mardi 31 janvier 2017

Périphéries : crises et nouveautés dans l'Eglise


Périphéries : crises et nouveautés dans l’Eglise
Andrea Riccardi
Paris, le cerf, 2016. 197 pages.


Analyse du livre


Aujourd’hui s’il est de bon ton de se lamenter sur les défaillances de l’Eglise vue comme une institution en crise, sur la baisse de la pratique religieuse, sur le manque de vocation , le livre d’Andrea Riccardi ne se veut pas une énième analyse de tout ce qui ne va plus, mais au contraire une incitation à espérer dans les ressources de l’Eglise :une invitation à « bouger de son canapé », une raison d’espérer.



Dans un premier chapitre, intitulé « Le retour des périphéries », l’auteur dresse un bilan de notre époque. Il constate que les changements visibles dans notre société ne sont pas sans affecter la vie de l’Eglise : « La perception de la ville comme communauté de destin a disparu. » (p.17). L’Église est aussi devenue universelle surtout avec la venue des « Eglises de la périphérie » dans ce que l’on appelé le Tiers-Monde (Afrique, Amérique latine…). Cette diversité n’a pas empêché l’Eglise de maintenir une vision institutionnelle et centrée sur un modèle occidental. L’Eglise aurait-elle abandonné au cours de son histoire « d’aller aux périphéries » ;  dans un paragraphe intitulé « Un monde étranger à l’Eglise » l’auteur rapporte cette interpellation d’un auteur du XIXè siècle « pourquoi nous vous délaissons » en réponse à une question posée par un évêque français (pp. 31-32) : « Qui donc me dira pourquoi ce peuple nous délaisse ? » : la réponse est sévère et peut-être injuste mais reflète cependant l’état d’esprit d’une grande partie de la population ouvrière de ce XIXè siècle
« Monseigneur […] nous vous délaissons aujourd’hui, parce que depuis des siècles vous nous avez délaissés. […] J’entends que, depuis des siècles, vous avez abandonné notre cause temporelle, votre influence s’étant même exercée à empêcher plutôt qu’à favoriser notre rédemption sociale »
C’est peut-être la raison pour laquelle le Pape François insiste autant sur les « périphéries » ; et ici Andrea Riccardi s’en fait l’avocat tout au long de son ouvrage

Dans le deuxième chapitre, Riccardi ce fait historien du peuple hébreu en terre d’Israël au milieu des autres nations, comment l’Eglise des premiers temps s’est constitué en marge de la société de son époque : les prophètes, Jésus et ses disciples ne faisaient pas partie de l’élite intellectuelle ou sociale de leur temps. A cours de son histoire, après la reconnaissance officielle par les autorités de l’Empire, l’Eglise en s’institutionnalisant a connu des phases de divorce entre les autorités et le peuple et des retours vers ce même peuple grâce au monachisme, grâce à de grands saints qui vouaient vivre la radicalité de l’Evangile (comme un saint François d’Assise par exemple).

Dans un troisième chapitre l’auteur s’intéresse à toutes les périphéries de l’Eglise du XXè siècle en Europe. C’est pourquoi il fait une large part aux expériences de la Mission de France, aux prêtres ouvriers soutenus par le cardinal  Suhard, archevêque de Paris, impressionné par le livre des abbés Daniel et Godin « France pays de mission ? ». Déjà le cardinal Suhard constatant que des quartiers entiers s’éloignaient de l’Eglise disait : « Il faut sortir de chez soi, allez chez eux !» Au-delà des prêtres ouvriers il cite les exemples comme le Père Charles de Foucauld, des Petites Sœurs de Jésus (à la suite de Petite Sœur Madeleine de Jésus), de simples laïcs comme Madeleine Delbrel qui a vécu à Ivry dans la « ceinture rouge » de la capitale au milieu d’un peuple ouvrier et pauvre et loin de l’Eglise

A travers ces quelques exemples l’auteur veut faire prendre conscience que dans ce début du XXIè siècle nos villes avec leurs grandes banlieues ont leurs périphéries où beaucoup sont loin des instances paroissiales, loin des centres diocésains qu’ils ignorent le plus souvent. Les moyens de communication modernes si performants soient-ils ne suffisent pas à remplacer la présence effective de communautés allant à la rencontre de tous ceux qui sont en quête de spiritualité, de religiosité mais qui se trouvent « comme des brebis sans bergers » (Matthieu 9, 36-37)

Le grand défi de notre époque : se rappeler ces phrases de l’Evangéliste Matthieu : «Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce qu'elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n'ont point de berger. Alors il dit à ses disciples: La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers".

