vatican II et ce qu’on
appelle les « évènements de Mai 68 » n’en furent pas la cause. Le
Concile Vatican II a simplement été un évènement « déclencheur » d’une
crise qui se serait produite de façon inéluctable.
La chute e la pratique
religieuse, le fait que la religion catholique soit devenue minoritaire ‘chute
de la pratique religieuse dominicale entre 1955 et 1975 a longtemps été analysé
comme une conséquence de Mai 68 pour les uns (notamment pour ceux qui se
situent à droite) quand d’autres invoquent la promulgation de l’encyclique Humane Vitae par Paul VI en interdisant
les moyens contraceptifs éloignant ainsi de l’Eglise toute une génération de
pratiquants.
Voilà un ouvrage qui
devrait susciter des discussions passionnées, et marquera sans aucun doute
l’historiographie du catholicisme dans notre pays. La question que pose
Guillaume Cuchet n’est pas nouvelle, car depuis plus de trente ans des
intellectuels catholiques s’évertuent d’y répondre : comment le catholicisme français est-il devenu si rapidement une religion
minoritaire, avec une chute de la pratique dominicale de près d’un tiers entre
1955 et 1975 ? Question qui provoque immédiatement deux types de réponse, selon
deux camps qui se renvoient la responsabilité : pour les uns, plutôt à droite de l’Église, c’est la faute à Mai 68 ;
pour d’autres, c’est à cause de l’encyclique Humanae vitae, qui, en
interdisant la contraception, aurait découragé une génération de croyants.
En s’appuyant sur les
travaux du Chanoine Boulard dans les années 1955-1965 et sur les statistiques ainsi exploitées , en
s’appuyant sur des enquêtes effectuées dans les
années 1970 Guillaume Cuchet montre que le « décrochage » d’une
bonne partie des catholiques s’est effectuée en 1965 juste après la fin du
Concile. mais en notant que le ni le Concile, ni Mai 68, ni l’encyclique
Humanae Vitae n’en furent la cause immédiate
Reste donc à analyser le
pourquoi de cette situation qui a particulièrement marquée le catholicisme européen
et surtout français.
L’auteur met en cause la
pastorale qui en a suivi et qui a désorienté les catholiques. En voulant
appliquer trop rapidement les conclusions du Concile (surtout dans la liturgie)
le clergé a négligé de prendre en compte les habitudes cultuelles des croyants ainsi
que leur signification profonde. On a donc assisté à une pastorale « élitiste » :
la piété populaire, certaines pratiques (obligation de la messe dominicale,
communion solennelle) ont été jugées désuètes et même sans valeur alors que
rien de tel n Ȏtait dit dans les textes conciliaires. On abandonne aussi
un enseignement jugé trop culpabilisant : péché mortel, les fins
dernières, l’enfer, ….A cela s’ajoute d’autres raisons : abandon de la
soutane au profit d’un costume « clergyman », des prêtres qui
quittent le ministère….
L’auteur se penche enfin
sur la question du sacrement de la confession. Si l’on constate un abandon des
confessions dans des confessionnaux au profit d’autres manières comme le
dialogue entre le prêtre et le pénitent, l’apparition de célébrations
pénitentielles avec absolution collective on voit peu à peu une chute dans la
pratique même de la confession. L’auteur note également que la notion même du « péché »
se fait moins fréquente dans les homélies ; la doctrine de la « justice
de Dieu » est substituée à la notion de « Dieu est Amour ! » Les catholiques perdent donc l’habitude de se
confesser et que la communion est devenue
plus accessible.
Ainsi donc en voulant une
assemblée plus «consciente » de sa participation aux offices, de catholiques
mieux formés et plus investis dans la vie de l’Eglise se sont certaines
structures qui entouraient les fidèles dans la vie sacramentelle qui
abandonnées ont fait que beaucoup (et surtout dans le jeunes générations) ont
quitté l’Eglise faute de repère tandis que d’autres se détournaient de l’Eglise pour se « fabriquer » une
religion où les dogmes, les obligations avaient finalement une importance toute
relative.
L'auteur
Guillaume Cuchet est professeur d'histoire
contemporaine à l'université Paris-Est Créteil. Il a notamment publié Penser
le christianisme au XIXe siècle. Alphonse Gratry (1805-1872) (Presses
universitaires de Rennes, 2017).
Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
dimanche 11 mars 2018
Une passion après Auschwitz ? autour de la Passion selon Marc
UNE PASSION APRÈS
AUSCHWITZ ? AUTOUR DE LA PASSION SELON MARC
DE MICHAEL LEVINAS
sous la direction de Jean-Marc Tétaz et Pierre Gisel
Paris, Beauchesne, 2017. 264 pages.
