Oeconomiciae et pecuniares quaestiones :
Questions économiques et financières : considération pour un discernement
éthique sur certains aspects du système actuel économique et financier actuel
Congrégation pour la doctrine de la foi.
Dicastère pour le service du développement intégral
Paris, Salvator, 2018. 95 pages.
C’est un document fondateur, publié par la
congrégation pour la Doctrine de la foi et le dicastère pour le Développement
humain intégral. Disponible en plusieurs langues, le texte entend dessiner de
nouvelles formes d’économie et de finance dans un paysage mondialisé et enclin
à la disruption.
Le texte intitulé sobrement «Questions
économiques et financières» -Oeconomicae et pecuniariae quaestiones- ambitionne
de fournir des «repères éthiques concrets» aux sommités
économiques, mais aussi aux chefs d’États, décisionnaires en matière de
régulation de marché.
Faire cesser le règne du «profit pur»
Élaboré par des experts économiques et financiers
externes au Vatican, le texte appelle à placer l’homme et le bien commun, et
non «le profit pur», au centre des échanges économiques et
financiers mondiaux.
L’influence croissante des marchés sur le bien-être
matériel d’une bonne partie de l’humanité y est particulièrement décriée,
partant d’un constat simple: au cours de la seconde moitié du XXème siècle, le
bien-être économique s’est considérablement accru, hélas, de pair avec les
inégalités.
Un constat sévère de la mondialisation
Le Saint-Siège n’épargne donc aucunement l’actuel système
économique dominant, qui fait prévaloir «un égoïsme aveugle». «L'opportunité
d'apprendre de la récente crise financière a été gaspillée et l'exploitation et
la spéculation au détriment des plus faibles sont toujours une réalité
aujourd'hui», énonce-t-il, critiquant tout autant le blanchiment d’argent,
la non-transparence, la corruption, ou encore les placements offshore.
Également dans le viseur, «le tout-quantitatif»
et l’absence de prise en compte de la «qualité de vie».
Une alliance entre savoir technique et sagesse humaine
Première solution stipulée: réguler les marchés. Afin
de protéger le bien commun et d'impliquer tous les membres de la société dans
la richesse et le développement, l'alliance entre acteurs économiques et
politiques doit être renouvelée. Une alliance renouvelée qui permette un
meilleur contrôle des affaires économiques, «sous peine de voir tout agir
humain se pervertir».
Deuxième solution: établir une orientation éthique
dans tous les domaines, qu’ils soient économiques, bancaires ou monétaires. Le
but ultime doit être de réduire les inégalités et la pauvreté dans le monde. «L'argent
doit servir et non gouverner!» s’exclamait le Pape François dans son
exhortation apostolique Evangelii gaudium. Le Vatican insiste ici
sur le bien-être de l'humanité, à la racine de la solidarité, de la justice et
du «capital humain», beaucoup plus important qu’un simple Produit
Intérieur Brut. «Les systèmes ne sont en effet pas constitués de dynamiques
anonymes, mais de relations humaines; les humains ne sont pas seulement des
consommateurs et des entrepreneurs».
La nécessité d’une autocritique entrepreneuriale
Des cours dans les écoles de commerce sur «l’économie
et la finance à la lumière de l’homme» sont ainsi recommandés. Du
texte surgit aussi un appel à «l’autocritique» des
entrepreneurs. Ils doivent initier un retour vers une culture entrepreneuriale
et financière, qui mette l’accent sur le bien commun et la responsabilité
sociale. Les banques doivent améliorer la transparence de leurs affaires
monétaires; les prêts bancaires et l'épargne doivent être plus clairement
définis, surtout en matière d’investissements. Les clients devraient être en
mesure de voir si leur propre capital a été utilisé à des fins spéculatives ou
non. Les comités d'éthique devraient être mis en place dans les conseils
d'administration, de sorte qu'un autre appel à des cours d'éthique dans les
écoles de commerce soit une partie intégrante.
Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
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