samedi 7 décembre 2019

Johann Baptist Metz (1928-2019)


Mort du théologien allemand Johann Baptist Metz


Soucieux de penser la crise spirituelle de l’après-Auschwitz et de prendre en compte la souffrance en théologie, le grand théologien allemand Johann Baptist Metz est mort lundi 2 décembre.



C’est à Münster (Allemagne), où il avait enseigné la théologie pendant trente ans, que Johann Baptist Metz, considéré comme l’un des grands théologiens allemands d’après-guerre, est mort lundi 2 décembre à l’âge de 91 ans. Formé à Bamberg, Innsbruck et Munich, il avait en effet occupé dès 1963, à seulement 35 ans, la chaire de théologie fondamentale de la Faculté de théologie catholique de l’université de Münster.

Disciple de Karl Rahner, Johann Baptist Metz s’éloigne dès les années 1960 de la théologie transcendantale du jésuite au profit d’une « Nouvelle Théologie politique » enracinée dans la pratique chrétienne et qui n’est pas sans similitude avec les théologies de la libération qui, à la même époque, s’efforcent de prendre en compte la souffrance des pauvres et des exclus. « Je n’ai cessé de sentir rebondir en moi le problème de Dieu dans sa version politique : le discours sur Dieu comme cri d’appel pour le salut de ceux qui souffrent injustement, des vaincus de notre histoire », écrira-t-il en 2009 dans Memoria passionis.

« Une horreur qui fait éclater toute l’assurance théologique du discours chrétien »
Dans un contexte européen, Metz avait le souci de penser la théologie après la Shoah, considérant qu’« Auschwitz signale une horreur pour laquelle la théologie n’a trouvé aucun langage, une horreur qui fait éclater toute l’assurance théologique du discours chrétien ».
Avec Joseph Ratzinger il partageait l’idée que le monde occidental fait face à une crise spirituelle, dont ils voyaient tous deux la cause dans « l’oubli de Dieu ». Comme lui, il mettait en garde contre le règne d’une croissante amnésie culturelle, de l’individualisme et d’un « athéisme gentiment religieux ». Mais, tout en réfléchissant au concept de mémoire, Metz se situait à rebours de tout conservatisme. Pour celui qui sera l’un des conseillers du synode allemand du début des années 1970 et le rédacteur de son principal document, c’est uniquement en étant le « souvenir dangereux de la liberté de Jésus-Christ » que la foi chrétienne conserve une pertinence.
Le christianisme, une « religion au visage tourné vers le monde »
D’où son intuition du caractère profondément politique du christianisme pensé comme une « religion au visage tourné vers le monde ». « La nouvelle théologie politique, écrivait-il, a dès le départ cherché à rompre de façon critique avec l’autoprivatisation par laquelle la théologie réagit le plus souvent à la modernité européenne, s’affichant ainsi d’une certaine manière comme un programme de déprivatisation. »

Source : La Croix du 3/12/2019

Oeuvres 

traduites en français
Pour une théologie du monde, Paris, Cerf, 1971.
La foi dans l'histoire et dans la société : Essai de théologie fondamentale et pratique, Paris, Cerf, 1979.
Un temps pour les ordres religieux ? Mystique et politique de la suite de Jésus, Paris, Cerf, 1981.
Memoria passionis, Un souvenir provocant dans un société pluraliste, Paris, Cerf, 2009.

Œuvres en allemand
Zur Theologie der Welt, Mainz 1973 (Topos-TB), 
Glaube in Geschichte und Gesellschaft. Studien zu einer praktischen Fundamentaltheologie, Mainz 1977, 
Zeit der Orden? Zur Mystik und Politik der Nachfolge, Freiburg 1977, 
Jenseits bürgerlicher Religion. Reden über die Zukunft des Christentums, Mainz/München 1980, 
Zum Begriff der neuen Politischen Theologie 1967-1997, Mainz 1997, 
Memoria Passionis. Ein provozierendes Gedächtnis in pluraler Gesellschaft, Freiburg 2006.


Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles

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