C’est ce quoi nous invite l’auteur « La régénération de l’Église et de la vie chrétienne part précisément de la passion pour les périphéries et pour les êtres de la périphérie : on peut même dire qu’elle part de la redécouverte de la tâche joyeuse de vivre et de communiquer l’évangile dans la périphérie. » (p.151)


L’auteur
Andrea Riccardi, né à Rome en 1950, est dès l'adolescence un jeune chrétien engagé, passionné par les avancées du Concile Vatican II. L'année de son bac, il fonde ce qui deviendra la Communauté Sant'Egidio, du nom de l'ancien Carmel de Rome, dans le quartier de Trastevere  Outre cet engagement, Riccardi est historien et universitaire, il enseigne l'histoire du christianisme et des religions à l'université de Rome III et au collège des Bernardins à Paris. Il a reçu le prix Charlemagne pour son action en 2009. Il est entré en 2012 dans le gouvernement Monti comme ministre sans portefeuille chargé de l'intégration et de la coopération internationale. Il trouve cependant le temps d'écrire et on lui doit aussi une biographie du pape Jean-Paul II parue en 2011.

source principale : le Journal LA CROIX

Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque du diocèse d'Aix-en-Provence et Arles 

vendredi 27 janvier 2017

Les défis de la catéchèse de demain


Les catéchètes dans la mission de l’Eglise : actes du VIIè colloque de L’ISPC … en partenariat avec la Faculté de Théologie de l’Université catholique de Louvain (Paris, 17-20 février 2015).
Sous la direction d’Isabelle Morel, Joël Molinario, Henri Derroitte
Paris, Le Cerf, 2016. 210 pages.


Comment deviendra-t-on chrétien dans les années à venir ? Ce questionnement est désormais le souci de tous les responsables et acteurs pastoraux. Pour accompagner le déploiement théologique de cette question de l'initiation, le septième colloque international de l'ISPC a voulu, dans ce cadre, interroger les mutations qui affectent la posture des multiples acteurs de la catéchèse, qu'ils soient catéchistes, accompagnateurs de catéchumènes, animateurs en aumônerie, animateurs en pastorale scolaire, etc. Ces catéchètes, pour utiliser un terme plus englobant, sont confrontés à l'évolution des pratiques d'évangélisation et doivent habiter des postures diverses. Ils sont tour à tour appelés à être enseignant, animateur, accompagnateur, transmetteur, témoin, frère, disciple... Une telle complexité rend la tâche du catéchète difficile. Comment honorer l'ensemble de ces facettes, constitutives de sa mission, dans une société et une culture en crise ? Plutôt que de perfectionner des techniques de transmission, l'urgent pour le catéchète est bien d'interroger sa propre posture de croyant et de prendre en considération les interactions de sa mission avec la posture des catéchisés et des autres croyants de la communauté ecclésiale. Au final, la question qui se pose au catéchète est celle des points d'appui qu'il a repéré pour sa propre foi et des moyens dont il dispose pour les rendre accessible au plus grand nombre.

Cet ouvrage rassemble l'essentiel des interventions proposées à l'occasion du VIIe colloque international de l'ISPC (Institut supérieur de pastorale catéchétique, au Theologicum de l'Institut catholique de Paris). Organisé en partenariat avec la Faculté de théologie de l'université catholique de Louvain, il a rassemblé plus de 350 participants du 17 au 20 février 2015.


Source : note de l’éditeur

Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque d'Aix et Arles

jeudi 26 janvier 2017

Le Bulletin de la Société d’Études des Hautes-Alpes de 2016

La nouvelle livraison du Bulletin de la Société d’Études, parue à la fin de 2016, voit la publication de quatre articles d'histoire religieuse. Deux concernent l’époque moderne, un le moyen âge, alors que le dernier est consacré à l’époque contemporaine. Le tout comptabilise 62 pages sur 237 que compte ce Bulletin.

Un article ultime

Dans son dernier article déposé avant son décès, Arlette Playoust prolonge ses études précédentes sur l’ordre de Cluny (http://catalogue.diocesegap.biblibre.com/cgi-bin/koha/opac-detail.pl?biblionumber=16141). Dans « L’ordre de Cluny dans les Baronnies », elle montre le rôle pivot du prieuré de Lagrand, rattaché à Cluny en 1365, dont dépendent six maisons monastiques. L’indépendance des établissements clunisiens par rapport aux diocèses en général, ici au nombre de quatre pour la zone étudiée, est soulignée par l’auteur.

Louis Court à Briançon

Le travail du docteur Jean-Pierre Rouge est intitulé « un mécénat oublié jusqu’alors à Briançon : le tableau du Saint-Esprit de la Collégiale par Louis Court » présente plusieurs intérêts :
  • Sur le fond, le docteur Rouge présente avec précision le contexte de la réalisation en 1719 de La Pentecôte par Louis Court (1670-1733). Le rôle de la confrérie est souligné comme jamais cela ne l’avait été dans cet acte d’évergétisme plus que de mécénat.
  • Le docteur Rouge utilise des sources provenant de la confrérie et « entre les mains de l’auteur » qui les a récemment découvertes. Faut-il rappeler ici que les confréries sont, aux yeux de la loi, des associations et qu’elles peuvent donc verser leurs archives à l’institution de leur choix ? Pour l’Église, les confréries sont des mouvements placés sous l’autorité du curé et de l’évêque depuis leur fondation même : de telles sources ne doivent donc pas se trouver durablement entre les mains de particuliers.
  • Du point de vue de l’historiographie, le docteur Rouge conclut sur un affaiblissement des confréries au XVIIIe siècle dû à la concurrence des loges maçonniques. Or, les confréries sont des institutions pieuses dont beaucoup ont traversé les siècles jusqu’à l’éclosion de l’action catholique. Certaines, mêmes, poursuivent aujourd’hui leurs activités ; enfin, d’autres sont parfois créées. Durant la Révolution française, dans la partie « nord » du département, des confréries se sont réunies sans cesser leurs actions. La lecture de Marie-Hélène Froeschlé-Chopard (Dieu pour tous et Dieu pour soi : histoire des confréries et de leurs images à l’époque moderne, L’Harmattan, 2006, 401 p.) ou de Marie-Claude Léonelli (Oppède (Vaucluse, canton Bonnieux, arrondissement Apt), in La Sauvegarde de l’Art français : aide aux églises rurales, cahier 25, Paris, 2015, p 101-104), est sur ce point éclairante.
  • Enfin, la bibliographie oublie au moins deux références plaçant l’œuvre de Louis Court dans son espace dauphinois et plus largement du sud-est de la France. La première est l’article d’Olivier Hanne et Philippe Franceschetti dans le Bulletin de la Société d’Etudes des Hautes-Alpes de 2015 (« Un saint pour Gap : Arnoux et son culte, XIe – XXe siècle », p 47-62) qui, lui-même, cite l’ouvrage numérique Sur les pas de Louis Court (Éditions du Laus, 2014), également présenté page 233 dans l’édition de ce bulletin en 2015. Ces références, toutes deux plus récentes que les ouvrages cités par le docteur Rouge, montrent que l’étude qu’il a menée, pour originale et importante qu’elle soit, s’inscrit dans le renouvellement de la recherche en histoire locale de l’art.

