mardi 17 septembre 2019

Les nouveautés de septembre 2019


NOUVEAUTES SEPTEMBRE


AGACINSKI, Sylviane. – L’homme désincarné : du corps charnel au corps fabriqué. – Paris, Gallimard, 2019. 45 pages.

COLLIN, Dominique. – L’Evangile inouï. – Paris, Salvator, 2019. 190,pages.

CRIGNON, Albert-Marie. – « Qui es-tu mon fils ? » : la vie prophétique de Jacob et Rachel, Gn 25-35. – Paris, Le Cerf, 2019.472 pages.

GOURGUES, Michel. – « Plus tard tu comprendras » : la formation du Nouveau Testament. – Paris, Le Cerf/Médiaspaul, 2019. 187 pages.

NOTHOMB, Amélie. - Soif : roman. - Paris, Albin Michel, 2019. 151 pages. 

PRIETO, Christine. - Jésus thérapeute : quels rapports entre ses miracles et la médecine antique ? - Genève, Labor et Fides, 205. 637 pages.

PUTALLAZ, François-Xavier (dir) ; SCHUMACHER, Bernard N. (dir.). - Le suicide : regards croisés. – Paris, Le Cerf, 2019. 573 pages.

REY, Olivier. – Leurre et malheur du transhumanisme.  – Paris, Desclée de Brouwer, 2019. 193 pages.

VERDIER, Marie-Hélène. – La fabrique d’orphelins. – Paris, Pierre Téqui, 2019.89 pages.


Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

vendredi 13 septembre 2019

Formation Institut Universitaire Saint Luc





Soirée de rentrée le jeudi 26 septembre 2019 à la Salle Chêne de Mambré (7 Cours de la Trinité, Aix-en-Provence)

Programme de la soirée sur le Thème "Apocalypse de Jean : une prophétie  écologique ?"
Conférence du Père Jacques DESCREUX, doyen de la Faculté de Théologie de Lyon à 20h30

mardi 10 septembre 2019

L'Evangile selon Yong Sheng de Dai Sijie


L’Evangile selon Yong Sheng
Dai Sijie
Paris, Gallimard, 2019. 438 pages.

Un très beau roman qui relate l’histoire vraie, même si elle est quelque peu romancée. C’est l’histoire d’un des premiers pasteurs chinois dans la Chine d’avant l’arrivée du communisme au pouvoir jusqu’à la fin de la Révolution culturelle des années 1970. Après une conversion au christianisme Yong Shen devient pasteur. Son destin va basculer quand il apprend la trahison de sa femme puis la montée en puissance des communistes.  C’est ainsi que l’on traverse l’histoire de la Chine ; si c’est l’histoire d’un chrétien dans la Chine communiste c’est aussi l’histoire d’un homme trahi par sa femme, par sa fille et enfin par son petit fils. Une histoire de trahison mais aussi fait de pardons jusqu’à l’ultime sacrifice.

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Quatrième de couverture
Dans un village proche de la ville côtière de Putian, en Chine méridionale, au début du vingtième siècle, Yong Sheng est le fils d’un menuisier-charpentier qui fabrique des sifflets pour colombes réputés. Les habitants raffolent de ces sifflets qui, accrochés aux rémiges des oiseaux, font entendre de merveilleuses symphonies en tournant au-dessus des maisons. Placé en pension chez un pasteur américain, le jeune Yong Sheng va suivre l’enseignement de sa fille Mary, institutrice de l’école chrétienne. C’est elle qui fait
naître la vocation du garçon : Yong Sheng, tout en fabriquant des sifflets comme son père, décide de devenir le premier pasteur chinois de la ville. Marié de force pour obéir à de vieilles superstitions, Yong Sheng fera des études de théologie à Nankin et, après bien des péripéties, le jeune pasteur reviendra à Putian pour une brève période de bonheur. Mais tout bascule en 1949 avec l'avènement de la République populaire, début pour lui comme pour tant d’autres Chinois d’une ère de tourments – qui culmineront lors de la Révolution culturelle.

