Un temps pour mourir : derniers
jours de la vie des moines
Nicolas Diat
Paris, Fayard, 218. 226 pages.
Comprendre les derniers instants de la
vie : ce qu’en dit l’auteur au début de ce livre :
« Aujourd’hui, la liturgie de la mort n’existe plus. Or
les peurs et les angoisses n’ont jamais été aussi fortes. Les hommes ne savent
plus comment mourir.Dans cet univers désolé, j’ai eu l’idée de prendre le
chemin des grands monastères pour découvrir ce que les moines ont à nous dire
de la mort. Derrière les murs des clôtures, ils passent leur existence à prier
et à réfléchir aux fins dernières.
« J’ai pensé que leurs témoignages pourraient
aider les hommes à comprendre la souffrance, la maladie, la peine et les
derniers instants de la vie. Ils savent les morts compliquées, les morts
rapides, les morts simples. Ils y ont été confrontés plus souvent, et de plus
près, que la plupart de ceux qui vivent au-delà des enceintes des monastères.
J’avais l’intuition, en commençant mon travail, que les moines ne me
cacheraient rien, qu’ils me parleraient du trépas des leurs avec vérité.
« J’aimerais que ce livre donne un peu d’espoir,
car les moines nous montrent qu’une mort humaine est possible. L’homme du XXIè
siècle n’est pas condamné à des fins solitaires, sans amour, dans des chambres
anonymes d’hôpitaux. L’homme du XXIè siècle n’est pas condamné à la fausse
humanité d’une mort maquillée et travestie dans des salons funéraires
désincarnés.Aujourd’hui les moines sont peut-être les derniers à
pouvoir comprendre les mots de saint François d’Assise dans son « Cantique
au frère soleil » :
Loué sois-tu Seigneur,
pour notre sœur la mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ;
heureux ceux qu’elle surprendra en faisant sa volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.
« Les récits recueillis dans les abbayes que j’ai
visitées ne m’ont pas détrompé. J’aimerais que ce livre donne un peu d’espoir,
car les moines nous montrent qu’une mort humaine est possible. [...] Les
histoires que m’ont confiées les bénédictins d’En-Calcat, de Solesmes et de
Fontgombault, les trappistes de Sept-Fons, les cisterciens de Cîteaux, les
chanoines de Lagrasse, les prémontrés de Mondaye et les ermites de la
Grande-Chartreuse sont aussi belles et exceptionnelles que les paroles
mémorables des temps anciens. »
Nicolas Diat
Paris, Fayard, 218. 226 pages.
Comprendre les derniers instants de la
vie : ce qu’en dit l’auteur au début de ce livre :
« Aujourd’hui, la liturgie de la mort n’existe plus. Or
les peurs et les angoisses n’ont jamais été aussi fortes. Les hommes ne savent
plus comment mourir.Dans cet univers désolé, j’ai eu l’idée de prendre le
chemin des grands monastères pour découvrir ce que les moines ont à nous dire
de la mort. Derrière les murs des clôtures, ils passent leur existence à prier
et à réfléchir aux fins dernières.
« J’ai pensé que leurs témoignages pourraient
aider les hommes à comprendre la souffrance, la maladie, la peine et les
derniers instants de la vie. Ils savent les morts compliquées, les morts
rapides, les morts simples. Ils y ont été confrontés plus souvent, et de plus
près, que la plupart de ceux qui vivent au-delà des enceintes des monastères.
J’avais l’intuition, en commençant mon travail, que les moines ne me
cacheraient rien, qu’ils me parleraient du trépas des leurs avec vérité.
« J’aimerais que ce livre donne un peu d’espoir,
car les moines nous montrent qu’une mort humaine est possible. L’homme du XXIè
siècle n’est pas condamné à des fins solitaires, sans amour, dans des chambres
anonymes d’hôpitaux. L’homme du XXIè siècle n’est pas condamné à la fausse
humanité d’une mort maquillée et travestie dans des salons funéraires
désincarnés.Aujourd’hui les moines sont peut-être les derniers à
pouvoir comprendre les mots de saint François d’Assise dans son « Cantique
au frère soleil » :
Loué sois-tu Seigneur,
pour notre sœur la mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ;
heureux ceux qu’elle surprendra en faisant sa volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.
« Les récits recueillis dans les abbayes que j’ai
visitées ne m’ont pas détrompé. J’aimerais que ce livre donne un peu d’espoir,
car les moines nous montrent qu’une mort humaine est possible. [...] Les
histoires que m’ont confiées les bénédictins d’En-Calcat, de Solesmes et de
Fontgombault, les trappistes de Sept-Fons, les cisterciens de Cîteaux, les
chanoines de Lagrasse, les prémontrés de Mondaye et les ermites de la
Grande-Chartreuse sont aussi belles et exceptionnelles que les paroles
mémorables des temps anciens. »
Extraits du livre donnant quelques témoignages de moines
« Frère Vincent est mort avec une grande facilité.