Présentation de l'éditeur
Cet ouvrage paraît à l’occasion de la création à
Lausanne, lors de la semaine sainte 2017, de La Passion selon Marc. Une passion
après Auschwitz du compositeur Michaël Levinas. Cette création prend place dans
le cadre du 500e anniversaire de la Réforme protestante. Elle entreprend de
relire le récit chrétien de la passion de Jésus dans une perspective déterminée
par la Shoah.
Ce projet s’inscrit dans une histoire complexe, celle de l’antijudaïsme chrétien, dont la Réforme ne fut pas indemne, mais aussi celle des interprétations, théologiques et musicales, de la passion de Jésus de Nazareth. Et il soulève des questions lourdes, mais incontournables. Peut-on mettre en rapport la crucifixion de Jésus – la passion chrétienne – et l’assassinat de six millions de juifs ? Ne risque-ton pas d’intégrer Auschwitz dans une perspective chrétienne, et du coup de priver la Shoah de sa radicale singularité ? De redoubler la violence faite aux victimes d’Auschwitz en lui donnant un sens qui en dépasserait le désastre, l’injustifiable, l’irrémédiable ?
Le livre propose une série d’éclairages sur les questions que soulève le projet d’une Passion après Auschwitz : relectures du récit de la passion selon Marc, analyses historiques, réflexions sur quelques figures juives de l’interprétation de la Shoah, reprises théologiques chrétiennes enfin, autour des questions posées à la christologie et à la théologie de la passion. L’ouvrage se conclut par un entretien avec le compositeur qui revient sur son approche de cette thématique et sur sa démarche.
Ont participé à cet ouvrage : Danielle Cohen-Levinas, Corina Combet-Galland, Marc Faessler, Pierre Gisel, John Jackson, Daniel Krochmalnik, Pierre-Olivier Léchot, Michaël Levinas, Jean-Marc Tétaz et Christoph Wolff.
Ce projet s’inscrit dans une histoire complexe, celle de l’antijudaïsme chrétien, dont la Réforme ne fut pas indemne, mais aussi celle des interprétations, théologiques et musicales, de la passion de Jésus de Nazareth. Et il soulève des questions lourdes, mais incontournables. Peut-on mettre en rapport la crucifixion de Jésus – la passion chrétienne – et l’assassinat de six millions de juifs ? Ne risque-ton pas d’intégrer Auschwitz dans une perspective chrétienne, et du coup de priver la Shoah de sa radicale singularité ? De redoubler la violence faite aux victimes d’Auschwitz en lui donnant un sens qui en dépasserait le désastre, l’injustifiable, l’irrémédiable ?
Le livre propose une série d’éclairages sur les questions que soulève le projet d’une Passion après Auschwitz : relectures du récit de la passion selon Marc, analyses historiques, réflexions sur quelques figures juives de l’interprétation de la Shoah, reprises théologiques chrétiennes enfin, autour des questions posées à la christologie et à la théologie de la passion. L’ouvrage se conclut par un entretien avec le compositeur qui revient sur son approche de cette thématique et sur sa démarche.
Ont participé à cet ouvrage : Danielle Cohen-Levinas, Corina Combet-Galland, Marc Faessler, Pierre Gisel, John Jackson, Daniel Krochmalnik, Pierre-Olivier Léchot, Michaël Levinas, Jean-Marc Tétaz et Christoph Wolff.
SOMMAIRE
Jean-Marc Tétaz et Pierre
Gisel : Avant-propos
Corina Combet-Galland : La
Passion selon Marc.
Ou la mort précédée de ce qui la dépasse ?
1. L’onction par effraction, ou la surabondance dans la maison du Pauvre
2. Le dernier repas : la fraction, les
fractures de la communion
3. Le passage par la nudité
4. Les procès : la vérité au jeu de la
dérision
5. La croix. Du « pourquoi » sans
réponse au « vraiment » de la reconnaissance
6. En guise de conclusion
Marc Faessler : La Passion
selon Marc, ordalie du Silence
de Dieu
1. L’« in-ouï » du silence
2. L’ordalie dans les sollicitations bibliques du
récit de la Passion
3. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-Tu
embuissonné (dans le Silence) ? »
Pierre-Olivier Léchot : « Des
maîtres très grossiers
et des élèves de l’Écriture dépourvus de zèle ». Quelques motifs
théologiques de la polémique anti-juive
chez Luther
1. Luther antisémite ? Quelques données
historiques touchant Luther
2. Un débat herméneutique, à propos de la figure du Christ-Messie
3. Remarques conclusives
Christoph Wolff : Les Passions selon
Jean, Matthieu et Marc de J.S. Bach dans leur contexte historique
1. La Passion selon Saint Jean
2. La Passion selon Saint Matthieu
3. La Passion selon Saint Marc
John E. Jackson : Paul Celan –
une passion juive ?