Dai Sijie, dans ce nouveau roman, renoue avec la veine autobiographique de son premier livre, Balzac et la petite tailleuse chinoise. Avec son exceptionnel talent de conteur, il retrace l’histoire surprenante de son propre grand-père, l’un des premiers pasteurs chrétiens en Chine.

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 Üne bonne redension du journal La Croix

Inspiré par son grand-père, Dai Sijie compose, en français, une vaste fresque romanesque et embrasse l’histoire mouvementée de l’empire du Milieu.


Après trente ans passés en France, l’écrivain et réalisateur, Dai Sijie est retourné en Chine sur les pas de son grand-père, l’un des premiers pasteurs protestants de l’empire du Milieu dont il voulait depuis longtemps raconter l’histoire. Il l’a certes romancée, pour les besoins du genre, mais sans trop s’en écarter, ni la travestir.
Yong Sheng était né à Putian, dans la province côtière du Fujian. Son père fabriquait des « sifflets pour colombe », objets artisanaux sophistiqués que l’on fixait à la queue des oiseaux et qui, pendant leur vol, produisaient « un concert polyphonique, une symphonie flamboyante ». Il avait nommé son fils Yong Sheng (« le son »). Un code d’honneur régissait la rivalité entre ces chefs d’orchestres colombophiles. Malheur à celui qui l’enfreignait.^

D’une stupeur naît sa vocation
En ce temps-là, des baptistes américains, conduits par le pasteur Gu, étaient venus évangéliser ces villageois du bout du monde. Yong Sheng avait découvert, un soir, derrière une porte dérobée du temple, la statue d’un homme crucifié auquel son institutrice, Mary, la fille du pasteur, offrait le lait de son sein. De cette stupeur naîtra sa vocation.
Marié encore adolescent, bientôt père, Yong Sheng, fils de charpentier, comme Jésus, initié aux symboles christiques, fut désigné pour devenir le premier pasteur chinois de Putian. Pendant un mois, il traversa la Chine, avec un œuf pour toute pitance, afin de rejoindre la faculté de théologie de Nankin.
Dans cet exil lointain, Yong Sheng avait reproduit un dessin fascinant de précision, de Léonard de Vinci, d’un fœtus dans le ventre d’une femme. C’était son seul bien. Il le portait sur lui. Quand il apercevait un cerf-volant, il imaginait le fil invisible qui le reliait à son enfant. Mais une lettre laconique de son père le précipita au bord du suicide.

Au cœur de la tourmente de la Longue Marche
La grande Histoire allait l’arracher à sa déréliction. Au cœur de la tourmente de la Longue Marche, apprenant que le pasteur Gu était prisonnier de l’Armée rouge, il s’élança à la recherche de Mary. Chaque fois qu’il croyait s’en rapprocher, elle venait de s’évaporer. Dai Sijie égare volontairement le lecteur sur le sens de cette quête, révélé dans une scène dramatique, d’une grande puissance, où tout se joue en quelques minutes…
Revenu dans son village, seul et désespéré, Yong Sheng découvre sa fille. Il rebâtit la chaumière familiale dévastée en temple protestant, puis en orphelinat. Il peint longuement, avec un luxe de détails, une fresque colorée inspirée de la Bible, l’arche de Noé, où les oiseaux occupent une place de choix. Mais l’Armée populaire de libération l’arrête et le torture. Yong Sheng entame son chemin de croix.
Construite en quatre parties avec des sauts dans le temps, cette ambitieuse saga romanesque embrasse un siècle de l’histoire mouvementée de la Chine au cours de laquelle le peuple n’aura pas été à la fête. Et moins encore ceux qui s’affichaient chrétiens, fidèles à leur foi. Dans les années 1950, l’Armée rouge prend du galon et ne vénère que Mao. La révolution en action broie les paysans, mate les intellectuels. Les réfractaires à l’ordre nouveau sont balayés, rayés, réduits à néant.

