jeudi 26 février 2015

Conflits et réconciliation : compte-rendu du colloque à l'Institut catholique de la Méditerranée

L’Institut catholique de la Méditerranée, associé au comité pontifical des sciences historiques, a organisé à Marseille les 22 et 23 janvier 2015, un colloque dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale.

La soirée du 22 janvier était consacrée, en partenariat avec Marseille Espérance, à « Conflits et réconciliation » avec des communications de Claire Ly et Joseph Yacoub. Ce dernier a travaillé notamment sur les Assyro-Chaldéens « victimes d’un génocide sous l’empire ottoman en 1915-1918 ».

La journée du lendemain était intitulée « des théologiens face à la guerre ». Jean-Marc Ticchi a replacé l’action du pape Benoît XV dans le conflit à travers la position traditionnelle de l’Eglise en faveur de la paix. Mgr Jean-Marc Aveline, évêque auxiliaire de Marseille, Claire Reggio (sur Jules Isaac), Édouard Robberechts ont étudié la pensée de théologiens et historiens catholiques, protestants et juifs face à la Première Guerre mondiale. En fin de journée, Joseph Yacoub a, de nouveau, évoqué les massacres au Moyen-Orient en étudiant la place des « acteurs religieux ». Paul Fournier a situé le bienheureux Charles de Foucauld dans les deux premières années du conflit : il est mort en décembre 1916. Mgr Bernard Ardura, président du comité pontifical des sciences historiques, a donné une communication intitulée « Des religieux charitables : l’abbé Fouque et la Première Guerre mondiale ».

L’histoire des diocèses n’a pas été oubliée. Jean Chagnaud a étudié « Le diocèse de Marseille pendant la guerre » à partir de la Semaine religieuse. Luc-André Biarnais a présenté « Le diocèse de Gap dans la Première Guerre mondiale ». 
Avec Natacha Tourseiller, archiviste diocésaine de Marseille, ils ont commenté le Guide des sources ecclésiastiques sur la Première Guerre mondiale pour le Sud-Est de la France à l’aide d’un diaporama qui a exposé la richesse iconographique des archives diocésaines. Les actes de ce colloque devraient être publiés dans Chemins de dialogue au mois de juin prochain.



lundi 23 février 2015

Une contribution à l’histoire de la mission : les frères maristes publient le premier volume de la correspondance du père Victor Poupinel

La publication in extenso de sources, sous forme papier ou électronique désormais, est signe du classement précis des fonds d’archives et, bien entendu, de recherches patientes. En effet, celles-ci permettent de confronter copies et originaux des courriers, de repérer les manques éventuels et, enfin, de mieux comprendre le contexte de rédaction des documents.
Les archives du XIXe siècle des congrégations religieuses et l’aventure missionnaire se prêtent parfaitement à l’exercice. Nous avions évoqué un cas semblable avec les lettres de Pauline Jaricot même si cette publication s’est faite uniquement à partir de la copie des courriers au départ.
Les Maristes ont publié, sous la direction de Bernard Bourtot et de Gaston Lessard, s.m., Colin sup. Documents pour l’étude du généralat de Jean-Claude Colin (1836-1854), en quatre tomes, entre 2007 et 2012. Pour le deuxième supérieur des Maristes, le père Julien Favre, ce sont trois tomes que le père Bernard Bourtot a dirigé. C’est lui encore qui nous offre le premier tome (1837-1857) de la correspondance de Victor Poupinel, un père mariste au service des missionnaires de l’Océanie (1815-1884).
L’ouvrage de 626 pages contient la publication de 361 documents rédigés au cœur du XIXe siècle, dans le bouillonnement catholique de Lyon. Celui-ci, multiforme, transparait, parmi d’autres exemples possibles, page 115 (document 73) : 100 francs sont remis par le docteur Gignoux, médecin à Lyon, pour un père missionnaire. Cet ouvrage met en lumière le travail de la Propagation de la foi (p 151, par exemple). Il faut rappeler que celle-ci était soutenue par les évêques, les comités diocésains se sont répandus très rapidement avant le milieu du siècle, sous l’impulsion de Pauline Jaricot. Des comités paroissiaux sont installés partout en France, entretenant une flamme missionnaire et l’appel aux vocations. Ce volume montre les aspects très pratiques, notamment en terme financier, de la mission. Un index de 17 pages contenant toponymes et patronymes, rend l’usage de ce livre très pratique.

