FILM FORTUNA
Fortuna
de Germinal Roaux
Film suisse, noir et blanc, 1 h 46
de Germinal Roaux
Film suisse, noir et blanc, 1 h 46
Cinéma
des Droits de l’Homme : « Fortuna »
LE
19 JANVIER 2019
Cinéma
Les Arcades, Place Gambetta, Salon-de-Provence
Le
Secours Catholique – Caritas France,et un collectif d‘ONG (Amnesty
International, ACAT, CCFD-TS, la Cimade et la LD) vous invitent aux rencontres
cinématographiques des droits de l’Homme :
Fortuna
– L’ACCUEIL… JUSQU’OÙ ?
Fiction
dramatique de Germinal Roaux 106 min – 2018
Jeune Éthiopienne accueillie dans un monastère des Alpes suisses,
théâtre d’évènements qui viennent ébranler la vie communautaire. Film proposé
par le Secours Catholique – Caritas France. Débat avec Jean-Yves Constantin,
prêtre-ouvrier agricole, pastorale des migrants et Bernadette Rousset, écoutante
AGAPA. Animé par Jean Claude Escaffit, journaliste.
SYNOPSIS
ET DÉTAILS
Fortuna,
jeune Ethiopienne de 14 ans, est accueillie avec d’autres réfugiés par une
communauté de religieux catholiques dans un monastère des Alpes
suisses. Elle y rencontre Kabir, un jeune Africain dont elle tombe
amoureuse. C’est l’hiver et à mesure que la neige recouvre les sommets, le
monastère devient leur refuge mais aussi le théâtre d’événements qui viennent
ébranler la vie paisible des chanoines. Ceux-ci vont-ils renoncer à leur
tradition d’hospitalité ? Parviendront-ils à guider Fortuna vers sa
nouvelle vie ?
Genèse
de « Fortuna »
Les
projets de cinéma de Germinal-Roux démarrent toujours avec une
rencontre dans la vraie vie. Pour Left-Foot-Right-Foot, son
précédent film, il s’agissait de la découverte de ces jeunes filles qui se
prostituent occasionnellement pour s’acheter des fringues de
luxe. Pour Fortuna, les choses ont commencé avec la compagne
comédienne du metteur en scène, Claudia Gallo, qui a été engagée à Lausanne par
le CREAL (Centre de ressources pour élèves allophones) afin d’encadrer des
enfants roms qui traînent dans la rue. Il se rappelle :
« De
fil en aiguille, on lui a demandé de s’occuper de mineurs non accompagnés, que
j’ai rencontrés à mon tour et dont les histoires m’ont bouleversé, notamment le
récit d’une jeune adolescente tombée enceinte pendant son exil, qui préfigure
celui de Fortuna. La situation de ces jeunes exilés était si déchirante, leurs
récits si forts et courageux qu’il me fallait parler d’eux, faire quelque
chose. Nous sommes tous désarmés devant ce qui se passe en Europe, en
Méditerranée avec les traversées cauchemardesques auxquelles on assiste sur nos
écrans et par nos radios, sans pouvoir aider. C’est terrible de se sentir
impuissant devant tant de souffrance. Toutes ces réflexions nées de mes
rencontres avec ces jeunes m’ont appelé à écrire l’histoire de Fortuna. Durant
les premiers mois d’écriture, j’ai fait des recherches sur l’accueil des
réfugiés en Suisse et c’est là que j’ai découvert que, pour pallier le manque
de place dans les centres de requérants, des frères du monastère d’Einsiedeln
en avaient accueilli chez eux. Du coup, cela a résonné en moi et m’a donné
envie de situer le film à l’hospice du Simplon, j’aimais ce lieu que je
connaissais pour y avoir déjà fait des photos. Ma rencontre avec les chanoines
du Simplon a été déterminante dans l’écriture du projet Fortuna. Mois après
mois mes carnets de notes se sont remplis comme un herbier, une collection
d’idées et de mise en relation qui ont fini par aboutir à un projet de long
métrage. »
Côté
casting
Le
casting a été un long travail, qui a d’abord commencé en
Suisse. Germinal-Roaux avait au départ envie d’impliquer des mineurs non
accompagnés dans ce projet, avant de rapidement se rendre compte que, pour des
raisons émotionnelles évidentes, ce ne serait pas possible. Le réalisateur
explique : « Le premier casting helvétique ne m’a pas révélé LA
perle. Je voulais en effet une jeune fille qui venait juste d’arriver en
Europe, encore marquée dans sa voix et dans son corps par ses origines
africaines. Les jeunes filles que l’on rencontrait ici s’étaient rapidement
adaptées à notre mode de vie occidental et avaient souvent perdu
tout de leurs racines. Par la suite, avec l’aide d’une directrice de casting
nous avons fait des recherches à Paris, puis en Afrique de l’Ouest, également
restées vaines. Sur les recommandations de Ama Ampadu, une amie productrice,
j’ai proposé à Ruth Waldburger d’aller faire le casting à Addis-Abeba où,
durant une dizaine de jours, nous avons testé une centaine de garçons et de
filles devant la caméra, et c’est là que je suis tombé sur Kidist, LA Fortuna
que je cherchais, une orpheline qui parlait un peu d’anglais et avait tenu un
petit rôle dans le film éthiopien Lamb de Yared Zeleke, primé à Cannes en 2015.
