Correspondance
Maritain, Mauriace, Claudel, Bernanos : un catholique n’a pas d’alliés
Présenté
par Henri Quentin et Michel Bressolette
Paris,
les Editions du Cerf , 2018. 360 pages.
Dans
ce volume sont rassemblés les échanges épistolaires de quatre écrivains
catholiques majeurs. Jacques Maritain (1882-1973) est le point de mire de ces
feux croisés : Henri Quantin a rassemblé les lettres que les trois autres lui
ont adressées, et ses réponses. Son travail prend la suite de celui de Michel
Bressolette († 2008), à qui l'on doit les introductions et les notes des
parties sur Paul Claudel (1868-1955) et François Mauriac (1885-1970). Quantin,
pour sa part, propose une intéressante introduction générale, et enrichit
l'ouvrage de la correspondance que Georges Bernanos (1888-1948) et Jacques
Maritain ont échangée. Arrêtons-nous sur le sous-titre choisi : « Un catholique
n'a pas d'alliés ». La citation est de Claudel, et se poursuit en évoquant la
relation de fraternité. Frères, ces écrivains l'auront été, voire « frères
ennemis », car les points de vue qu'ils défendent s'opposent parfois, et
l'outrage n'est jamais loin. Sur la condamnation de l'Action française, sur la
guerre d'Espagne, ces grandes figures s'affrontent par articles interposés.
Leurs lettres privées ne laissent rien ignorer des blessures infligées.
Pourtant, pas de rupture définitive : les pardons sont demandés, humblement, et
accordés, généreusement. Conscients de leur rôle de défenseurs de la foi par le
verbe, ces hommes de lettres se veulent avant tout des croyants, capables
d'excès de zèle et de repentir. Ce livre témoigne d'un temps qui n'est plus, où
des écrivains pouvaient se targuer de leur statut littéraire pour s'exprimer au
nom de leur appartenance à l'Église, dans la défense ou l'attaque. Ce qui
demeure, c'est la flamme et la sincérité de leur engagement – et plus encore
les œuvres, aujourd'hui détachées des passions, petites ou grandes, de leurs
auteurs.
JACQUES MARITAIN (1882-1975)
Jacques Maritain est un philosophe français. C'est une des figures
importantes du thomisme au XXe siècle. Il s'est converti au catholicisme, et la
religion a profondément imprégné sa philosophie.
Né à Paris, il fut élevé dans un milieu républicain et anticlérical. Élève au lycée Henri-IV, il étudia par la suite la chimie, la biologie et la physique à la Sorbonne. Il y rencontra Raïssa Oumançoff, immigrée juive d'origine russe, ukrainienne, qu'il devait épouser en 1904. Le scientisme alors en vogue à la Sorbonne le déçut assez rapidement ; Sur le conseil de Charles Péguy, il suivit avec son épouse les cours d'Henri Bergson au Collège de France. Parallèlement à sa déconstruction du scientisme, Bergson leur communiqua le « sens de l'absolu ». Par la suite, grâce notamment à l'influence de Léon Bloy (qui devient leur parrain de baptême), ils se convertirent tous deux à la foi catholique en 1906. Ils déménagèrent à Heidelberg en 1907. Maritain y étudia la biologie sous la conduite d'Hans Driesch. Le frère dominicain Humbert Clérissac leur fit découvrir l'œuvre de Saint Thomas d'Aquin. L'enthousiasme de Raïssa conduisit Jacques à s'y intéresser à son tour. Il trouva chez Saint Thomas la confirmation de nombre d'idées qu'il avait déjà entrevues.
En 1912, Maritain commença à enseigner au collège Stanislas, puis à l'Institut catholique de Paris. Intime de l'officier Ernest Psichari, qu'il côtoie souvent à cette époque, en compagnie de Péguy, il est à l'origine de l'entrée dans l'ordre dominicain de celui-là.
En 1916-1917, il fit cours au Petit Séminaire de Versailles. En 1933, il devint professeur à l'Institut pontifical d'études médiévales de l'Université de Toronto. Il enseigna également à Columbia, Chicago et Princeton.
Sa conversion et l'influence du Révérend père Clérissac l'amenèrent à avoir des contacts avec des milieux proches de l'Action française.
