jeudi 25 juin 2015

Conférences de Jean-François Bouthors à Gap

Le 20 mai dernier, Jean-François Bouthors, exégète, a fait deux interventions à la Maison diocésaine de Gap. La première est un atelier autour de la Genèse et du récit de la création, la deuxième est la conférence De quel Dieu nous parle la Bible ?
Ces deux enseignements ont été enregistrés grâce aux moyens techniques de RCF et vous sont proposés à l'écoute ici.

Vous trouverez ici les ouvrages de Jean-François Bouthors disponibles à la bibliothèque diocésaine de Gap.

samedi 20 juin 2015

CHRETIENS ET ECOLOGIE : POURQUOI UNE ENCYCLIQUE ?

Chrétiens et écologie ; la place de l’homme dans la création

En 1967, l’historien américain Lynn White soupçonnait le christianisme d’être à l’origine de la crise écologique contemporaine.


Quarante ans plus tard, les théologiens ont approfondi les questions posées par ces soupçons : l’écologie est-elle une remise en cause de la place de l’homme au sommet de la création ? Le christianisme est-il anthropocentrique ? Que signifie « dominer la terre » ?


« La foule applaudit le garçon agile tout en haut de la pyramide humaine, mais celui-ci ne peut se passer des cinq ou six niveaux d’hommes qui le portent au-dessous ! » Jean-Hugues Bartet utilise spontanément la tradition basque et catalane des « castellers » pour illustrer la place de l’homme dans la Création : au sommet, mais totalement tributaire de toutes les créatures qui l’ont précédé et continuent de le soutenir.Diacre du diocèse de Digne, cet ancien ingénieur forestier ne craint pas, contrairement à certains chrétiens, que l’écologie remette en cause la place de l’homme dans la Création.« C’est à l’homme seul que Dieu a donné la liberté et la conscience lui permettant d’entrer en alliance avec son Créateur. Mais cela ne signifie ni que l’homme soit au sommet, ni qu’il soit au centre : c’est Jésus-Christ qui est au centre de la Création ! », poursuit Jean-Hugues Bartet, également directeur du département Environnement et modes de vie à la Conférence des évêques de France (CEF).« La Bible dit de l’être humain qu’il est créé à l’image de Dieu, mais pas qu’il est au sommet de la Création », précise Fabien Revol, titulaire de la chaire Jean-Bastaire à l’Université catholique de Lyon (lire La Croix du 28 mars).Cependant, ces deux chrétiens engagés en éthique environnementale réfutent fermement les soupçons dont le christianisme est l’objet, depuis l’article de Lynn White sur « Les racines historiques de notre crise écologique », publié dans la revue Science en 1967.


« SOYEZ FÉCONDS, EMPLISSEZ LA TERRE ET SOUMETTEZ-LA
»


Selon ce médiéviste américain, spécialisé dans l’histoire des techniques, l’exploitation et le saccage de la nature auraient été légitimés par le christianisme – « la religion la plus anthropocentrique du monde » –, en particulier par le commandement divin « Soyez féconds, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux de la terre » (Gn 1, 28).À l’époque, cet article eut un retentissement considérable, d’autant qu’il rejoignait la contre-culture hippie.Quarante ans plus tard, les théologiens avancent deux arguments pour répondre à cette accusation. D’abord, le verbe « dominer » (du latin dominus, maître de maison, gérant) est à comprendre comme une« bénédiction divine, engageant la responsabilité de chaque homme pour prendre soin de la terre, la cultiver et la garder », comme le dit Jacques Arnould, théologien et historien des sciences au Centre national d’études spatiales (CNES).Une expression semblable fut utilisée lors du rassemblement œcuménique européen de Bâle (Suisse) en 1989, parlant de l’homme« placé comme protecteur et gestionnaire de la Création ».> Lire aussi : « Laudato si » : la première encyclique du pape sur la préservation de la nature