Luc-André Biarnais
Archiviste du diocèse de Gap

vendredi 20 février 2015

NOUVEAUX LIVRES : FEVRIER 2015



NOUVEAUTES FEVRIER 2015

BEAUMONT, Keith. – Dieu intérieur : la théologie spirituelle de John Henry Newman. – Paris, Editions Ad Solem, 2014. 2014.

BERNARD, Jacques. – Les seuils de la foi : les fondements bibliques de la foi. – Paris, Parole et Silence, 2009. 605 pages.

 BURY, Richard de. – Philobiblion, excellent traité sur l’amour des livres (Ed. 1856). – Paris, Hachette, achevé d’impr. 1856. 287 pages.

CIOSTE, René. – La Passion de Jésus : l’attirance universelle du Crucifié. – Paris, Parole et Silence, 2015. 228 pages.

COTHENET, Edouard. – Communautés chrétiennes du Ier siècle. – Paris, Salvator, 2015. 217 pages.

GAGEY, Henri-Jérôme. – Les ressources de la foi. -  Paris, Salvator, 2015. 274 pages.
                                                                                                                                                                  GIRAUDO, Cesare. – In unum corpus : traité mystagogique sur l’Eucharistie. – Paris, les Editions du Cerf, 2014. 672 pages.

LAGRANGE, Marie-Joseph. – Journal spirituel : 1879-1932. – Paris, Les Editions du Cerf, 2014. 522 pages.

RAGUIN, Yves. – Les déserts de Dieu. Suivi de Dans l’attente de la vision. – Bruxelles, Lessius, paris, Christus, 2015. 317 pages.

REVEL, Jean-Philippe. – Traité des sacrements. V : La réconciliation. – Paris, les Editions du cerf, 2015.

 THEOBALD, Christoph. – Le Concile Vatican II ; quel avenir ? . – Paris, les Editions du Cerf (collection Unam Sanctam), 2015. 295 pages.


VOGELS. – Célébration et sainteté : Le Lévitique. – Paris, les Editions du Cerf (collection Lectio divina), 2015. 263 pages.

jeudi 19 février 2015

Pour un engagement écologique : simplicité et justice
  • Editeur : PAROLE SILENCE
  • Collection : DOCUMENTS
  • Date de parution : 31/12/2014
Malgré une prise de conscience internationale des problèmes écologiques, les mesures qui impliqueraient en particulier de réduire une croissance dont on conçoit aisément qu’elle ne puisse être indéfinie sont difficiles à prendre et, quand elles sont annoncées, ne sont pas ou sont trop peu suivies d’effets. Et pourtant des choix urgents qu’il faudrait faire dépend l’avenir du monde que nous léguerons à nos enfants.
Les chrétiens sont ici concernés à un double titre : comme citoyens du monde, comme ceux qui, dans la foi, considèrent qu’ils ont une responsabilité particulière face à la Création et qu’ils doivent contribuer à la justice et au partage. Notre propos est de permettre aux chrétiens et donc à l’Eglise, d’être porteurs d’une parole prophétique.
Familles : Vers le prochain synode : l’ensemble des textes ; le questionnaire intégral ; des fiches pratiques
Carnets « familles », janvier 2015.

 Ce livret propose les textes importants du Synode d’octobre 2014, avec le questionnaire du Secrétariat Général du Synode, un commentaire de la Relatio Synodi, réalisé par le CERAS, et un « parcours » pour, en 4 réunions, s’approprier les textes.



Les trésors du Credo
Pierre DescouvementParis, Parole et Silence, 2014.