Dans Humanisme intégral, Maritain entérine les acquis de la Révolution française et du libéralisme, refusant le mélange des sphères temporelle et spirituelle, tout en prônant l'engagement des catholiques dans la vie de la cité, et donc de la politique.
L'influence du « maritainisme » dans les milieux catholiques va alors devenir mondiale, se cristallisant en Amérique latine avec la création, en 1947, de l'Organisation démocrate-chrétienne d'Amérique (OCDA).
Parmi les penseurs influencés par le maritainisme, on peut citer la poète chilienne Gabriela Mistral, l'éditrice argentine Victoria Ocampo.
Né à Paris, il fut élevé dans un milieu républicain et anticlérical. Élève au lycée Henri-IV, il étudia par la suite la chimie, la biologie et la physique à la Sorbonne. Il y rencontra Raïssa Oumançoff, immigrée juive d'origine russe, ukrainienne, qu'il devait épouser en 1904. Le scientisme alors en vogue à la Sorbonne le déçut assez rapidement ; Sur le conseil de Charles Péguy, il suivit avec son épouse les cours d'Henri Bergson au Collège de France. Parallèlement à sa déconstruction du scientisme, Bergson leur communiqua le « sens de l'absolu ». Par la suite, grâce notamment à l'influence de Léon Bloy (qui devient leur parrain de baptême), ils se convertirent tous deux à la foi catholique en 1906. Ils déménagèrent à Heidelberg en 1907. Maritain y étudia la biologie sous la conduite d'Hans Driesch. Le frère dominicain Humbert Clérissac leur fit découvrir l'œuvre de Saint Thomas d'Aquin. L'enthousiasme de Raïssa conduisit Jacques à s'y intéresser à son tour. Il trouva chez Saint Thomas la confirmation de nombre d'idées qu'il avait déjà entrevues.
En 1912, Maritain commença à enseigner au collège Stanislas, puis à l'Institut catholique de Paris. Intime de l'officier Ernest Psichari, qu'il côtoie souvent à cette époque, en compagnie de Péguy, il est à l'origine de l'entrée dans l'ordre dominicain de celui-là.
En 1916-1917, il fit cours au Petit Séminaire de Versailles. En 1933, il devint professeur à l'Institut pontifical d'études médiévales de l'Université de Toronto. Il enseigna également à Columbia, Chicago et Princeton.
Sa conversion et l'influence du Révérend père Clérissac l'amenèrent à avoir des contacts avec des milieux proches de l'Action française.
Dans Humanisme intégral, Maritain entérine les acquis de la Révolution française et du libéralisme, refusant le mélange des sphères temporelle et spirituelle, tout en prônant l'engagement des catholiques dans la vie de la cité, et donc de la politique.
L'influence du « maritainisme » dans les milieux catholiques va alors devenir mondiale, se cristallisant en Amérique latine avec la création, en 1947, de l'Organisation démocrate-chrétienne d'Amérique (OCDA).
Parmi les penseurs influencés par le maritainisme, on peut citer la poète chilienne Gabriela Mistral, l'éditrice argentine Victoria Ocampo.
Source : Wikipédia
François MAURIAC (1885-1970)
Biographie
Né à Bordeaux, le 11 octobre 1885.
Issu d’une famille bourgeoise, catholique
et conservatrice, François Mauriac devait rester sa vie durant profondément
attaché à ses racines bordelaises, ainsi qu’il apparaîtra dans la plupart de
ses romans.
Après des études secondaires dans sa ville
natale, il prépara à la faculté une licence de lettres, puis quitta Bordeaux en
1907 pour tenter à Paris le concours de l’École des Chartes. Entré à l’École
l’année suivante, il ne devait y faire qu’un bref séjour et démissionner dès
1909 pour se consacrer uniquement à la littérature.
Les maîtres de son adolescence furent
Maurras et Barrès. Son premier recueil de vers : Les Mains jointes (1909),
salué par Barrès précisément, fut suivi d’un autre recueil, Adieu à
l’adolescence(1911), et de deux romans : L’Enfant chargé de chaînes (1913), La
Robe prétexte (1914).
Envoyé à Salonique en 1914, François
Mauriac, réformé pour raison de santé, ne participa guère aux combats. Les
années d’après guerre allaient être pour lui celles de la gloire littéraire.