DIEU, APRÈS LE DÉLUGE, FIT ALLIANCE AVEC « TOUS LES ÊTRES VIVANTS »SORTANT DE L’ARCHE

Second argument : ce n’est pas le christianisme qui a cristallisé le rapport utilitaire à la nature mais les interprétations erronées qui en ont été faites. « Entre le XVI e et le XIX e  siècle, le christianisme occidental a isolé l’homme dans la Création, un peu comme il a isolé l’esprit dans l’homme, ce qui a conduit à un certain mépris de la chair, du naturel », explique Jacques Arnould.« Avec Descartes, on a commencé à imaginer que la nature n’était que matière et cela s’est aggravé avec les Lumières », rappelle de son côté Dominique Bourg, philosophe, enseignant à l’université de Lausanne (1).« Cette philosophie matérialiste a conduit à considérer que la Création n’a de valeur que celle que l’homme lui donne, ce qui est totalement contraire à la Bible », ajoute Fabien Revol, qui aime rappeler que Dieu, après le Déluge, fit alliance avec« tous les êtres vivants » sortant de l’arche.Aujourd’hui, les théologiens se réjouissent donc que l’écologie remette en cause ces interprétations erronées de la Bible et les dichotomies entre corps et esprit ou entre nature et culture qu’elles ont entraînées. « Le mépris du naturel n’a rien de biblique ! », résume Jacques Arnould.« L’accusation de Lynn White visait juste, poursuit Fabien Revol. Car, après le traumatisme de la peste noire dans l’Europe du XIV e  siècle, le christianisme en était arrivé à penser qu’il valait mieux désirer les biens du Ciel puisqu’il n’y avait plus de sagesse immanente dans la Création ! »D’où cet autre reproche adressé au christianisme par certains tenants de l’écologie : avoir désacralisé la nature. « L’Ancien Testament a libéré l’homme de toute crainte et soumission devant ce qui a été créé par le Dieu unique, souligne Jean-Hugues Bartet. Puis la science a expliqué les phénomènes naturels que la pensée médiévale percevait comme des instruments utilisés par Dieu pour châtier les méchants. Ainsi, l’implication de Dieu dans la nature a disparu et l’homme s’est retrouvé tout seul. »

« L’ÊTRE HUMAIN EST APPELÉ À TÉMOIGNER DE L’AGIR DE DIEU DEVANT LES AUTRES CRÉATURES »

Souhaitant réenchanter la nature, les écologistes tombent parfois dans des excès, allant jusqu’à personnifier et diviniser Gaïa et la Nature. Un retour au néo-paganisme que le magistère catholique dénonce (2), invitant plutôt à redécouvrir les concepts franciscains de « Terre mère » ou de « Terre sœur ».« Avec François d’Assise, on peut parler d’une relation fraternelle de l’être humain avec tous ses écosystèmes », souligne Jean-Hugues Bartet. Il rappelle aussi que, puisque Dieu fait alliance avec toutes les créatures vivantes, toutes chantent la louange de leur Créateur et sont donc en relation les unes avec les autres.Le diacre de Digne va plus loin. « La mission de l’homme est de faire de la biosphère une noosphère », lance-t-il, en reprenant le mot créé par le jésuite Pierre Teilhard de Chardin pour désigner la « sphère de la pensée humaine », troisième d’une succession de phases de développement de la Terre, après la géosphère (matière inanimée) et la biosphère (la vie biologique).« Par le fait qu’il est une représentation vivante de Dieu, l’être humain est appelé à témoigner de l’agir de Dieu devant les autres créatures, considère Fabien Revol. Or le Christ a clairement montré qu’être le premier, c’est se faire serviteur, poursuit le théologien. L’homme a donc pour mission de se mettre au service de la Création. »> (Re)lire : Fabien Revol, un inlassable défenseur de la Création


CLAIRE LESEGRETAIN
(1) Le Temps de la Création, sous la dir. de Fabien Revol, Cerf, 399 p., 2015, 24 €.(2) Enjeux et défis écologiques pour l’avenir, document du groupe de travail Écologie et environnement de la CEF, avant-propos de Mgr Marc Stenger, Cerf, 20