·        Voici des questions qu'on se pose un jour ou l'autre quand on s'intéresse à la foi : Comment Dieu peut-il être heureux en voyant tout ce qui nous arrive ? Pourquoi, dans la Bible, se manifeste-t-il comme Père et non comme Mère ? Jésus avait-il conscience d'être son Fils unique ? Pourquoi fallait-il qu'il s'offre en sacrifice à son Père pour que nous soyons pardonnés de nos péchés ? Quel est ce fameux "péché contre l'Esprit" qui ne peut pas être pardonné ? Comment les âmes de nos défunts peuvent-elles vivre aujourd'hui sans leur corps ? Faut-il vraiment croire à l'existence des anges, du diable, de l'enfer et du purgatoire ? Quelle est cette "nuit" dans laquelle a longtemps vécu Mère Teresa ? Au fil des pages, le lecteur pourra découvrir ce qu’est la théologie : elle ne démontre pas la vérité des mystères  révélés, mais elle montre leur cohérence.

mercredi 18 février 2015



Liste des ouvrages acquis en février 2015

 

Association autour de Pierre Bayle: Pierre Bayle et la liberté de conscience : ouvrage tiré du Colloque Pierre Bayle héritier et médiateur de la liberté de consciences à l'âge classique, organisé par l'Association autour de Pierre Bayle ; coordoné par Philippe Fréchet, Toulouse, Anacharsis, 2012, 363 p

 

Caucanas, Rémi : Relations islamo-chrétiennes en méditerranée, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, 261 p.

Chrysostome, Jean : L'impuissance du diable, Paris, Le Cerf, 2014, 226 p.

Chrysostome, Jean : Homélies sur la résurrection, l'Ascension et la Pentecôte : tome second Paris, Le Cerf, 351 p.

Commission biblique pontificale : Inspiration et Vérité de l'Ecriture sainte, Paris, Le Cerf, 2014, 266 p.

Forthomme, Francis : La pensée franciscaine, un seuil de la Modernité, Paris, Le Cerf, 2014, 462 p.

Kambouchner, Denis : Descartes n'a pas dit : un répertoire des fausses idées sur l'auteur du Discours de la Méthode avec les éléments utiles et une esquisse d'apologie, Paris, Les Belle-Lettres, 2015, 232 p.

Petitfils, Jean-Christian : Louis XV, Paris, Perrin, 2014

Pisani, Emmanuel : Le dialogue islamo-chrétien à l'épreuve : Père Anawati, o.p - Dr Baraka, Paris, L'Harmattan, 2014, 212 p.

Prétot, Patrick : L'adoration de la Croix : triduum pascal, Paris, Le Cerf, 2014, 476 p., 874 p.


Evagre le Scholastique : Histoire ecclésiastique : livres IV à VI, Paris, Le cerf, 2014, 424 p.

 

 

lundi 9 février 2015

Un livre tente une réponse à la question « Comment prier ? »

Le B.a. – ba de la prière par Frédéric Fornos, sj, contient une contribution du père Jean-Marie Dezon du diocèse de Gap et d’Embrun

Comment prier ? C’est à cette question que Le b.a. – ba de la prière qu’a dirigé le père Frédéric Fornos, sj, répond. Frédéric Fornos est le directeur général délégué de l’Apostolat de la prière, « le réseau de prière du Pape », et du Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ).
45 fiches pédagogiques permettent au lecteur d’avoir une démarche progressive dans l’union à Dieu (fiche 5 : le silence du cœur, fiche 12 : orienter son cœur, fiches 27-29 : relire sa vie pour y trouver Dieu).
« La prière de l’Eglise » est traitée par le père Jean-Marie Dezon, prêtre du diocèse de Gap et d’Embrun. Ce court chapitre explique ce qu’est « le temps présent offert à la prière […] le temps de l’homme et de l’Evangile, le temps de la Création toujours en travail d’enfantement, le temps promis au salut, le temps visité par l’éternité de Dieu, le temps sanctifié par sa présence » (p 198). Le père Jean-Marie Dezon explique aussi ce que sont les laudes, les vêpres, les complies.

