mardi 30 octobre 2018

Penser la foi chrétienne après René Girard


Penser la foi chrétienne après René Girard
Bernard Perret
Paris, Ad Solem, 2018. 327 pages.


Présentation de l’éditeur

L'œuvre de René Girard a remis l'anthropologie religieuse au   goût du jour et a influencé en profondeur d'autres domaines   des sciences humaines et sociales. Son apport à   l'intelligence  de la foi chrétienne est considérable : en   montrant comment la Passion du Christ dévoile les ressorts   de  la violence constitutive des sociétés, Girard a éclairé la   singularité des Evangiles par rapport aux mythes fondateurs   de la culture humaine.

   Un nombre croissant de théologiens se sont emparés de sa pensée pour reposer les questions du mal, du sacrifice et de la Rédemption. L'un des bénéfices de cette lecture des Evangiles est de souligner la cohérence entre la prédication du Royaume et la signification des circonstances de la mort de Jésus. Plus largement, elle permet de lire les textes bibliques comme la découverte progressive de la non-violence de Dieu.

  Ce livre est d'abord une présentation des enjeux de la pensée de René Girard pour le christianisme et un premier bilan des théologies qui s'en inspirent. L'auteur conduit ensuite une réflexion plus personnelle sur les rapports entre anthropologie et théologie. Il montre comment la théorie de Girard permet de penser les relations entre religion et violence, et il interroge le sens du rituel chrétien dans un contexte de sécularisation. 


Bernard Perret est essayiste et vice-président de l’ARM. Il a mené une double carrière de haut-fonctionnaire et de chercheur en sciences humaines. Ses travaux touchent des sujets variés : questions économiques et sociales, écologie, anthropologie sociale, christianisme. Il a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L'Economie contre la société (avec Guy Roustang ; 1993 ; réed. 2001) ; La Logique de l'espérance (2006) ; Vers une raison écologique (2011).

Une présentation enthousiaste du journal La Croix


Ce livre présente les enjeux pour le christianisme de la pensée du philosophe qui a remis l’anthropologie religieuse au goût du jour.

Bernard Perret s’intéresse depuis longtemps à la pensée de l’anthropologue et philosophe René Girard, décédé en 2015. Il en est aujourd’hui sans aucun doute un des meilleurs connaisseurs en France.
Auteur de nombreux ouvrages sur des thèmes sociétaux, collaborateur de La Croix (il a même été le chef du service économique et social entre 1985 et 1987), et ayant occupé des responsabilités importantes dans l’administration publique, l’actuel vice-président de l’Association recherches mimétiques propose dans ce nouveau livre une réflexion pointue qui tente de mesurer les effets sur la théologie et la pratique chrétiennes de la pensée de celui qui a remis l’anthropologie religieuse au goût du jour.

Théorie mimétique
Bernard Perret commence par présenter de manière fort claire et pédagogique ce « système de pensée à multiples facettes » que constitue la fameuse « théorie mimétique » de l’académicien, selon laquelle tout désir est une imitation (mimésis) du désir de l’autre. Un désir d’être l’autre en possédant ce qu’il possède qui est à l’origine de tous nos conflits, de toutes nos crises.
L’auteur poursuit sa réflexion en montrant, avec talent, comment ce système girardien peut fournir une vision renouvelée de la foi chrétienne, en permettant « de voir l’ensemble formé par la Bible hébraïque et les Évangiles comme un unique “acte de communication” divin, dont le fil conducteur est la découverte progressive d’un Dieu exempt de toute complicité avec la violence ». Plus précisément, « l’apport le plus évident de Girard à l’intelligence de la foi chrétienne est d’avoir éclairé d’un point de vue anthropologique le sens de la passion du Christ », résume Bernard Perret.
« Pour René Girard, le thème principal du Nouveau Testament est la subversion du schème victimaire », contribuant à exclure la réponse « qui voit dans le supplice de Jésus un sacrifice de réparation offert à son Père ».

Jésus, « victime pardonnante »
« La Passion marque ainsi l’accomplissement du mouvement de démystification du sacré violent amorcé par l’Ancien Testament (…), le mécanisme victimaire (y) est entièrement dévoilé et l’histoire du sacrifice qui sauve racontée du point de vue de la victime innocente », à savoir Jésus, véritable « victime pardonnante », qui montre de manière exemplaire comment « pardonner et se laisser pardonner, c’est le seul moyen d’en finir avec les comportements et les attitudes qui conduisent au meurtre ».
Dès lors, on ne peut plus « considérer la souffrance comme un bien en soi », contrairement à ce qui a souvent été exprimé dans le christianisme, alors qu’il s’agit d’une « perversion, qui commence quand on fait de la souffrance, fût-ce indirectement et subtilement, une monnaie d’échange dans notre rapport à Dieu »!
Dans ce livre dense, parfois touffu, Bernard Perret croise de nombreux thèmes importants pour la foi: le salut chrétien, le bien et le mal, l’impact du christianisme sur la société… Dans son chapitre final, il pose une question de premier intérêt: « Faut-il “désacraliser” le christianisme? »
N’étant pas lui-même théologien de métier, il s’appuie sur deux théologiens dont la pensée, forte, doit beaucoup à l’œuvre girardienne: le jésuite suisse Raymund Schwager (1935-2004) et le prêtre anglais James Alison (1959-) qui a fait paraître un ouvrage remarquable, traduit en français en 201512 leçons sur le christianisme : pour une réception renouvelée de la foi. Voici donc un ouvrage stimulant qui motivera tout chrétien soucieux de réfléchir sur sa foi et ses implications pratiques dans le monde déchristianisé d’aujourd’hui.




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