Le parfum ensorcelant d’un arbre mythique
Devenu ouvrier dans un pressoir à huile, semblable à l’instrument de torture des enfers chinois selon les représentations populaires, Yong Sheng est soudain humilié par ses ouailles, trahi par sa fille, jeté en pâture à la meute des villageois qui lui crachent à la figure et le frappent. Agenouillé, une plaque de ciment autour du cou, désigné, stigmatisé comme « agent secret de l’impérialisme, propagateur d’opium intellectuel, droitier irrécupérable ».
Cible du déchaînement de cette violence que les foules haineuses et hurlantes, au nom de causes qui les dépassent, et sans raison intime, savent mettre en œuvre et dont elles retirent une sombre jouissance, vite amère, passée la phase de démente exaltation.
Descendant symbolique de Judas, l’un de ses anciens tortionnaires, pris de remords, sur le point de devenir son gendre, utilisera in extremis pour le tirer d’affaire le parfum ensorcelant d’un arbre mythique, l’aguilaire. C’est dans ce climat, prélude et avant-goût de ce que sera l’effroyable Révolution culturelle, que réapparaît Mary… Le destin de Yong Sheng n’est pas achevé. Pas encore. Nous le suivrons jusqu’au début du XXIsiècle, jusqu’à un épilogue imprévisible.

Du grand romanesque pour un parcours christique
Écrit en français, L’Évangile selon Yong Sheng est l’hommage magnifique et prolifique de Dai Sijie, témoin dévasté à 12 ans des exactions que subit son grand-père. Au lieu de le venger comme il en a longtemps nourri le projet, il transfigure son parcours christique dans un roman-somme poétique, sensuel, charnel, odorant, bercé par la musique des oiseaux, le chant de la terre, la polyphonie de la nature, les fragrances des plantes et des arbres. Vaste fresque historique d’une génération aventureuse, pris dans les convulsions sanglantes et sanguinaires du maoïsme. Un livre ample où palpitent le cœur et le sang des personnages. Du vrai, du grand romanesque, du souffle, de l’inspiration et de beaux personnages.
Dai Sijie renoue avec la veine autobiographique de Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, qui nous enchanta quand il parut. Il réussit à mêler, avec art et délicatesse de tissage, la cruauté de temps troublés avec du merveilleux, des épisodes fantaisistes, voire comiques, pour exorciser le traumatisme de son enfance et se comporter, au fond, comme son grand-père qui, jamais, n’eut de haine dans son cœur. Imprégné du message évangélique, il pardonnait à ceux qui l’avaient offensé.

https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/LEvangile-selon-Yong-Sheng-Dai-Sijie-2019-03-07- Dai Sijie, entre deux mondes


Portrait de l’auteur


L’écrivain et réalisateur chinois a connu, adolescent, les camps de rééducation. L’auteur à succès de Balzac et la petite tailleuse chinoise écrit directement en français.
Jean-Claude Raspiengeas, 


« J’avais douze ans. En revenant de l’école, j’ai vu sur la place du village mon grand-père, un pasteur protestant, que j’aimais tant, un homme bon et généreux, agenouillé, une plaque de ciment autour du cou, recevant insultes et crachats de la foule. Je reconnaissais nos voisins et les fidèles du temple qui le frappaient. Sa fille l’avait dénoncé. Pendant longtemps, j’ai pensé que je le vengerais.
Contraint de cohabiter sous le même toit avec sa fille, je ne lui ai plus jamais adressé la parole. Après des mois de détention, quand mon grand-père est revenu, il s’est assis à table, sans la moindre allusion. Il parlait normalement à sa fille, comme si rien ne s’était passé. J’ai fini par comprendre et accepter sa grandeur d’âme: le pardon et l’amour sont supérieurs à la haine et la vengeance. »