Frédéric Fornos, jésuite, b.a. – ba de la prière, Fidélité, 2014, 214 p.

vendredi 6 février 2015

Relations islamo-chrétiennes en Méditerranée


Rémi Caucanas est directeur de l'Institut catholique de la Méditerranée (ICM) à Marseille. Il est également chargé de cours en histoire contemporaine à l'Institut supérieur de formation de l'enseignement catholique (ISFEC - Institut Saint-Cassien).

Le dialogue culturel méditerranéen connaît aujourd'hui une période difficile. La dimension religieuse offre cependant un canal intéressant pour les relations méditerranéennes.

Ce travail a été rédigé sur le terrain correspondant au champ d'action de l'Institut catholique de la Méditerranée (ICM) : Marseille et la Méditerranée francophone. En faisant appel à diverses sources de documentation, notamment le fonds réuni par le Service des relations avec l'Islam (SRI) de la Conférence des évêques de France, et en s'appuyant sur une série d'entretiens, cet ouvrage propose un panorama historique des acteurs, des enjeux et des limites du dialogue entre chrétiens et musulmans en Méditerranée dans la deuxième partie du XXe siècle. Des retours sur l'histoire et les acteurs marseillais illustrent ces évolutions..

Après les premières transformations du regard de quelques catholiques envers l'Islam amorcées dès l'entre-deux-guerres, puis les développements de nouvelles relations entre chrétiens et musulmans en métropole et outre-Méditerranée, le dialogue islamo-chrétien s'affirme sur le devant de la scène méditerranéenne. Dans les années 1960, le concile Vatican II marque un temps fort dans ce processus. Rattrapé par ses propres ambiguïté et soumis aux forces de la géopolitique méditerranéenne, le dialogue islamo-chrétien entre cependant, à la fin des années 1970, dans une période plus chaotique rythmée aussi bien par des actes symboliques en faveur de la paix que par des crispations identitaires.

jeudi 5 février 2015

La guerre de la cryptographie et les fusillés « pour l’exemple » : deux aspects spécifiques de la Première Guerre mondiale

            

André Bach, Fusillés pour l’exemple (1914-1915), Paris, Tallandier, 2003, 617 p.Sophie de Lastours, La France gagne la guerre des codes secrets, Paris, Tallandier, 1998, 263 p.

Le tout est-il la somme des parties ? L’histoire de la Première Guerre mondiale est-elle l’addition de l’analyse d’aspects particuliers du conflit ? Ecrire aujourd’hui une histoire de la Première Guerre mondiale est possible dans la mesure où les archives publiques sont ouvertes et que la plupart des archives privées, notamment les archives catholiques, sont également disponibles. Ce n’est pas le manque de sources mais peut-être le trop-plein qui guette le chercheur. De même, le public n’a-t-il pas forcément le goût pour une histoire « totale » qui pourrait être indigeste. Ce public cherche, souvent à des fins d’érudition, des points précis parfois portés par les médias : les progrès techniques de l’armement notamment de l’aviation, la guerre du renseignement dont Mata Hari est emblématique, la généalogie, aidé notamment par le site Mémoire des hommes.
Le général André Bach, qui a préfacé en 2014 Vivre la guerre dans les Hautes-Alpes (une recension ici), est l’auteur en 2003 de Fusillés pour l’exemple (1914-1915). Après le débat national en 1997-1998 sur la réhabilitation des soldats français fusillés pour refus de combattre en 1917, André Bach a repris le dossier. Plutôt que de se focaliser sur l’année 1917, il recherche la genèse de la question en travaillant sur les années 1914 et 1915. Ainsi, pour 1914, soit les premiers mois de la guerre, « un peu moins de 190 fusillés pour l’exemple [sont] répertoriés et assumés officiellement » (p 409) et « en seize mois, de septembre 1914 à décembre 1915, près de 430 soldats français ont été fusillés, sur un total qui, pour toute la durée de la guerre, s’élèvera à un peu plus de 600. La saignée pratiquée en 1914-1915 s’atténuera donc ensuite » (p 589-590). Les condamnations permettent d’en étudier le motif.
La France gagne la guerre des codes secrets (1914-1918), également chez Tallandier en 1998, est écrit par Sophie de Lastours qui est, significativement, spécialiste des armées russe et soviétique. Elle a publié son ouvrage, préfacé par l’amiral Pierre Lacoste, sous la direction de Rémi Kauffer. Il montre qu’un progrès dans le domaine des communications doit s’accompagner, stratégiquement, d’un progrès dans le renseignement. Ainsi, les généraux russes de 1914 n’avaient-ils pas conscience que l’usage de la radio, utile pour la circulation rapide des ordres, avait comme corollaire une plus grande vulnérabilité en cas d’interception de communications non cryptées (p 197-212).
L’auteur revient sur les qualités de certains chiffreurs. Elle cite, notamment, le lieutenant Brault, qui deviendra évêque de Saint-Dié en 1947 (p 216).
Si nous nous interrogeons avec l’auteur pour savoir si « la cryptologie [a été] la clé de voute de la Grande Guerre », il est évident qu’elle n’est pas le seul outil de la victoire.