Témoignage recueilli à En-Calcat
« Une année avant sa mort, pendant sa rémission, le Père Michel-Marie a reçu un journaliste. Il avait peur de souffrir, et cependant il a tenu [au journaliste] ce discours magnifique : “Me savoir ainsi atteint par la maladie m’a donné une hypersensibilité. Je me rends compte à quel point la vie n’est pas grand-chose. En même temps, elle revêt toute son importance. Je prends conscience désormais avec clarté de la fin de toute chose. Il faut cependant se lever et se battre pour la vie. J’ai le trac de la mort, comme avant un examen. La dimension de ce qui nous attend au ciel est affolante. Pourtant, j’ai un rôle à jouer dans cette grandeur. Dès ici-bas, tout ce que je fais prépare ce que j’aurai à vivre au ciel. Mais cela me dépasse. J’ai pris conscience de l’incroyable immensité de ce qui m’attend de l’autre côté.” [...]
En-Calcat est une oasis qu’on quitte à regret. »
Le Frère Pierre Buisson ne voulait pas devenir
centenaire. Je savais donc que le temps était compté. Depuis quelques semaines,
il était diminué.À la fin du mois de mai, lorsque je suis parti en
Espagne, je lui ai demandé d’attendre mon retour pour mourir. Il m’a obéi.En revenant à l’abbaye, je suis monté rapidement dans
sa chambre. Nous étions la veille de son décès.Il est parti comme une petite flamme. Il disait que sa
valise était prête. Jusqu’à la fin, le Frère Pierre a passé des heures à prier.
Il visitait tous les jours le cimetière pour honorer les morts. Il ne disait
jamais de mal de personne. Notre Frère est parti avant l’office de sexte, alors
que l’infirmier s’était brièvement absenté pour préparer une perfusion. Je suis
monté lui donner l’absolution.”Le Père abbé était heureux et serein. Il avait pu le
voir une dernière fois. Il n’imaginait pas être absent de Solesmes en ces
moments si particuliers. »
« Une année avant sa mort, pendant sa rémission, le Père Michel-Marie a reçu un journaliste. Il avait peur de souffrir, et cependant il a tenu [au journaliste] ce discours magnifique : “Me savoir ainsi atteint par la maladie m’a donné une hypersensibilité. Je me rends compte à quel point la vie n’est pas grand-chose. En même temps, elle revêt toute son importance. Je prends conscience désormais avec clarté de la fin de toute chose. Il faut cependant se lever et se battre pour la vie. J’ai le trac de la mort, comme avant un examen. La dimension de ce qui nous attend au ciel est affolante. Pourtant, j’ai un rôle à jouer dans cette grandeur. Dès ici-bas, tout ce que je fais prépare ce que j’aurai à vivre au ciel. Mais cela me dépasse. J’ai pris conscience de l’incroyable immensité de ce qui m’attend de l’autre côté.” [...]
Témoignage recueilli à La
Grande-Chartreuse
« Dom Innocent me dit avec son humour habituel que la
vie serait un désastre si nous ne savions pas que la mort viendrait nous
chercher un jour. Comment les hommes resteraient-ils indéfiniment dans cette
vallée de larmes ?
“Nous sommes nés pour rencontrer Dieu. Les vieux
chartreux lui demandent de ne pas tarder. La mort, c’est la fin de l’école.
Après, le paradis arrive. Un moine a donné sa vie à Dieu, et il ne l’a jamais
rencontré. Il est normal qu’il soit impatient de le voir. Comme dans les poèmes
de Thérèse d’Ávila et de Jean de la Croix, les chartreux meurent de ne pas
mourir. À notre grand regret, le Saint-Esprit n’est pas pressé de venir nous
chercher. Dans notre Ordre, les purifications et les grandes épreuves ne sont
pas courantes. Les derniers mois, le Christ s’est déjà emparé de nos vieux
moines. Le corps usé retourne à la terre, mais c’est pour attendre la gloire de
sa résurrection. Nous ne savons pas encore ce qu’est réellement notre corps, sa
beauté, sa gloire et sa lumière. Le plus beau, et de loin, est encore devant.” »
« Je me souvenais de sa manière respectueuse et délicate
de parler d’un moine qu’il aimait : “Je demande toujours à mes Frères de mourir lorsque
je suis à l’abbaye. Je voyage beaucoup en raison de mes fonctions de supérieur
de la congrégation de Solesmes.
Publication : Bibliothèque diocésaine d'Aix-en-Provence
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