Donnant la pleine mesure de son talent romanesque, il publia coup sur coup
plusieurs de ses œuvres majeures, Le Baiser au lépreux (1922), Le
Fleuve de feu (1923), Génitrix (1923), Le
Désert de l’amour (1925), Thérèse Desqueyroux (1927), Le
Nœud de vipères (1932), Le Mystère Frontenac (1933).
Satires cruelles du pharisianisme
bourgeois, ses romans sont avant tout l’œuvre d’un « catholique qui écrit »
comme il se plaisait à se définir lui-même. C’est le combat en chaque homme
entre Dieu et Mammon, pour reprendre le titre de l’un de ses essais, que
Mauriac décrit, sondant les abîmes du mal et cherchant à percer les mystères de
la Rédemption.
Au faîte de sa gloire, François Mauriac
allait modifier, au milieu des années 1930, son regard sur le monde ;
délaissant quelque peu la littérature, il allait s’engager dans le combat
politique. S’éloignant progressivement des positions conservatrices de sa
jeunesse, il entreprit de dénoncer la menace fasciste, condamnant l’intervention
italienne en Éthiopie, puis le bombardement de Guernica par les nationalistes
espagnols en 1937.
Lorsque éclata la Seconde Guerre mondiale,
François Mauriac avait définitivement choisi son camp : il appartint sous
l’Occupation à la résistance intellectuelle, condamnant l’« excès de
prosternations humiliées qui [tenaient]lieu de politique aux hommes de Vichy »
; il participa au premier numéro des Lettres françaises clandestines, en 1942,
et publia, en 1943, toujours clandestinement, sous le pseudonyme de Forez, Le
Cahier noir.
À soixante ans, le Mauriac d’après-guerre
se fit surtout écrivain politique. De 1952 à sa mort, chroniqueur au Figaro,
auquel il collaborait depuis 1934, puis à L’Express, il devait
livrer chaque semaine, dans son « Bloc-notes », d’une plume souvent polémique,
sa critique des hommes et des événements. En 1952, il condamna la répression de
l’insurrection marocaine et apporta à la cause de la décolonisation toute
l’autorité du prix Nobel de Littérature, qu’il venait de recevoir, en acceptant
de prendre la présidence du comité France-Maghreb.
Enfin, après avoir soutenu la politique de
Pierre Mendès-France, François Mauriac, dans les dix dernières années de sa
vie, devait trouver en la personne du général de Gaulle l’homme d’État conforme
à ses vœux, incarnant les valeurs pour lesquelles avait combattu ce « chrétien
écartelé ».
Lauréat du grand prix du roman de
l’Académie française en 1926, président de la Société des Gens de lettres en
1932, François Mauriac fut élu à l’Académie française le 1er juin
1933, par 28 voix au premier tour, à la succession d’Eugène Brieux. Cette «
élection de maréchal » survenait alors que le romancier, gravement malade,
venait d’être opéré d’un cancer des cordes vocales.
Sa réception sous la Coupole, le 16 novembre
1933 compte parmi les moments marquants de l’histoire de l’Académie. François
Mauriac eut à subir les subtiles perfidies dont André Chaumeix émailla son
discours de réception. Cet auvergnat, conservateur et hédoniste, goûtait peu en
effet la noirceur de l’œuvre mauriacienne : « Vous êtes le grand maître de
l’amertume... À vous lire, monsieur, j’ai cru que vous alliez troubler
l’harmonieuse image que je garde de votre région... J’ai failli prendre la
Gironde pour un fleuve de feu, et la Guyenne pour un nœud de vipères... »
François Mauriac fut fait Grand-croix de
la Légion d’honneur, par le général de Gaulle. Il décéda la même année que
celui-ci en 1970.
Paul CLAUDEL (1868-1955)
Biographie
Né à Villeneuve-sur-Fère (Aisne), le 6
août 1868.
Ayant passé les premières années de sa vie
en Champagne, Paul Claudel fut d’abord à l’école chez les sœurs, puis au lycée
de Bar-le-Duc, avant d’entrer au lycée Louis-le-Grand en 1882, date à laquelle
ses parents s’établirent à Paris.
A quinze ans il écrivait son premier essai
dramatique : L’Endormie, puis, dans les années 90, ses premiers drames
symbolistes (Tête d’Or, La Ville). Mais c’est l’année 1886 qui allait se
révéler décisive pour le jeune Claudel, par sa rencontre avec la foi en Dieu,
lors d’une fulgurante conversion, la nuit de Noël à Notre-Dame.
Parallèlement à ses activités d’écrivain,
Paul Claudel devait mener pendant près de quarante ans une carrière de
diplomate. Reçu en 1890 au petit concours des Affaires étrangères, il fut nommé
en 1893 consul suppléant à New York, puis gérant du consulat de Boston en 1894.
De la Chine (1895-1909) à Copenhague (1920), en passant par Prague, Francfort,
Hambourg (où il se trouvait au moment de la déclaration de guerre) et Rio de
Janeiro, ses fonctions le conduisirent à parcourir le monde. C’est au titre
d’ambassadeur de France qu’il séjourna à Tokyo (1922-1928), Washington
(1928-1933), et enfin à Bruxelles, où il devait achever sa carrière en 1936.
Son œuvre est empreinte d’un lyrisme
puissant où s’exprime son christianisme. C’est à la Bible qu’il emprunte sa
matière préférée : le verset dont il use autant dans sa poésie (Cinq grandes
Odes), ses traités philosophico-poétiques (Connaissance de l’Est, Art
poétique) que dans son théâtre (Partage du Midi). Œuvres de
maturité, la trilogie dramatique : L’Otage — Le Pain dur — Le Père
humilié, puis L’Annonce faite à Marie, et enfin Le
Soulier de satin, son œuvre capitale, devaient lui apporter une gloire
méritée. Le Soulier de satin, pièce épique et lyrique à la fois, où
convergent tous les thèmes claudéliens, et d’une longueur inhabituelle pour la
scène, fut représentée à la Comédie française pendant l’Occupation. Mais nul
n’en tint rigueur à Claudel, pas plus que de son Ode au maréchal Pétain,
car là aussi sa conversion fut rapide.
Il avait très amèrement ressenti son échec
devant Claude Farrère, en 1935, qui apparut à beaucoup comme un scandale. Il
devait être, onze ans plus tard, élu à l’Académie française, sans concurrent,
le 4 avril 1946, à presque quatre-vingts ans, « l’âge de la puberté académique
» comme il se plaisait à dire, par 24 voix au fauteuil de Louis Gillet. Il
n’avait effectué aucune des visites rituelles, pas plus qu’il n’avait fait acte
de candidature. On lui doit un mot resté célèbre, la première fois qu’il
participa à un vote académique : « Mais c’est très amusant, ces élections : on
devrait en faire plus souvent ! ».
François Mauriac, qui le reçut le 13 mars
1947, a consacré à Claudel académicien plusieurs pages de son Bloc-notes :
« Et qui dira le splendide isolement de Claudel ? Booz dont le socle est fait
de gerbes accumulées, avec Dieu à portée de sa voix, mais aucune rose à ses
pieds, seulement ces grains de sable que nous sommes.... »
IL meurt le 23 février 1955.
GEORGES BERNANOS (1888-1948)
Après des études de droit et de lettres, Georges Bernanos milite chez "Les Camelots du roi" ligue d'extrême-droite et collabore à divers journaux monarchistes, avant d'en diriger un à Rouen.
Décoré après la Première Guerre mondiale, il se marie et devient inspecteur des assurances à La Nationale. Durant ses tournées, il rédige "Sous le soleil de Satan" dont le succès est éclatant, et lui permet, au seuil de la quarantaine, de se consacrer entièrement à la littérature.
Il obtient le Prix Femina en 1929 pour "La Joie" puis connaît sa plus grande fécondité littéraire lors de son séjour à Majorque entre 1934 et 1937.
Bernanos s'installe aux Baléares en 1934, en partie pour des raisons financières. Il y écrit "Le Journal d'un curé de campagne". Publié en 1936, il est couronné par le Grand prix du roman de l'Académie française.
Surpris par la guerre d'Espagne, il revient en France puis s'embarque pour le Paraguay et le Brésil, où il achève en 1940 "Monsieur Ouine".
Lorsque la guerre éclate en Europe, il multiplie les articles dans la presse brésilienne et devient l'un des plus grands animateurs spirituels de la Résistance française.
En juin 1945, il vient poursuivre ce combat dans la France libérée, et écrit pour la presse de la Libération. Il passe ses dernières années en Tunisie où il compose l'un de ses chefs-d'œuvre "Dialogues de Carmélites", qui depuis sont joués sur toutes les scènes du monde.
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