Dans les salons de Gallimard, son éditeur, Dai Sijie, 65 ans, parle un français mâtiné d’accent chinois, appris chez nous à la fin des années 1970, quand les autorités ont expédié en France ce brillant étudiant en histoire de l’art chinois. « J’avais presque trente ans et je ne possédais de votre langue que quelques rudiments. À l’université, je passais des journées entières à ne rien comprendre. J’ai dû m’accrocher. »

Il apprend le français, à 30 ans, en France
Adolescent pendant la terrible Révolution culturelle, Dai Sijie, « coupable » d’être fils de médecin, a été déporté en camp de rééducation, dans les montagnes du Sichuan, loin de chez lui. Il n’en est sorti que trois ans plus tard.
En France, après un passage à Bordeaux, Dai Sijie a intégré l’IDHEC­, la meilleure école de cinéma en France. « Nous devions écrire en permanence des scénarios et tourner des courts métrages. Mon premier film, Chine ma douleur, m’a valu d’être banni, avec interdiction de rentrer dans mon pays jusqu’en 1995. Mes deux films suivants ont été des échecs. Je pensais que c’était fini pour moi. »
Dai Sijie se lance alors dans l’écriture en français d’un « petit roman, modeste, sans ambition littéraire ». L’histoire est celle de sa génération, découvrant en secret la littérature française et lui vouant un culte. Quand Balzac et la Petite Tailleuse chinoise paraît, la critique s’emballe. Bernard Pivot, à «Apostrophes», le recommande vivement. Les ventes s’envolent (250 000 exemplaires, traduit en 25 langues, sauf en chinois). Le film qu’en tire son auteur est aussi un succès. Il recevra même le prix Femina pour son livre suivant.
Si Dai Sijie a pu, comme son aïeul persécuté, se libérer du besoin de vengeance, il le doit à ce grand-père qui, par son exemple, lui a démontré la puissance du pardon. « Il m’enseignait que tout être humain avait une âme, quelque chose de plus grand que l’esprit, de plus intime que le corps. Cette croyance soutient toute ma vie. J’ai aussi écrit ce livre pour témoigner de l’existence de l’âme. »

La Chine dans une frénésie de consommation
Aujourd’hui, Dai Sijie qui avait quitté un pays prohibant la propriété privée, découvre une Chine capitaliste, prise dans une frénésie de consommation, exaltant l’enrichissement personnel. « C’est très fragile, soupire-t-il. Nos valeurs millénaires ont disparu. Seule la famille tient encore. Et la main de fer du Parti communiste. »
Il constate aussi la folie autour des nouvelles technologies. « Un robot peut toujours gagner une partie d’échecs, admet-il. Mais jamais il ne pourra écrire un roman. Il lui manquera d’éprouver des sentiments, de connaître la peine et la joie, d’avoir le goût des mots pour forger un style personnel, intime. »
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Le parcours de Dai Sijie
Né le 2 mars 1954 à Putian (sud-est de la Chine).
1971. Pendant la Révolution culturelle, il passe trois ans en camp de rééducation, dans les montagnes du Sichuan.
1976. Il suit études sur l’histoire de l’art chinois à l’Université de Pékin. 1984. Études de cinéma à Paris à l’IDHEC­.
► Ses films
1989. Chine ma douleur, prix Jean-Vigo
1994. Le Mangeur de lune
1998. Tang le onzième
2002. Balzac et la Petite Tailleuse chinoise
2006. Les Filles du botaniste
2016. Le Paon de nuit
► Ses livres
2000. Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, plusieurs fois primé.
2003. Le Complexe de Di, prix Femina.
2007. Par une nuit où la lune ne s’est pas levée.
2009. L’Acrobatie aérienne de Confucius.
2011. Trois vies chinoises.
2019. L’Évangile selon Yong Sheng.



Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

jeudi 5 septembre 2019

Cardinal Roger Etchegaray (1922-2019


Cardinal Roger Etchegaray (1922-2019)





 BIOGRAPHIE

Décès du cardinal Roger Etchegaray, archevêque émérite de Marseille et président émérite du Conseil pontifical « cor unum » et du Conseil pontifical justice et paix (1922-2019).
Le cardinal Roger Etchegaray, archevêque émérite de Marseille, président émérite du Conseil pontifical « Cor Unum » et du Conseil pontifical Justice et paix, est décédé dans sa 97e année, le mercredi 4 septembre 2019.
Né le 25 septembre 1922 à Espelette, le cardinal Roger Etchegaray a été ordonné prêtre le 13 juillet 1947 pour le diocèse de Bayonne. Il fit ses études successivement au grand séminaire se Bayonne, puis au Séminaire au français de Rome, et enfin à l’Université grégorienne de Rome.
Il exerça son ministère de prêtre comme secrétaire particulier de Mgr Terrier, évêque de Bayonne (1949), secrétaire général de l’Action catholique du diocèse (1954), directeur des Œuvres (1957), vicaire général du diocèse (1960), Secrétaire général adjoint de l’Épiscopat français (1961), Secrétaire général adjoint de l’Épiscopat français chargé des questions pastorales (1962), chargé du secrétariat de liaison (1965), Secrétaire général de l’Épiscopat français (1966-1970).

Secrétaire général adjoint de l’Épiscopat français en charge des questions pastorales en 1962, c’est à ce titre qu’il participa au Concile Vatican II  (1962-1965). Expert lors du Concile, le futur cardinal Etchegaray fut le témoin privilégié de la vie quotidienne des évêques et des travaux de l’assemblée. Il assista le chanoine Ferdinand Boulard qui créa un groupe de travail intitulé « Évêque de Vatican II". Ce groupe avait pour but de réfléchir et d’échanger sur la vie pastorale et spirituelle des évêques. Le Père Etchegaray fut également secrétaire de la « Conférence des délégués » aussi appelée « Conférence des 22 ». Ce groupe informel, réunissant des évêques de divers pays, se constitua dans le but de faciliter l’échange d’informations entre épiscopats. Durant le Concile, il devint également le secrétaire du comité de liaison qui donnera naissance quelques années plus tard, en 1970 au Conseil des conférences épiscopales européennes (CCEE).
En 1969, le Père Roger Etchegaray fut nommé évêque auxiliaire de l’archevêque de Paris, le cardinal Marty, puis archevêque de Marseille, l’année suivante, en 1970. Il fut président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (1971-1979). C’est à ce titre qu’il participa au synode des évêques de 1974, au cours duquel il présenta un rapport très remarqué sur l’évangélisation en Europe. Il fut prélat de la Mission de France (1975-1982) et président de la Conférence des Evêques de France (1975-1981).
Au moment de son élection à la présidence de la Conférence des Evêques de France, en 1975, Monseigneur Etchegaray était membre du Conseiil permanent, président de la région apostolique Provence-Méditerranée (aujourd’hui province de Marseille), membre de la Commission épiscopale pour le monde ouvrier (aujourd’hui « Mission ouvrière » au sein du Conseil épiscopal pour les mouvements et associations de fidèles). Il succéda à cette fonction au cardinal François Marty.
En 1979, il fut créé cardinal par le pape Jean Paul II puis en avril 1984, il fut appelé à Rome et nommé président du Conseil pontifical « Cor Unum » (1984-1995), président du Conseil pontifical « Justice et Paix » (1984-1998).
Il fut alors l’un des principaux collaborateurs du pape Jean Paul II. Homme de dialogue, il devint l’émissaire du Pape pour assurer des missions de paix et de défense des droits de l’homme dans des pays secoués par des troubles et ou des conflits. Que cela soit en tant que président du Conseil pontifical Justice et Paix ou dans le cadre de missions spéciales et parfois délicates, le cardinal Etchegaray fut amené à se déplacer sur tous les continents.
Entre 1971 et 1979, il se rendra plusieurs fois dans les pays de l’Est de l’Europe. En 1980, le cardinal  Etchegaray fut le premier cardinal à visiter la Chine communiste.
En 1985, il renonça à sa charge d'archevêque de Marseille afin de se consacrer à ses fonctions romaines.
Il effectua une série de voyages en Amérique latine, dont les pays sont marqués par des régimes autoritaires. Inlassable artisan de paix, le cardinal Etchegaray ira également en Afrique où il visitera 49 des 53 états africains. En 1991, il rencontra Nelson Mandela. Entre 1993 et 1995, il effectua 4 voyages au Rwanda et Burundi. En 1985, il se rendit au Liban, en Irak et en Iran, alors en guerre.
Outre ses missions diplomatiques pour le Saint-Siège, il participa à la publication de textes importants en tant que Président de « Justice et Paix » et « Cor Unum » : « Au service de la communauté humaine : une approche éthique de l’endettement international » (1986) ; « Qu’as-tu fais de ton frère sans abri ? L’Église et le problème de l’habitat » (1988) ; « Le commerce international des armes : une réflexion éthique » (1994).
Enfin, il fut le délégué spécial du Pape pour l’organisation de la première Journée mondiale de prière pour la paix à Assise, qui réunira pour la première fois de manière inédite, 130 responsables religieux pour « être ensemble pour prier mais non à prier ensemble » (Jean Paul II).
En novembre 1994, il fut nommé président du Comité du Grand Jubilé (1994-2001). 
Depuis janvier 2017, le cardinal Etchegaray était rentré en France et séjournait dans le pays Basque.


