lundi 20 avril 2015


Edmond Dziembowski :LA GUERRE DE SEPT ANS (1756 - 1763), (Pour l'Histoire), Perrin, 2015, 670 p.-


Pour la plupart des historiens, la Guerre de Sept ans (1756 - 1763) est avant tout l'affrontement
 impérialismes de la France et de la Grande-Bretagne ainsi que la lutte que se livrent les empires russe et autrichien et le royaume de Prusse.

Au terme d'un conflit qualifié de première guerre mondiale de l'histoire à cause de la multiplicité des lieux d'affrontement (Amérique du Nord et Antilles, Sous continent indien, Afrique de l'ouest et Europe) achevé par le Traité de Paris de 1763, l'Europe sort radicalement transformé. L'Europe est dominé par cinq puissances : France, Russie, Autriche, Prusse et Grande-Bretagne. Cette dernière s'est taillée au dépens de la France un vaste empire colonial qui englobe entre autres territoires,  de larges régions de l'Inde et le Canada.

Le livre d'Edmond Dziembowski apporte un éclairage neuf sur cet affrontement. Il revient sur les causes et le déroulement de la guerre mais aborde également  des aspects souvent laissés dans l'ombre : l'importance de l'opinion publique, les conséquences politiques de la guerre et les possibles motivations religieuses des protagonistes.

Dès les premiers jours du conflit, les différents états ont ressenti le besoin de justifier leur action au yeux de leur opinion publique et à ceux de celle des ennemis. Ainsi Frédéric II de Prusse a t il mené une intense propagande en direction de la France. Le but de cette véritable guerre de l'information était de justifier devant une opinion critique le pourquoi des défaites ou le sens de l'action des gouvernements.

Plus largement Edmond Dziembowski note que la Guerre de Sept ans a permis une évolution politique importante. Elle a été une sorte d'accélérateur de l'Histoire. Ainsi pour ne s'en tenir qu'à la France elle a permis le passage du sujet au citoyen et peut-être regardée comme une cause lointaine de la Révolution de 1789.

L'autre aspect novateur de cet ouvrage est la mise en évidence du rôle joué par la religion dans le conflit même si celui-ci ne doit pas être exagéré. Ainsi pour les soldats et leurs officiers tel ou tel événement ne peut s'expliquer qu'à le lumière de l'action divine. Par exemple le 8 juillet 1758 lors de la Bataille de Carillon au Canada, 3 000 Français battent 15 000 Britanniques. Aussitôt l'évènement est qualifié de miracle et les Français érigent une croix sur le champ de bataille. Pour les Anglo-américains des Treize colonies d'Amérique du Nord la guerre contre le Canada français est aussi une lutte contre le Papisme abhorré. Ils puisent dans cette sorte de croisade une énergie supplémentaire.

Les motifs religieux sont aussi perceptibles au niveau diplomatique. Louis XV justifie son alliance avec l'Autriche par le fait que l'adhésion au Protestantisme du roi de Prusse heurte sa conscience. Frédéric II essaie d'accréditer auprès des princes allemands que le conflit qui se prépare contre l'Autriche et la France est d'ordre religieux. Les Anglais ne sont pas en reste. Ils organisent plusieurs descentes sur les côtes de France non seulement pour opérer une diversion mais aussi peut-être pour soutenir les Protestants français. On leur a même prêté l'intention d'imposer à la paix la reconnaissance de la validité des mariages contractés par les Huguenots.

Mais si la motivation religieuse des différents protagonistes est perceptible à tous les niveaux, les dirigeants manifestent dès le départ le désir d'éviter guerre de religion. (le roi de Prusse n’utilise l'argument qu'à des fins de propagande) qui risquerait de conduire à un affrontement long et aux conséquences imprévisibles. L'auteur nous montre des élites qui bien que possédant des convictions sont capable de dominer leurs passions et ne font pas de la religion un casus belli.



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