Claude Tricoire
bibliothèque diocésaine d'Aix-en-Provence

jeudi 18 juin 2015

LISTE NOUVEAUTÉS PRINTEMPS 2015 : BIBLIOTHEQUE DIOCESAINE DE MARSEILLE


EXEGESE

Jacques Cazeaux : Le Roi, l'âne et l'arpenteur, politique et religion dans la Bible, Paris, Le Cerf, 2015

 


Paul-Dominique Dognin : La foi de Jésus, une lecture de la Lettre aux Hébreux, (Lire la Bible ; 186), Paris, Le Cerf, 2015

John Paul Meier : Jésus et le divorce, Paris, Le Cerf, 2015

 

 

 

HISTOIRE

Erich H. Cline : 1777 avant J.C., le jour où la civilisation s'effondra, Paris, La Décourverte, 2015

Christian Destremau : Le Moyen-Orient pendant la seconde guerre mondiale (Tempus ; 580), Paris, Perrin, 2015

Elisabeth Malamut et Mohamed Ouerfelli, Dir. : Villes méditerranéennes au Moyen-Age (Le Temps de l'Histoire), Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 201

 

 

 

PATRISTIQUE

Jaime Garcia : Vivre la Pentecôte avec Saint Augustin, Paris, Le Cerf, 2015

 

 

PHILOSOPHIE & ETHIQUE

Pierre Bayle : Dictionnaire historique et Philosophique = Miscellanea philosophica, Paris, Les Belles-Lettres ; Ecole supérieure d'art de Cambrai, 2015

Nathalie Caron et Guillaume Marche, Dir. : La politisation du religieux en modernité (Sciences des Religions), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015

Mariano Delgado, Charles Méla, Frédéric Möri : Orient Occident, racines spirituelles de l'Europe,enjeux et implications de la translatio studiorum dans le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam de l'Antiquité à la Renaissance, actes du colloque scientifique international, 16-19 novembre 2009 Paris, Le Cerf, 2015

Hugo Tristram Engelhardt, Jr. : Les fondements de la Bioéthique (Médecine & Sciences humaines ; 26), Paris, Les Belles-Lettres, 2015

Corinne Enaudeau & Frédéric Fruteau de Laclos, éd. : Différence, différend : Deleuze et Lyotard (encre marine), Paris, Les Belles-Lettres, 2015

Emmanuel Falque : Triduum philosophique : le passeur de Gethsémani, métamorphose de la finitude, les Noces de l'Agneau, nouvelle éd. revue, augmentée et corrigée, Paris, Le Cerf, 2015

C.G. Jung : Introduction à la psychologie jungienne, d'après les notes manuscrites prises durant le Séminaire sur la Psychologie analytique donné en 1925 par C.G. Jung, Paris, Albin Michel, 2015 

 

 

RELIGIONS

Jean-Baptiste Brenet : Averroès l'inquiétant, Paris, Les Belles-Lettres, 2015

Jonathan Bourgel : D'une identité à l'autre ? : la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem : 66 - 135 (Judaïsme ancien et Christianisme primitif), Paris, Le Cerf, 2015

Reynal Sorel : Dictionnaire du Paganisme grec, notions et débats autour de l'époque classique (Vérité des Mythes), Paris, Les Belles-Lettres, 2015

Dominique Wohlschlag : Clés pour le Mahabharata (Le Maître et le disciple), Gollion (Suisse), Ed. infolio, 2015

 

 

SPIRITUALITÉ

Tomas Alvarez, Dir. : Dictionnaire Sainte Thérèse d'Avila, son temps, sa vie, son oeuvre et la Spiritualité carmélitaine, Paris, Le Cerf, 2008

Sabine Laplane : Frère Roger de Taizé, avec presque rien..., Paris, Le Cerf, 2015

 

 

THEOLOGIE

André Birmelé et Marc Lienhard : La foi des églises luthériennes, confessions et catéchismes, Paris; Genève, Le Cerf ; Labor et Fides, 1991

Laurent Lavaud : Mystique et Monde (Philosophie & Théologie), Paris, Le Cerf, 2015

Frédérique Poulet : Célébrer l'Eucharistie après Auschwitz, penser la théodicée sur un mode sacramentel (Cogitatio Fidei ; 295), Paris, Le Cerf, 2015

mardi 16 juin 2015

UNE HISTOIRE DES PREMIERES COMMUNAUTES CHRETIENNES

Communautés chrétiennes du Ier siècles
Edouard Cothenet
Paris, Salvator, 2015. 217 pages.

