mercredi 15 juillet 2009

LE ROI RENE D'ANJOU : 1409-1480




LE ROI RENE
FAVIER, JEAN
FAYARD, PARIS, 2008
COLLECTION BIOGRAPHIES


Jean Favier nous dresse un portrait de René d'Anjou (né en 1409 à Angers et décédé en 1480 à Aix-en-Provence), que l'usage des cours et son administration appela roi de Sicile, qui fut, entre autres, le fondateur de l'ordre du Croissant, le maître des tournois chevaleresques et l'auteur du «Coeur d'amour épris».
Étonnant personnage que ce René d'Anjou, et étonnant destin. Prince du sang puisqu'il descend de Jean le Bon, il paraît devoir jouer un rôle de premier plan sur l'échiquier politique européen. Des héritages le font duc d'Anjou et comte de Provence, duc de Bar, mais aussi roi de Jérusalem et de Sicile, ce qui veut dire roi de Naples. Son mariage le fait duc de Lorraine. Il se verra roi d'Aragon, voire de Hongrie. Et il est le beau-frère de Charles VII, l'oncle de Louis XI. Il se montre courageux à la guerre. C'est un chevalier. Mais malheureux au combat et piètre politique il ne lui restera que l'Anjou et la Provence.
C’est là qu’il trouve son bonheur, entre Angers et Saumur, entre Aix-en-Provence et Tarascon. Un bonheur simple dans des demeures qu’il fait construire et qu’il aménage, des promenades en des jardins fleuris et peuplés de biches et de paons, des ménageries que l’on admire, des parties de bateaux et de pêche en rivière. Il se soucie de tout dans le détail, de la rédaction de la coutumes de ses provinces comme de la qualité de son bétail, de l’entretien des forêts comme de la plantation des vignes, du décor des chambres comme de l’adduction d’eau courante. Attentif aux besoins des plus humbles il laissera le souvenir du « bon roi René ».
Il aime la fête, la musique, les parures somptueuses. Des tournois qu’il organise, il fait un livre à la gloire de la chevalerie. S’entourant d’artistes connus, il inspire les peintres, les enlumineurs ainsi que les brodeurs et les orfèvres. Il passe commande, il achète, il offre. Poète à ses heures, il compose un Livre du Cœur d’Amour dans la tradition de l’amour courtois, mais où la quête de la Dame se déroule en un roman d’aventures riches de portraits vigoureux et d’épisodes pittoresques.
L’Anjou sera rattaché au Royaume de France en 1481 à la mort du dernier duc Charles de Maine (neveu de René d’Anjou) ; en cette même année Louis XI reçoit par testament la Provence. Désormais la Provence se trouve unie à la France et en 1486 cet état de fait est ratifié par les Etats de Provence réunis à Aix.
Quelque soit le jugement de l’histoire sur le Roi René, on peut s’interroger légitimement : le duc d’Anjou avait-il les moyens de résister au sens de l’histoire : en effet progressivement les rois de France étendent leur autorité sur la France et l’unification du royaume semble désormais inéluctable. Ainsi donc à la mort de René d’Anjou c’est une page de l’histoire de France qui se tourne : la Guerre de Cent Ans est terminée, l’autorité royale restaurée et la France se remet lentement d’un siècle violent et tourmenté. Sur le plan culturel une page se tourne également : l’humanisme se fait jour et ce que l’on appelle le Moyen Age va disparaître pour laisser la place à la Renaissance.
Actuellement il reste peu de chose du roi René d’Anjou sauf le château d’Angers, celui de Tarascon, les tapisseries de l’Apocalypse à Angers, le triptyque du Buisson Ardent à la cathédrale d’Aix-en-Provence. Il reste également l’image d’un roi débonnaire soucieux du bien être de ses sujets et le symbole de la Croix d’Anjou (appelée Croix de Lorraine) qui sera le symbole repris par le Général de Gaulle et les combattants de la France libre durant la dernière guerre.

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