La lumière sur le vitrail contemporain dans le Queyras


Jean-Gérard Lapacherie offre 23 pages illustrées par des photographies de qualité sur « les vitraux des églises du Queyras ». Il étudie la présence des vitraux placés dans les édifices entre 1842 et 2006. Ces installations succèdent au « renouveau de la ‘piété’ et le ‘mouvement vers la dévotion’ » dans les années 1820. Cette décennie est celle de la constitution de l’actuel diocèse de Gap. Jean-Gérard Lapacherie montre que le Queyras s’inscrit dans un ensemble chrétien plus large, « le renouveau du vitrail se fait dans les années 1830-40 dans le cadre de la découverte exaltée de l’art gothique ».
Les fabricants des vitraux queyrassins sont presque tous connus. Notons, parmi ceux-ci, les ateliers Bessac qui ont également travaillé en d’autres lieux du diocèse plus tardivement.
Cet article est l’occasion de souhaiter que les archives des paroisses du Queyras soient rapidement regroupées pour qu’en soit établi les instruments de recherche complets qui les rendraient accessibles à l’étude.


Luc-André Biarnais,
archiviste du diocèse de Gap et d'Embrun

lundi 23 janvier 2017

Thaddée Matura : Et pourtant.... je suis aimé de Dieu

Et pourtant je suis aimé de Dieu : entretiens avec frère Thaddée Matura
Danielle Gatti
Paris, Editions franciscaines, 2016. 218 pages.

Né en Pologne en 1922, émigré au Canada où il entre chez les franciscains, professeur de théologie, Thaddée Matura va rejoindre la communauté de Taizé (1964-1972) avant de fonder la fraternité de Gambois. Il vit depuis quelques années en Avignon. Témoin de presque un siècle d'histoire, Thaddée Matura ne va pas cesser de scruter les écrits de François d'Assise, écrivant de nombreux livres et donnant sessions et retraites.


Ce livre d'entretien avec Danièle Gatti retrace le parcours d'un homme de sa Pologne natale en passant par le Canada jusqu’au sud de la France mais aussi dévoile le cheminement spirituel de cet homme atypique qui nous livre ses Cahiers, réflexions spirituelles écrites lors de ses retraites. En effet il faut lire ces extraits de notes personnelles, écrites chaque année au sortir de ses retraites en ermitage : on ne peut qu’être touché ; le frère Thaddée Matura si livre tel qu’en lui-même : blessures de l’enfance, désamour de soir, faiblesses humaines, désir de Dieu mais aussi cette « joie divine d’exister » et par-dessus toute chose celle de se savoir aimé.

Le livre d'un homme que l'on pourrait définir comme un étranger, un pèlerin sur sur cette terre, un chercheur infatigable de Dieu ; en fin de compte un livre réconfortant pour tout ceux que la vie a blessé, que le doute assaille ou qui ne se lasse jamais de questionner Dieu comme chacun peut l'expérimenter.

Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix-en-Provence et Arles

samedi 21 janvier 2017

Les particularités de l'écoute des personnes âgées

Georges Arbuz, Écouter les sujets âgés, avec la participation de Éliane Feldman, éd. Érès, coll. Prendre soin des personnes âgées... et des autres, 2016, 306 p., 16 €.
Cet ouvrage est né « du constat selon lequel une formation à l'écoute et une expérience d'accompagnement de sujets âgés sont certes des préalables nécessaires mais pas suffisants pour jouer pleinement un rôle auprès des aînés ». Sa première partie décrit le contexte dans lequel les aînés, nés pour la majorité entre 1930 et 1950, ont grandi et vécu, ainsi que les représentations sociales dont ils sont porteurs, par le regard posé sur eux comme par celui qu'ils posent eux-mêmes sur le monde qui les entoure.
La seconde partie donne la méthodologie de l'entretien et présente les particularités de l'écoute des aînés. Georges Arbuz, anthropologue spécialisé dans le grand âge, commence par rappeler les bases d'une bonne relation d'écoute et les différentes attitudes telles que Carl Rogers les a définies. Il insiste ensuite sur le respect et l'empathie dus aux personnes. Si la majeure partie du texte concerne les seniors, les chapitres consacrés à la technique de l'entretien peuvent être utiles à toute personne confrontée à ces situations dans sa vie professionnelle.
Ce livre est principalement destiné aux soignants et aux travailleurs sociaux, il aborde néanmoins le cœur du métier des aumôniers : l'écoute et l'accompagnement.
Georges Arbuz revient sur l'élaboration de ce livre dans une vidéo publiée sur la chaîne Youtube des éditions Érès.

