vendredi 1 février 2019

Film Après l'ombre : dans le cadre des Rencontres cinématographiques pour les Droits de l'Homme


Film Après l’ombre
APRÈS L’OMBRE
De Stéphane Mercurio
Documentaire français (2017)



Le théâtre au service de la réinsertion
Un voyage au cœur d’une réalisation théâtrale avec des anciens détenus. Une parole qui transperce les murs de la prison.
Film proposé par l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture avec débat avec Eric Jayat, ancien détenu, acteur du film et Agnès Bussat, service prison Secours Catholique et animé par Anne Le Cor, ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture).
Film à Aubagne (Cours Maréchal Foch) au Cinéma Le Pagnol (tarif cinéma).


SYNOPSIS ET DÉTAILS
Une longue peine, comment ça se raconte ?
C’est étrange ce mot qui signifie punition et chagrin en même temps.
Ainsi s’exprime Didier Ruiz lorsqu’il entreprend la mise en scène de son dernier spectacle monté avec d’anciens détenus de longue peine. Dans le temps suspendu des répétitions on voit se transformer tous ces hommes – le metteur en scène y compris.
Le film raconte la prison, la façon dont elle grave dans les chairs des marques indélébiles et invisibles.
Il saisit le travail rigoureux d’un metteur en scène avec ces comédiens « extraordinaires ».
Et surtout il raconte un voyage, celui qui va permettre à cette parole inconcevable de jaillir de l’ombre pour traverser les murs.

Un univers familier
Ce n’est pas la première fois que la réalisatrice Stéphane Mercurio pose sa caméra dans le monde carcéral. En 2008, elle signe A côté qui s’intéresse aux familles de prisonniers qui viennent au parloir et plus particulièrement aux femmes de prisonniers. Quatre ans plus tard, elle réalise A l’ombre de la république, qui lui a permis de pénétrer au coeur de l’enfermement, dans les quartiers disciplinaires, les cours de prison, les cellules, … Elle y rencontre des prisonniers purgeant de longues peines. Marquée par cette expérience, elle décide de s’intéresser à « l’après prison ». Grâce à Bernard Bolze, cofondateur de l’OIP (Observatoire International des Prisons), elle entre en contact avec le metteur en scène de théâtre Didier Ruiz qui allait commencer à collaborer avec d’anciens détenus sur une pièce intitulée Une longue peine.

Les prisonniers
Aucun casting n’a été effectué pour choisir les prisonniers, comme le précise la réalisatrice : « Didier [Ruiz] a pris les gens avec lesquels, il était possible de travailler : ceux qui avaient reçu du juge l’autorisation de changer de région – puisque certains étaient encore sous contrôle judiciaire, ceux qui en avaient envie, ceux qui étaient disponibles pour participer à cette aventure et que leur travail n’empêcherait pas de faire la tournée. » 

La thématique
Au-delà d’être un film sur la prison, Après l’ombre aborde également le collectif, la confiance mais aussi la libération de la parole, un sujet cher à la réalisatrice : « Prendre cette parole a eu très certainement pour certains d’entre eux un rôle important dans la confiance en soi, l’estime de soi tellement mise à mal par l’incarcération. »

Une caméra invisible
Les prisonniers, qui n’avaient jamais joué la comédie, se sont retrouvés à participer à une pièce de théâtre dans laquelle ils racontent leur propre histoire. Le défi était double pour eux car ils étaient suivis par l’équipe du film. Pourtant, la caméra a vite su se faire oublier, comme le précise la réalisatrice : « Ils étaient si absorbés par leur travail. Ils savaient qu’on était là bien sûr, mais ils nous oubliaient. »

Occulter les crimes
La réalisatrice a fait le choix de ne pas dévoiler les raisons exactes de l’incarcération des prisonniers afin de ne pas polluer la réflexion sur la prison : « Le motif de la condamnation risque de dévorer toute la pensée autour de la prison : on le juge grave, ou pas si grave que cela. Chacun a son échelle de valeur mais la question n’est pas là. Il faut se demander : doit-on être traité de la sorte en prison ? Les durées des peines sont-elles justifiées ? Que fabrique la prison ? De toute manière, ces hommes ont été condamnés, ils ont purgé leur peine. »

Un débat primordial
La réalisatrice estime que « La réflexion politique sur la prison est très pauvre,désespérante. Les politiques répondent aux peurs par toujours plus d’emprisonnement. Les chiffres explosent, les durées des peines ont doublé. Le nombre de détenus aussi et on voit que la prison devient impossible aussi pour le personnel pénitentiaire. (…) Il est admis que la prison ne permet pas de se réinsérer. Les études sur cela sont innombrables. Je crois que la prison fabrique la violence de demain. »

La prison en quelques chiffres
En France, aucune mesure n’instaure un minimum légal d’activités proposées aux prisonniers. 80 811 personnes sont détenues dont un surnombre de 10 549 prisonniers. 115 suicides ont été recensés en 2015 et 80% des prisonniers présentent des pathologies psychiatriques.



  

Dans le cadre des Rencontres cinématographiques des Droits de l’Homme




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