L’ouvrage du Père Edouard Cothenet  s’intéresse à la formation de la première communauté chrétienne de Jérusalem et aux groupes judéo-chrétiens du Ier siècle.
Après une étude sur le judaïsme à l’époque du Christ, l’auteur étudie la première communauté chrétienne de Jérusalem qui se forma « à l’ombre du Temple » et, plus largement, sur les groupes judéo-chrétiens qui suivirent. Après un chapitre consacré à Antioche,  départ de la mission vers les nations païennes, nous suivons pas à pas les premières communautés fondées par Paul en Europe, à Philippes puis Corinthe, avant de revenir en Asie, à Ephèse plus précisément, où il va rester captif plusieurs années.
La fin de l’ouvrage présente,  à partir des études contemporaines, l’origine de la communauté chrétienne de Rome puis, ouvrant les perspectives, les premières Eglises chrétiennes existant autour de l’an 100. Pour cette dernière partie, l’auteur s’appuie sur les plus anciens écrits patristiques, comme la Lettre aux Corinthiens de Clément de Rome, la Didachè et les lettres d’Ignace d’Antioche, même si ces dernières débordant un peu sur le deuxième siècle !



Édouard Cothenet est prêtre et professeur honoraire de l’Institut Catholique de Paris. Il a conjugué dans sa vie l'étude de l'exégèse et le ministère pastoral. Ordonné en 1948, Il est aujourd'hui en ministère de disponibilité pour les paroisses de Bourges. Il tient régulièrement des conférences et entretient de nombreux liens (œcuménisme, chrétiens d'Orient...).

Claude Tricoire
bibliothèque diocésaine d'Aix-en-Provence






mercredi 3 juin 2015

SAINTE JEANNE D'ARC

 
JEANNE D'ARC
COLETTE BEAUNE
PERRIN, 2004

" Morte à moins de vingt ans, Jeanne occupe une place à part dans l'histoire de France.

Jeanne d'Arc n'est pas très grande, ni très jolie, elle a des cheveux bruns, l'air solide, une tache rouge derrière l'oreille droite. D'un caractère trempé, elle se met parfois en colère et pleure quand elle veut. Jeanne se proclame chef de guerre pour bouter les Anglais hors de France. Elle rêve d'une nouvelle croisade afin de reconquérir Jérusalem et créer un monde nouveau. Ses voix, que le procès identifiera à celles de sainte Catherine, sainte Marguerite et saint Michel, la guident dans sa mission. Ainsi peut-on décrire la petite villageoise de Domrémy née vers 1412, étonnant mélange de culture chrétienne et de rites populaires. Son destin a croisé celui du royaume plongé dans l'interminable guerre de Cent Ans. Le roi Charles VII lui-même la reconnaît comme une prophétesse qui incarne en 1429 toutes les attentes des Français. Elle devient un mythe vivant. Et pourtant, Jeanne passera son temps à brouiller les limites sociales - paysanne, elle fait carrière à la cour -, sexuelles- vêtue en homme, elle fait la guerre-, ou religieuses -elle prêche et crée des objets sacrés. Ce charisme féminin est la source d'un pouvoir qui finira par gêner. L'incompréhension sera d'ailleurs l'un des ressorts de son procès qui la conduit pour sorcellerie au bûcher en 1431. Dans cette biographie passionnante et originale, Colette Beaune, déjà remarquée pour sa "Naissance de la nation France", a fait un travail magnifique d'érudition en retraçant les mentalités d'une époque qu'on croit révolue. Sa parfaite connaissance du monde médiéval offre un tableau saisissant de la vie de Jeanne, loin de l'icône politique et patriotique habituelle.