Hélène Biarnais
médiathèque du diocèse de Gap

mercredi 18 janvier 2017

Les nouveautés du mois de janvier 2017

Nouveautés janvier 2017



BERNARD DE CLAIRVAUX. – Sermons pour l’année. Tome II. 1 : De la Septuagésime à la Semaine Sainte. – Paris, Editions du Cerf, 2016. 418 pages.

BETSCHART, Christof (dir.). – La liberté chez Edith Stein. – Toulouse, Editions du Carmel, 2014.190 pages.

CAZIAUX, Eric (dir.). – Paroles de foi et réalités éthiques : quelles voies et quelles voix ? Conférences de la Fondation Sedes Sapientiae et de la Faculté de théologie, Université de Louvain (février-mars 2015). – Namur, Lumen Vitae, 2016. 148 pages.

GILBERT, Maurice. –Les livres sapientiaux. – Paris, Le Cerf, 2017. 163 pages.

GUIBAL, Francis. – Faut-il renoncer à la métaphysique ? – Paris, Editions Facultés Jésuites de Paris, 2016. 276 pages.

MOREROD, Charles. – L’Eglise et la recherche humaine de la vérité. – Paris, Parole et Silence, 2016. 175 pages.

NOBEL, Ludovic. – Introduction au Nouveau Testament. – Paris, Editions du Cerf, 2017. 159 pages.

PISON, Ramón Martínez. – Le Dieu qui tient parole : petite histoire du salut pour aujourd’hui. – Montréal, Médiaspaul, 2016. 120 pages.

POUDERON, Bernard (dir.) ; SALAMITO, Jean-Marie (dir.) ; ZARINI, Vincent (dir.). – Premiers écrits chrétiens. – Paris, Gallimard, 2016. 1579 pages.

SICARI, Antonio-Maria. – Elisabeth de la Trinité : la logique de la foi. – Toulouse, Editions du Carmel, 2016. 332 pages.

STEFFENS, Martin. – Rien de ce qui est inhumain ne m’est étranger : éloge du combat spirituel. – Paris, Editions Points, 2016. 182 pages.


VASILIU, Cristian Ciocan Anca (dir.). – Lectures de Jean-Luc Marion. – Paris, le Cerf, 2016. 427 pages.


Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocèse d'Aix-en-Provence et Arles

La Trinité dans la Bible

Daniel Bourguet, Sur les bords du Jourdain, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, Lyon : éd. Olivétan, coll. Veillez et priez, 2016, 167 p., 14 €.
La Trinité est un concept mystérieux, qui a soulevé beaucoup de questions dès l'origine du Christianisme. Dans cet ouvrage, Daniel Bourguet propose une lecture des passages bibliques qui éclairent ce point.
À partir de la rencontre de Thomas avec Jésus ressuscité (Évangile de Jean, chapitre 20, versets 24 à 29), il guide le lecteur pas à pas à travers les épîtres de Paul et de Pierre et les évangiles de Jean, Marc et Matthieu. Il montre d'abord la divinité du Christ, puis l'unicité de Dieu en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il insiste particulièrement sur le caractère personnel de ce dernier, parfois interprété comme une énergie, mais bel et bien défini comme une personne par Jésus.
Chaque chapitre est conclu par la Prière d'André, qui donne un caractère proprement contemplatif à cet ouvrage d'exégèse.
Daniel Bourguet, pasteur de l'Église protestante unie, a été professeur d'Ancien testament à l'Institut protestant de théologie de Montpellier. Dans cet ouvrage, il met en œuvre ses qualités de pédagogue, démontrant bien pour chacun de ses arguments les tenants et les aboutissants du texte biblique. Il offre ainsi une exégèse de qualité à la portée de tous.

Hélène Biarnais
Médiathèque du diocèse de Gap

mardi 17 janvier 2017

Comment Jésus a formé ses disciples pour en faire des apôtres ?

Jean-Philippe Auger, Comment Jésus a coaché douze personnes ordinaires pour en faire des leaders extraordinaires, préface du cardinal Gérald Cyprien Lacroix, Paris : Salvator, 2016, 231 p., 20 €.
Dans une relecture audacieuse, et très américaine, des Évangiles, le père Jean-Philippe Auger, professeur de théologie pastorale à l'Institut de formation théologique de Montréal, montre comment les attitudes de Jésus envers ses disciples peuvent être comparées à des techniques de coaching aujourd'hui éprouvées.