Daniel Krochmalnik : Servus Dei. À
propos d’une icône de la Shoah
1. Habent sua fata imagines
2. Judea capta
3. Ecce homo
4. Nostra aetate
Jean-Marc Tétaz : La mort du juif Jésus et la
question de la
christologie
1. Der Meister : raconter l’histoire
de Jeschua après Auschwitz
2. La « troisième quête » du Jésus
historique et la destruction de la continuité entre le Jésus de l’histoire et
le Christ de la foi
3. La christologie comme construction
métaphorique de la mémoire croyante
4. La christologie entre histoire et mémoire
5. Christologie et identité de la personne
Pierre Gisel : Golgotha et
Auschwitz, une passion ?
1. Une surdétermination chrétienne du destin de l’homme Jésus
2. Pour autant que soit en cause une passion,
qu’y lire et qu’en faire ? D’un
différend entre deux voies divergentes
3. Interlude : ce que, pour mon compte, je
retiens, et ce qui reste à
approfondir
4. En plus grande proximité, mais où le différend
insiste
5. Un « fait chair » pour un
« faire voir »
6. Retour sur le motif d’une passion, la manière de l’investir et de répondre de ce qui s’y joue
Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
http://www.editions-beauchesne.com/userfiles/Le-Monde-Festival-Musica-Les-voix-de-la-Passion.pdf
jeudi 8 mars 2018
samedi 3 mars 2018
Pierre Milza (1932-2018)
L’historien Pierre Milza est
mort
Agrégé d’histoire, Pierre Milza avait
consacré sa thèse aux relations franco-italiennes à la fin du XIXe et au début
du XXe siècle.
L’historien Pierre Milza, né le 16 avril 1932
à Paris,
s’est éteint à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) mercredi 28 février, à l’âge
de 85 ans
Une monumentale histoire de
l’immigration italienne
Agrégé d’histoire, Pierre Milza avait consacré sa
thèse, dirigée par Jean-Baptiste Duroselle, aux relations franco-italiennes à
la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Fils
d’un immigré italien, il avait publié une monumentale histoire de l’immigration
italienne en France, dans Voyage en Ritalie (Plon,
1993).
Professeur émérite des universités à
l’Institut d’études politiques de Paris, Pierre Milza avait également enseigné
à Florence, Parme et Genève. Président d’honneur de la Revue d’histoire
moderne et contemporaine, il a dirigé le centre d’histoire de Sciences Po
et présidé le Comité franco-italien d’études historiques et le Centre d’études
et de documentation sur l’émigration italienne (CEDEI).
Il fut également l’auteur de nombreux manuels, en
collaboration avec Serge Berstein, dont L’Italie contemporaine
des nationalistes aux Européens, (Armand Colin, 1973) et Dictionnaire
historique des fascismes et du nazisme (Ed. André Versaille, 2010),
ainsi que Histoire de l’Europe contemporaine, (Hatier,
2002). Modèles de rigueur et de clarté, les « Milza-Berstein » ont
été la bible de nombreux étudiants de Sciences Po et de khâgne.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/02/28/l-historien-pierre-milza-est-mort_5263833_3382.html#ABUO24hz6wMpjrpO.99
Publications : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
Le père Jean Dujardin (1936-2018) , prêtre,
thélogien et historien français a été un spécialiste des relations entre le
judaïsme et le christianisme.
Éléments de biographie
Le père Jean
Dujardin est devenu oratorien après des études de philosophie,
de théologie et d’histoire. De 1984 à 1999 il a été supérieur général de L’oratoire
de France.
De 1987 à 1999, il a été secrétaire du Comité
épiscopal français pour les relations avec le judaïsme. En 1992, il
intervient pour suspendre le procès en béatification de la reine
d'Espagne, Isabelle la Catholique, parce qu'elle avait expulsé les Juifs
d'Espagne. Il est aujourd’hui expert auprès de ce comité. et membre du comité
directeur de l’Amitié judéo-chrétienne de France (ACJCF).
Le père
Dujardin a enseigné à l’Ecole cathédrale et au Collège des Bernardins de Paris,
au Séminaire Saint-Sulpice d’Issy-les Moulineaux.
Il est l'auteur de nombreux écrits consacrés
au judaïsme et à la Shoah.
Il est décédé
à Boulogne-Billancourt le 3 mars 2018.
Source
Wikipédia
Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
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