mardi 8 janvier 2019

Film Un jour ça ira


Un jour ça ira – RÊVE D’ADOS RÉFUGIÉ

Documentaire de Stan et Edouard Zambeaux 90 min – 2018
ISTRES le 10 janvier à 9h00 au Cinéma Le Coluche – Allée Jean Jaurès,



Le synopsis
Djibi et Ange, deux adolescents à la rue, arrivent à l’Archipel, un centre d'hébergement d'urgence au cœur de Paris. Ils y affrontent des vents mauvais, des vents contraires, mais ils cherchent sans relâche le souffle d'air qui les emmènera ailleurs. Et c'est avec l'écriture et le chant qu’ils s’envolent… et nous emportent. Une plongée au coeur de l’Archipel, un centre qui propose une façon innovante d’accueillir les familles à la rue et où la création vient au secours des naufragés de la vie.   

Film proposé par Ligue des Droits de l’Homme – Le Secours catholique d’Aix et Arles.
L’intégration par le chant et l’écriture au cœur d’un centre d’accueil à Paris à travers le regard de deux ados migrants. Film proposé par la Ligue des Droits de l’Homme avec la participation de Et le ciné va (Istres) Débat avec Maud Bagaria référente migration Secours Catholique Alpes Maritimes et Marc Durand, spécialiste des migrants à la Ligue des Droits de l’Homme. Animée par Hélène Mayer, présidente Secours catholique Aix & Arles



Deux critiques pour en savoir plus


L'argument : Djibi et Ange, deux adolescents à la rue, arrivent à l’Archipel, un centre d’hébergement d’urgence au cœur de Paris. Ils y affrontent des vents mauvais, des vents contraires, mais ils cherchent sans relâche le souffle d’air qui les emmènera ailleurs. Et c’est avec l’écriture et le chant qu’ils s’envolent… et nous emportent. Une plongée au coeur de l’Archipel, un centre qui propose une façon innovante d’accueillir les familles à la rue.

Notre avis : Alors qu’ils viennent de terminer un premier documentaire Des clés dans la poche sur des personnes à la rue qui se reconstruisent en Auvergne, les frères Zambeaux, (Edouard et Stan respectivement scénariste et réalisateur), infatigables baroudeurs mus par une éternelle volonté de donner un espace à ceux qui n’en ont pas, sont contactés par le Président du Samu Social et directeur d’Aurore (l’association parisienne qui accompagne les SDF et les mal-logés) qui souhaite rendre compte de la place des déshérités dans l’espace public. Leur curiosité et leur sens de l’esthétisme nous permettent de découvrir en toute dignité une réalité difficile mais jamais misérabiliste, à travers ce huis-clos installé dans le centre d’hébergement d’urgence l’Archipel où sont accueillies des familles à la rue, souvent composées d’une mère et de ses enfants.

La caméra, témoin impartial de ces vies raccommodées, se faufile le long des couloirs pour nous ouvrir les portes d’une cuisine impersonnelle, de douches spartiates et de chambres plus ou moins bien agencées (il s’agit d’anciens bureaux). Un confort basique que l’on finit par oublier car la caractéristique de ce lieu où cohabitent des personnes de tous horizons et de toutes nationalités est de parvenir à générer des initiatives et des énergies. Les enfants constituant les forces vives de l’Archipel, c’est à eux que les réalisateurs choisissent d’accorder une place centrale, tout particulièrement à Djibi, un garçon seul avec sa mère et à Ange, une fille seule avec son père. Déployant des trésors de patiente complicité et de bienveillante attention, le réalisateur suit, à travers l’atelier d’écriture auquel il s’est inscrit, le cheminement du jeune garçon protégeant, tant bien que mal, la dernier part de son enfance mise à mal par les aléas traversés. Ses écrits qu’il espère bien voir publiés dans le quotidien Libération lui permettent de se délivrer d’un passé trop lourd, mais aussi de se rêver un avenir fait de reconnaissance et de valorisation. Pour reprendre ses propres termes, il n’est qu’un serial déménageur qui habite au 115, ce qui, dans l’espace social, ne lui accorde qu’un statut « d’invisible ».

Si son regard sur le monde, sa maturité, sa détermination nous rendent immédiatement craquant ce gamin héroïque, un léger sentiment de frustration nous envahit en constatant que son seul point de vue est évoqué et que la place réservée à Ange est réduite à la portion congrue. Timide, elle se réfugie dans le chant et les occasions de la côtoyer seront trop peu nombreuses pour que l’on profite de son témoignage que l’on pressent pourtant riche. Sa prestation musicale en compagnie de Peggy la musicienne au piano nous donne néanmoins l’occasion de découvrir la beauté de l’incroyable chapelle cachée au cœur de ce no man’s land, à la fois lieu de promiscuité mais aussi cocon protecteur. L’irruption bien inutile de migrants venus de Calais ne faisant que traverser l’écran et dont on ne saura rien ne parvient heureusement pas à perturber cette alchimie précaire mais nécessaire à ces oubliés soumis à une vie d’incertitude et de ballottement.
Un documentaire plein de poésie et d’optimisme qui nous laisse l’espoir qu’un jour, ça ira.



Ange et Djibi ont 13 ans et habitent « au 115 » — le numéro de téléphone pour tenter d’obtenir un hébergement d’urgence. De chambres d’hôtel minables en foyers surpeuplés, elle et son père, lui et sa mère, n’ont connu que la préca­rité, la fatalité de devoir sans cesse ­refaire ses bagages pour rejoindre un énième logement temporaire : « Je passe ma vie à déplacer ma vie dans des valises », dit joliment Djibi, le « serial déménageur »… Quand les frères Zambeaux les ont rencontrés, début 2016, les deux collégiens avaient trouvé un refuge pas comme les autres. A L’Archipel, ancien immeuble de bureaux cossu (aujourd’hui en travaux) du très chic 8e arrondissement de Paris, les murs se délabraient et le confort était spartiate. Mais les enfants y trouvaient leur bonheur, grâce au travail exemplaire des associations et des travailleurs sociaux.
Le film, très attachant, chronique les derniers mois de cette étonnante tour de Babel sociale, entre chaleur de la vie en communauté et tension liée à l’imminence de la fermeture. Avec une justesse de tous les plans et le plus grand respect pour les « mal-logés ». Fil rouge du documentaire, les ateliers ­artistiques permettent aux enfants de mettre des mots sur leur honte, leurs souffrances, mais aussi leur espoir en une vie meilleure. Ange, la timide, s’affirme par le chant. Djibi, le chef de bande gouailleur, révèle, lui, un vrai talent d’écriture : il est même publié dans Libération, et il râle parce qu’un journaliste voudrait couper trois mots dans son article ! Quand l’adolescent, déjà si mature malgré son visage enfantin, lit devant les familles de L’Archipel le très beau texte sur son existence de « nomade », sa voix se noue. Son émotion est contagieuse.



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