Une attitude de leadership

Dès leur appel, Jésus est présent auprès de ses disciples pour les former au Royaume qu'il annonce. Le père Jean-Philippe Auger distingue trois types de relations d'enseignement, maître/élève, maître d'œuvre/apprenti, maître d'initiation/novice. Jésus utilise tour à tour chacune d'entre elles pour permettre à ses compagnons de montrer le meilleur d'eux-mêmes et faire émerger les leaders nécessaires à l'application de son injonction « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé » (Matthieu 28, 19-20). Ces méthodes peuvent-elles inspirer nos communautés chrétiennes pour la formation d'accompagnateurs et de catéchistes efficaces ?

Un ouvrage clair et pratique

Le plan de l'ouvrage est très clair. La première partie concerne l'exégèse alors que la seconde est l'application des principes ainsi dégagés. Chaque chapitre se termine par un résumé et par un questionnaire sur les pratiques personnelles du lecteur, qui permettent d'exploiter facilement ce livre dans un groupe de travail.
Hélène Biarnais,
Médiathèque du diocèse de Gap et d'Embrun

samedi 14 janvier 2017

De l'âme : François Cheng





De l’âme : sept lettres à une amie
François Cheng
Paris, Albin Michel, 2016 162 pages




« De l’âme  « Lorsque j’ai reçu votre première lettre, chère amie, je vous ai répondu immédiatement. Avoir de vos nouvelles plus de trente ans après m’a procuré une telle émotion que ma réaction ne pouvait être qu’un cri instantané.
« Votre deuxième lettre, que j’ai sous les yeux, je l’ai gardée longtemps avec moi, c’est seulement aujourd’hui que je tente de vous donner une réponse. La raison de ce retard, vous l’avez sans doute devinée, puisque votre missive contient une singulière requête : "Parlez-moi de l’âme"…
Votre phrase : "Sur le tard, je me découvre une âme", je crois l’avoir dite à maintes reprises moi-même. Mais je l’avais aussitôt étouffée en moi, de peur de paraître ridicule. Tout au plus, dans quelques-uns de mes textes et poèmes, j’avais osé user de ce vocable désuet, ce qui sûrement vous a autorisée à m’interpeller. Sous votre injonction, je comprends que le temps m’est venu de relever le défi… »

Nous ne saurions rien de cette « chère amie » que François Cheng présente comme une inconnue rencontrée par hasard dans le métro il y a des années et qui soudain lui demande « Parlez—moi  de l’âme ! ». Mais grâce à cette scène l’auteur va nous livrer en sept lettres sa pensée sur ce qu’est l’âme pour lui.
Pour relever ce défi il revisite les philosophes et aussi les mystiques chinois, taoïstes ou occidentaux et des bribes de sa vie (souvenir d’enfance, lectures, impressions glanées au fil de ses rencontres et de ses promenades).

François Cheng aborde ce « terreau natif et irréductible de chaque être » et au fil du texte il va cerner les contours de l’âme, cette « clef de voûte » qui n’intéresse plus guère notre monde contemporain seulement préoccupé des exploits du corps ; en effet il nous fait comprendre que nous avons à la fois un corps, un esprit et une âme.
Au-delà de ses expériences personnelles ou de ses considérations philosophiques il emmène le lecteur bien loin : toutes les religions ont tenté de nous dire ce qu’était l’âme, ce qu’elle devenait après la mort « corporelle » et cela ne lui est pas indifférent ; il ne parle pas directement de Dieu qu’il ne nomme pas ni de résurrection mais en parlant de « communion des saints » on perçoit qu’il n’est pas loin d’une vision chrétienne de l’âme. D’ailleurs il signe sa dernière lettre « aum » (mot sacré dans l’hindouisme)  et surtout par ce dernier mot chrétien « Amen ».

En temps que romancier et poète François Cheng nous a livré sous forme épistolaire sa pensée sur l’âme où se révèle tout son talent littéraire et poétique. Aujourd’hui si une telle réflexion sur l’âme est rare c’est une raison suffisante pour se plonger dans ce petit livre et pour certains de découvrir cet auteur..


Biographie de l'auteur

François Cheng, d’origine chinoise (naturalisé en 1971), de l'Académie française, est à la fois poète (Entre source et nuage, 1990 ; Le Livre du vide médian, 2004), romancier (Le Dit de Tianyi Prix Femina 1998, L'Eternité n'est pas de trop 2002, Quand reviennent les âmes errantes 2012) et essayiste (Cinq méditations sur la beauté 2006, L'un vers l'autre 2008, Cinq méditations sur la mort autrement dit sur la vie, 2013, Assise, 2014).

Publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles.

jeudi 12 janvier 2017

Un roman utopique de Vincent Borel

Vincent Borel, Fraternels, Paris : Sabine Wespieser éd., 2016, 553 p., 26 €.
Dans une société utopique et uchronique, où la logique de consommation est poussée à son extrême, une catastrophe écologique majeure se prépare.
Vincent Borel, auteur né à Gap qui signe ici son huitième roman, décrit d'une plume mordante les travers de nos contemporains : l'omniprésence des écrans qui coupe toute communication entre les personnes, le mépris de l'environnement, la mondialisation effrénée... Par des caricatures volontairement transparentes (on reconnaît aisément la compagnie Opié et son produit-phare l'Ifon 11) et des comportements exacerbés, une action menée tambour battant, il conduit le lecteur jusqu'à « un final libertaire, burlesque et transgressif », marquant la renaissance d'une génération, qu'il situe à quelques kilomètres de Cadarache.