Reprenant sa vie depuis sa naissance jusqu'à sa réhabilitation en 1456, Colette Beaune s'interroge sur l'image de cette petite paysanne dans le monde médiéval. Son étude conduit à bien des mises au point. Une réévaluation politique d'abord. Même si son dévouement au roi est total, la Pucelle est autant à inscrire au sein d'un parti politique - les Armagnacs - que de la nation France. Une réévaluation religieuse ensuite. Jeanne est dans la lignée du prophétisme féminin. Avant elle, d'autres femmes ont prétendu pouvoir sauver la France. Aucune cependant n'a eu l'obstination de Jeanne.
Enfin, Jeanne brouille les limites sociales - paysanne, elle fait carrière à la Cour -, sexuelles - vêtue en homme, elle fait la guerre -, ou celles du profane et du sacré - elle prêche et crée des objets sacrés. Ce charisme féminin est la source d'un pouvoir informel qui finira par gêner, même ceux qu'il avait servi.
Cette biographie passionnante et novatrice a reçu le prix du Sénat du livre d'histoire." -able guerre de Cent Ans. Le roi Charles VII lui-même la reconnaît comme une prophétesse qui incarne en 1429 toutes les attentes des Français. Elle devient un mythe vivant. Et pourtant, Jeanne passera son temps à brouiller les limites sociales - paysanne, elle fait carrière à la cour -, sexuelles- vêtue en homme, elle fait la guerre-, ou religieuses -elle prêche et crée des objets sacrés. 

Colette Beaune est historienne, professeur d'histoire médiévale à l'université de Nanterre. Elle a publié Naissance de la nation France (Gallimard), Journal d'un bourgeois de Paris et Education et Culture, du début du XIIe siècle au milieu du XVe siècle (Sedes, 19999).

PERE RENE-LUC : UN TEMOIN POUR LES JEUNES

Père René-Luc, témoin du Christ auprès des jeunes

Le Père René-Luc, 42 ans, est prêtre pour le diocèse d’Albi. Il a retracé son parcours de « bras cassé » dans un livre-témoignage : « Dieu en plein cœur » (Presses de la Renaissance). Le livret édité par la Fondation d’Auteuil pour le Carême de partage 2009 reprend chaque jour des citations du livre, les fait entrer en résonnance avec des passages de la Bible et propose une intention de prière.
 
Comment est née l’idée du livret de prière ?
Je suis intervenu auprès des orphelins de la Fondation d’Auteuil, à Paris et près de Toulouse. Je les connaissais de réputation mais lors des rencontres, j’ai bien vu à quel point leur parcours de vie avait des résonnances avec mon propre parcours. La Fondation m’a demandé de participer au projet d’un livret de Carême qui pourrait rejoindre les jeunes. Je leur ai suggéré de s’appuyer sur mon livre. Je trouvais intéressant de partir d’un témoignage de vie concret. C’est une suggestion de ma part et une réalisation commune.
 
Pourquoi avoir accepté de parrainer cette campagne de Carême ?
Quand j’ai accepté de participer à l’élaboration de ce livret, ce qui m’a motivé, ce ne sont pas d’abord les donateurs, même s’ils en sont les destinataires, c’était d’abord le jeune lui-même. Le livret est sur ma table de nuit. Ça me permet d’être en communion avec ceux qui le lisent. Quand je lis le soir, j’espère qu’il y a un jeune qui est en train de le lire et qui à travers cet extrait de vie, cette Parole et cette intention de prière, va trouver du courage. Ce qui m’a habité dans ce projet, c’est de penser au jeune lui-même. La Fondation pour moi, ce sont les jeunes à qui j’ai parlé et ceux à qui je n’ai pas pu parler mais que je rejoins à travers ce livret.
 
