Un
jour ça ira – RÊVE D’ADOS RÉFUGIÉ
Documentaire
de Stan et Edouard Zambeaux 90 min – 2018
ISTRES
le 10 janvier à 9h00 au Cinéma Le Coluche – Allée Jean Jaurès,
Le synopsis
Djibi et Ange, deux adolescents à la
rue, arrivent à l’Archipel, un centre d'hébergement d'urgence au cœur de
Paris. Ils y affrontent des vents mauvais, des vents contraires, mais ils
cherchent sans relâche le souffle d'air qui les emmènera ailleurs. Et c'est
avec l'écriture et le chant qu’ils s’envolent… et nous emportent. Une
plongée au coeur de l’Archipel, un centre qui propose une façon innovante
d’accueillir les familles à la rue et où la création vient au secours des
naufragés de la vie.
Film proposé par Ligue des Droits de l’Homme – Le Secours
catholique d’Aix et Arles.
L’intégration
par le chant et l’écriture au cœur d’un centre d’accueil à Paris à travers le
regard de deux ados migrants. Film proposé par la Ligue des Droits de l’Homme
avec la participation de Et le ciné va (Istres) Débat avec Maud Bagaria
référente migration Secours Catholique Alpes Maritimes et Marc Durand,
spécialiste des migrants à la Ligue des Droits de l’Homme. Animée par Hélène
Mayer, présidente Secours catholique Aix & Arles
Deux critiques pour en savoir plus
L'argument
: Djibi et Ange, deux adolescents à la rue, arrivent à l’Archipel, un
centre d’hébergement d’urgence au cœur de Paris. Ils y affrontent des vents
mauvais, des vents contraires, mais ils cherchent sans relâche le souffle d’air
qui les emmènera ailleurs. Et c’est avec l’écriture et le chant qu’ils
s’envolent… et nous emportent. Une plongée au coeur de l’Archipel, un centre
qui propose une façon innovante d’accueillir les familles à la rue.
Notre
avis : Alors qu’ils viennent de terminer un premier
documentaire Des clés dans la poche sur des personnes à la rue qui se
reconstruisent en Auvergne, les frères Zambeaux, (Edouard et Stan
respectivement scénariste et réalisateur), infatigables baroudeurs mus par une
éternelle volonté de donner un espace à ceux qui n’en ont pas, sont contactés
par le Président du Samu Social et directeur d’Aurore (l’association parisienne
qui accompagne les SDF et les mal-logés) qui souhaite rendre compte de la place
des déshérités dans l’espace public. Leur curiosité et leur sens de l’esthétisme
nous permettent de découvrir en toute dignité une réalité difficile mais jamais
misérabiliste, à travers ce huis-clos installé dans le centre d’hébergement
d’urgence l’Archipel où sont accueillies des familles à la rue, souvent
composées d’une mère et de ses enfants.
La
caméra, témoin impartial de ces vies raccommodées, se faufile le long des
couloirs pour nous ouvrir les portes d’une cuisine impersonnelle, de douches
spartiates et de chambres plus ou moins bien agencées (il s’agit d’anciens
bureaux). Un confort basique que l’on finit par oublier car la caractéristique
de ce lieu où cohabitent des personnes de tous horizons et de toutes
nationalités est de parvenir à générer des initiatives et des énergies. Les
enfants constituant les forces vives de l’Archipel, c’est à eux que les
réalisateurs choisissent d’accorder une place centrale, tout particulièrement à
Djibi, un garçon seul avec sa mère et à Ange, une fille seule avec son père.
Déployant des trésors de patiente complicité et de bienveillante attention, le
réalisateur suit, à travers l’atelier d’écriture auquel il s’est inscrit, le
cheminement du jeune garçon protégeant, tant bien que mal, la dernier part de
son enfance mise à mal par les aléas traversés. Ses écrits qu’il espère bien
voir publiés dans le quotidien Libération lui permettent de se
délivrer d’un passé trop lourd, mais aussi de se rêver un avenir fait de
reconnaissance et de valorisation. Pour reprendre ses propres termes, il n’est
qu’un serial déménageur qui habite au 115, ce qui, dans l’espace social, ne lui
accorde qu’un statut « d’invisible ».
Si
son regard sur le monde, sa maturité, sa détermination nous rendent
immédiatement craquant ce gamin héroïque, un léger sentiment de frustration
nous envahit en constatant que son seul point de vue est évoqué et que la place
réservée à Ange est réduite à la portion congrue. Timide, elle se réfugie dans
le chant et les occasions de la côtoyer seront trop peu nombreuses pour que
l’on profite de son témoignage que l’on pressent pourtant riche. Sa prestation
musicale en compagnie de Peggy la musicienne au piano nous donne néanmoins
l’occasion de découvrir la beauté de l’incroyable chapelle cachée au cœur de ce
no man’s land, à la fois lieu de promiscuité mais aussi cocon protecteur.
L’irruption bien inutile de migrants venus de Calais ne faisant que traverser
l’écran et dont on ne saura rien ne parvient heureusement pas à perturber cette
alchimie précaire mais nécessaire à ces oubliés soumis à une vie d’incertitude
et de ballottement.
Un documentaire plein de poésie et d’optimisme qui nous laisse l’espoir qu’un jour, ça ira.
Un documentaire plein de poésie et d’optimisme qui nous laisse l’espoir qu’un jour, ça ira.
Ange et Djibi ont 13 ans et
habitent « au 115 » — le numéro de téléphone pour tenter
d’obtenir un hébergement d’urgence. De chambres d’hôtel minables en foyers
surpeuplés, elle et son père, lui et sa mère, n’ont connu que la précarité, la
fatalité de devoir sans cesse refaire ses bagages pour rejoindre un énième
logement temporaire : « Je passe ma vie à déplacer ma
vie dans des valises », dit joliment Djibi, le « serial déménageur »… Quand les frères Zambeaux
les ont rencontrés, début 2016, les deux collégiens avaient trouvé un refuge
pas comme les autres. A L’Archipel, ancien immeuble de bureaux cossu
(aujourd’hui en travaux) du très chic 8e arrondissement de Paris, les murs se
délabraient et le confort était spartiate. Mais les enfants y trouvaient leur
bonheur, grâce au travail exemplaire des associations et des travailleurs
sociaux.
Le film, très attachant, chronique les
derniers mois de cette étonnante tour de Babel sociale, entre chaleur de la vie
en communauté et tension liée à l’imminence de la fermeture. Avec une justesse
de tous les plans et le plus grand respect pour les « mal-logés ». Fil rouge du
documentaire, les ateliers artistiques permettent aux enfants de mettre des
mots sur leur honte, leurs souffrances, mais aussi leur espoir en une vie
meilleure. Ange, la timide, s’affirme par le chant. Djibi, le chef de bande
gouailleur, révèle, lui, un vrai talent d’écriture : il est même publié
dans Libération, et il râle parce qu’un journaliste
voudrait couper trois mots dans son article ! Quand l’adolescent, déjà si
mature malgré son visage enfantin, lit devant les familles de L’Archipel le
très beau texte sur son existence de « nomade », sa
voix se noue. Son émotion est contagieuse.
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