Byzance,
l’empire de mille ans
In
Les Collections de l’Histoire –
Numéro
80 - juillet-septembre 2018
« L’Empire byzantin a été chez nous sévèrement jugé (..).
On n’a toujours tenu compte de la situation exceptionnelle dans laquelle a vécu
cet empire, entre l’Occident germain et l’Orient slave, turc ou arabe. On a été
impitoyable pour ses vices, sans faire attention à toutes ses vertus qu’il lui
a fallu pour survivre mile ans à l’Empire romain d’Occident (…). Qu’on cite un
seul état de notre Europe qui a du subir de tels assauts. Au IVè siècle les
Goths ; au Vè les Huns et les Vandales ; au Viè les Slaves et les
Antes ; au VIIè les Perses, s, les Avars et les Arabes ; du Viiè au
Xè les Bulgares, les Russes, les Hongrois […] au XVè les Ottomans. De l’Occident
lui viennent les Normands, les Croisés de 1098 et de 1202. Parfois l’empire
parait accablé […]. Tout à coup, au sein de cette civilisation fatiguée, [… ] se
manifeste une juvénilité nouvelle ; du fond de cette décrépitude apparente,
jaillit une renaissance : un Bélissaire, un Basile II, un Nicéphore Phocas
[…] se révèlent […]. Qu’on se figure ce que pouvait être l’existence des
citoyens de Constantinople : tous les raffinements de la civilisation sous
la menace permanente de l’invasion […]. A certaines époques, on pouvait être,
pour peu que l’on se hasardât dans la
campagne, pris dans le lacet d’un maraudeur slave, crucifié par les Russes,
capturé par les pirates arabes, empalé par les Turcs. En dépit des cataclysmes qui, tous les
cinquante ans, menacent de la submerger […] Constantinople reste le siège d’une
brillante civilisation »
Texte
de Alfred RAMBAUD dans la préface de son ouvrage L’Empire grec au Xè siècle. Constantin Porphyrogénète en 1870.
Ce
court extrait (placé en tête de ce numéro) résume assez bien le miracle de cet
empire : comment cet empire, attaqué par les Perses ou les Arabes, a-t-il
pu durer mille ans ?...
En Occident, Byzance a été reléguée à la marge.
Pourtant, pendant mille ans, après la chute de Rome, elle a maintenu à l’est de
la Méditerranée un empire qui rassemblait des Grecs, mais aussi des Latins, des
Slaves, des Arméniens ou des Arabes.
Sans cesse convoité, cet empire a su manier l’art
de la diplomatie et subjuguer ses puissants voisins, même amputé de la majorité
de son territoire. Cet empire fut aussi un centre culturel et religieux de premier
ordre en lutte avec Rome pour la suprématie du monde chrétien jusqu’à la
rupture en 1054 et définitive en 1202 après le sac de Constantinople par les
Croisés.
Lorsqu’en 1453 les Turcs prennent Constantinople,
l’État byzantin a disparu. Mais pas l’idée impériale. Mehmed II se fait
reconnaître comme le nouveau basileus. Avant que les tsars de Russie ne captent
son double héritage impérial et orthodoxe.
Par Marie-France Auzépy, Patrick Boucheron,
Béatrice Caseau, Jean-Claude Cheynet, Gilbert Dagron, Olivier Delouis, Alain
Ducellier, Raúl Estangüi Gómez, Michel Kaplan, Sophie Métivier, Vincent Puech,
Maurice Sartre, Georges Sidéris, Georges Tate, Stéphane Yerasimos.
Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix et Arles
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