Comment s’est passée votre rencontre avec les jeunes, au lycée La Cadène notamment ?
C’est vrai que c’était particulier. Ce lycée est récemment sous la tutelle de la Fondation. Les jeunes ne sont pas habitués à voir des témoins. Quand on leur a annoncé qu’un prêtre venait, ils s’attendaient à un cours de caté je pense. Deux jeunes notamment n’avaient pas envie de venir et râlaient un peu dans le couloir quand je suis passé devant eux. Ils sont venus quand même puisque c’était obligatoire. Ce qui est très touchant, c’est que celui qui râlait le plus est venu s’asseoir à côté de moi après, pour le repas. Il m’a dit combien il ne s’attendait pas à ça et combien ça l’avait rejoint dans sa vie. C’est une vraie rencontre. De même que j’ai été touché par un pasteur, Nicky Cruz, qui est à l’origine de ma conversion, que j’ai entendu quand j’étais dans un moment difficile, j’ai vu des passerelles entre son histoire et la mienne et donc j’ai accepté Dieu dans ma vie. Très modestement, j’espère être un tout petit rayon d’espérance pour des jeunes qui ont un parcours aussi difficile et qui peuvent voir que la roue a tourné et qu’il n’y a pas de destin tout tracé. 
 
Qu’est-ce qui vous donne l’énergie de partir dans toute la France témoigner auprès des jeunes ?
La mission, on la reçoit, on ne se la donne pas. C’est un petit peu les événements qui ont fait ça. J’avais déjà un ministère de prédication auprès des jeunes. Ensuite, il y a eu la sortie de ce livre et enfin, un discernement avec mon évêque. On a mis en place de projet de ministère très particulier dans lequel il y a 10 jours de prédication un peu partout en France et 20 jours en paroisse.
 
Vous n’avez pas peur de vous prendre pour une star ?
Il y a deux mots qui sonnent très faux avec « sacerdoce », c’est « vanité » et « mise en avant». Par contre, il y en a un qui sonne, s’il est discerné par mon supérieur, c’est « témoignage ». Témoigner pour un prêtre fait partie aussi de son chemin. Ne pas « prendre la grosses tête » est un vrai souci. J’ai renoncé aux droits d’auteur qui sont tous reversés pour les séminaristes. Sur mon petit salaire de prêtre, j’ai envoyé mon livre aux quatre-vingts Carmels de France avec cette intention particulière : prier pour les personnes que je rencontre mais aussi pour que ce ministère soit celui d’un témoin et non pas d’autre chose