Le cardinal Etchegaray avait reçu en 2014 la Grand-Croix de la Légion d’Honneur et était également Commandeur de l’Ordre national du Mérite.

Le cardinal Etchegaray publia plusieurs ouvrages :
·         J’avance comme un âne : petits clins d’œil au Ciel et à la Terre, Fayard, 1984.
·         Petite vie de Eugène de Mazenod (1782-1861), Desclée de Brouwer, Paris, 1995.
·         Jésus vrai homme, vrai Dieu, Desclée de Brouwer, 1997.
·         Vers les chrétiens de Chine : vus par une grenouille au fond d’un puits, Cerf, 2004.
·         J’ai senti battre le cœur du monde : conversations avec Bernard Lecomte, Fayard, 2007.
·         L’homme, à quel prix ?, Éditions La Martinière, 2012.
·         Qu’ai-je fait du Christ ?, Parole et silence, 2015.

·         Avec Dieu, chemin faisant, La Martinière, 2015.


http://pro.diocese.biblibre.com/cgi-bin/koha/catalogue/search.pl?q=ROGER+ETCHEGARAY

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Mort du cardinal Roger Etchegaray, le Basque universel
Hommage du Journal La Croix

Le diocèse de Bayonne a annoncé mercredi 4 septembre le décès du cardinal français, à 96 ans. Il alliait à des qualités de discrétion un goût pour les marges, pour les « frontières », que Jean-Paul II sut utiliser pour en faire son émissaire sur tous les points de fracture du monde.
Toujours attentif à l’Église de France, il plaidait pour un catholicisme ouvert, conciliaire.
Le cœur, dont il parlait en conclusion de ses mémoires (1), s’est donc arrêté. Ce cœur d’homme qui battait, disait-il, au rythme du monde. Et au rythme de Dieu, sans que, jamais, il ait séparé les deux. Le cardinal ­Roger Etchegaray, à 96 ans, vient de quitter cette terre pour rejoindre la Jérusalem céleste, sa « ligne d’arrivée ».