Kidist Siyum Beza m’a tout de suite impressionné par sa présence, et la force
qui émanait de sa fragilité tenant notamment à sa foi profonde. Elle rayonne :
on la sent du côté de la vie malgré sa tristesse. Quant au garçon,
Assefa Zerihun Gudeta, qui n’était pas prévu au casting, je l’ai rencontré
parmi les nombreux curieux qui nous tournaient autour. Il avait fait un peu de
théâtre, et sa présence incroyable m’a tout de suite saisi. »
Le
choix Bruno Ganz
Germinal-Roaux
avait pensé à Bruno Ganz en cours d’écriture du scénario de Fortuna,
car il lui fallait un acteur de sa stature capable de porter le rôle du
chanoine « supérieur ». Depuis Les Ailes du désir de Wim
Wenders, qui lui a donné envie de faire du cinéma, le cinéaste admire Bruno
Ganz pour son mélange de solidité et de douceur. Germinal Roaux se
souvient :
« J’en
ai donc parlé à Ruth Waldburger, nous lui avons envoyé le scénario, qui
l’a beaucoup intéressé, et notre première rencontre a été marquée par une belle
discussion. Il posait beaucoup de questions, sensibilisé aussi par le fait
qu’Angela Merkel venait d’accueillir environ un million de réfugiés. Or,
travailler avec lui m’impressionnait beaucoup, et je ne savais pas trop comment
allait se faire la greffe entre cet immense comédien et une débutante. Avec la
jeune Kidist, je ne voulais surtout pas risquer d’abîmer ce qu’elle pouvait
amener d’elle-même à son personnage de Fortuna et pour cette raison j’ai décidé
de ne jamais lui donner le scénario. Nous avons travaillé en partie sur
l’improvisation ou plus exactement sur l’adaptation du dialogue au langage
propre des deux acteurs éthiopiens, avec l’aide précieuse d’une interprète
amharique. De son côté, Bruno Ganz exigeait la stricte interprétation d’un
texte dont il garantissait de ne pas toucher une virgule. Deux façons bien
différentes d’appréhender le travail et de construire les personnages du
film. »
Une
expérience unique
Le
tournage de Fortuna a duré 37 jours, entre avril et mai 2016. Une
expérience unique pour Germinal Roaux, qui a culminé au cours d’un souper
commun, le soir du tournage de la descente de police à l’hospice du Simplon,
réunissant les acteurs et les figurants amateurs d’origines variées, l’équipe
technique et les chanoines, plus tous ceux qui ont aidé le metteur en
scène et son équipe d’une façon ou d’une autre (soit 80 personnes
environ). « Dans l’ensemble, le tournage du film, qui aurait pu
tourner à la catastrophe du fait de la rigueur des conditions, coincés que nous
étions à plus de 2000 mètres d’altitude et par un froid glacial, a vraiment été
une réussite et une aventure collective marquante pour tous », se
rappelle le metteur en scène.
En noir et blanc
Germinal
Roaux explique au sujet du choix du noir et blanc : « Du
point de vue artistique, Ruth Waldburger m’a laissé une très grande liberté.
Quant au noir et blanc, c’est ma langue, et ça l’est de plus en plus. Cela me
semble le médium idéal pour raconter les histoires telles que je les conçois.
On pourrait en parler longuement, même du point de vue philosophique, avec le
jeu de l’ombre et de la lumière, et je crois que le spectateur est engagé de
façon très différente devant un film en noir et blanc. Le cinéma peut nous
ramener à une expérience du temps présent et c’est cela que je recherche. Mon
souci est de rendre le spectateur actif, de lui donner un rôle, de l’inviter à
réfléchir sur des questions essentielles de notre condition humaine. La vraie
difficulté de l’écriture cinématographique c’est de réussir à écrire l’histoire
non pas de l’extérieur comme si on l’observait, mais de l’intérieur comme si on
la vivait et permettre à chaque spectateur de voir son propre film en lien avec
son propre vécu. Un film devrait pouvoir s’écrire dans le regard de celui qui
le regarde. »
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