Hélène Biarnais
Médiathèque du diocèse de Gap et d'Embrun

lundi 9 janvier 2017

Le malheur français : Marcel Gauchet

Comprendre le malheur français : entretiens avec Eric Conan et François Azouvi
Marcel Gauchet
Paris, Stock, 2016. 378 pages

Il y a un malheur français, bien spécifique à ce pays : pourquoi sommes-nous les champions du monde du pessimisme et du mécontentement de nous-mêmes ? Pourquoi vivons-nous notre situation, notre place dans l’Europe et le monde, comme un malheur incomparable ?

« Pour les Français, la mondialisation est une rupture majeure. A l’intérieur du déclassement général de toutes les autres nations, européennes, la France subit le choc frontal de son héritage historique avec une provincialisation à laquelle elle ne se résigne pas. C’est sûrement l’une des clés du pessimisme français » (p. 33)

Marcel Gauchet aborde ce problème d’une façon originale, en procédant d’abord à un vaste examen historique du XVIIè-XVIIIè siècles à nos jours. Revenant sur le XXè siècle l’auteur analyse longuement les septennats de De Gaulle et de
Mitterrand, l’un et l’autre importants pour comprendre le présent ;  mais il analyse également sans concessions les politiques menées par leurs successeurs de Valéry Giscard d’Estaing à François Hollande
Puis Marcel Gauchet s’attaque aux ressorts de la société française d’aujourd’hui, dont il dissèque les maux : la mondialisation et l’insertion dans l’ensemble européen ressentis en France avec une particulière inquiétude ; le divorce entre les élites et le peuple qui prend chez nous ce tour dramatique ; la responsabilité ide nos dirigeants dans la montée de ce qu’on appelle «le populisme » ; et enfin dans le marasme français le néo-libéralisme assumé par la Gauche et auquel Mitterrand a converti la France sans le dire.

Ainsi nous sommes passés dans un monde où ce n’est pas le politique qui régule l’économie mais le marché qui impose ses lois au politique : « Nous sommes dans un nouveau mode de fonctionnement de l’économie, dans une nouvelle société dont le défi, adressé à la République, est désormais l’individu. Plus le citoyen ni les masses organisées, l’individu. La République des citoyens fonctionnait. La République des grandes organisations aussi. Mais la République des individus, c’est une autre affaire ! Des individus qui se réclament de leurs intérêts privés, qui se soucient comme d’une guigne de l’intérêt général, qui récusent l’autorité de l’Etat et pour qui la loi se définit de plus en plus comme ce qu’il faut contourner » (p. 214).

Les Français en tirent les conséquences : perte de confiance dans les élites qui nous gouvernent, sentiment profond que la mondialisation nous est imposée et que la France doit se dissoudre  sans ce vaste marché sans âme. « Ce qui est perçu le plus profondément, c’est que le monde et sa marche vont contre ce que nous sommes et, face à ce rouleau compresseur, nous ne sommes pas défendus. C’est le cœur du reproche principal fait à la fois aux hommes politiques et aux médias : les élites ne nous défendent pas parce qu’elles sont les alliées du mouvement de modernisation et de mondialisation dans lequel la spécificité française est appelée à se dissoudre. On ne voit pas comment cette manière d’être originale que l’on appelle le “modèle français” pourrait perdurer… » (p. 16).
L’auteur ne se montre guère indulgent sur le fonctionnement de l’Europe et les discours sur les bienfaits de cette Europe ne suscitent guère que la méfiance ou même le rejet : « ce n’est pas l’Europe qui a bâti la paix, mais l’inverse : l’Europe s’est bâtie grâce à la paix d’un genre spécial assurée par la Guerre froide. Quant à la prospérité, elle a été générale dans le monde occidental durant les trente ans qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, y compris pour des pays qui n’étaient pas embarqués dans l’aventure européenne. Celle-ci a pu être au plus un adjuvant. Mais la question brûlante aujourd’hui, ce sont les perspectives d’avenir. Que nous promet l’Europe ? » (p. 162).

L’auteur montre que nous sommes aujourd’hui au plein coeur d’une période d’idéologie (quand bien même on s’évertue à nous dire que le temps des idéologies est mort !), d’autant plus pernicieuse qu’elle n’est jamais repérée pour ce qu’elle est, mais toujours confondue avec le cours obligatoire des choses : il s’agit de l’idéologie néo-libérale, qui va de pair avec la dépolitisation de nos sociétés

Quant à la place de la France dans le monde  Marcel Gauchet le dit franchement : « la France ne sera jamais plus une grande puissance » et qu’il n’y a rien à regretter. Cela mérite débat. Il est vrai que la France ne sera jamais plus une grande puissance coloniale, ni une puissance impériale – ce qu’elle était brièvement devenue au rebours de sa vocation nationale. Il est vrai qu’il n’est pas dans la vocation de la France de dominer l’Europe car au rebours du nationalisme, une nation historique se conçoit dans le concert des nations. Mais il faut que la France dispose d’une puissance suffisante pour préserver son vaste domaine terrestre et maritime, pour diffuser sa culture  et pour participer au maintien ou au rétablissement des grands équilibres mondiaux – politiques, économiques, écologiques…"  