PERE RENE-LUC : DIEU EN PLEIN COEUR

P. René-Luc « C'est difficile de ne pas connaître son père »
P. René-Luc, prêtre diocésain d'Albi.

« J'admire ma mère qui a su, malgré toutes ses épreuves, créer une vraie famille. Divorcée, elle s'est retrouvée seule à 27 ans pour nous élever tous les cinq : mes deux grands frères, mes deux petites sœurs et moi. Mes deux grands frères sont nés d'un père différent, mais ce n'était pas un problème. Les liens ont toujours été forts et il valait mieux éviter de nous traiter de demi-frères ! Pourtant lorsque mes deux aînés partaient le week-end chez leur père, je les enviais. L'argent manquait et nous avons connu les foyers de la Ddass, mais la tendresse de notre mère nous a toujours protégés.
L'absence d'un père fait souffrir. Le nôtre avait quitté notre mère juste avant la naissance de ma petite sœur. En plus, il ne nous avait pas reconnus au moment de notre naissance ! Je me souviens encore de ma souffrance lorsque, à l'école, je devais remplir la fiche de renseignements où l'on demandait le nom du père. Je devais écrire : inconnu ! À chaque fois, une douleur physique m'étreignait la poitrine.
Je venais d'avoir 10 ans lorsque ma mère rencontra Martial. Au début il était gentil et se comportait comme un père, mais nous n'avons pas tardé à découvrir qu'il faisait partie du milieu du grand banditisme. Rapidement les disputes avec ma mère devinrent fréquentes et les coups aussi ! Un jour, mon frère aîné tenta de s'interposer, mais ma mère, craignant pour lui, repoussa son aide. Il quitta la maison, bientôt suivi par mon second frère, Martial ayant tout fait pour qu'ils partent vivre chez leur père. Je vécus cette séparation comme un déchirement, et pour ma mère qui s'était battue pour nous garder ensemble, ce fut l'effondrement.
Après maintes péripéties, Martial fut emprisonné. J'avais 13 ans. C'est alors que ma mère m'apprit que mon père n'était pas le même que celui de mes petites sœurs. Alors qu'elle était en plein divorce, elle avait rencontré un Allemand, ancien légionnaire, et l'avait suivi en Allemagne. Mais ils se séparèrent et, à peine arrivée en France, ma mère constata qu'elle était enceinte. Elle décida courageusement de me garder. Ce n'est qu'ensuite qu'elle rencontra le père de mes sœurs. Cette révélation sur mes origines me bouleversa. J'étais donc un « bâtard ». Mais l'amour de mes frères et sœurs, une fois de plus, me permit d'assumer cette nouvelle réalité de ma vie.
Lorsque Martial sortit de prison, les scènes de violence recommencèrent jusqu'à son suicide d'une balle en plein cœur devant ma mère, mon frère et moi. J'étais alors un adolescent révolté. J'avais même eu des actes de violence envers ma mère. C'est alors qu'elle rencontra une dame croyante qui l'invita à venir écouter le témoignage de Nicky Cruz, un ancien chef de gang de New York. J'y suis allé et je fus touché en plein cœur par le témoignage de cet ancien gangster devenu pasteur protestant. Ce que Jésus avait fait pour lui, il pouvait le faire pour moi !
Ainsi commença, à 14 ans, ma vie de chrétien. J'ai fréquenté un groupe de prières et, petit à petit, j'ai changé de vie. J'ai fait mon premier pèlerinage à Lourdes et j'ai ressenti l'appel au sacerdoce. Cinq années après ma conversion, mon père m'a retrouvé. Il me parla de sa vie, de son problème avec l'alcool qui avait gâché sa relation avec ma mère. Je compris alors la délicatesse de celle-ci, qui m'avait caché cette réalité, pour ne pas me donner une image négative de ce père que je ne connaissais pas. Comme si, au fond d'elle-même, elle avait toujours su que je retrouverais un jour mon père ! » 

  «Dieu en plein cœur»
Le P. René-Luc est né en 1966 à Nîmes, ordonné prêtre en 1994, il est prêtre du diocèse d'Albi et exerce un ministère de prédication auprès des jeunes en France et à l'étranger. Il a raconté son histoire dans Dieu en plein cœur (Presses de la Renaissance, 2008, 17 €).

Recueilli par MONTIGNY Evelyne

mardi 2 juin 2015

L’abbé Joseph Peyre (1916-2015) vient de mourir

L’abbé Joseph Peyre qui vient de mourir (http://www.diocesedegap.fr/passage-a-dieu-des-peres-joseph-peyre-et-pierre-abeberry/ ) a, notamment, été archiviste du diocèse de Gap et d’Embrun. Nommé par Mgr Raymond Séguy en 1985, l’abbé Peyre succédait alors au père Joseph Gourvennec. Il quitte les archives en 2004.
Le père Joseph Peyre est l’auteur d’une thèse en philosophie. Ses travaux sont consultables à la bibliothèque diocésaine Mgr Depéry :
Les Mortels et les dieux, Paris, Cariscript, 1990, 82 p.
Le Maître d’injustice, Paris, Cariscript, 1995, 118 p.
Il a également dirigé le numéro d’Eglise de Gap sur le centenaire de la cathédrale de Gap, en 1995.


Luc-André Biarnais
Archiviste du diocèse de Gap et d’Embrun

lundi 1 juin 2015

FERMETURE BIBLIOTHEQUE


LA BIBLIOTHEQUE DIOCEESAINE SERA FERMEE

LE MERCREDI 3 JUIN 2015

LE JEUDI APRES-MIDI 4 JUIN 2015