Luc-André Biarnais
Archiviste du diocèse de Gap

mercredi 4 février 2015

La libération et les années tricolores (1944-1947) : Midi rouge, ombres et lumières. 4
Une histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône de 1900 à 1950.
Paris, Editions Syllepse, 2014.

            Le débarquement allié du 15 août 1944, sur les côtes varoises, donne le coup d’envoi de la libération de la Provence. Le 28 août, prises sous le feu de l’armée française de Libération et de l’insurrection populaire, les troupes allemandes capitulent à Marseille.
            Les nouveaux pouvoirs républicains se mettent en place, sous la direction du commissaire régional de la République, Raymond Aubrac. S’ouvre alors, jusqu’en 1947 et l’instauration de la 4è République, une période de transition décisive. Ce quatrième volume de la série Midi rouge, ombres et lumières, après avoir présenté un tableau du département pendant l’été 1944, puis les combats de la Libération, analyse les diverses étapes de ce processus, à Marseille et dans sa proche région. Il évoque les problèmes auxquels les nouvelles institutions ont à faire face : l’effort de guerre, le ravitaillement et le redressement économique, l’épuration, le maintien de l’ordre, le retour des absents (déportés, prisonniers de guerre, requis du STO), le rétablissement de la démocratie, les grandes réformes économiques et sociales.
             Dans ces années tricolores et d’union nationale, l’ouvrage s’intéresse au rôle et à la stratégie des divers acteurs politiques et sociaux, des organisations de Résistance, du patronat et de la classe ouvrière, des syndicats et partis, PCF, SFIO, MRP, ainsi qu’aux destins individuels, dont certains d’importance nationale, comme celui de Gaston Defferre, François Billoux ou Germaine Poinso-Chapuis. L’auteur ne néglige pas pour autant les mutations culturelles importantes d’une période effervescente.
             Cet ouvrage complète l’histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, commencée par la période des années 1930. Il comble également, à la lumière des recherches les plus récentes et en s’appuyant sur de nombreux fonds d’archives publics et privés, une lacune historiographique.

DES CHRETIENS EN MONDE MUSULMAN

Des monastères en partage : sainteté et pouvoir chez les chrétiens de Syrie
Par Anna Poujeau
Nanterre, Société d’ethnologie, 2014. 178 pages.

               Le livre d’Anna Poujeau apporte un éclairage sur les chrétiens de Syrie, à travers une étude centrée sur les monastères que l’auteure considère comme un enjeu révélateur de la situation d’une minorité religieuse dans un pays à majorité musulmane. Elle se concentre sur le cas du couvent de religieuses de Sainte-Thècle qui est situé dans un village du  au nord-est de Damas où  les chrétiens s’expriment dans une variante de l’araméen, parlant ainsi la langue du Christ.