Il y cependant dans les dernières lignes de ce livre une note d’espoir : si la France a perdu sa puissance Marcel Gauchet évoque ce qui fait la force de ce pays : la liberté d’esprit et la capacité d’imagination qui permettront encore à la France et aux Français d’être utiles au monde et parfois exemplaires. La France à une vocation universaliste et cette ambition peut arracher ce pays au « malheur français »



Biographie de l'auteur

Marcel Gauchet est directeur d’études à l’EHESS et rédacteur en chef du Débat. Il est notamment l’auteur d’une histoire philosophique du monde contemporain intitulée L’Avènement de la démocratie (trois volumes, Gallimard, 2007, 2010). Chez Stock il a publié La Condition historique (2002), et avec Marie-Claude Blais et Dominique Ottavi, Conditions de l’éducation (2010) et Transmettre, apprendre (2014). Marcel Gauchet est ici interrogé par Éric Conan, journaliste à Marianne et auteur entre autres de Vichy, un passé qui ne passe pas (avec Henry Rousso, Fayard, 1994) et de La Gauche sans le peuple (Fayard, 2004), et par François Azouvi, directeur honoraire de recherche au CNRS, et auteur notamment du Mythe du grand silence. Auschwitz, les Français, la mémoire (Fayard, 2012).

publication : Claude Tricoire - Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

jeudi 5 janvier 2017

"Le message, c'est la rencontre"

Khalil Merroun, Michel Dubost, Michel Serfaty, L’Imam, l’Évêque et le Rabbin, entretiens menés par Florence Méréo, Paris, Autrement, 2016, 251 p., 17 €.
Les paroles du pape François sur ce que représente une rencontre conviennent parfaitement à ce livre de circonstance, après les attentats de 2015. Le livre est introduit par la journaliste Florence Méréo (p 7-12) avant la présentation (p 13-32) des trois auteurs, en responsabilité dans le département de l’Essonne, qu’elle a fait dialoguer. Deux sont nés au Maroc, seul Khalil Merroun est originaire de Ceuta, enclave espagnole au nord de ce pays. La présentation est complétée par des biographies chronologiques (p 245-250). Khalil Merroun est le recteur de la grande mosquée d’Évry-Courcouronnes, Michel Serfaty est le rabbin de Ris-Orangis. Mgr Michel Dubost est l’évêque du diocèse d’Évry-Corbeil-Essonnes.
Un glossaire (p 233-243) décrit la bible, par exemple. Il explique, également, les fondements de la dhimma, « régime juridique auquel est soumis le non-musulman » en terre d’islam, ou l’importance des traités de Westphalie (1648) dans la relation entre catholiques et protestants dans une grande partie de l’Europe.
Ce livre, au-delà de vouloir « favoriser un dialogue sincère, ouvert et fraternel » (p 229) selon les mots des auteurs, donne des éléments de réflexion à chacun sur la situation actuelle de notre pays.
VOIR DANS LE CATALOGUE

Luc-André Biarnais
archiviste du diocèse de Gap

mardi 3 janvier 2017

Marie Madeleine s'expose jusqu'au 24 septembre 2017

Marie Madeleine, la passion révélée, catalogue d'exposition, IAC Éditions d'Art, 220 p., 25 €.

Marie Madeleine est sans équivalent dans le christianisme : pécheresse repentie, disciple de Jésus, elle est la première à voir le Christ ressuscité, avant d'évangéliser la Provence. Elle est présente lors des grands événements de la vie du Christ : la résurrection de Lazare, la crucifixion, la résurrection. Elle tient une place comparable à celle des apôtres.
Le personnage dépeint par la tradition et les peintres est la synthèse de plusieurs femmes citées dans le Nouveau Testament : la pécheresse qui verse le parfum sur la tête de Jésus et l'essuie avec ses cheveux, Marie de Béthanie sœur de Marthe et de Lazare, Marie de Magdala, que Jésus a délivrée de sept démons. Cette confusion, instaurée par le Pape Grégoire le Grand, est réfutée par l'Église catholique depuis le concile Vatican II.

La première exposition sur ce thème en France

L'exposition Marie Madeleine, la passion révélée lui est entièrement consacrée, avec plus de 130 œuvres la représentant. Elle est visible au Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse jusqu'au 5 février, puis au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne du 24 février au 24 mai, et au Musée de la Chartreuse de Douai du 17 juin au 24 septembre 2017. Elle réunit en un même ensemble des tableaux qui appartiennent à des particuliers, des musées français et européens, publics ou privés. Plusieurs toiles de maîtres sont ainsi exceptionnellement visibles par le public français.
« Les trois lieux accueillent en effet autour d'un large tronc commun des œuvres parfois différentes, présentées dans des muséographies spécifiques adaptées à des espaces par nature différents, mais dont la présentation suit une répartition thématique unique » (p.13). Chacun des musées a eu une grande part à sa réalisation, comme en témoignent les remerciements et les préfaces.
Le catalogue est d'une rare qualité, d'autant plus qu'il est vendu à un prix très raisonnable (25 €). Non seulement les reproductions sont très belles, de grande taille pour beaucoup, mais l'analyse qui sous-tend la présentation est très enrichissante pour l'historiographie de ce thème. La structure thématique est d'une grande clarté.
Les dix-sept auteurs sont des experts confirmés en histoire de l'art, conservateurs du patrimoine et bibliothécaires pour la plupart, mais place est aussi faite à des contributeurs plus novices, puisque trois d'entre eux sont étudiants. Les index, comme la bibliographie, sont détaillés et complets.