Ce grand serviteur de l’Église, qui avait pris avec humour le vieillard Syméon de l’Évangile comme saint de ses vieux jours, n’aurait sans doute pas renié la phrase de ce dernier, dans l’Évangile « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta parole », tant on sentait, ces dernières semaines, et malgré la fatigue de plus en plus présente, combien il se réjouissait de voir sur le trône de Pierre un homme comme François, pape selon son cœur, dont il avait souhaité l’élection.
Ces derniers temps, même contraint à ne presque plus sortir, il étonnait ses visiteurs sur sa capacité à lever la tête, à l’évocation d’une situation, d’un problème, et surtout de personnes, connues de lui. Son œil bleu retrouvait alors son éclat, et son grand sourire barrait le visage fatigué.

Justice et Paix et Cor unum
Depuis plus de trente ans qu’il résidait à Rome, où Jean-Paul II l’avait appelé en 1984 pour lui confier deux Conseils pontificaux (Justice et Paix, Cor unum), Roger Etchegaray ne s’est jamais lassé des hommes, de l’Homme.
« L’Église n’est pas qu’à Rome », ­disait-il lorsque des visiteurs évoquaient certains aspects du microcosme romain: « L’Église est partout », répétait-il avec son grand sourire, montrant du geste le splendide panorama qui s’ouvrait de sa terrasse, au dernier étage du palais Saint-Calixte, dans le quartier du Trastevere. L’Église, dans son universalité, qu’il a servie jusqu’au dernier jour, avec fidélité, malgré les zones d’ombre: « Le chrétien se sent mal à l’aise dans son Église tant qu’il ne cherche pas à se mettre à la mesure d’une Église sans mesure: il nous faut aimer l’Église comme elle est », avait-il écrit (2). Parfois, à la fin d’une conversation, il demandait abruptement: « Vous l’aimez, cette Église, n’est-ce pas? »
Expert officiel de Vatican II
Aimer l’Église. Depuis son enfance basque à Espelette (« capitale du piment », vous apprenait-il fièrement), et depuis son ordination, vécue avec pour devise cette phrase du père Chevrier: « C’est le beau temps pour être prêtre! ». Beau temps, dans la période bouillonnante pré et post-conciliaire, qu’il vécut comme secrétaire de l’évêque de Bayonne, puis au secrétariat de l’épiscopat à Paris: comme Benoît XVI, comme aussi Jean-Paul II, Roger Etchegaray est de cette génération marquée du sceau de Vatican II, auquel il participa comme expert officiel.

Il aimait en raconter les rencontres: celle, déterminante pour lui, de Dom Helder Camara; celle, aussi, dun certain évêque polonais, Karol Wojtyla. L’Église du cardinal est l’Église issue du Concile, « tout » le concile, avec ses générosités et sans doute ses excès. Lancien collaborateur de Jean-Paul II avait parfois souffert de voir remis en cause certains acquis du concile, mais sans jamais prendre une seule position publique qui puisse gêner les papes sur ce sujet.
« Ecclesia semper reformanda »
Car Roger Etchegaray, contrairement par exemple au cardinal italien Carlo Maria Martini auquel on le comparait souvent, n’était pas homme à proposer des réformes pour l’Église ou à s’engager sur des débats précis. Certains lui reprochaient ce silence. Manque de courage? La remarque, une fois, lavait particulièrement énervée, chose rare. Le prélat avait alors montré, accroché au mur de son séjour, un drôle de diplôme de « bravoure » décernée par des journalistes après un voyage particulièrement périlleux: « Et je manquerais de courage! »
Simplement, là n’était pas sa manière de servir: « L’Église a plus besoin d’être aimée que réformée », confiait-il un jour à La Croix, proche en cela du pape François: « Ma sensibilité humaine et pastorale m’a conduit très souvent à rencontrer des frères et des sœurs qui ont du mal à vivre dans l’Église ou campent hors de ses murs. Nourri dans le sérail, j’éprouve plus que d’autres la vérité de l’adage “Ecclesia semper reformanda” (“L’Église est en permanence à réformer”). Je puis dire que c’est constamment que j’y travaille, à ma manière discrète, c’est vrai, mais avec obstination. »