               L’auteure est partie d’une enquête au cœur d’un quartier chrétien de Damas, Bâb Tûmâ, mais s’est vite orientée vers les monastères que les citadins visitent régulièrement et auxquels ils accordent une grande importance pour leur identité chrétienne. L’objectif annoncé est ambitieux. Il s’agit d’interroger à propos des chrétiens « les modalités de l’édification et du maintien d’un certain équilibre politique à même de garantir une cohésion nationale » (p. 12). Elle choisit de prendre le rôle des monastères comme point central pour analyser cette négociation identitaire, et celui de la sainteté comme catégorie susceptible d’éclairer les rapports intracommunautaires : « Pris dans les rapports qu’il entretient avec les Églises et la question de la sainteté, le monachisme en Syrie est le pilier de la construction du groupe chrétien (p. 245) ».

               L’intérêt de ce livre réside dans la qualité des descriptions ethnographiques, et dans l’interprétation qui en est proposée. L’auteure restitue bien la construction par les fidèles et les religieuses de relations avec les saints et l’au-delà. Elle montre aussi comment les jeunes hommes constituent une catégorie intermédiaire venant régulièrement disputer le monopole du sacré, normalement administré par le clergé. On pourrait regretter un certain effacement des données sociales.

               On peut également se demander si l’ouvrage traite bien de la manière dont les chrétiens négocient leur place dans l’ensemble syrien. En effet, si les chrétiens attachent une importance énorme aux monastères, aux saints et à leur glorieux passé chrétien, ils ne vivent pas coupé de leur environnement :ils sont aussi, enseignants, artisans, fonctionnaires ; riches ou pauvres. Dès lors on ne voit pas très bien comment les analyses sur les éléments symboliques et religieux de l’insertion des chrétiens se rattachent aux autres aspects de leur ancrage en Syrie. 

mardi 3 février 2015

Fermeture de la bibliothèque de Gap pour déménagement

La bibliothèque du diocèse de Gap et d'Embrun, située à Notre-Dame du Laus, s'installe à Gap, dans l'ancienne abbaye du Saint-Coeur. Pour permettre ce déménagement, la bibliothèque sera fermée au public à partir du 1er février.
Nous vous accueillerons avec joie dans les nouveaux locaux communs à la bibliothèque et aux archives à partir du 1er septembre.

Hélène Biarnais
Bibliothécaire du diocèse de Gap et d'Embrun

lundi 2 février 2015

A l’occasion du 2 février, une relecture d’un numéro de Communio sur la vie consacrée

En ce 2 février de l’année de la vie consacrée, il peut être utile de rappeler le numéro de la revue Communio sur ce thème (année 2004, tome XXIX, n° 175-176).
Des articles analysent la vie consacrée au début du XXIe siècle soit trente ans après la crise des années 1970 qui a vu naître aussi des formes nouvelles de consécration : groupes de moines et moniales venus d’horizons variés, renouveau érémitique par exemple.
Guy Bedouelle, op, définit la vie consacrée dans l’Eglise du concile Vatican II. Elle ne se réduit pas à la vie religieuse (p 8-9). Le numéro fait une large place à des témoignages tel celui de sœur Suzanne Eck, op. Elle fait référence à Si tu savais le don de Dieu d’Enzo Bianchi (présent à la bibliothèque du diocèse d’Aix, par exemple) et à un texte du bienheureux Paul VI sur la liberté chrétienne (p 83). Xavier Morales, alors novice cistercien dans le Jura, fait part de ses réflexions personnelles en soulignant « que le novice moine est moine dès le premier jour, même s’il n’est encore qu’en apprentissage, alors que le séminariste doit attendre plusieurs années avant de devenir prêtre, et le novice jésuite avant de recevoir sa mission » (p 83).
La règle posée comme règle de vie, les vœux de religion, les fondations de la vie consacrée dans l’histoire de l’Eglise et dans la communion, sont également des thèmes traités dans ce numéro de Communio.

Luc-André Biarnais
Archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun