vendredi 27 septembre 2013

SAINT CESAIRE D'ARLES


Arles se mobilise pour célébrer saint Césaire

Jusqu’au 31 octobre, une exposition retrace la vie de Césaire d’Arles qui, en 513, fut le premier évêque à recevoir du pape le pallium, écharpe de laine symbolisant le lien avec l’Église de Rome.



 

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Reliquaire contenant notamment un fragment de tunique de saint Césaire (1429).<!--[endif]-->

Corinne Boyer

Reliquaire contenant notamment un fragment de tunique de saint Césaire (1429).

À l’occasion du 1500e anniversaire de cet événement, plusieurs reliques seront exposées en octobre dans le cloître Saint-Trophime où une salle d’exposition permanente verra le jour d’ici un an.

Dans le cloître Saint-Trophime, une foule dense défilait, samedi, à la faveur des Journées du patrimoine. Au détour d’une salle, les pas des curieux empruntent ceux de Césaire, évêque d’Arles de 503 à 542, auquel l’association des Amis de Saint-Trophime consacre, jusqu’au 31 octobre, une exposition dans le cadre de l’Année européenne de la culture. « Les gens ignorent qui est Césaire, alors qu’il a été, en 513, le premier évêque en Occident à recevoir des mains du pape Symmaque, le pallium. Cette écharpe de laine blanche, symbole du Bon Pasteur, était jusqu’alors uniquement portée par le pape », indique Jean-Maurice Rouquette, président des Amis de Saint-Trophime

 « Pour le 1500e anniversaire de cet événement, il fallait faire quelque chose pour faire découvrir Césaire, plus connu à l’étranger qu’à Arles »,renchérit le P. Stéphane Cabanac, archiprêtre d’Arles.

Outre l’exposition, les Amis de Saint-Trophime organisent un colloque international du 11 au 13 octobre avec, en point d’orgue, l’exposition des reliques de Césaire, jusqu’alors conservées dans les réserves du Musée départemental. Deux palliums et une tunique funéraire, tous trois restaurés, seront exposés, aux côtés de trois sandales et d’une ceinture en ivoire, jusqu’alors conservées dans les réserves du Musée de l’Arles antique. « Le pallium du VIe  siècle est le plus ancien vêtement liturgique de France », souligne Jean-Maurice Rouquette.

« CE GRAND PRÉDICATEUR VULGARISERA LA THÉOLOGIE EN UTILISANT DES MOTS SIMPLES »

L’exposition met en scène des reliquaires et de grandes bannières, citant des extraits de sermons de Césaire. Né en 470, ce Bourguignon devient moine à 20 ans, à Lérins, avant d’être nommé évêque d’Arles en 503. Très vite, il innove, encourageant les populations à se retrouver chaque jour pour lire l’Évangile.

« Ce grand prédicateur vulgarisera la théologie en utilisant des mots simples dans ses sermons qu’il fait copier pour les distribuer aux autres prêtres », raconte Anastasia Ozoline, commissaire de l’exposition.

En 513, il fonde aux Alyscamps le premier monastère de femmes pour lesquelles il écrira une règle spécifique. Il n’hésite pas à vendre les biens de l’Église pour racheter des esclaves ou nourrir les pauvres. Nommé vicaire apostolique pour la Gaule et l’Espagne en 514, il préside plusieurs conciles. Tout au long de son épiscopat, Césaire s’attachera à développer la foi chrétienne et, le jour de sa mort, le 26 août 542, la population le déclarera saint et protégera ses reliques. Menacées de pillages, elles seront transférées successivement des Alyscamps à la chapelle du couvent Saint-Césaire (IXe  siècle), avant d’être déposées, à la Révolution, à l’église de la Major. En 1981, elles prendront place à l’église de Saint-Césaire, où elles sont exposées chaque 26 août, pour la Saint-Césaire.

DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES SPECTACULAIRES

Photos à l’appui, Anastasia Ozoline commente avec passion la restauration des palliums et de la tunique funéraire de Césaire, effectuée de 1997 à 2001 dans le cadre de son projet de fin d’études. Le premier pallium, long de 1,75 m, présentait un chrisme brodé. Le second, plus long (2,24 m) était orné à son extrémité de dessins à crochets bruns, bleus, verts et roux. Une analyse au carbone 14 les datera du VIe  siècle.

« Ils étaient très dégradés tout comme la tunique, dont le dos était très altéré par les décompositions organiques », raconte Anastasia Ozoline. Après une réhumidification des fibres, chaque pièce a été posée sur un tissu de support. « Nous avons ensuite mis en sachet les reliques dans un voile de crépeline cousu en contournant les vestiges originaux, afin de ne pas toucher ces reliques », indique la restauratrice de l’Institut national du patrimoine.

L’exposition met aussi en lumière les découvertes archéologiques spectaculaires de ces dix dernières années, à commencer par l’abside de plus de 20 mètres de large, découverte en 2003 près des remparts de la ville « Cette abside de la première moitié du VIe  siècle est plus grande que celle de la basilique Saint-Pierre de Rome de l’époque », indique Marc Heijmans, ingénieur de recherche, qui a, depuis, découvert deux autres absides, un large ambon et le sol d’un presbyterium.

« IL A SU S’APPUYER SUR LA TRADITION POUR INCULTURER LE CHRISTIANISME DANS UNE ÉPOQUE NOUVELLE »

Du 11 au 13 octobre, le grand public pourra admirer les reliques de Césaire dans une salle du cloître Saint-Trophime, où une exposition permanente sera aménagée à l’automne 2014.

Pour Mgr Christophe Dufour, archevêque d’Aix et Arles, Césaire reste un« modèle » contemporain : « Ce grand missionnaire a su s’appuyer sur la tradition pour inculturer le christianisme dans une époque nouvelle. Il a inlassablement rappelé la nécessité de nourrir son âme. Dans notre société matérialiste en crise, ce message est à retrouver », assure-t-il. Le P. Stéphane Cabanac espère, lui, « créer un électrochoc » parmi les croyants : « Face aux reliques peut-être se diront-ils : “Et moi, que vais-je apporter dans le monde où je suis envoyé ?” »

Corinne Boyer, à Arles (Bouches-du-Rhône)
Cet article a été publié par le journal LA CROIX

 

 

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