Une sainte aux multiples visages

« Pour évoquer cette femme plurielle, l'exposition se veut à la fois une et multiple » (p. 12).
Le catalogue s'ouvre sur quatre essais qui campent le personnage de Marie Madeleine dans ses diverses facettes. « Marie Madeleine, petite histoire d'une grande figure » par Isabelle Renaud-Chamska, professeur agrégée de lettres, revient sur son image dans les évangiles, dans la Légende dorée et dans la tradition. « De la courtisane à l'ermite de la Sainte-Baume, une approche iconographique de Marie Madeleine », par Marie-Paule Botte, commissaire pour le musée de Douai, étudie l'évolution de ses représentations au fil des siècles, dans les scènes où elle est seule comme dans les scènes issues des évangiles. Magali Briat-Philippe, commissaire pour le Monastère royal, traite de « La dévotion de la maison de Bourgogne et de Marguerite d'Autriche pour Marie Madeleine », qui est le prétexte original pour cette exposition. Enfin, Pierre-Gilles Girault, administrateur du Monastère royal et auteur de Un langage sans parole, l'image au Moyen âge publié par l'Abbaye de Noirlac en 1992, aborde le sujet plus connu de l'érotisation du personnage de Marie Madeleine à partir du XVe siècle.
Les notes de bas de pages témoignent du sérieux des références consultées, que ce soit dans le domaine de l'histoire de l'art ou de l'exégèse. Les évangiles sont abondamment cités, et bien remis dans leur contexte.
Le choix des œuvres puise son intérêt dans leur variété. Les commissaires n'ont pas hésité à sélectionner des images contemporaines pour montrer la permanence de ce thème, lui consacrant même un pan entier de l'exposition, intitulé « Marie Madeleine au XXe siècle ».
« L'exposition et ces pages ambitionnent […] de révéler au lecteur et au visiteur la triple passion de Marie Madeleine : la Passion du Christ dont elle fut le témoin privilégié, la passion amoureuse qu'elle vécut dans les désordres comme dans l'ascèse, mais aussi la passion jamais démentie que les artistes lui vouent depuis le XIIe siècle » (p.13). Même si nous aurions aimé, pour notre part, que l'évangélisation de la Provence soit plus amplement présentée, cet ouvrage vient considérablement enrichir la bibliographie disponible sur Marie Madeleine.

En pratique

Exposition Marie Madeleine, la passion révélée, visible au Monastère royal de Bourg-en-Bresse jusqu'au 5 février, puis au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne du 24 février au 24 mai, et au Musée de la Chartreuse de Douai du 17 juin au 24 septembre 2017.
Catalogue en vente en librairie et dans les musées, au prix de 25 €.

lundi 2 janvier 2017

Des nouveautés pour bien commencer l'année !

Nouveautés du mois de décembre 2016


AUGE, Serge. – Connaître Dieu par expérience : la connaissance expérimentale de Dieu selon saint Thomas d’Aquin. – Perpignan, Artège, 2016. 217 pages.

BEAU, Jérôme (éd.) ; CHARMET, Bruno (éd.) ; CHEVALIER, Yves (éd.). – juifs et chrétiens lisent ensemble les Ecritures : Ancien Testament. Volume 5 : Juifs et chrétiens en dialogue. – Paris, Parole et Silence, 2016. 236 pages.

BERNARD DE CLAIRVAUX (saint). – Sermons pour l’année. Tome II. 2. Sur le Psaume Qui habitat. – Paris, Le Cerf, 2016. 557 pages.

BLOY, Léon. – La femme pauvre : épisode contemporain. – Rennes, La Part Commune, 2016. 441 pages.

BORDES, Juliette. – La théologie symboliste de saint Jean de la Croix : dans le Cantique Spirituel et La Vie Flamme d’Amour. – Toulouse, Domuni-Press, 2016. 475 pages.

BURNET, Eliane et Régis. – Décoder un tableau religieux : Ancien Testament. – Paris, Le Cerf, 152 pages.

CHENG, François. – La vraie gloire est ici. – Paris, Gallimard, 2015. 160 pages.

DALARUN, Jacques. – François d’Assise en questions. – Paris, CNRS-Editions, 2016. 458 pages.

GATTI, DANI7LE. – Et pourtant… je suis aimé de Dieu : entretiens avec Frère Thaddée Matura.- Paris, Editions franciscaines, 2016. 218 pages.

LE BOULLUEC, Alain (dir.) ; JUNOD, Eric (dir.). – Anthologie des théologiens de l’Antiquité. – Paris, Le Cerf, 2016. 456 pages.

LECRIVAIN, Philippe. – Les premiers jésuites : jalons pour une histoire (1540-1814). – Namur (Belgique), Lessius, 2016. 681 pages.

POLONY, Natacha ; COMITE ORWELL (le). – Bienvenue dans le pire des mondes : le triomphe du soft totalitarisme. – Paris, Plon, 2016. 212 pages.


RICCARDI, Andrea. – Périphéries : crises et nouveautés dans l’Eglise. – Paris, Le Cerf, 2016. 197 pages.