La présidence du comité pour le Grand Jubilé
Une obstination dont il fit preuve, à la tête de Justice et Paix, pour promouvoir les grandes encycliques sociales de Jean-Paul II. À la présidence, ensuite, du comité pour le Grand Jubilé: dans ce serviteur fidèle, Jean-Paul II avait un homme prêt à appliquer son programme pour l’an 2000, y compris des options, comme la grande repentance ou la rencontre interreligieuse, qui, savait-il, provoqueraient des grincements au sein de la Curie.
Dans un milieu romain enclin à la médisance et au commérage, on n’aurait jamais pu prendre ce cardinal en défaut. Taiseux, le Basque préférait ponctuer d’un silence ce qu’il désapprouvait. Des qualités de discrétion, alliée à ce goût pour les marges, que Jean-Paul II sut parfaitement utiliser pour en faire son émissaire sur tous les points de fracture du monde.

Serrer la main de Saddam Hussein
Globe-trotter infatigable d’un pape lui-même grand voyageur, le cardinal français est allé partout, démêlant les situations, préparant les voyages de Jean-Paul II, avec cette capacité à passer des ors d’un palais présidentiel de dictateur d’Amérique du Sud à la poussière des pistes du Rwanda, et au sang des guerres et des combats.
Peut-on en même temps serrer la main d’un dictateur comme Saddam Hussein comme  et embrasser un enfant blessé par la guerre? Il faisait mine de ne pas entendre la question. Il y avait chez cet homme une part de mystère, recouverte par le silence de secrets qu’il ne s’estimait pas en droit de révéler… « J’ai appris, confie-t-il encore, à ne pas juger trop vite certaines personnes enchevêtrées dans des situations inextricables, souvent contre leur gré, et obnubilées par la hantise de sauver le peu qui puisse être sauvé de la liberté d’un homme ou d’un croyant » (1).
L’enfant d’Espelette
Ce cardinal était un solitaire qui aimait les hommes, au-delà des masques et des apparences. De ce point de vue, Marseille, dont il fut l’archevêque durant quatorze ans, de 1970 à 1984, est une bonne école. Le Basque timide apprit à apprécier cette ville bigarrée, où se mêlent toutes les religions. « C’est l’univers entier qui est repêché ici, non pas en miniature dans une bouteille, mais bien vivant et frétillant avec ses couleurs et ses odeurs des cinq continents », écrivait-il (2).

Dans la cité phocéenne, l’enfant d’Espelette prépara les voyages au long cours qu’il allait faire toute sa vie. Avec deux grandes passions qu’il conservera jusqu’au bout, alors que, depuis 2000, il était officiellement retraité: la Chine complexe et la Russie orthodoxe. Sur ce dernier point, il na pas ménagé sa personne. Si le pape François a pu rencontrer le patriarche de Moscou, l'amitié patiemment cultivée par Mgr Etchegaray aura posé les jalons.

Plaque tournante de l’Église universelle
L’âge venant, Roger Etchegaray avait dû limiter sa « fringale de voyages », mais son appartement romain restait une plaque tournante de l’Église universelle, tout comme chacun des objets rangés sur ses étagères lui rappelait un périple ou une rencontre. Les anciens amis de Marseille comme les Chinois de l’Église officielle ou souterraine, trouvaient à chaque fois une place dans son agenda.

Jusqu’au bout, ce cardinal est resté au milieu du monde. « Quand on est chrétien, confiait-il un jour, on n’est jamais seul: passez donc me voir! » Pourquoi le cacher? Ce soir, même en sachant que le cardinal Etchegaray a rejoint une autre communion, celle de tous les saints en humanité, on a pourtant du mal à ne pas se sentir un peu plus seul.
(1) J’ai senti battre le cœur du monde, conversations avec Bernard Lecomte (Fayard, 456 p., 22 €) – Lire La Croix du 3-4 novembre 2007.
(2) Dans J’avance comme un âne (Fayard – récemment réédité).